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sur 1079 notes
Une joie féroce, c'est d'abord le titre qui m'a attirée vers ce roman. Un titre prometteur et certainement engagé et dynamique. Ensuite l'auteur, Sorj Chalandon, une référence tout de même.

C'est tout d'abord une histoire grisounette, autour de la maladie. Jeanne apprend qu'elle est atteinte d'un cancer du sein. Les citations affluent sur le cancer, la maladie, de belles citations. Auprès de son mari Math, elle espère trouver le soutien qu'elle mérite. Il n'en est rien. Son mari se montre agressif et austère devant la maladie. Jeanne se tracasse de perdre un sein, Math ne supporte pas l'idée que sa femme soit chauve. Tout est dit. Jeanne se retrouve très vite seule, abandonnée par son époux. À l'hôpital où elle entame ses chimios, elle fait la rencontre de Brigitte. Attentionnée, prévenante, empathique, les deux femmes se lient d'amitié. Deux autres femmes viennent se greffer autour du duo malade, Assia et Melody. Toutes ces femmes ont plus d'un point en commun. Si le cancer a pris possession de leur corps, la maternité est un trou béant pour chacune d'elles. Entre celles qui ont perdu un enfant et Assia dont son ventre reste inlassablement vide, les quatre femmes se lient dans une amitié à fleur de peau ombrée par les secrets que chacune garde en elle.

Tout était bien parti jusque là. Un portrait touchant autour de Jeanne, autour de ses difficultés (même si elles sont assez survolées). Arrivent l'histoire des autres amies et là, c'est le flop de mon côté. Leurs histoires ne m'ont absolument pas passionnée. C'est encore pire quand l'histoire prend alors des allures de thriller, de folie peu crédible quand on est malade. Il n'est nullement question de joie féroce dans ce roman, ou du moins, je ne l'ai pas ressentie.
La maladie est très vite occultée, l'auteur s'attarde sur le plan que mettent en place les quatre amies pour sauver l'une d'entre elles. C'est long et j'avoue avoir passé des pages tant toute cette partie ne m'a pas convaincue. Je ne m'y suis attachée à aucune femme. On nous parle de cancer, on nous promet de la joie puis on nous file des amphétamines insipides en guise d'actions mollassonnes.

Bref, un roman qui m'a ennuyée et pas vraiment convaincue.

#UneJoieFéroce #NetGalleyFrance
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Un premier chapitre intitulé une vraie connerie décrit la préparation d'un braquage. On se retrouve ensuite sept mois plus tôt avec Jeanne, libraire, venue passer une mammographie pour une douleur au sein. Bien vite, les résultats vont tomber, il s'agit d'un cancer. Pour Jeanne c'est le désarroi le plus complet d'autant que son mari Matt ne lui est d'aucun réconfort et ne l'épaule pas du tout, prétextant que c'est trop dur pour lui. On apprend qu'ils ont perdu leur enfant à l'âge de sept ans emporté par la maladie et que, depuis, ils n'avaient plus rien à se dire. Il n'est donc pas venu à la première séance de chimio et c'est là, en salle d'attente que Jeanne va faire connaissance avec Brigitte qui la réconfortera ; s'enchaîneront ensuite les rencontres avec Mélody et Assia, les quatre jeunes femmes formant comme elles le nomment le club des K. Cette amitié va les pousser à commettre un acte complètement fou.
Sorj Chalandon réussit à se mettre dans la peau d'une femme d'une façon très convaincante. Il décrit très bien toutes les étapes que va vivre Jeanne atteinte du cancer, l'attente du diagnostic, la perte des cheveux, les séances de chimio, les douleurs, les séances de radiothérapie mais aussi les regards et parfois les commentaires des proches ou des inconnus, et surtout les atteintes sur le plan psychologique. Mais ce qui fait la force de ce roman, c'est la mutation qui va s'opérer chez cette femme jusqu'alors effacée et résignée que Brigitte surnommera "Jeanne Pardon". Pour elle comme pour ses amies un combat est engagé, engagé sur deux fronts, un contre la maladie et un deuxième pour conquérir leur liberté. Cette quête de liberté et d'indépendance m'a d'ailleurs fait penser à Changer le sens des rivières de Murielle Magellan. La solidarité sans failles envers les épreuves de la vie qui va unir ces femmes est vraiment magnifique et montre bien qu'unis, tout devient possible.
Mais lorsque Jeanne va se laisser embarquer dans un improbable casse que l'écrivain avait d'ailleurs suggéré dès le début, je n'ai pas vraiment adhéré à l'idée, puis, au fil de ma lecture, je me suis laissée emporter pour finalement bien apprécier cette aventure rocambolesque qui nous ménage une fin tellement surprenante et inattendue mais tellement forte et réjouissante !
Une joie féroce est un véritable hommage au courage des femmes que rend Sorj Chalandon dans ce bouleversant roman.
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La Joie Féroce de voler la vie à la mort.

