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Citations sur Chiens perdus sans collier (37)

- En fin de compte, tous ces enfants menteurs, fugueurs, voleurs ou mêmes assassins ont, à Terneray, des conditions de vie beaucoup plus agréables que les enfants normaux. C'est une prime à la délinquance.
- Vous avez raison, dit M. Lamy : ils ont tout ! Tout sauf une petite chose essentielle. Au fond de la mer aussi, il paraît qu'il existe tout ce qu'il faut pour que nous puissions y subsister. il n'y manque que l'air, malheureusement !
- Et que leur manque-t-il d'essentiel à Terneray ?
- A Terneray et, par définition, dans tous nos centres : l'amour de leur famille.
- Vous voulez dire les coups, l'humiliation, l'abandon, les sévices ?
- Oui, reprit M. Lamy avec une sorte de tendresse, tout cela dont ils ne peuvent pas savoir que, justement, ce n'est pas le lot de toutes les familles... Tout cela qui, par contraste, fait un éblouissement de joie de la moindre attention, d'un regard plus doux, d'un sourire. L'amour... On peut les priver de n'importe quoi, ajouta-t-il en apercevant la grille d'entrée. Mais le seul crime, Doublet, serait de pénétrer à Terneray sans apporter avec soi tout l'amour dont on est capable.
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C'était donc la Vie,malgré les murs gris,les tabliers à carreaux,les escaliers aux marches usées!La Vie,malgré les Dossiers et les Monuments aux Morts,malgré la solitude et l'abandon,c'était la Vie qui triomphait!
Et ce monument intempestif était seulement là pour rappeler qu'avant de mourir pour la France,les enfants abandonnés voulaient vivre,vivre pour quelqu'un.
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Quand j'interroge un gosse, je ne cesse, en moi-même, d'accuser ses parents ; mais quand je les interroge à leur tour, ...ah ! je nous trouve tous coupables !
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- Et vos Jésus-flexions, sans blagues, merde ! gronde Marc, l'aîné de la troupe.
Le front largement baigné d'eau bénite, on sort parmi les paysans endimanchés qui allument une cigarette aussi blanche que leur col.
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Avant même que les garçons du bâtiment 3 aient pu répandre la nouvelle, on vit arriver la guimbarde de M Provin qui laissait, dans la neige intacte, une piste de Transssibérien On vit de loin, les grosses moustaches, plus noires que jamais parmis tant de blanc
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Vous n'avez donc pas compris que,séparément,vous n'êtes que de pauvres gosses,et que vous ne pourrez vous en sortir que tous ensemble?Et que si vous devez vous battre ,c'est côte à côte?Vous battre un jour pour sortir de votre crasse,de vos taudis,de votre prison? Nom ou pas nom,famille ou pas famille,vous n'êtes déjà que des matricules! Et vos places sont déjà marquées dans un monde ou vous ne serez que des numéros d'Assurances Sociales,des servants de machine,des manoeuvres légers! "La taule" : c'est le même mot qui désigne la prison et l'usine!...Le flic,fils d'ouvrier,cogne sur les ouvriers...La concierge,de sa loge sordide,tyrannise les locataires de ses piaules sordides...L'employé en col blanc,qui crève de misère,méprise et craint le type en casquette qui crève de misère...Ah! s'il pouvait se battre contre lui !...Le petit commerçant vole l'ouvrier,et l'ouvrier humilie le Nord-Africain...C'est ça,le monde : partout,le pauvre écrasant le pauvre sous le regard des autres qui viennent recruter leurs domestiques!
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Mais le chien jappa d'impatience ou de douleur ; et le garçon, tournant les yeux vers lui, vit à son flanc, une nouvelle cicatrice plus longue que les anciennes et toute rouge. Alain Robert serra les poings : "Les salauds !... Mais c'est toi, se dit-il, c'est toi le dernier des salauds ! Allons, avance !.." Son coeur se mit à battre si fort que cela lui donna la nausée : c'est que sa décision était prise. D'une main qui ne lui appartenait plus, il poussa la porte de la Morgue.
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Et c'est le même invisible spectacle,en ce moment,dans les deux autres bâtiments de Terneray,dans tous les bâtiments de tous les centres de la France:ces milliers d'enfants,chaque nuit,livrés à leur fantômes,à leurs ennemies les grandes personnes...Cependant que des dizaines de milliers d'autres enfants,à cette heure,traînent dans les rues,les foires et les bistrots,les mains dans leurs poches vides.Ils boivent,volent,guettent,fuient,se prostituent parmi des hommes et des femmes,leurs faux amis,semblables en tout à leurs parents - quelle différence?Le monde est déjà pour eux,une immense usine,un immense bistrot,un immense terrain vague : une nuit d'hiver à jamais! Tout est pareil partout,et chaque jour semblable au précédent . Qu'est-ce que ça veut dire,vivre?
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L'enfant le plus ingrat, les sourcils noirs, les lèvres entrouvertes, s'acharne à dessiner sans joie une famille. Mlle Alice entame la lecture des documents annexes : curriculum vitae d'Alain Robert, déclarations (à l'encre violette) des parents nourriciers, rapport (sur copie d'écolier) de M. l'instituteur, certificats du médecin, enquête de l'assistance sociale, renseignements complémentaires reçus par téléphone, Carnet de Santé, premier Bulletin de Comportement en Division, ouf... A travers ces feuillets de tous formats et de toutes couleurs, une dizaine de grandes personnes tournent autour du pupille Alain Robert ; mais le secret de l'enfant Alain Robert leur demeure clos.

- Tu as fini la famille ? Alors, fais-moi un bonhomme : oui, quelqu'un que tu aimes ou n'aimes pas, que tu connais ou ne connais pas, comme tu voudras !

Alain Robert, si décidé d'avance à répondre non, à tout refuser, reprend les crayons avec plaisir : dessiner, comme courir ou s'endormir, l'allège, le détend, le délivre. Un bonhomme ?

- Voilà ! … Mais l'autre n'a pas encore terminé sa lecture. Le gosse l'observe froidement : ces lèvres qui balbutient sans paroles, ces yeux qui courent à la ligne... « Elle doit être un peu sonnée, le grand me l'avait bien dit ! »

En effet, voici qu'à présent, le dossier refermé, les dessins soigneusement rangés, Mlle Alice lui fait aligner des poids par ordre décroissant, rendre la monnaie, énumérer les mois (Merde ! Entre octobre et décembre, il y en avait pourtant un), définir une table, une auto (Elle me prend pour un crétin), la patrie (Euh...). Autre chose à présent ! Elle lui raconte une histoire absurde : « Un enfant rentre de l'école et sa maman lui dit : « Ne commence pas tout de suite tes leçons, j'ai une nouvelle à t'annoncer. » Qu'est-ce que sa maman va lui dire ? »

- A ton idée...

- Que... que son fils est mort.

- Bien. (Pourquoi « Bien » ?) Écoute-moi maintenant : je vais te dire des phrases dans lesquelles il y a des bêtis
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-- Allons, c'est dimanche, reposez-vous ! fit le substitut sans amitié.
Il avait un visage agréable mais empâté, des cheveux blonds, des cils presque roux qui défendaient un regard aussi vert et aussi froid qu'un lac de montagne ; un visage qui ne vieillirait pas, préservé par sa bonne conscience, ses habitudes régulières, ses certitudes. A côté de lui, le juge Lamy paraissait dix ans de plus que son âge. Il se retourna encore : deux silhouettes noires dans l'hiver, si loin déjà...
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