AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,06

sur 456 notes
Ce petit bouquin est d'une telle puissance. Il m'a été offert par ma nièce, me tirant des larmes en déchirant le papier cadeau, d'abord des larmes de gratitude et puis des larmes de nostalgie et de compassion.
Ce poème en prose est tellement d'actualité. Aimé Césaire, poète de la "négritude", est tellement moderne, c'est un manifeste prenant la voix de ses origines noires, ainsi que celle de tous les opprimés, et il y en a tant encore.
Publié en 1939, il est tout de suite reconnu par André Breton qui en assure la préface pour l'édition de 1947. L'écriture est délicate et forte, en vers libres, car il faut bien prendre la liberté là où elle se trouve encore. Et c'est un chant, une incantation et une prière, que nous offre le poète. On y entend la douleur et la colère, l'encouragement et l'espoir. Avec lui, j'entends les chants des peuples africains sur les plantations et les plages, et les chants des esclaves sur les navires négriers, et je me laisse emporter par l'éternel retour au pays natal et la présence toujours vive de notre dignité commune.
Commenter  J’apprécie          30
Un cri laborieux en quête d'humanité.

Aimé Césaire reprend dans son livre le mouvement de la négritude, une défense de l'égalité de tous les hommes et une remise en question des valeurs coloniales.

D'un point de vue strictement formel, Cahier d'un retour au pays natal présente une ponctuation très dépouillée qui donne une forte dimension orale. C'est un livre très court, rapide et rythmé. C'est une chanson pour le retour aux libertés individuelles propre à tout homme.
Commenter  J’apprécie          50
Grand texte. le texte d'un grand poete. D'un tribun. D'un prophete.



Aime Cesaire veut quitter la France, l'ecole normale, et revenir en Martinique, chez lui. Il se chasse lui-meme de France: “Va-t-en, gueule de flic, gueule de vache, va-t-en je deteste les larbins de l'ordre et les hannetons de l'esperance''. Il veut quitter ‘'l'ambiance crepusculaire'' de l'Europe et retourner a son ile, une ile revee, ‘'un fleuve de tourterelles et de trefles''. Mais ce retour est traumatique. Son ile s'avere etre l'amas de detritus, physiques et humains, qu'il avait oublie. Sa ville n'est que desolation, ses maisons puent de l'interieur, la mer qui fouette les plages n'arrive pas a les laver de leurs amas d'immondices, et les habitants, de noirs sont devenus des negres, soumis, et acceptant cette soumission comme une fatalite, comme si leur amoindrissement faisait partie d'un ordre cosmique cree par Dieu. “Au bout du petit matin, la grande nuit immobile, les etoiles plus mortes qu'un balafon creve, le bulbe teratique de la nuit, germe de nos bassesses et de nos renoncements''.



Que peut faire le poete? Il n'a que la parole, que des mots. Et on se moque de lui: que peuvent les mots? Mais face aux mots-cravaches des colons: “(les negres-sont-tous-les-memes, je-vous-le-dis / les vices-de-tous-les-vices, c'est-moi-qui-vous-le-dis / l'odeur-du-negre, ca-fait-pousser-la-canne / rappelez-vous-le-vieux-dicton: / battre-un-negre, c'est le nourrir)'', il ne perd pas confiance: ‘'Je retrouverais le secret des grandes communications et des grandes combustions. Je dirais orage. Je dirais fleuve. Je dirais tornade. Je dirais feuille. Je dirais arbre. Je serais mouille de toutes les pluies, humecte de toutes les rosees. [...] Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre''.



Le poete essaira alors de faire revivre une grandeur africaine, mais il y renonce vite: ‘'Non, nous n'avons jamais ete amazones du roi de Dahomey, ni princes de Ghana avec huit cents chameaux, ni docteurs a Tombouctou'', et c'est dans les nouveaux peuples des caraibes qu'il cherchera a infuser une nouvelle grandeur, une nouvelle foi en leur humanite. La filiation africaine ne suffit pas. Il lui faut reveiller ‘'ceux qui n'ont explore ni les mers ni le ciel / mais ils savent en ses moindres recoins le pays de souffrance / ceux qui n'ont connu de voyages que de deracinements / ceux qui se sont assouplis aux agenouillements''.