C'est une guerre sans merci, un combat pour la vie qui est relaté par l'écrivain-journaliste habitués à d'autres conflits. Lutter contre la maladie est un combat, et défendre la liberté des femmes aussi.

La rage de vivre

Brigitte, Assia et Mélanie, ses trois « soeurs de larmes », ses trois « soeurs d'armes ». Trois paires de bras d'amour qui consolent, sèchent les pleurs en fredonnant aux oreilles. À elles quatre, elles vont monter une action de résistance, un attentat contre la peur. Un acte fou, « une vraie connerie » ce hold-up d'une bijouterie, qui les plongera dans l'illégalité et le déni.
Pour « saccager Jeanne Pardon, la bonne fille, la bonne élève, la bonne épouse qui acceptait tout des autres, de l'indifférence au mépris », rien n'est impossible, et ce n'est pas la fable que construit l'auteur qui le démentira.

« C'est l'histoire de quatre femmes. Elles se sont aventurées au plus loin. Jusqu'au plus obscur, au plus dangereux, au plus dément. Ensemble, elles ont détruit le pavillon des cancéreuses pour élever une joyeuse citadelle. »

Une Joie Féroce évoque tous ces guerriers en opération prolongée contre la maladie, mis en exergue ici par la condition de quatre femmes victimes d'injustices contre lesquelles on ne peut que se révolter. C'est un cri primaire qui les sauvera. Une rage de vivre intense et libre sublimée par une plume compassionnelle et acérée.

Chronique complète à retrouver sur Fnac Conseils Libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Rentree..
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Quelle fin élégante et douce pour ce nouveau roman signé Sorj Chalandon ! Pourtant, tout au long de cette histoire de femmes solidaires et courageuses, j'ai côtoyé le drame, la maladie impitoyable, ces soins qui infligent tant de souffrances, qui flanquent des vies par terre pour tenter de la sauver, cette fameuse et unique vie dont nous héritons sans rien avoir demandé.

Cette maladie que nous avons souvent de la peine à nommer… Par contre, lorsque le mot est lâché, on entend chacun raconter la sienne et en rajouter. Cette maladie, c'est le cancer. Même si elle passe un peu au second plan durant la partie thriller du roman, elle est bien présente et rappelle vite à l'ordre celui ou celle qui a oublié son emprise.
Comme pour chaque roman de Sorj Chalandon, j'ai été emporté, captivé, secoué par ce qu'il décrit si bien, avec des mots si justes. Lorsque je l'avais rencontré, lors d'une fête du livre à Saint-Étienne, après la parution du Quatrième mur, il m'avait dit qu'il avait ramené du Liban un lourd sac de pierres et qu'il en partageait ainsi le fardeau avec ses lecteurs.
Ici, dans Une joie féroce, c'est un peu pareil avec ce cancer qui brise la vie ordonnée de Jeanne, cette héroïne qui m'a guidé au fil des pages et fait partager des moments peu ordinaires. En plus, elle travaille dans une librairie et je note que l'auteur sait bien parler de ses confrères.
Jeanne rencontre Brigitte lors de sa première chimio et naît, entre elles, une amitié profonde. Elles forment une équipe avec la jeune Melody, elle aussi en soins, et Assia, la compagne de Brigitte. Ces rencontres avec les différentes actrices du roman permettent de respirer un peu et d'oublier les conséquences des traitements car ces femmes ont leur histoire et j'ai bien apprécié les surprises réservées par l'auteur, avec des coups de théâtre même !
Quelques personnages masculins traversent le récit. S'ils sont médecins ou même receleur, ils font bien leur travail mais que dire de la lâcheté de Matt, le mari de Jeanne ? Il fuit, laisse tomber celle qui partage sa vie et se comporte comme un vrai salaud. D'ailleurs, et c'est bien ainsi, on l'oublie assez vite car, comme je l'ai déjà indiqué, le plus beau de ce roman, c'est l'amitié et la solidarité entre ces femmes malades.

