L'espace d'un an est le premier volume de la saga des Voyageurs par
Becky Chambers.
Nous voici embarqués dans un voyage d'un an à bord d'un vaisseau, aux côtés d'habitants de planètes éloignées, d'une IA très humaine… Des personnages d'une étonnante diversité, aux coutumes différentes, aux valeurs différentes, aux comportements différents.
Becky Chambers écrit de la SF humaniste. J'avais déjà apprécié cette vision dans
Apprendre, si par bonheur. Ce type de textes où l'intérêt réside d'abord dans les personnages et leur psychologie, remis au premier plan de l'histoire. Les personnages ne servent plus à faire avancer une intrigue, ils sont l'intrigue.
Et c'est une belle brochette de personnages ici : des humains, des post-humains, des non humains; des binaires, non binaires, des singuliers et des pluriels… L'autrice offre une diversité incroyable de profils, de cultures et de valeurs.
Derrière cette cohabitation d'un an, on va suivre l'évolution de ces personnages, suivre leur intimité et leur quotidien.
C'est une belle leçon de vivre ensemble, d'amour, d'entraide et de tolérance.
Mais. Hé oui il y a un mais. Plutôt deux même.
Mazette que c'est long. Il se passe finalement pas grand chose, et c'est surtout très délayé. Je dois dire que je préfère lire l'autrice en format court : son message est le même mais à mon sens plus concentré donc plus percutant et plus fort. Et du coup, comme c'est délayé, on peine à retrouver le fil rouge et à déceler les enjeux du texte. A mon sens, c'est le gros point faible du roman : il manque d'enjeux.
Pour mettre en valeur ce quotidien un peu plan-plan il faut bien le dire et cette bienveillance dans les rapports humains, l'écriture est à l'identique : fluide mais douce; un long fleuve tranquille. Alors certes, j'ai adoré les trouvailles de langage pour désigner tous ces objets, éléments… SF. La traduction de
Marie Surgers est à ce titre vraiment parfaite.
Mais en ce qui me concerne, j'aime bien quand il y a des torrents, des bosses et des pépins. de la vie, en somme. L'espace d'un an pour moi manque de férocité, de noirceur, de cynisme pour être réaliste. Et forcément, j'adhère moins au propos. car certaines situations selon moi manquent de crédibilité. Ou alors mon esprit cynique ne peut juste pas concevoir que des rapports entre espèces différentes se passent aussi bien que dans ce récit.
L'espace d'un an était une bonne lecture mais qui m'a fait l'effet d'une parenthèse un peu mignonnette, et qui m'a donné ensuite envie de me réfugier dans la réalité humaine, collante, sombre et noire.
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