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Citations sur Une joie féroce (160)

Depuis mon cancer, comme après la mort de Jules, il se demandait ce qu’il faisait là. Il se trouvait encombrant, glacial, distant, incapable de m’aider. Il me quittait pour mon bien.
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Médecins,infirmières, acuponcteurs, tous la même phrase :
- Déshabillez-vous s'il vous plaît.
J'étais presque nue et tout leur semblait naturel. Avant moi dans la pièce il y avait eu un cancer, et j'étais le cancer suivant, juste avant le cancer prochain. Un défilé de bas morceaux.
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Lorsque j'ai quitté la clinique, sept patientes attendaient. J'avais lu qu'une femme sur huit développait le cancer du sein au cours de sa vie. Il était là, l'échantillon. Huit silences dans une pièce sans fenêtre. Huit poitrines à tout rompre. Huit regards perdus sur des revues fanées. Huit naufragées, attendant de savoir laquelle d'entre nous.
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Courageuse. Je n'entendais que ça. Courageuse pourquoi ? Parce que je passais à la librairie en souriant ? Parce que j'allais acheter une baguette pas trop cuite en cherchant ma monnaie ? Parce que je marchais sur le trottoir, au milieu de tous les bien-portants ? Quel courage ? Je n'étais pas courageuse, je résistais. Je faisais avec. Je me levais le matin avec la peur au ventre. J'avais le sein tailladé, un boîtier sous la peau, du poison rouge plein les veines, le crâne chauve, la bouche douloureuse, le cœur qui martelait, des envies de vomir, les articulations douloureuses, le ventre torturé. Je n'étais pas courageuse, je marchais droit devant. Et comme je le pouvais.
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J'ai été contente de voir Hélène. Et aussi la librairie. Jamais cet endroit ne m'avait paru aussi paisible. Ici contrairement à la vraie vie, les hurlements, les pleurs, les rires, les cris, les joies, les drames étaient prisonniers des pages. Le tumulte ne s'offrait qu'à celui qui les ouvrait. Moi, j'avais quitté le domaine de la fiction.
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Pour elle, le mal disait souvent des choses sans importance.
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Une vraie connerie
( samedi 21 juillet 2018)

J'ai imaginé renoncer .La voiture était à l'arrêt. Brigitte au volant,Mélody à sa droite,Assia et moi assises sur la banquette arrière. Je les aurais implorées. S'il vous plaît.
On arrête là. On enlève nos lunettes ridicules, nos cheveux synthétiques. Toi ,Assia, tu te libères de ton voile. On range nos armes de farces et attrapes. On rentre à la maison .Tout aurait été simple ,tranquille .Quatre femmes dans un véhicule mal garé ,qui reprendrait sa route après une halte sur le trottoir.

Mais je n'ai rien dit.C'etait trop tard.Et puis je voulais être là.
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Elle avait quitté les études avec dans son cartable les identités remarquables, la grande nébuleuse d'Andromède, les lettres de Pline le Jeune et les noms de Malet et Isaac sans se souvenir de qui étaient ces gens. Comme on ne peut rien désapprendre par cœur, elle avait simplement tout oublié.
En deuil de culture générale, elle lisait les livres d'hier. Jamais de littérature moderne.
- Comment pourrais-tu comprendre Henning Mankell si tu n'as jamais ouvert un Simenon ? lui avait jeté Assia, alors que je vantais les romans policiers de l'auteur suédois.
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"Déclaration d'état de santé"
J'ai interrogé le banquier. Il ne me quittait pas des yeux.
- Il va falloir me remplir ça.
J'ai frissonné. Je l'ai regardé, et puis la feuille.
J'ai cherché mes lunettes dans mon sac. "Êtes-vous actuellement en arrêt de travail ?, "Êtes-vous atteint, à votre connaissance, d'une affection ou d'une maladie de quelque nature que ce soit ? ", "Suivez-vous un traitement médical ?" J'ai relevé la tête. Il me tendait un stylo.
- Si tu coches un seul oui, nous avons un problème.
- Un problème ?
Il m'a expliqué qu'en cas de maladie grave, le montant d'un prêt était limité. La prime d'assurance était tellement élevée que la plupart des gens renonçaient. Sa voix avait changé. Métallique, mécanique. Des éléments de langage. Je connaissais le copain, pas le banquier. Derrière la porte vitrée de son bureau, c'est son agence qu'il protégeait. Il a repris l'assurance de prêt, l'a agitée en éventail devant ses yeux.
- Alors ? Oui ? Non ?
J'avais la bouche sèche. Depuis quelques jours, des aphtes abîmaient ma langue et ma diction. J'ai repoussé la feuille du doigt. Je battais en retraite.
- Comment se déroule ton traitement, Jeanne ?
Souffle coupé.
- Pardon ?
- Ta chimiothérapie ?
Matt lui avait dit. Cela ne pouvait être autre chose.
J'ai enlevé mes lunettes, rangé mon carnet, fermé mon sac. Je n'osais plus lever la tête. J'avais le front moite et les joues brûlantes. Cette sueur encore, qui perlait sur ma tempe. Je me suis levée lentement. Sans lui tendre la main, sans un mot de plus que mes yeux baissés.
- Tu as l'air en forme, quand même.
Je me suis retournée. Il souriait. Je ne sais pas pourquoi, j'ai failli lui cracher dessus.
- A part ça, on voit à peine que c'est une perruque.
Alors j'ai craché.
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Brigitte s'est avancée, lui a doucement retiré le pistolet des mains.
-Je t'aime.
Elle l'a prise dans ses bras. Comme on console, comme on protège, comme on épuise un immense chagrin.
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