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Si je connaissais de nom la série « les tuniques bleues », classique de la franco-belge, je ne m'y étais jamais intéressée. Pour découvrir cette série, je me suis dirigée vers un tome, sans doute pas le plus représentatif, parmi les plus réputés. Je dois dire que ce « Black Face » m'a agréablement surprise.

En démarrant ma lecture, je ne m'attendais à rien de plus qu'une simple comédie. Et pourtant, si l'humour est bel et bien un ingrédient important, « Black Face » est bien plus que cela. le scénario éloigné de tout simplisme est subtil et traite son sujet de façon intéressante et pertinente. le personnage de Black Face est très bien campé et son destin s'avère très émouvant.
A côté de ce propos intelligemment développé l'aspect humoristique n'est pas oublié et le duo formé par Chesterfield et Blutch fonctionne parfaitement.

Propos, humour et émotion, voilà les ingrédients de la réussite de ce « Black Face » qui n'a pas usurpé sa très bonne réputation. Je sais bien que le reste de la série risque de ne pas se hisser au niveau de ce volet mais après cette très bonne lecture je me laisserai peut-être tenter par d'autres tomes.
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La guerre s'enlisant, le général Alexander a une idée : déclencher une révolte d'esclaves pour affaiblir le Sud. Parmi les engagés volontaires noirs utilisés comme hommes à tout faire, on en prend un au pif, de toute façon on les appelle tous Black Face. Devinez qui est choisi pour le cornaquer derrière les lignes sudistes ! Mais bientôt, la révolte devient incontrôlable...

L'un des meilleurs albums des Tuniques Bleues, et peut-être le plus intéressant. La série en elle-même est très bonne, avec son refus du manichéisme et sa critique des nordistes. Ses principaux défauts sont d'ailleurs d'insister un peu trop sur ces points-là, en allant jusqu'au cynisme et en exagérant un peu les talents de stratèges De Lee – grands certes, mais surtout en comparaison de l'incompétence des Pope, McClellan et autre Burnside qui lui étaient opposés.

Si les autres opus sont globalement centrés sur l'antimilitarisme, celui-ci est le seul à aborder de front la question de l'esclavage dans les causes et le déroulé de la guerre de Sécession. Un problème lourd, épineux, complexe, et à peu près unanimement évité par tous les médias, en dehors d'une poignée d'universitaires. Comme s'en doutent les auteurs, ce n'est pas par pure bonté d'âme que l'esclavage a été aboli. Contrairement à ce que dit l'un des adjoints du général Alexander, les causes en étaient bien plus compliquées que le simple désir des politiciens du Nord de récupérer les plantations du Sud. Mais les raisons économiques, notamment liées à l'industrialisation, étaient bel et bien centrales.

Deux modèles économiques s'affrontaient, le nord ayant remplacé la main d'oeuvre servile par la mécanisation comme force de travail de base : de « élément du capital » les Noirs devenaient « ouvriers au service du capital », deux statuts aux conditions de vie relativement comparables, mais aux implications antagonistes. C'est pourquoi le recours à l'esclavage représentait un frein à l'industrialisation et à l'expansion technologique du Nord ; et pourquoi il n'était pas question de doubler l'abolitionnisme par l'égalitarisme. Black Face, intelligent, l'a parfaitement compris.

Par ailleurs, c'est l'un des albums les plus durs. Les méthodes du général, jamais très reluisantes, sont là particulièrement immondes. Les révoltés noirs, de leur côté, sont montrés comme sans pitié pour les civiles. Comme toujours, il n'y a pas d'angélisme. Mais contrairement à la plupart des autres albums, il n'y a pratiquement pas d'élément comique ou de « moment de grâce » pour adoucir le propos.

