Yellow cab
= jaune, le taxi ♪♫ ... new-yorkais. 🚖
Mais de la couleur, il n'y en a que sur la couverture, le reste de l'album est en noir & blanc.
Du
Chabouté, quoi.
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Benoit Cohen vit depuis quelques mois dans la Grande Pomme, et a envie de goûter à autre chose que la réalisation, ou plutôt de vivre une expérience 'intense' qui l'inspirerait pour un prochain scénario. Il a déjà quelques films à son actif, assez confidentiels.
Il choisit de devenir chauffeur de taxi. Il n'a pas mesuré toutes les épreuves qui l'attendent : examens, paperasses, argent à avancer...
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Ce parcours du combattant de "l'avant" et cette expérience professionnelle
ont fait l'objet d'un récit publié chez Flammarion en 2017, lui-même adapté en BD par
Chabouté en 2021.
On retrouve bien l'artiste de '
Musée' : peu de paroles, beaucoup de visages, d'expressions, de regards.
Le 'taxi driver' doit se faire discret, c'est le client qui donne le ton. Il garde ici un air neutre, limite victime, pour passer inaperçu et humble comme un "étranger" pas tout à fait bienvenu, mais bien pratique pour le sale boulot :
« En arrivant ici, j'ai senti le besoin d'autre chose.
Je me suis retrouvé dans une nouvelle position. Celle de l'immigrant.
Un immigrant aisé, certes, mais j'ai expérimenté la situation d'un immigrant quand même.
Ce que traverse un chauffeur de taxi étranger lorsqu'il est plongé dans la fourmilière d'une mégapole comme New York touche à l'universel.
J'ai vécu pendant ces quelques mois l'envers du décor, l'envers du rêve américain. La lutte des classes, l'immigration, le déracinement, l'endurance, l'humilité, la tolérance, l'injustice, l'exil, la peur, la violence, la solidarité, la folie, la diversité, l'abondance, la pauvreté, la beauté, l'ivresse, l'ennui, le partage, l'époustouflante vitalité de cette ville. »
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Une telle immersion est admirable, mais ça reste différent lorsque, comme lui, on peut dire 'Stop, pouce, je ne joue plus', pour s'extraire à tout moment, parce qu'on a encore de la famille et un point de chute confortable dans son pays d'origine.
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Pour en revenir à
Chabouté, je n'ai hélas jamais retrouvé la grâce et la puissance de 'Tout seul'.