Mais rehumaniser le negre n'est pas deshumaniser le blanc. ‘'Donnez-moi la foi sauvage du sorcier / donnez a mes mains puissance de modeler / donnez a mon ame la trempe de l'epee/ [...] Mais les faisant, mon coeur, preservez-moi de toute haine / [...] car pour me cantonner en cette unique race / vous savez pourtant mon amour tyrannique / vous savez que ce n'est point par haine des autres races''



Le chantre de la negritude s'avere un chantre de l'humanite. Un prophete d'un nouvel humanisme. Et un enorme poete. Son ‘'Cahier'' a traverse les annees sans s'essouffler. C'est le lecteur qui risque de s'essouffler a gravir ses cimes. Il faut donc le lire et le relire pour s'habituer a l'athmosphere d'un humanisme qui defie le temps.



‘'Eia pour la joie / Eia pour l'amour / Eia pour la douleur aux pis de larmes reincarnees.''



Eia pour le grand homme! Eia pour Aime Cesaire!
Commenter  J’apprécie          665
Un texte magnifique, puissant, passionné, poétique... celui écrit en 1939 par un homme révolté, Aimé Césaire, qui après de brillantes études (Ecole Normale Supérieure) rentre au "pays natal", dans son ile de la Martinique. Il dénonce avec violence les traumatismes liés à l'esclavage et au colonialisme sur le peuple noir, mais s'insurge face à la soumission silencieuse et à la passivité de ses compatriotes antillais. Les termes avec lesquels ils les interpellent sont éloquents :
"Et voici ceux qui ne se consolent point de n'être pas faits à la ressemblance de Dieu mais du diable, ceux qui considèrent que l'on est nègre comme commis de seconde classe : en attendant mieux et avec possibilité de monter plus haut..."

Et surtout il les appelle à une prise de conscience de leur valeur et à un sursaut intense vers la dignité et l'égalité.
"Je cherche pour mon pays non des coeurs de datte, mais des coeurs d'homme qui c'est pour entrer aux villes d'argent par la grande porte trapézoïdale, qu'ils battent le sang viril,..."

Le texte d'Aimé Césaire est dense, violent mais d'une grande poésie avec de longues envolées lyriques, de nombreuses métaphores, des répétitions émouvantes ; il mélange vers libres, versets et prose. le vocabulaire est recherché, élégant mais je l'ai trouvé parfois ardu quelque peu hermétique. Que de mots savants voire techniques et scientifiques qui rendent l'accès difficile au lecteur lambda... Une ou plusieurs relectures s'imposent.

Néanmoins ce "Cahier" d'Aimé Césaire, ce long poème passionné, tel un cri de fureur, demeure une oeuvre de référence, un appel au réveil de ses compatriotes antillais et par extension de tous les peuples noirs ou opprimés afin qu'ils renouent avec leurs traditions et leurs cultures ancestrales, et se réapproprient leur identité.
Aimé Césaire est ainsi associé au concept de négritude tout comme Léopold Sedar Senghor.

