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Marie Surgers (Traducteur)
EAN : 9791036000454
140 pages
L' Atalante Editions (20/08/2020)
4.13/5   312 notes
Résumé :
« Nous n’avons rien trouvé que vous pourrez vendre. Nous n’avons rien trouvé d’utile. Nous n’avons trouvé aucune planète qu’on puisse coloniser facilement ou sans dilemme moral, si c’est un but important. Nous n’avons rien satisfait que la curiosité, rien gagné que du savoir. »
Un groupe de quatre astronautes partis explorer des planètes susceptibles d’abriter la vie : hommes et femmes, trans, asexuels, fragiles, déterminés, ouverts et humains, ils représente... >Voir plus
Que lire après Apprendre, si par bonheur...Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (76) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà un petit livre très agréable à lire et qui sort des canons habituels de la SF. On y retrouve les ingrédients classiquement utilisés en SF mais distillés ici à doses homéopathiques : il y a bien des éléments scientifiques mais ils sont avancés simplement et de façon pédagogique, il y a bien un vaisseau mais nous ne sommes pas vraiment dans du space-opera, la présence sur une planète étant centrale par rapport au voyage pour y arriver, les notion d'humains augmentés et de trans-humanisme sont également présentes mais avec subtilité, le côté post-apocalyptique est aussi une préoccupation du récit mais appréhendé avec un certain recul, à des années-lumière de la Terre…ce livre plairait sans aucun doute aux personnes non férues de SF pour un joli voyage sur quelques planètes très différentes les unes des autres. Eric (@casusbelli) grâce à qui j'ai découvert ce livre parle d'une lecture dépaysante, et oui, c'est tout à fait ça. Cette lecture est un voyage d'un exotisme exquis !

Ce récit se veut rapport et récit. Presque cri glacé et silencieux. C'est en effet le rapport d'une des membres d'équipage, Ariadne O'Neill, seule ingénieure de vol à bord du Merian. Nous sommes autour de 2100. Ariadne, qui parle au nom des quatre membres d'équipage, a bien conscience que son rapport mettra 14 ans pour arriver sur Terre, et qu'une réponse éventuelle mettra également 14 années pour leur parvenir. de cette réponse dépend leur sort après l'exploration des quatre planètes prévues dans leur mission. Ariadne fait le récit du quotidien de ces chercheurs sur ces quatre planètes différentes visant à découvrir de nouvelles formes de vies, de nouveaux écosystèmes.

Nous découvrons à quel point leur vie est partagée entre joies immenses presque enfantines issues de leurs découvertes, concentration rigoureuse et respect minutieux de multiples protocoles. Entre chaque planète, les astronautes sont plongés dans un coma qui leur permet de vieillir moins vite que la vraie durée du voyage. Mais à chaque réveil cependant, ils ont vieilli de quelques années et, en plus de découvrir les stigmates du vieillissement, ils découvrent comment leur corps a été subtilement modifié pour pouvoir s'adapter au mieux aux conditions de vie sur la nouvelle planète.

« Arrachez-nous à notre planète natale et nous cessons d'être adaptables. le corps humain supporte très mal les longs voyages spatiaux. Sans l'influence de la gravitation, les os et les muscles cessent vite de se fatiguer à conserver leur masse. le coeur se montre paresseux. Les globes oculaires se déforment, ce qui entraîne des migraines et des troubles de la vue. Tout cela paraît désagréable, mais bien pires sont les radiations qui balaient le vide. Aux premiers temps de la conquête spatiale, six mois en orbite basse – trois cents kilomètres d'altitude – suffisaient à augmenter nettement les risques de développer un cancer ».

Pour que le corps humain puisse s'adapter à la planète nouvelle, la technique de la somaformation est déployée. C'est une solution, sur la base d'un patch à enzyme, qui consiste à modifier quelques propriétés du corps humain afin qu'il puisse s'adapter, par exemple en le dotant d'une peau plus épaisse sur une planète soumis à un rayonnement massif d'ultraviolet, ou le dotant de paillettes dans la peau afin de réfléchir la lumière sur une planète peu exposée au soleil.