Sauf à la fin quand Stilman, dans un soudain acte d'autorité, ordonne de les gracier. Une subite mise en profondeur du personnage, qui curieusement se met de plus en plus à incarner l'esprit de la série.
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Un tome de la série les tuniques bleues un peu moins tourné vers les gags mais plus vers l'histoire .
Les auteurs vont aborder un aspect de l'histoire de la guerre de sécession qui n'est pas toujours forcement mis en avant : la réalité de la condition des noirs du coté des nordistes. La liberté qu'on leur a fait miroiter est finalement synonyme de discrimination : l'armée en est le plus bel exemple puisqu'ils sont justes bon à creuser des latrines et à enterrer les morts.
Avec cynisme, les militaires de cet album reconnaissent d'ailleurs que l'esclavage n'a été qu'un prétexte pour engager la guerre et que bien d'autres intérêts sont en jeu.
Black face, le héros plus qu'amer de cet album, se révoltera contre ces conditions qui trouvent encore un écho de nos jours.
Un très bon album de cette série qui sous couvert d'humour, véhicule un message très pertinent sur la réalité et l'absurdité des guerres.
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Ce tome 20 des Tuniques Bleues est un peu à part dans le sens où il présente un aspect plus sérieux qu'à l'ordinaire, plus dramatique en somme. En effet, cette série est essentiellement comique même si elle se déroule dans un contexte difficile : la guerre de sécession. Pour autant, le travail de recherche des auteurs, s'appuyant souvent sur des faits authentiques, est à souligner, et on sent une réelle volonté de ne pas traiter ce contexte à la légère.

Avec Black Face, Raoul Cauvin va plus loin et choisit de regarder en face (sans jeu de mot) ce contexte en élaborant une histoire qui évoque les causes réelles de la guerre, dans ses aspects politico-économiques. On peut se demander pourquoi il fallut attendre le vingtième tome pour cela. Pour ma part, je trouve que le ton général de la série a évolué avec le temps, sans doute de façon concomitante aux ambitions des auteurs et c'est le temps qu'il fallait pour que l'idée arrive à maturation.

Rappelons que les nordistes font officiellement la guerre aux états du sud pour imposer l'abolition de l'esclavage. Dès le début de l'histoire, Cauvin balaye cet cause officielle et met en avant le réel motif qui est la volonté de certains politiciens du nord de s'emparer des richesses du sud. Il ne sombre néanmoins pas dans le cynisme le plus total puisque le général Alexander semble encore croire un peu à cette cause, une manière de nous dire que certains engagements ont pu être sincères. de plus, l'auteur a l'intelligence de mettre en scène, dans le rôle des pourris de service, les nordistes qui imaginent de se servir de Black Face (un des nombreux noirs engagés chez les yankees, employés aux basses oeuvres, bien que prétendument libres) pour fomenter une révolte des noirs sudistes, prenant ainsi l'ennemi entre deux feux. Mais, comme il est bien évident que l'on ne peut faire confiance à un "nègre", il sera accompagné d'une escorte, en l'occurrence Blutch et Chesterfield. Evidemment rien ne se déroulera comme prévu et lorsque Black Face décide que son combat l'opposera aux blancs, quels qu'ils soient, ce sont les yankees qui paniquent. Sentant la situation leur échapper, il décident d'employer une solution radicale pour en finir, s'enfonçant encore un peu plus dans le cynisme, certains diraient peut-être le "pragmatisme" en temps de guerre. L'évolution de Chesterfield, au cours de l'intrigue, est remarquable, lui qui a le don pour faire sien le discours officiel. Mais chacun sait que ce n'est pas la mauvais bougre et que, bien aidé par les piqûres de rappel de Blutch, il sait évoluer dans le bon sens.

Black Face est donc une évocation douce amère de l'imbrication du politique et du militaire en temps de guerre, tout autant que du racisme en général et des discours bien pensants qui le masquent. Un tome avec un peu moins de gags qu'à l'accoutumé mais qui nous offre une belle confrontation entre deux êtres que tout sépare (Chesterfield et Black Face) en forme de métaphore de la difficulté à remettre en cause les préjugés.
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Cet album des Tuniques Bleues m'avait terriblement intrigué lorsque je l'avais eu en main, en 1983… J'avais 8 ans, je connaissais déjà le sergent Chesterfield et le caporal Blutch, mais là, je ne comprenais pas.

Un Noir se tenait devant le duo, une arme à la main, peu amical et nos deux amis portaient l'uniforme de l'armée sudiste !

De plus, cet album avait ébranlé mes convictions : la guerre de Sécession avait eu lieu parce que le Nord voulait délivrer les Noirs maintenu en esclavage par le Sud et là, j'apprenais que ce but louable n'était pas une vérité, mais juste un bon prétexte et que les Noirs n'étaient pas libres dans le Nord…

La claque ! Mes convictions naïves qui étaient les miennes à 8 ans volaient en éclat. L'être Humain était-il si vénal ? Des politiciens déclencheraient-ils une guerre parce qu'ils lorgnaient sur les riches propriétés du Sud ? Non, impossible ! Et mon esprit était revenu à la belle raison : délivrer les esclaves !

