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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand une adolescente est déterminée à retrouver son papa "d'avant".
Voici un roman un peu déstabilisant, assurément atypique... Qui entre d'emblée dans le vif du sujet. Avec un style percutant. Beaucoup de dialogues aux répliques courtes, souvent cinglantes, qui fusent comme des épines entre les personnages (certains échanges me donnaient l'impression d'assister à une scène théâtrale).

Peu de protagonistes dans ce huis clos en forêt. La mère est seulement évoquée - pas concernée par le drame qui se joue. le drame tourne autour du père, de ce qu'il est devenu, de ce qu'il a été. Lucie, l'aînée, ne voit que le présent, en souffre. Blanche, l'héroïne, n'a pas oublié l'homme qu'il était, ce qu'il faisait pour elles autrefois. Avant la maladie, les hallucinations ("Il voyait des animaux partout, il criait en pleine nuit"), les médicaments, le séjour en hôpital psychiatrique. le divorce, au bout du compte. La déchéance. Aujourd'hui l'homme est devenu un "sauvage". Mais Blanche "est de celles qui ne renoncent pas".

S'il y a un mot, un sentiment qui pourrait résumer ce livre, c'est la peur. C'est bien la peur qui est à l'origine du mal être de Lucie, amaigrie, agressive, qui "fait la dure" pour mieux cacher sa fragilité, qui a d'ailleurs "déjà pensé à la mort" ("J'ai peur d'être comme lui"). Blanche, de son côté, a peur "de ce qu'elle va découvrir" en débarquant chez son père - c'est même pire que ce qu'elle imaginait - mais elle a décidé d'affronter cette peur une bonne fois pour toutes, dans l'espoir de s'en débarrasser, enfin. Les deux soeurs sont "à fleur de peau", éloignées l'une de l'autre depuis des mois: "On ne s'entend plus. On ne se connaît plus". Dans cette démarche initiée par leur mère ("Il va mal. J'aimerais... que tu y ailles. Que tu ailles le voir. Juste pour vérifier..."), malgré elle(s), Blanche voit l'occasion aussi de se rapprocher de Lucie ("Tu me manques"), l'occasion de se livrer leurs sentiments, d'abandonner le "masque".

Un quatrième personnage va faire le lien entre ces trois-là: Laurent, le voisin, instituteur retraité qui veille sur le père. Laurent soutient la démarche de Blanche ("Je vous assure qu'il y a ici des instants de pur bonheur. de magie."), l'aidant à gérer les émotions de Lucie, à mieux comprendre Pierre, à lui redonner figure humaine : "Il faut savoir entendre entre ses phrases et lire derrière ses regards si on veut comprendre qui il est". le père est peu loquace ("On ne se parle pas beaucoup") mais à force de petites attentions et de remémoration de souvenirs communs, peu à peu Pierre change, "toujours plus proche du père qui était le mien", et "la peur s'étiole".

Malgré le titre, il est assez peu question de loup. La bête est évoquée dans la toute dernière partie: le père est (le seul) persuadé qu'un loup rôde dans la forêt. Il parcourt les bois à longueur de journées (et parfois de nuits) afin de poser des pièges et de guetter. Blanche sent bien que ce loup, fictif ou réel, est au coeur de la maladie (peut-être même son symbole) et qu'il est nécessaire, une fois encore, de poser le problème une bonne fois pour toutes: "Je suis prête à tout pour te sortir de là! Même à entrer dans ta folie pour ça!".