#Challenge Riquiqui 2023
#Challenge illimité des départements français en lectures (972 - Martinique)
Commenter  J’apprécie          260
Entre prose et vers, Aimé Césaire réinvente et s'empare de la poésie pour en faire un chef-d'oeuvre de la littérature francophone. Il y aborde la condition des minorités mais aussi celle de son île dans laquelle il a vécu et grandit, celle qu'il porte dans son coeur.
Ce recueil est l'un des plus célèbre de son oeuvre qu'il aura écrit à son retour à Paris. On peut également y noter l'influence des chants que chantaient autrefois les esclaves mais aussi celle de la poésie traditionnelle.
Aimé Césaire a su en tirer profit pour créer sa propre écriture indémodable à ce jour encore.
Commenter  J’apprécie          30
Le poète de la négritude avance toujours les poings levés pour l'indépendance de la Martinique , même s'il ne le dit pas ouvertement .Le parti inépendentiste du pays ne l'a voté qu'à 20% . de puis la mort du poète , les intellectuels et le peuple ne demandent plus la liberté de partir sur un autre chemin étant dépendant de la métropole .
Commenter  J’apprécie          20
Pour une fois, j'ai lu les critiques des autres babelionautes avant d'écrire la mienne.
J'ai choisi cet ouvrage dans le cadre du thème du cercle des lecteurs de ma bibliothèque, mais j'éprouve souvent de la difficulté avec la poésie, et cette lecture me le confirme, hélas.
Et pourtant,que les paroles d'Aimé Césaire sur la négritude sont fortes, que la description de son île natale, allant crescendo, du village au département entier, est évocatrice !
Ce fut pour moi, malgré la peine, une découverte intéressante.
Commenter  J’apprécie          311
Encore une oeuvre d'Aimé Césaire dont on ne peut ressortir indemne tant la violence et la passion de ses mots nous prennent aux tripes!
Cahier d'un retour au pays natal c'est tout simplement l'Histoire d'un Homme tiraillé par son identité à la fois caribéenne et française d'adoption.
C'est la dénonciation du racisme, de la colonisation, de l'Européanisation et d'une histoire originelle dont les détails sordides et les siècles de souffrance sont encore trop peu contés.
C'est aussi la mise en exergue du silence de son peuple qui a trop vite renoncé, subit sans presque trop broncher pour accepter un sort complètement surréaliste.
Mais c'est aussi une ôde à l'Espoir. Un poème tourné vers l'avenir, comme un éveil, une quête de sens d'un peuple qui n'oubliera pas son Histoire et à fortiori s'en servira pour grandir "au bout de chaque petit matin"!
Commenter  J’apprécie          50
Même si je comprends l'importance historique et politique de ce texte fondateur, je suis malheureusement restée totalement hermétique à son style.
C'est bien la première fois que je referme un livre en regrettant de ne pas avoir eu entre les mains une édition scolaire avec des notes de bas de page expliquant le vocabulaire !
Commenter  J’apprécie          190
Difficile d'attaquer un monument, un texte fondateur, surtout venant d'un si grand poète qu'était Aimé Césaire (1913-2008).
Cahier d'un retour au pays natal, 1939 (Revue Volontés), 1947 (Bordas), 1956 (Présence Africaine) est un texte à plusieurs visages.
Un cri d'amour pour son pays où il revient et les hommes qui le peuplent, mais aussi une critique des comportements humains, à propos de l'Europe, la colonisation, mais aussi à propos des Noirs en majorité illettrés et aux comportements stupides et soumis. Il n'y a pas d'aigreur dans ses mots, un constat parfois cinglant, violent, parfois empli d'humour, mais toujours juste et plein d'amour.
Césaire prône l'égalité des hommes, tous les hommes, avec leurs faiblesses, leurs erreurs, leurs errances.
Difficile aussi de parler de la forme de ce texte, long poème libre au vocabulaire très riche, trop parfois, qui rend le fil compliqué à suivre. Les lieux, les objets, la nature, tout y est vie. Ses mots sont une explosion de sons, d'images, de sentiments qui nous concernent tous, même si nous ne sommes ni de ce pays-là ni de ce temps, car Césaire est intemporel.
On peut sentir toute la force poétique de Césaire, même si elle nous échappe parfois. J'ai eu parfois l'impression d'être sur un grand 8, de ne pas tout suivre, mais de ressentir les émotions en filigrane.
Ce livre est la fondation de son oeuvre où l'on retrouvera des traces comme de l'ensemble de ses propos tout au long de sa vie.
Lien : https://dominiquelin.overblo..
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1551) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}