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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est plein d'émotion que je referme le dernier livre de François Cavanna, livre qu'il n'a jamais tenu en mains puisqu'il s'en est allé en janvier 2014.
Bien qu'il soit fils d'un émigré italien, Luigi Cavanna, dit « Vidgeon », sa mère étant française et parce qu'il brillait à l'école, François Cavanna s'est toujours senti exclu de la communauté italienne de son quartier Maubert, dans le centre de Paris. Pourtant, il leur a rendu le plus bel hommage qui soit dans ce livre magnifique lu il y a bien longtemps : Les Ritals (1974). Il prouvait là ses immenses talents d'écrivain, un auteur sans fard, d'une franchise abrupte et réjouissante.
Ensuite, je m'étais régalé avec Les Russkofs (1979). Puis Bête et Méchant (1981) et Maria (1985) m'ont marqué et je regrette d'avoir délaissé la lecture de Cavanna jusqu'à Lune de Miel (2011), un livre plein d'instants de vie, de confidences, d'anecdotes. Crève, Ducon est de la même veine. Entre temps, j'avais l'occasion de le lire dans Charlie Hebdo.
Virginie Vernay dont Cavanna parle déjà dans Lune de Miel, fut sa secrétaire bénévole durant ses dernières années. Elle a réussi à regrouper ses derniers textes pour publier Crève, Ducon, nouveau recueil de témoignages, de réflexions sur la vie, de coups de gueule pour lesquels Cavanna est inimitable.
Les chapitres sont courts, toujours marqués de cet humanisme qui a fait sa force. J'ai apprécié de croiser, au fil des pages, ses camarades de Hara-Kiri puis de Charlie Hebdo : Choron, Reiser, Gébé, Cabu, Wolinski, Willem, Delfeil de Ton… avec lesquels il m'a fait partager des moments incroyables, tranches de vie d'une équipe qui réussissait à sortir chaque semaine un journal hors normes, dans des conditions normales, au 10, rue des Trois-Portes, sans aucune protection policière…
Cavanna partage aussi ses galères avec cette Miss Parkinson, cette maladie qui le handicape terriblement et contre laquelle il lutte. Elle est la cause d'une grave chute dans des escaliers, chute dont il ne se remet pas complètement.
Cavanna se souvient du STO (service du travail obligatoire), durant l'occupation nazie, parle encore de Maria et c'est très émouvant. Il se confie aussi sur sa mère qui tentait de le priver de ce père qu'il admirait tant.
Avec ces quelques souvenirs, Cavanna m'a fait vivre des tranches de vie de son quartier avec Carmen, la concierge, le pharmacien qui trouve le moyen de mourir et d'abandonner Rita, cette petite paysanne portugaise qu'il éduquait.
Enfin, il y a Virginie qu'il aime bien. Elle lui dit qu'elle l'aime mais lui sait bien qu'elle est amoureuse d'un beau garçon qui semble la dédaigner. C'est toujours écrit avec une franchise immense, une écriture directe qui me touche beaucoup, surtout lorsqu'il évoque la mort de ceux qui sont partis, avant de parler de la sienne comme dans les dernières lignes du livre :
« T'as laissé les copains partir et t'es resté ? Vois ta gueule, Ducon, regarde-la bien. le temps a chié dessus, mais oui. T'es plus toi, Ducon, t'es parti avec eux. Tu le savais pas ça, hein ? Souvenirs, souvenirs, ils ne sont plus que souvenirs, c'est-à-dire une photo, une larme… Rien. Elle est là, elle attend, ils seront deux en un. Mais le deuxième ne sera pas toi.
Alors, qu'est-ce que tu fous là ? Crève, Ducon ! »

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Quand j'ai vu ce bouquin dans ma librairie, je n'ai pas pu résister. Recueil posthume ? Tant pis, le temps de cette lecture je vais retrouver Cavanna qui a accompagné ma vie.
Ben oui, avec des parents qui lisaient Hara Kiri puis Charlie Hebdo, et j'ai gardé l'habitude, j'aime les plumes impertinentes.
J'ai envie de dire merci à Virginie, sa "petite secrétaire" qui nous a permis de lire ses derniers textes.
J'ai oscillé entre rire, tendresse, et chagrin, parce qu'au détour, on retrouve Wolinski, Choron et d'autres...
Mais la force de la plume de Cavanna m'a emportée !
Par delà la mort, il restera vivant pour moi grâce à ses mots!
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Cavanna, tu nous manques !!!