C'est fort, très émouvant et en même temps, malgré la mort qui menace, une belle leçon de vie, Ces femmes partagent et communiquent Une joie féroce pour s'affranchir des pires difficultés, des pires souffrances qu'une existence peut réserver.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Journaliste à Libération pendant plus de trente ans, désormais au Canard Enchainé, Sorj Chalandon, lauréat du grand prix du roman de l'Académie française pour Retour à Killybegs, est revenu à la rentrée littéraire 2017 avec le jour d'avant un éblouissant roman, peut etre le meilleur de son oeuvre, malgré une absence totale dans les prix littéraires de l'époque.

A la lecture de son dernier roman, on peut se demander ce qui a bien pu arriver à cet auteur dont j'avais aimé les précédents romans "Mon Traitre" ou "le quatrième mur", ?

A-t-il trop regardé La casa del papel ? A-t-il voulu montrer son soutien à tout prix au mouvement #metoo avec un roman très féministe dans lequel les femmes tiennent le beau rôle et les hommes sont très très ( très) méchants, lâches, violents, sans la moindre parcelle d'humanité? A t- il eu marre de ses univers très noirs et très nihilistes pour nous trousser un feel good book finalement optimiste mais qui se moque de toute crédibilité narrative? Nul ne le sait, mais toujours est il que le résultat laisse assez pantois surtout quand on misait énormément sur cet auteur dans la rentrée littéraire de cette année

Si l' on pourra être ( un peu) touché notamment dans sa première partie par le personnage de Jeanne et la façon dont on vit l'annonce de son cancer et dont elle vit son traitement, et que l'auteur sait encore écrire et trousser de belles formules, l'intrigue a un côté très "bigger than life" , très outrancière et surtout pétrie de bons sentiments qui font passer Anna Gavalda pour une cynique..

Entre la cancérologue italienne qui sort des phrases comme des mantras, le gentil commissaire, le mari sans nuances, les ex tous affreusement salauds, et les amies de Jeanne vraiment trop caricatures, il nous a été impossible de croire à cette histoire qui plaira peut etre à ceux qui sont plus réceptifs aux feel good books ; les autres attendront le retour du romancier nuancé et profond qui nous avait habitué à tant mieux... Sorj Chalandon a visiblement voulu changer de braquet pour cette rentrée 2019 mais hélas, celui ne lui a pas bien réussi !

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Après l'annonce de sa maladie, pleine d'angoisse à l'idée de ce qui l'attend, Jeanne doit encore subir le lâchage de son bel âtre de mari. Pourtant alors que tout semble aller au plus mal, elle rencontre lors de ses séances de chimiothérapie, trois femmes, trois blessées de la vie qui l'entraînent dans une folle aventure, qui après l'avoir effrayée pourrait bien sauver le reste de son existence.

Bien sûr sentir sa fin proche donne une perspective différente. Dès lors pour celles qui n'ont plus rien à perdre, pourquoi ne pas devenir des hors la loi, s'embarquer dans un mauvais coup pour une bonne cause. Un ressort de l'histoire, il faut bien le dire, assez improbable d'un Chalandon qui n'est pas rebuté par les sujets déprimants... le lecteur je ne sais pas. En tout cas, le réalisme de la première partie est franchement angoissant, alors que la solidarité féminine y est tout à fait emballante. Quant à la deuxième partie, je dirais qu'elle tient de la haute fantaisie. Mais après tout pourquoi pas...

#UneJoieFéroce #NetGalleyFrance
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Jeanne, 39 ans, vient d'apprendre qu'elle a un cancer du sein. Elle, la libraire discrète et effacée, qui s'excuse presque d'exister, se voit lâchée par son corps. Puis par son mari, qui fuit, indisposé par la future calvitie de sa femme, apeuré par l'idée de la mort, surtout, tout à coup si proche. Jeanne doit donc affronter seule sa maladie, son traitement. Mais à l'occasion d'une séance de chimio, elle fait la connaissance de Brigitte, puis de Mélody, toutes deux malades aussi, et enfin d'Assia. En plus du cancer, ces quatre compagnes de douleur partagent un mal d'enfant, de maternité. Mais pour l'une d'elle, tout espoir n'est pas perdu. Et nos quatre mousquetaires en perruques et turbans de s'embarquer dans une aventure aussi improbable que rocambolesque, comme une tentative désespérée de pied-de-nez à la souffrance. de là à dire, comme Jeanne dans son journal, qu' "ensemble elles ont détruit le pavillon des cancéreux pour élever une joyeuse citadelle", je ne suis pas convaincue. Je n'ai pas ressenti beaucoup de joie de vivre dans cette histoire, ou alors très fugacement. de la révolte, de la colère, du désespoir et un besoin (effectivement féroce) de revanche sur le sort, ça, sans aucun doute. Mais je me faisais une autre idée de la joie. En fait, je m'étais fait une autre idée de ce roman avant de le lire, d'où mon impression de décalage. J'attendais un récit de la transformation de Jeanne-la-grise en femme, si pas flamboyante, au moins épanouie et confiante en elle, après un combat difficile contre elle-même, sa maladie et ses démons. Mais ce n'est pas ce que j'ai lu. Evidemment, Jeanne n'est pas la même à la fin, mais la focale a été davantage dirigée sur le "coup" fomenté par ces quatre drôles de dames, au point que le reste est passé à l'arrière-plan. Et puis je n'ai pas réussi à croire à cette histoire ni à m'attacher à ses personnages. Erreur de casting en ce qui me concerne.