J'ai adoré découvrir Aecor, cette lune glacée, et les planètes terrestres Mirabilis et son océan de glace noire, Opéra et sa luxuriance complètement folle et Votum, cette planète rocheuse vide, épurée, propice à la méditation. J'ai aimé voir de quelle façon la somaformation permet de s'y adapter et découvrir des formes de vie sur chacune d'elles, depuis la simple présence cellulaire jusqu'aux formes de vie complètement atypiques. J'ai ressenti et admiré la beauté de l'espace. J'ai été touchée par les relations entre ces quatre membres d'équipage et la façon qu'a l'auteure de décrire leur psychologie.

Ce court texte pose de multiples questions, notamment celles relatives à l'exploration spatiale alors que la Terre va si mal à l'aune du réchauffement climatique. « Comment penser aux étoiles quand les océans débordent ? Comment s'intéresser aux écosystèmes aliens quand la chaleur rend les villes inhabitables ?»

Becky Chambers aborde également, avec sensibilité, la possibilité du bonheur ailleurs que sur Terre. La possibilité d'une renaissance, un espoir qui peut germer, ailleurs et différemment en une fleur nouvelle. Cela m'a fait écho, j'ai trouvé cette approche réjouissante.

« Et j'étais heureuse. Sereine comme jamais auparavant. J'étais entourée de gens que j'aimais, tranquille, libérée du bruit, du besoin d'impressionner, de la civilisation. Ici, nul ne se souciait des questions de statut et d'argent, de pouvoir ; ni intrigues amoureuses ni assassinats. Il n'y avait que l'eau et les merveilles qui y vivaient. Sur Aecor, les priorités étaient les bonnes. Je ne suis pas croyante, mais cette lune me donnait le sens du sacré. Une planète monastique qui récompensait le travail, la patience, en offrant des trésors : le calme, la beauté, le savoir ».

J'ai fini cette lecture presque frustrée de ne pas en savoir plus…Chaque planète aurait pu donner lieu à plus de découvertes, plus de descriptions, et me voilà à imaginer une suite, une réponse, une liberté prise envers le protocole…Apprendre, si par bonheur…voilà ce que je voudrais…bref, ce livre est incroyable car, malgré ses 140 pages, il aura réussi à totalement me transporter mais je l'imagine avec délice tout à fait dans sa version plus longue…J'en veux encore !!

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Captivant et… Beau.

La vie extraterrestre existe. Quatre astronautes naviguent de planète en planète pour l'étudier dans une atmosphère douce, intelligente… Belle.

Eh bien voilà, je rejoins l'innombrable cohorte de ceux qui ont adoré leur lecture. Tout comme pour son premier tome (l'espace d'un an), l'impression, la sensation qui se dégage de notre lecture c'est : On s'y sent bien. L'auteure aborde avec intelligence de nombreux thèmes, avec un réalisme scientifique tout à fait honorable, de façon non anxiogène, mais sans angélisme pour autant. Tout en étant un roman court (150 pages), on y croise du space opera, du post apocalyptique, de la hard science, mais à des années lumière des dystopies en vogue.

Une SF humaniste, intimiste. Superbe.
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Une lecture originale et agréable, je vais même ajouter dépaysante ce qui pour de la science fiction pourrait paraître surprenant.
Je connaissais la SF militaire et ses combats et conquêtes, la "hard SF" et ses délires technologiques à base de robotique et autres "humains augmentés", les "space opéras" politiques et farcis d'intrigues interstellaires mais je ne connaissais pas... la SF philosophique et scientifique qui nous emmène en voyage pour étudier et apprendre, celle qui regarde, observe et compare sans rien abimer, la SF qui fait réfléchir à la (vraie) place de l'humanité dans l'univers.
Ce voyage en compagnie de quatre scientifiques en mission d'exploration va se révéler intéressant car l'auteure s'est documentée pour nous offrir une histoire solide et parfaitement imaginable si l'on fait l'effort de se projeter dans un futur finalement pas si lointain.
Le quotidien des chercheurs va nous proposer le plaisir enfantin de la découverte de nouvelles formes de vie, de nouveaux climats et écosystèmes, il va aussi nous faire prendre conscience de la rigueur de la recherche avec l'omniprésence des protocoles indispensables à la sécurité sous tous ses aspects.
Enfin nous aurons aussi du grain à moudre en suivant les états d'âmes de ceux qui ont tout quitté pour assouvir leur passion loin de leur famille qu'ils ne reverront jamais, loin de la Terre qui change si vite et qui leur est déjà devenue étrangère en si peu de temps.
J'ai adoré ce moment de lecture ! Il me reste à remercier Florent pour cette belle découverte.
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J'avais lu dans l'ensemble beaucoup d'avis très positif sur les romans de Becky Chambers notamment sur son roman “l'espace d'un an”, premier tome de la trilogie les voyageurs récompensé notamment par le prix Hugo de la meilleure série littéraire en 2019. de quoi finir par me rendre assez curieux pour le rajouter à ma PAL ainsi que le court roman que constitue Apprendre, si par bonheur.