Ces derniers textes sont les derniers flamboiements d'un esprit libre dont les articles et les livres nous ont accompagnés depuis plus d'un demi siècle.

Cavanna un HOMME LIBRE, libre dans ses pensées, ses excès, ses joies, ses amours, ses haines...toujours profondément humain.

Ce livre, il est insupportable de le terminer...le dernier, le tout dernier cadeau que Cavanna nous fait.

En une succession de courts chapitres, Cavanna évoque tout : son passé, ses parents, son présent, sa maladie (la diabolique et cruelle Miss Parkinson), ses amours, ses haines, et celle qui n'est que dévouement pour lui, Virginie, l'incroyable Virginie.

Ces textes qui se lisent avec le sourire, mais un sourire au bord des larmes, sont d'une humanité profonde et constante.
L'absence de Cavanna c'est comme la perte de son meilleur ami...j'allais dire de son frère de coeur.

Le fracas de ses quelques colères s'atténue par sa sensibilité à fleur de peau.
Sa tendresse est absolument sans limite lorsqu'il évoque
l'amour, les gens de son quartier de la place Maubert, Roger son meilleur ami, les animaux..

Ces derniers textes sont un véritable feu d'artifice projetant dans le ciel d'un présent inquiétant des bouquets d'humanité.

Là où tu es Cavanna, je suis certain que tu offres à tes compagnons des grandes tranches de rigolade et d'émotion !

Merci aux éditions Gallimard et à Babelio.
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Merci au vieil ami François Cavanna qui a su par la magie de sa gouaille, l'extraordinaire de la narration et de la dérision. L'amoureux impénitent, n'hésitant pas de se qualifier comme un mauvais père, un exécrable époux à ses risques et périls... Il possédait au naturel le don inné de la sociologie; se montrer féroce juste avec ce qui l'horripilait dans les comportements humains, se reconnaissant parfaitement noyé dans le décryptage d'autrui. Cet écrivain journaliste dessinateur, Passionné d'histoire est devenu au fil du temps un historien peu connu du grand public. Ses livres, son oeuvre toute entière, repose sur son écriture prodigieuse, le lyrisme cinglant faisant office du peu de cynisme en réalité qui l'animait tout en pratiquant l'art détourné de l'argot sans jamais être vulgaire, maitrisant un crû du verbiage en Maître incontesté. Ce fils d'immigré italien, né du ventre maternel nivernais, faisant la fierté de ses parents en obtenant le certificat d'études primaire, il poursuivra quelques temps des études supérieures, vite lassé François Cavanna deviendra employé des Postes. Face aux événements de la seconde Guerre mondiale, il partira comme STO en Allemagne. Ses rencontres ont eu un impact sans précédent dans ses romans biographiques. Revenu à la libération de la France, il mettra tout en oeuvre pour raconter son vécu, et devenir un des fondateurs du journal satirique bête et méchant Hara-kiri, dans la foulée participera à la création de Charlie-hebdo. François Cavanna rencontrera bien des déboires avec les dirigeants successifs de notre belle France...Toutes les vérités n'étant pas bonnes à écrire. Dans tous les cas sa verve jubilatoire a aidée bien des lecteurs à surmonter des chagrins, liés aux vicissitudes de l'existence. Il a vécu dans l'obsession de la révolution et son écriture le démontre. Il est mort avec le poing rageur de l'homme qui aimait les hommes de sa condition, honnêtes, âpres au travail, acharnés de l'effort qui paye. À ce jour il est, et restera jusqu'à la fin un mes préférés.
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