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sur 456 notes
Conséquence d'un recul nouveau sur sa terre natale, cette émotion poétique se manifeste dans les pages par un chaos poétique, poésie déstructurée si l'en est, à l'image peut-être de la destructuration mentale et concrète de la colonie antillaise. Ce chaos suscite une indignation chez l'homme intellectuel qu'il est devenu, mais aussi une compassion face à ses confrères, cocitoyens colonisés, victimes passives qui n'ont pas ce recul dont il a bénéficié pour se rendre compte de l'absurdité locale, que les choses pourraient être autres. Césaire s'inclue dans ce peuple dominé au lieu de se maintenir à l'écart comme le permettrait sa place d'intellectuel conquise. La poésie est logiquement l'instrument de retour à la souffrance corporelle de l'être intellectuel. le vocabulaire très recherché peut ainsi apparaître comme une marque d'intellectualisme complexé, qui montre à ses dominateurs sa sur-maîtrise de la langue dont ils le croyaient exclu. Mais ce vocabulaire parfois difficile, très spécifique ou parfois même grotesque, faisant surgir le mystère de mots très concrets, mots de métier, leur matérialité souvent inconnue se heurte à des mots, des expressions et des constructions simples d'accès. le poète obscurcit, contredit, complique tour à tour, fait exploser une émotion parfois résumable en un mot. L'anaphore de construction permet également à l'auteur de mêler une simplicité immédiate mais incomplète à une profondeur d'obscurité.
Bien que le poème ne semble répondre à aucune construction régulière de rythme, de rimes... ni même de juxtaposition de sons, on ressent à la lecture de cette matérialité difficile, de cette alternance entre simple et complexe, une voix puissante et poétique, un souffle, une danse des sonorités qu'un hasard de rencontres a rendues plaisantes. le chaos colonial a accouché d'une poésie désorganisée mais qui a la puissance du corps, de l'instinct, dont les mots sont pleins de l'émotion et pas de l'intellect, où même les mots les plus étranges, les plus rares ou inappropriés prennent leur place et un sens dans le jeu des sensations. C'est ainsi par le poème que la réaction sensitive se change en acte politique.
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Lu en classe de première il y a longtemps pour pour le Bac de français. Je n ai jamais compris les raisons de ce choix. Il y a de quoi dégoûter les élèves de la lecture. Non pas que l oeuvre de Césaire soit inintéressante mais il faut un peu de maturité pour apprécier ce genre littéraire. Il faudrait que je me replonge dedans , plus de 20 ans après pour chasser cette mauvaise expérience de lecture.
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L'aube s'anime sur une humeur incertaine : « Au bout du petit matin… /Va-t-en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache […] Puis je me tournais vers des paradis pour lui et les siens perdus, plus calme qu'une femme qui ment […] » (p 7).  

« Au bout du petit matin… », ces mots reviennent plus de vingt fois. Défilent Fort-de-France (cette ville plate/étalée/inerte, le morne oublié/accroupi/famélique), les souvenirs d'enfance, de misère et de soumission (le négrillon, la maison, la trêve alcoolique de Noël, la honte, la vie prostrée), jusqu'à la révolte et à la conquête de la parole : « Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-panthères, je serai un homme-juif /un homme-cafre /un homme hindou-de-Calcutta […] Je retrouverai le secret des grandes communications et des grandes combustions […] Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre (p 20-21). Sa voix devient celle des esclaves, de la négritude, celle de Toussaint Louverture, le libérateur vaincu exilé dans la neige : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir » (p 22). Sa voix devient imprécation : « Parce que nous vous haïssons vous et votre raison, nous nous réclamons de la démence précoce de la folie flambante du cannibalisme tenace » (p 27). Césaire a les accents du Rimbe de la Saison : « J'ai assassiné Dieu de ma paresse de mes paroles de mes chansons obscènes /J'ai porté des plumes de perroquet des dépouilles de chat musqué /J'ai lassé la patience des missionnaires /insulté les bienfaiteurs de l'humanité. /Défié Tyr. Défié Sidon. /Adoré le Zambèze. /L'étendue de ma perversité me confond ! » (p 29). Et l'imprécation devient provocation : « Mais pourquoi brousse impénétrable encore cacher le vif zéro de ma mendicité et par un souci de noblesse apprise ne pas entonner l'horrible bond de ma laideur pahouine ? /Voum rooh oh /Voum rooh oh » (p 30).

Enfin le poète trouve sa place et sa fonction : « Ma négritude n'est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour /ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l'oeil mort de la terre /ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale /elle plonge dans la chair rouge du sol /elle plonge dans la chair ardente du ciel /elle troue l'accablement opaque de sa droite patience » (p 47). « Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique » (p 57). le poème s'achève après cette longue méditation de l'aube : « et le grand trou noir où je voulais me noyer l'autre lune /c'est là que je veux pêcher maintenant la langue maléfique de la nuit en son immobile verrition ! » (p 65).
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je ne sais pas... moins marquant que peau noire et masque blanc
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Pamphlet poétique sur la domination blanche, entre appel à la révolte et désespoir. Césaire l'écrit à sa sortie de l'ENS Ulm, avant de retourner en Martinique, lorsqu'il met des mots sur la situation des noirs avant la seconde guerre mondiale. Ce texte, publié dans une revue éditée par ses amis et lui, est considéré comme précurseur/initiateur de la négritude. Maginifique
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J'ai trouvé ce livre très intéressant car l'auteur Aimé Césaire utilise des figures de style donnant un aspect prenant envers le lecteur, tel que les anaphores. Il met en valeur son opinion et cherche a toucher la sensibilité du lecteur. Mais malgré tout il m'a fallut un temps de réflexion en clôturant la lecture de ce livre pour en savoir réellement ce que j'en pensais tellement ce livre a le don de nous faire changer d'avis.
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Quel foisonnement lyrique !!!!!!!!!!!!!!!!!
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Intéressant surtout si on comprend bien le contexte d'écriture. Une deuxième lecture n'est pas de trop pour saisir toutes les subtilités du poème.
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Une très belle dénonciation de l'esclavagisme et de la colonisation. Il mérite d'être lu avec des analyses sinon le fond risque d'être flou par moment. Une oeuvre très agréable à lire!
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