Je suis adulte depuis longtemps, j'ai grandi, appris des choses, rempli mon cerveau (du moins, je l'espère) d'autres choses que des bêtises. Exit la naïveté de mes 8 ans.

Ce que fait que depuis longtemps, à chaque fois que je relis cet album, je le vois toujours d'un autre oeil et je sais que sous le couvert de l'humour des répliques de Blutch et des situations cocasses du duo, il y a de la profondeur et une horrible leçon dans cette aventure, plus tragique qu'on ne pourrait le croire et qui n'aurait sans doute pas dû finir dans les menottes d'une gamine de 8 ans.

Non, les Noirs n'étaient pas si libres que ça dans le Nord ! Juste libre de faire ce que les Blancs leur disaient… Et le pire étaient ceux qui s'étaient engagé dans l'armée des Nordistes : juste bons à creuser des latrines et des tombes.

Le scénario imaginé par le Nord pour foutre le bordel au Sud est diabolique, mais lorsqu'on envoie pareille bombe chez les autres, on ne sait jamais si au final, elle ne va pas nous exploser dans la gueule ! Et ici, ce sera le cas !

Poussant le diabolique à son paroxysme, le général va avoir une idée de génie et entre nous, dans l'Histoire, il ne devait pas être le premier et il ne sera pas le dernier, un moustachu l'a utilisée aussi. L'habit fait le moine, pour eux.

Sans manichéisme, tout le monde étant un peu gris dans cette histoire, les auteurs nous livrent un tome plus sérieux, plus noir, plus sombre, sur la guerre de Sécession, sans pour autant renier leur habitude de le traiter avec humour, tout en restant sobre puisque l'humour sera dans les dialogues entre le sergent et le caporal.

Un album fort sombre qui m'avait fait un peu peur lorsque j'étais jeune à cause de quelques scènes de pillages sur fonds de maisons incendiées.