En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.

#UneJoieFéroce #NetGalleyFrance
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Fidèle lectrice de Sorj Chalandon, j'ai choisi de lire ce livre sans rien en connaître au préalable.
Il y a une poignée d'auteurs en qui j'ai une telle confiance, que la quatrième de couverture n'influence en rien mon choix, ni la certitude du plaisir à venir.
Mais là, je dois dire que j'ai été surprise.
Lire sous la plume de Chalandon l'histoire banale et dramatique de Jeanne atteinte d'un cancer, quittée par un mari aussi lâche qu'ignoble me laissait entrevoir la déception d'un rendez-vous raté avec l'un de mes écrivains favoris.

Dans la première partie du roman, nous suivons Jeanne avec sa peur, son chagrin, ses premiers pas dans le traitement qui la laisse épuisée, la solidarité et le soutien d'autres femmes malades.
C'est grâce à elles que Jeanne va trouver la force nécessaire pour repousser le malheur qu'elle connaît et qu'elle ne veut plus, elle qui a perdu son fils âgé de sept ans.
Rire pour ne plus pleurer pourrait être la devise de ces guerrières bien décidées à ne rien lâcher, surtout pas la vie.
« Elle et les autres se moquaient de la maladie. Elles riaient de la mort. Allaient à la chimio comme d'autres à la manucure. C'était dur pourtant. Chacune souffrait, pleurait, poussait un cri de douleur au moment du lever mais aucune ne se plaignait. »

Lorsque l'auteur change de braquet pour nous entraîner dans un thriller aussi original qu'imprévu, j'ai compris que j'avais à nouveau entre les mains « un grand » Chalandon.

Ce livre est une magnifique leçon de courage, une belle histoire d'amitié et qu'importe les incohérences que ne manquent pas de souligner certains lecteurs sur l'improbabilité de ce braquage mené avec l'énergie du désespoir.
Un coup de coeur que j'ai terminé en larmes.