Oui elle fait preuve d'un grand courage, cette jeune fille, et d'une grande maturité. Même si au bout du compte, tout ne sera évidemment pas réglé ("Il faudra du temps"), sa ténacité lui aura permis de gagner sa bataille... et d'ouvrir une porte d'espoir, pâle mais éclairée, dans le tunnel des relations familiales.
Lien : https://www.takalirsa.fr/la-..
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Ce qui m'a attirée tout d'abord chez ce bouquin : je la trouve magnifique. Je voulais ce livre dans ma bibliothèque. Puis, ce qui est encore plus fort, c'est que cette couverture est le reflet parfait du récit. Elle se nourrit de l'ambiance du texte et nous la transmet telle quelle. (En plus, le toucher est doux et la mise en page est lisible, elle ne donne pas cette impression massive de gros pavé de lettres qui me fait si peur chez les autres livres. Bref, je l'aime.)
L'histoire en elle-même est courte mais riche. Ce n'est pas un "livre à scénario" avec une grosse aventure, une multitude de personnages et de paysages... Non. C'est une histoire de famille simple mais complexe par les thèmes qu'elle aborde (la maladie psychiatrique, entre autres) qui se concentre sur les sentiments et les relations humaines. Pour tout dire, il y a en tout trois lieux et six personnages dont trois que l'on quittera très vite pour se concentrer sur les autres. C'est peu mais au combien suffisant.
Tout le long du récit, on se demande si le loup existe vraiment. C'est un peu un McGuffin qui nous suit dans l'ombre tout en prenant de plus en plus d'ampleur au fil des pages. C'est un mystère qui nous pose une interrogation vitale, sans jamais être pressante. Je n'ai pas eu la sensation que le récit n'avançait pas même lorsqu'il n'était pas question de lui tellement l'histoire se déguste chapitre après chapitre.
En bref, c'est un livre qui aborde des thèmes très durs avec la gravité qui correspond, sans les minimiser mais sans être lourd. Je conseille clairement sa lecture, autant pour son histoire que sa dimension poétique et son ambiance.

(Lien de la critique : http://chroniquesdunefillesimple.eklablog.com/ddl-7-la-fosse-au-loup-a169865382)
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Blanche, 13 ans, part au fin fond de la campagne pour retrouver son père schizophrène, isolé volontaire, et tenter de le ramener chez eux.

Alexandre Chardin a l'art et la manière de nous enfermer dans une ambiance qui nous isole du reste du monde. Après ma lecture de "Jonas dans le ventre de la nuit", "La Fosse au loup" ne fait pas exception.
Rien n'est en trop dans ce roman de l'extrême où les dialogues courts et incisifs accentuent l'atmosphère anxiogène dans laquelle se retrouve Blanche qui a deux jours pour "sauver" son père et le ramener avec elle.
L'histoire écrite par Chardin n'est rien de moins qu'un voyage au confins de l'âme humaine quand, parfois, elle se fait la malle et a toutes les peines du monde à retrouver son chemin.
C'est percutant, dérangeant, juste et extrêmement touchant.
Et pour ma part, j'en suis sortie avec une interrogation qui ne me quitte plus : Finalement, à quelle réalité appartenait ce loup ?...




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Blanche et Lucie n'ont pas vu leur père depuis quelques années. Sous l'impulsion de leur mère, les deux jeunes filles prennent le train les amenant à cet homme malade. Atteint de troubles psychiatriques, cet homme sauvage vit isolé du monde en pleine forêt. Découvrant ce milieu hostile, Lucie décide de rentrer chez elle. Quant à Blanche, elle reste et veut aider son père à capturer l'animal qui le hante.
« Les larmes me montent aux yeux. Derrière le visage émacié, les yeux vifs et méfiants, il y a des restes de mon père. Remontent-ils ? Ou sont-ils en train de disparaître à jamais ? »

Alexandre Chardin aborde la maladie mentale dans ce roman à l'ambiance assez sombre. Une famille simple où finalement si l'on gratte le vernis présente des rapports plutôt complexes. Rien n'est facile lorsque l'on vit dans un autre monde. Comment vivre parmi les autres ? Comment aborder cette pathologie ? Comment composer avec ce mal-être qui bouffe de l'intérieur ? Les relations et les sentiments de nos personnages sont exposés dans un climat tendu donnant une lecture en apnée.
Un voyage dans les tréfonds de l'âme dont il est parfois difficile de s'en sortir. Ça bouscule et cette fin ouverte me laisse songeuse, je n'en dis pas plus mais j'ai pris une grosse claque.

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/06/03/39927793.html
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