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EAN : 9782322078165
330 pages
Books on Demand (24/06/2016)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Deux femmes : deux histoires de vie.Myriam survit grâce aux aides sociales et élève seule ses deux enfants dans une cité HLM où elle s'ennuie, jonglant avec l'argent et le regard méprisant des autres, pendant que Marjorie s'épuise au travail dans une centrale téléphonique.Deux femmes qui se retrouvent prisonnières d'une vie à laquelle elles ne s'attendaient pas, loin des contes de fées, de l'épanouissement et de la réalisation de soi.Deux femmes ordinaires, positive... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La soupe aux crocodiles, c'est l'histoire de deux femmes:

Myriam a 32 ans et 2 enfants, Lola et Esteban, qui lui prennent tout son temps. À la mort de son ami Alexandre dans un accident de moto avec qui ils n'avaient pas eu le temps de se marier, elle s'est retrouvée toute seule face à la dureté de la vie. Myriam a envoyé des centaines de lettres de motivation restées sans réponse. Elle vit de ce qu'elle perçoit du RMI et des colis de la banque alimentaire.

Marjorie a 40 ans et est secrétaire médicale, se retrouvant tantôt au centre d'appels, tantôt à la frappe. Elle est mariée à Jean depuis 12 ans avec qui ils ont 3 enfants: Ulrick, Daren et Blanche. Marjorie n'est pas confrontée au chômage mais bien au rendement et au profit qui créé une ambiance de travail qui va jusqu'à détériorer l'état de santé des employés.

Deux femmes, deux situations différentes mais un même combat: celui contre la société actuelle. Deux histoire auxquelles il est facile de s'identifier. Si facile que les lignes défilent sous nos yeux sans que l'on s'en rende compte, littéralement absorbés par le contenu. La soupe aux crocodiles c'est l'histoire de ces deux femmes mais c'est aussi la nôtre.

Tout au long du roman, Magali Cervantès relève et argumente avec brio tout ce qui ne va pas dans notre société actuelle, comme les aides financières qui nous rendent redevables, le rendement et l'appât du gain qui a gagné tous les secteurs même le médical, les bas salaires payés en dessous du SMIC pour une semaine de 50 à 60 heures de travail, le remplacement de l'humain par la machine au nom du profit, notre société de consommation qui utilise le père Noël et la croyance des enfants pour faire douloureusement dépenser aux parents l'argent qu'ils n'ont pas, l'harcèlement psychologique à l'école, les professeurs qui se permettent de dire aux enfants les comportements que devraient avoir leurs parents, le rendement qui entraîne une réduction de personnel, l'âge de la retraite est repoussé alors que les employés qui travaillent pour 2-3 personnes s'épuisent de plus en plus vite et tout ce stress qui se répercute inévitablement dans la vie familiale. Étant soumis au rendement au travail, nous perdons en patience, en amabilité, en sociabilité, en respect et en tolérance.

Nous sommes déshumanisés.

« Myriam dit que les gens qui travaillent s'épuisent parce qu'ils supportent le travail de deux, voire de trois personnes, le travail de ceux qui sont à la rue et qui ne demandent qu'à les aider. »
Le livre est divisé en chapitres composés de petits paragraphes très espacés. Une écriture à gros caractères vient compléter le tout pour un rendu très aéré et très agréable à lire écrit d'une plume simple, réaliste, douce et affirmée. Je l'ai dévoré en l'ayant ouvert 3 petites fois.

Il s'agit de l'un de ses livres que j'avais éperdument envie de lire mais que je ne voulais pas avoir fini, voulant repousser le plus loin possible le moment de tourner la toute dernière page. Un énorme coup de coeur, qui en plus du plaisir de la lecture m'a fait ouvrir les yeux sur les choses que je ne remarquais pas ou pas assez. Mine de rien, ce n'est pas une lecture anodine, mais une lecture enrichissante, libératrice et fortifiante. Un vrai petit chef d'oeuvre.

La soupe aux crocodiles est de loin le livre le plus réaliste et le plus complet qui m'ait été donné de lire sur notre société. Avec une décortication parfaite, intelligente et méticuleuse de l'époque actuelle.

La fin m'a tout de même légèrement laissée sur ma faim… Heureusement qu'il y a une suite avec Des roses rouges sur ma tombe et La fin de l'histoire que j'aimerais vraiment découvrir à leur tour!

« Parce que la religion maintient les gens dans la résignation et la misère en donnant un sens à leur malheur. Parce que tant que les gens croiront que plus ils souffriront, plus ils auront à leur mort une place à la droite du Père, tant que les gens ne verront que comme seule issue la mort pour atteindre le paradis et se libérer de l'enfer de leur vie, ils ne se battront pas pour une existence meilleure. »
Lien : http://lebloglitteraire.com
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Tout d'abord, je tiens à remercier les éditions BOD et Magali Cervantès pour l'envoi de ce très bon roman. Celui-ci est une véritable claque. « La soupe aux crocodiles » met en avant l'histoire de deux femmes. Deux destins croisés, qui sont pourtant étroitement liés. Myriam survit pour ses deux enfants. Maman solo, elle ne travaille pas, vit dans un HLM et bénéficie d'aides sociales pour subvenir aux besoin de ses petits. Marjorie, quant à elle, vit dans une maison au coeur d'un foyer aimant : un mari et trois merveilleux enfants. Elle travaille au sein d'une plateforme téléphonique où elle est exploitée.