Merci à NetGallet et aux Editions Grasset.
#UneJoieFéroce #NetGalleyFrance
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J'ai longtemps hésité à lire ce livre, Une joie féroce, dernier roman de Sorj Chalandon. J'adore cet auteur pour différentes raisons et je ne voulais pas être déçu par ce nouveau rendez-vous. Ayant lu ce roman durant ce week-end, j'hésite encore à trouver les mots pour y revenir, là aussi pour plusieurs raisons. La première : je fais partie d'une famille touchée par le cancer. Mon père, mon grand-père, une de mes sœurs en sont morts. Après le décès de ma sœur, cela a déclenché un cancer chez ma mère, elle en a survécu. Voilà, je me suis approché de ce livre avec une sorte de méfiance qui ne me donnait pas forcément envie de remuer ce vécu. La seconde : ayant lu différentes critiques sur ce livre, parfois qui s'opposaient, je me demandais comment je pouvais revenir à ce texte pour apporter quelque chose de nouveau et peut-être de différent.
La troisième enfin : il y a dans ce roman une magnifique visite en terre finistérienne, à Roscoff, on entend presque le Bro gozh ma zadoù entre les pages... Je sais par l'entremise d'une amie dont la sœur lui est proche, que Sorj Chalandon aime le Finistère et aime y venir. On le ressent vraiment.
Me voilà donc, avec tout ce bagage.
J'ai trouvé le récit déroutant et je me suis laissé en même temps emporter.
Tout démarre en effet autour du cancer, celui de Jeanne la narratrice, qu'elle découvre et nous le découvrons avec elle. Ce cancer va être pour Jeanne l'occasion de se lier d'amitié avec d'autres femmes. Elles s'appellent Brigitte, Assia, Melody... C'est une sorte de communauté qui l'accueille, d'autant plus que Brigitte et Mélody sont confrontées au même mal que Jeanne. C'est un gang que Jeanne rencontre. Un gang de femmes. Mais ce sera aussi pour Jeanne l'occasion d'entrer en guerre, de devenir une guerrière. En résistance. Et j'ai toujours été émerveillé par la résistance.
Jeanne est libraire et effacée.
Jeanne accueille ce cancer avec colère.
C'est un cancer qui lui permet autre chose. Jeanne est acculée, elle n'a plus le choix, elle doit s'en sortir seule, effectivement son compagnon de vie ne saura pas répondre à la manière d'accompagner cette souffrance. Jeanne découvre alors quelque chose qu'elle ne connaissait pas, la sororité, la solidarité, la beauté, la résistance, ce roman n'est pas un livre sur le cancer, c'est un livre sur ce que ce monstre peut faire de vous, de nous, de chacun d'entre nous : quelqu'un de bien, de formidable. Ou bien le contraire aussi. La douleur fait cela aussi.
Jeanne rejoint ces femmes, le club des K.
Ce roman fouille la question : jusqu'où peut-on aller lorsqu'on est acculé, lorsque le mal est en nous ?
Accueillir ce cancer, la résistance, ce livre dit cela et il montre un chemin, non pas à suivre à la lettre, car enfin, ce gang de femmes s'engouffre bien dans l'illégalité. Faire un casse. et quel casse !
Non, ce roman dit, de manière romanesque, ce que ce cancer peut faire de vous, de nous.
Entrer en guerre. Oui, c'est bien entrer en guerre dont il s'agit, en résistance qui est l'essentiel. Se transformer aussi.
Il y a quelque chose dans cette sororité qui donne à ces femmes une force, une grâce, une fierté de tenir debout. Cela m'a ému, bouleversé, ma vie sans doute m'invite à cette émotion.
Je suis entré en empathie avec ces quatre femmes. C'est un livre sur la féminité, un combat, une manière de vouloir détruire ensemble quelques murs. Toutes sont en mal d'enfants ou en mal d'un enfant et c'est une évidence qui les bouleverse.
Au final, peu importe que cette histoire du casse du siècle soit crédible ou non, le propos est ailleurs.
Une de mes sœurs est décédée d'un cancer du sein, elle s'est battue durant quatorze ans. Elle a lutté, je crois, avec une joie féroce. Je me souviendrai toujours de ce dimanche où j'étais venu lui rendre une ultime visite dans son appartement de Nantes qui donnait sur la Loire. Nous avions ouvert une bouteille de bordeaux, un Médoc, nous avions trinqué à la vie, avec lucidité elle évoquait ce qui resterait après elle, s'indignait même d'une forme d'injustice, notamment qu'un beau-frère "vraiment con" lui survivrait, nous avions trinqué à ce qui rend beau dans la tristesse et le désespoir de la vie. Le jeudi suivant, elle s'en était allée... Brigitte, personnage du roman, lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Deux mois plus tard, ma mère a appris qu'elle avait un cancer, sans doute peut-être parce qu'il n'est pas acceptable qu'un enfant parte avant une mère. Elle est alors entrée de nouveau en résistance, comme elle avait déjà su le faire en 1944. Elle a su gagner ce combat, comme tous les autres combats qu'elle a menés dans sa vie.
Alors, bien sûr j'ai aimé ce roman aussi pour cela...
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Tout est dit dans ce titre intrigant. Cette "joie féroce" ne pouvait se définir autrement.

C'est la joie féroce d'une colère et d'un combat contre le cancer, la joie féroce d'une insoumission et d'une renaissance, joie féroce partagée par quatre amies solidaires, quatre complices réunies "grâce" à la maladie, pour le meilleur et pour le pire.

Mais cette joie féroce est avant tout celle de l'auteur pour qui ce roman fut une sorte de thérapie, une façon de faire face au cancer de sa femme diagnostiqué quelques jours avant le sien. Cataclysme que chacun gère à sa manière… celle de Chalandon fut « d'entrer en guerre » au moyen d'une fiction, l'histoire de Jeanne et de ces battantes qui défieront le destin et les préjugés bien au-delà de leurs tourments de santé.

Pour autant, si les oeuvres de Sorj Chalandon riment souvent avec révolte personnelle, j'avoue n'avoir pas retrouvé ici la perfection de profondeur, de puissance et d'authenticité qui m'avait tant bouleversée dans "Le jour d'avant". Peut-être cette urgence à devoir à la fois affronter une épreuve aussi intime et la mettre à distance aura orienté l'auteur vers un esprit différent pour ce livre ô combien particulier, différent en tout cas de ce que j'attendais de sa part... mais comment lui en vouloir ?

Par chance il me reste encore beaucoup à découvrir de sa bibliographie. Je ne lâcherai pas l'affaire.

Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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