Il aurait pu y rester encore longtemps mais quand je suis tombé dessus en médiathèque mis en avant sur une étagère avec l'encart nouveau, je n'ai pas hésité à emprunter ce dernier pour le lire au format papier. Ce fut une lecture assez surprenante, j'ai trouvé le tout vraiment très calme, posé, je dirais presque apaisant. On est à l'opposé ici des romans d'action à gogo ou on tourne les pages avec frénésie pour connaître la fin de l'intrigue.

Présenté sous forme de rapport, de journal de bord, Ariane O'Neill, ingénieur de vol du vaisseau Mérian nous raconte. Elle nous raconte son voyage dans l'espace d'une planète à l'autre y étudiant les différentes formes de vie avec ses trois compagnons de voyage, sa famille. Elle nous raconte cette vie dans l'espace si loin de la Terre, ses pensées, ses envies, son travail et les recherchent menées avec ses compagnons. le mélange fonctionne bien, dans ce roman tranche de vie Becky Chambers décrit de bien belle manière les relations et la psychologie de ces 4 astronautes auxquels on finit au fil des pages par s'attacher. Quatre personnages très différents mais soudés que l'on ne peut que trouver très humain.

Moi qui n'ai guère de connaissance scientifique, je me suis surpris à prendre plaisir à lire les quelques brèves explications scientifiques que l'auteure insère dans ce texte, cette dernière ayant trouvé le juste dosage pour que cela ne devienne jamais rébarbatif et ne me sorte de ma lecture. J'ai apprécié également les questionnements que ce court texte nous invite à faire, sur le transhumanisme, sur l'intérêt et tout l'argent dépensé dans la découverte spatiale quand il y a déjà tant à faire sur Terre.

J'ai finalement terminé ce roman le sourire aux lèvres regrettant même qu'il n'ait pas été un peu plus long tout en me disant qu'en l'espace d'un peu moins de 150 pages l'auteure avait réussi à aborder avec talent une belle palette de sujets.

Apprendre, si par bonheur fut donc une belle lecture et rencontre avec la plume de l'auteure que je lirai de nouveau dans les prochains mois avec l'espace d'un an que j'espère apprécier autant que ce court petit texte.
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Ce premier contact avec la prose de Becky Chambers est une réussite.

Dans un monde SF où les récits me donnent l'impression d'être de plus en plus dystopiques, reflétant probablement la marche du monde réel, l'auteure porte une voix optimiste, positive. Elle nous donne à lire un récit qui exprime que l'humain, la vie et l'univers ne sont pas forcément merdiques et sans espoir.

C'est l'état d'esprit des quatre personnages qui m'a le plus frappé. Leur éducation semble avoir presque complètement éradiqué les pensées négatives et la colère. Aucune friction ne vient ternir leurs relations bien qu'ils vivent confinés ensemble pendant leurs années d'exploration spatiale. A peine l'agacement est-il parfois ressenti mais sans s'exprimer. Ce comportement est englobé dans une sorte d'exaltation de l'enfant qui découvre à quel point la variété et la complexité du monde sont merveilleuses. Leur joie de découvrir des formes de vie – tout à fait originales de surcroît ; l'évolution a bien bossé – explose en permanence. « le monde est magnifique » semblent-ils toujours penser.
Les quatre explorateurs ont parfaitement intégré la notion de respect animal qui se développe de nos jours dans nos régions. C'est dans leurs tripes. Faire du mal à un animal provoque en eux un traumatisme violent et durable. Certaines scènes sont à ce titre tout à fait insupportables d'horreur, comme la pire des tortures.
Pourtant Becky Chambers met le caractère de ses personnages à l'épreuve, en particulier sur la planète Opéra où les attend une situation qui ferait craquer n'importe qui. C'est l'occasion de découvrir que, enfouies au fond de leur cerveau reptilien, les émotions « négatives » subsistent. Et ce face-à-face passe mal pour les personnages eux-mêmes.