Si ces deux vies paraissent si différentes en apparence, elles ne le sont pourtant pas tant que cela. Myriam lutte chaque jour et doit assumer le regard si méprisant d'autrui face à sa situation précaire. le chômage rime-t-il vraiment avec fainéantise ? Bénéficier d'aides sociales signifie-t-il vraiment vivre pleinement au crochet de la société ? Est-ce vraiment une volonté de la part de Myriam que de vivre - survivre - de cette façon ? Ce roman nous ouvre clairement les yeux sur les difficultés éprouvées par cette maman solo aimante, forte et si combative.

Marjorie est un personnage luttant différemment contre les inégalités sociétales. Elle est entourée d'un mari amoureux et de ses progénitures qu'elle aime plus que tout. Son travail fastidieux rend sa vie difficile et routineuse. Cette femme est en colère contre la vie au boulot, contre l'école de ses enfants : contre la société toute entière. Une société infantilisante dictant à chacun ce qu'il doit faire et penser. le portrait de Marjorie nous montre également l'envers du décor d'une plateforme téléphonique. Une plateforme où règnent stress, surmenage et mauvaise ambiance.

J'ai aimé la plume fluide et si réaliste de Magali Cervantès. Chaque thématique est abordée avec justesse et précision. le passage sur les fêtes de fin d'année, et plus particulièrement Noël, est fort en émotions. Des préparatifs au fameux repas, nous plongeons au coeur d'une fête - commerciale - où la bonne humeur doit être au rendez-vous... Les apparences sont pourtant souvent trompeuses. Comment faire bonne figure face à sa famille, à ses propres enfants, quand le moral et les soucis animent votre quotidien ?

« La soupe aux Crocodiles » dénonce les difficultés de la vie et dresse le portrait de deux femmes combattantes. Il faut se battre pour accéder à ses rêves, à une vie meilleure et à son propre épanouissement. Ce roman est à lire aussi bien par les hommes que par les femmes. Un tome 2 est d'ailleurs disponible : « Des roses rouges sur ma tombe ».
Lien : http://hashtaglecture.blogsp..
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c'est simple : j'ai Adoré ce bouquin !! Tout est là, tout est dit (indignation à la misère sociale, combat politique de chaque jour...) j'attends avec impatience de recevoir le second "des roses rouges sur ma tombe" que j'ai eu beaucoup de mal à trouver... dispo que chez Amazon lisez le c'est génial !!
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Les grands patrons ferment de plus en plus d’usines en France pour exploiter des ouvriers en Chine, en Roumanie ou ailleurs, pour un salaire de misère, dans des conditions intolérables et sans protection sociale, si bien que lorsqu'ils tombent malades, ils meurent.
Pour augmenter leurs marges et leurs profits.
Ils nous font payer nos luttes passées, ils nous font l’offense de piétiner les droits obtenus par le sang : la sécurité sociale, les congés payés, le code du travail, ils jettent les ouvriers de leurs entreprises, devenus trop coûteux, balayant des savoirs faire ancestraux, détruisant des vies sans aucun scrupule pour exploiter la matière humaine, ailleurs, jusqu'à la moelle et avec la complicité du gouvernement aux prises avec ces pratiques infâmes, amorales et criminelles, parce que ce sont eux les plus forts, parce que ce sont eux qui décident.
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Elle dit que ces aides dérisoires qui leur permettent à peine de survivre, mais auxquelles ils s'accrochent comme à des bouées de sauvetage, les alourdissent en les culpabilisant de vivre aux crochets de la société, en les humiliant jusqu'à leur ôter toute dignité. Elle dit qu’il n'y a pas pires sentiments que la culpabilité et la peur, des sentiments qui détruisent peu à peu, en les enfonçant dans la résignation.
Elle dit que pour se soulever, il ne faut rien avoir à perdre, qu'il faut avoir la rage et qu’il faut avoir l'estime de soi.
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Le progrès nous avait rapprochés les uns des autres, on fabriquait des concordes, des connexions Internet, des iPods, on explorait de nouvelles planètes.
Le progrès avait facilité le travail des ouvriers dans les usines, on avait construit des machines de plus en plus perfectionnées.
Le progrès avait jeté les gens à la rue et on les laissait mourir sur nos trottoirs.
C'est cela la barbarie des temps modernes.
Elle ne comprenait pas pourquoi les gens ne se révoltent pas, parce que, quand les gens meurent, quand ils n'ont plus rien à perdre, la rébellion est la seule réponse à la tyrannie et à l'oppression.
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« Elle était agacée. Elle dit qu’on ne peut pas allumer la télévision sans recevoir une leçon de morale, elle dit: « comme si on n’était pas assez grand pour savoir ce qu’on a à faire! » C’est du bon sens que de ne pas gaspiller l’eau que l’on paie ou d’éteindre la lumière de la pièce que l’on vient de quitter. Elle ne supporte plus cette société infantilisante qui dit aux gens ce qu’ils doivent faire et ce qu’ils doivent penser, qui sait mieux qu’eux ce qui est bon pour eux et ce qui ne l’est pas, ce qui est bien et ce qui est mal, comme à des êtres irresponsables ou comme à des enfants mal éduqués. »
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La société tout entière la traitait avec dédain en l'excluant du monde du travail, et en ne lui permettant pas de nourrir correctement sa famille, en bafouant ainsi la constitution universelle des droits de l'homme puisque « toute personne a droit au travail », puisque toute personne a le droit de vivre.
Myriam réalisait que le monde ne tournait pas rond, que le monde marchait sur la tête. Elle s'interrogeait. « Comment est-il possible qu'à notre époque des gens vivent dans la rue à contempler ceux qui s'en sortent et qui leur jettent une pièce en passant ? »
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