Un album où les Nordistes ne ressortaient pas grandis… Un album qui m'expliquaient que personne n'était tout blanc ni tout noir, que personne ne lavait plus blanc qu'un autre et qu'au final, l'Homme était un salaud.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Ce jour là, pendant une courte pause...sur le champ de bataille jonché de corps étendus, le sergent Cornélius et la caporal Blutch recherchent le capitaine Stark.
Il a disparu. Une seule explication est possible, il aurait déserté.
L'ayant, heureusement, retrouvé, les deux compères sont chargés par ces messieurs de l'état-major d'escorter, en plein pays rebelle, "Black Face", un soldat nordiste chargé d'inciter les noirs travaillant dans les plantations à prendre les armes et à se révolter contre leurs maîtres du Sud.
La mission est périlleuse mais surtout plus compliquée qu'elle n'y paraît.....
Ce vingtième opus des aventures des "tuniques bleues" est sûrement l'un des meilleurs. C'est une violente charge contre l'esclavage mais aussi et surtout contre l'hypocrisie et la haine.
La peinture, en deux pages, faite de la réunion d'état-major qui décide d'envoyer une expédition derrière les lignes ennemis est éloquente, drôle mais assez cynique. le personnage de Stilman qui revient, périodiquement au fil des albums, est, malgré la brièveté de ses apparitions, un personnage fort. On sent qu'avec lui, les deux auteurs de la série se font, à chaque fois, un petit plaisir d'égratigner l'armée.
Cet album semble prendre une dimension que n'ont pas les autres. A ma première lecture, il m'avait paru plus grave, plus adulte, plus profond. Mais c'est je crois, au final, la série presque dans son intégralité qui mérite ce jugement et se révèle comme une des plus grandes réussites de la bande-dessinée.
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L'armée du général Alexander fait face à une puissante résistance confédérée, et l'issue de la bataille en est fortement affectée.
Mais une idée vient de faire son chemin, celle de passer derrière les lignes ennemies, et d'inciter les esclaves, en grand nombre, à se révolter et de facto, détourner l'attention des sudistes, tout en réduisant leurs effectifs.
La mission est confiée à nos deux héros préférés, flanqués d'un soldat nordiste noir, "Black Face", chargé de convaincre les siens.
Mais petit souci, Black Face a autant de ressentiment pour les sudistes que pour les nordistes.
Le plan risque donc de réserver quelques surprises...
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Sans doute le tome le plus sérieux, le plus tragique et le plus fort de la série, Black Face revient sur la place des Afro-Américains pendant la guerre de Sécession. Si aucune date n'est indiquée, l'histoire se déroule sans doute entre la Proclamation d'émancipation du 22 septembre 1862 par Lincoln et son renforcement le 1er janvier 1863 par un texte additionnel qui entérine la création officielle des premières unités dites “de couleur” (United States Colored Troops), bien qu'il existât déjà quelques formations improvisées commandées par officiers blancs, réputés hauts en couleur eux aussi, à leur façon. Or dans cet album, aucun combattant en vue, les Noirs en sont encore à leur rôle subalterne initial d'ouvriers, terrassiers, fossoyeurs : libres mais pas trop.
Le grand mérite de cet album est de donner de la guerre civile une image plus proche de la réalité que le peu qu'on en connaît. Pas étudiée à l'école, on la voit en France comme le conflit entre les gentils Nordistes contre les vilains Sudistes. On en est loin, hein. Si l'abolition de l'esclavage est le motif principal de la guerre, d'autres s'y greffent, économiques, politiques, sociaux, culturels, pas tous idéalistes ni reluisants. Quant aux Yankees épris de liberté envers les Noirs à rendre jaloux Martin Luther King, le compte n'y est pas. Abolir l'esclavage est une chose, l'égalité de droits en est une autre, avec une grosse, une énorme, marge entre les deux. Rappelons que suite à la victoire des preux et sympathiques Unionistes, il faudra attendre encore quelques années pour voir les amendements sur la citoyenneté (1868) et le vote (1870) des anciens esclaves inscrits dans la Constitution, ce qui n'empêchera pas une bonne partie des États-Unis de rester sous un régime juridique de ségrégation raciale jusqu'aux années 60. Celles du XXe siècle, soit un siècle après la guerre de Sécession.
Cet album a aussi un gros défaut : j'avais souligné sur d'autres volumes le peu de présence des rôles-titres, ici, c'est l'extrême inverse avec un personnage de Black Face aux traits forcés outre mesure. Sa révolte autant contre un Sud esclavagiste que contre un Nord qui ne lui offre qu'une semi-liberté en le considérant comme un inférieur, on la comprend. Il n'y a pas de colère plus légitime que la sienne. Mais elle vire à l'excès inverse, à un extrémisme qui trouve on ne peut plus normal de massacrer civils, femmes et enfants, tout aussi indéfendable que les positions de ses opposants. Parce que c'est la même position raciste.
Ce choix d'écriture torpille le personnage : toute juste que soit sa cause, on ne peut adhérer à ses méthodes. La fin ne justifie pas les moyens, n'en déplaise à tonton Machiavel. Après… C'est aussi un choix d'écriture qui fonctionne en donnant une profondeur supplémentaire au message : le comportement des officiers nordistes, déjà bien cynique, immoral et peu reluisant dans les albums précédents, touche ici à l'abject et y saute même à pieds joints. Les monstres engendrent des monstres.
Lien : https://unkapart.fr/les-tuni..
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L'état major nordiste a une idée de génie : envoyer un soldat noir derrière les lignes sudistes pour soulever les populations opprimées. Evidemment Blutch et Chesterfield sont missionnés pour escorter "black face".
C'est un album plus sérieux avec quelques réflexions sur la guerre : un sujet de méditation agréable à lire même s'il n'y a pas beaucoup de gags.
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Un très bon opus, plus sérieux que la moyenne des épisodes avec des thèmes bien traités. Pas de manichéisme ou d'idées toutes faites mais plutôt un album qui fait réfléchir. On y apprend que la guerre de sécession est plus destinée à enrichir les politiques qu'à supprimer l'esclavage (Ha bon ?) et que les noirs ne sont pas beaucoup mieux traités chez les nordistes que chez les sudistes. Un conflit éclate entre noirs et blancs (de tout bord) qui n'est pas sans rappeler celui qui enflait dans les années 60 aux USA avant l'assassinat de Martin Luther king qui mit le feu au poudres. Très intéressant...
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