Il commence à comprendre qu'un instant, c'est bon à prendre. Et si la vie n'était faite que d'instants ?
Les orgues, les lumières tremblantes, les gestes du prêtre le ramenèrent au pays de son enfance et des messes de Noël : aux seuls temps où il fut vraiment heureux puisqu'il ne se demandait pas encore s'il l'était.
... elle a seulement oublié l'essentiel : que le temps passe. C'est le drame des vies perdues. Elle a rejoint le peuple des "au jour le jour" : ceux qui vivent heureux avec une promesse qui ne sera pas tenue (et ils le savent déjà) ; ceux qui trouvent qu'une fausse joie est toujours bonne à prendre et qu'on verra demain...
Oui, le Dieu de la Création, de la splendeur et de la Joie : ou bien celui de la Douleur : des malades, des victimes, des pauvres ? Le mystère, c'est qu'il puisse être à la fois l'un et l'autre : le maître du printemps et celui de l'hiver, au même instant. (...) Et chacun doit aussi assumer à la fois sa part de la slendeur et de la tristesse du monde. Mais, devant la première, il oublie Dieu et, devant la seconde, il le maudit.
De toute évidence, Dieu avait partie avec la mort,et ses prêtres, vêtus de deuil,en restaient un peu contagieux
Il commence à comprendre qu'un instant, c'est bon à prendre. Et si la vie n'était faite que d'instants?
Jeanne se glissa hors des draps. Du côté de Jean, comme toujours, une tempête de toile, un lit de faits divers. Si frais au pas le carrelage. Pourtant, à peine Jeanne y eut-elle posé ses orteils que son corps, dans l'instant devint moite. Elle porta la main à son cœur. Sa main devant son cœur... Pour protéger quoi ?
On a eu raison d affirmer que l euthanasie légale, qui ,à certains, apparaît comme la fée du dernier sommeil au chevet du mourant, ne serait su un monstrueux pacte de l enfer
Le soleil hautain déclinait. On voyait les fenêtres s'allumer une à une.
Jeanne regagne le rivage. A tout moment elle allonge ses orteils à la rencontre du sol et croit l'atteindre... Pas encore ; ou plutôt il se dérobe sous elle chaque fois qu'elle reprend pied. Ses yeux la brûlent, sa bouche est amère.
Pauvre Bernard, s'il suffisait d'un train pour fuir... Et il n'ose pas lui avouer que ce qu'il aime dans les gares, c'est au contraire le visage des voyageurs qui reviennent, et celui de qui les attend, et l'instant où ils s'aperçoivent. Une seule étincelle d'amour - mais quelle chaleur !