Le style utilisé par l'auteure est agréablement commun. Ariadne, sa narratrice, parle presque comme nous. Elle est souvent amenée à décrire un élément scientifique et elle le fait à chaque fois avec un grand talent vulgarisateur qui m'a rappelé Carl Sagan (j'ai adoré les images qu'elle emploie pour expliquer la chiralité des molécules organiques). Une phrase qu'elle prononce est particulièrement évocateur : « Ainsi, pour le moment, je sacrifie l'exactitude scientifique pour que mon récit reste évocateur ». On est presque dans de l'anti Hard Science.

Becky Chambers pose aussi une question au lecteur. Est-il moral de dépenser des ressources pour découvrir les secrets de l'univers lorsque le monde autour de nous part à vau-l'eau ? Pour Ariadne la réponse est oui, c'est essentiel. C'est ce qui permet à l'humain de montrer à l'univers qu'il est capable de dépasser la simple lutte pour la vie. Mais elle laisse le lecteur se faire sa propre opinion.

Ce récit fait du bien. Tout en restant conscient de l'état du monde, il nous offre un regard sur le merveilleux de ce qui nous entoure. Il permet de reprendre son souffle.
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
J’étais seule au labo mais je savais où se trouvaient les autres. Elena et Jack, aux ordinateurs, s’absorbaient dans une dispute fervente sur la nature du noyau. Je suis sûre qu’ils s’amusaient comme des fous. Dans la serre, Chikondi s’occupait de ses cultures avec amour. Et moi je lavais des boîtes de Petri, la tâche la plus facile, celle de la bleusaille. Je grattais pour éliminer le milieu de culture, et j’étais heureuse. Sereine comme jamais auparavant. J’étais entourée de gens que j’aimais, tranquille, libérée du bruit, du besoin d’impressionner, de la civilisation. Ici, nul ne se souciait des questions de statut et d’argent, de pouvoir ; ni intrigues amoureuses ni assassinats. Il n’y avait que l’eau et les merveilles qui y vivaient. Sur Aecor, les priorités étaient les bonnes. Je ne suis pas croyante, mais cette lune me donnait le sens du sacré. Une planète monastique qui récompensait le travail, la patience, en offrant des trésors : le calme, la beauté, le savoir.
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Que ce soit bien clair : quand on se réveille après trois décennies de coma artificiel, avec de la crasse autour de tous les orifices, des ongles en serres d’aigle et une odeur à mi-chemin entre la douche d’hôpital mal astiquée et la cage d’un zoo abandonné, quand on vient d’extirper un tuyau plein d’urine, on a besoin d’avoir un peu la paix.

Et encore, je ne parle là que d’hygiène et d’orgueil. En ces instants, il y a encore plus important. Il s’agit de psychologie. Le miroir. Une fois qu’on se rappelle ce qu’on est, qui on est, où on est, un désir prédomine : se voir.
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Le sas s’est ouvert. Le vide infini s’étendait devant moi. Là, pas de vents, pas de déferlantes. Rien que la constance froide des étoiles, pour qui je n’étais qu’un grumeau de carbone humide, un bout de peau qu’on frotte pour s’en débarrasser. Ma douleur, ma mesquinerie, mes erreurs, mes défauts ne comptaient pas. Je ne comptais pas. Nos actes ne comptaient pas. Face à cela, rien de ce que nous pouvions faire et rien de ce que nous ferions jamais ne comptait.
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Nous avons atterri de nuit. Par les hublots, on ne voyait rien, mais les bruits m’en ont beaucoup appris. J’entendais le vent qui fouettait le fuselage, obstacle gênant. J’entendais les vaguelettes qui venaient laper le vaisseau. J’entendais la pluie qui crépitait comme des doigts agacés. Ce n’était pas un orage de soirée douillette, quand on se pelotonne sous une couverture avec un bon livre. C’était un temps hostile.
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Je n’ai jamais connu une Terre qui ignore l’existence de la vie ailleurs. Vingt-neuf ans avant ma naissance, la sonde Cetus a effectué dans les geysers d’Europe des prélèvements riches en bactéries ; quand mes parents faisaient leurs études, les rovers de Mars ont envoyé des photos d’arthropodes fossilisés. Je n’imagine pas l’époque de la solitude avant cela, quand nous voyions la Terre comme une oasis dans le désert galactique. J’aurais aimé la vivre, je crois.
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Becky Chambers - L'Espace d'un an et Libration
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