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Quand une adolescente est déterminée à retrouver son papa "d'avant".
Voici un roman un peu déstabilisant, assurément atypique... Qui entre d'emblée dans le vif du sujet. Avec un style percutant. Beaucoup de dialogues aux répliques courtes, souvent cinglantes, qui fusent comme des épines entre les personnages (certains échanges me donnaient l'impression d'assister à une scène théâtrale).

Peu de protagonistes dans ce huis clos en forêt. La mère est seulement évoquée - pas concernée par le drame qui se joue. le drame tourne autour du père, de ce qu'il est devenu, de ce qu'il a été. Lucie, l'aînée, ne voit que le présent, en souffre. Blanche, l'héroïne, n'a pas oublié l'homme qu'il était, ce qu'il faisait pour elles autrefois. Avant la maladie, les hallucinations ("Il voyait des animaux partout, il criait en pleine nuit"), les médicaments, le séjour en hôpital psychiatrique. le divorce, au bout du compte. La déchéance. Aujourd'hui l'homme est devenu un "sauvage". Mais Blanche "est de celles qui ne renoncent pas".

S'il y a un mot, un sentiment qui pourrait résumer ce livre, c'est la peur. C'est bien la peur qui est à l'origine du mal être de Lucie, amaigrie, agressive, qui "fait la dure" pour mieux cacher sa fragilité, qui a d'ailleurs "déjà pensé à la mort" ("J'ai peur d'être comme lui"). Blanche, de son côté, a peur "de ce qu'elle va découvrir" en débarquant chez son père - c'est même pire que ce qu'elle imaginait - mais elle a décidé d'affronter cette peur une bonne fois pour toutes, dans l'espoir de s'en débarrasser, enfin. Les deux soeurs sont "à fleur de peau", éloignées l'une de l'autre depuis des mois: "On ne s'entend plus. On ne se connaît plus". Dans cette démarche initiée par leur mère ("Il va mal. J'aimerais... que tu y ailles. Que tu ailles le voir. Juste pour vérifier..."), malgré elle(s), Blanche voit l'occasion aussi de se rapprocher de Lucie ("Tu me manques"), l'occasion de se livrer leurs sentiments, d'abandonner le "masque".

Un quatrième personnage va faire le lien entre ces trois-là: Laurent, le voisin, instituteur retraité qui veille sur le père. Laurent soutient la démarche de Blanche ("Je vous assure qu'il y a ici des instants de pur bonheur. de magie."), l'aidant à gérer les émotions de Lucie, à mieux comprendre Pierre, à lui redonner figure humaine : "Il faut savoir entendre entre ses phrases et lire derrière ses regards si on veut comprendre qui il est". le père est peu loquace ("On ne se parle pas beaucoup") mais à force de petites attentions et de remémoration de souvenirs communs, peu à peu Pierre change, "toujours plus proche du père qui était le mien", et "la peur s'étiole".

Malgré le titre, il est assez peu question de loup. La bête est évoquée dans la toute dernière partie: le père est (le seul) persuadé qu'un loup rôde dans la forêt. Il parcourt les bois à longueur de journées (et parfois de nuits) afin de poser des pièges et de guetter. Blanche sent bien que ce loup, fictif ou réel, est au coeur de la maladie (peut-être même son symbole) et qu'il est nécessaire, une fois encore, de poser le problème une bonne fois pour toutes: "Je suis prête à tout pour te sortir de là! Même à entrer dans ta folie pour ça!".

Oui elle fait preuve d'un grand courage, cette jeune fille, et d'une grande maturité. Même si au bout du compte, tout ne sera évidemment pas réglé ("Il faudra du temps"), sa ténacité lui aura permis de gagner sa bataille... et d'ouvrir une porte d'espoir, pâle mais éclairée, dans le tunnel des relations familiales.
Lien : https://www.takalirsa.fr/la-..
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Ce qui m'a attirée tout d'abord chez ce bouquin : je la trouve magnifique. Je voulais ce livre dans ma bibliothèque. Puis, ce qui est encore plus fort, c'est que cette couverture est le reflet parfait du récit. Elle se nourrit de l'ambiance du texte et nous la transmet telle quelle. (En plus, le toucher est doux et la mise en page est lisible, elle ne donne pas cette impression massive de gros pavé de lettres qui me fait si peur chez les autres livres. Bref, je l'aime.)
L'histoire en elle-même est courte mais riche. Ce n'est pas un "livre à scénario" avec une grosse aventure, une multitude de personnages et de paysages... Non. C'est une histoire de famille simple mais complexe par les thèmes qu'elle aborde (la maladie psychiatrique, entre autres) qui se concentre sur les sentiments et les relations humaines. Pour tout dire, il y a en tout trois lieux et six personnages dont trois que l'on quittera très vite pour se concentrer sur les autres. C'est peu mais au combien suffisant.
Tout le long du récit, on se demande si le loup existe vraiment. C'est un peu un McGuffin qui nous suit dans l'ombre tout en prenant de plus en plus d'ampleur au fil des pages. C'est un mystère qui nous pose une interrogation vitale, sans jamais être pressante. Je n'ai pas eu la sensation que le récit n'avançait pas même lorsqu'il n'était pas question de lui tellement l'histoire se déguste chapitre après chapitre.
En bref, c'est un livre qui aborde des thèmes très durs avec la gravité qui correspond, sans les minimiser mais sans être lourd. Je conseille clairement sa lecture, autant pour son histoire que sa dimension poétique et son ambiance.

(Lien de la critique : http://chroniquesdunefillesimple.eklablog.com/ddl-7-la-fosse-au-loup-a169865382)
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Blanche, 13 ans, part au fin fond de la campagne pour retrouver son père schizophrène, isolé volontaire, et tenter de le ramener chez eux.

Alexandre Chardin a l'art et la manière de nous enfermer dans une ambiance qui nous isole du reste du monde. Après ma lecture de "Jonas dans le ventre de la nuit", "La Fosse au loup" ne fait pas exception.
Rien n'est en trop dans ce roman de l'extrême où les dialogues courts et incisifs accentuent l'atmosphère anxiogène dans laquelle se retrouve Blanche qui a deux jours pour "sauver" son père et le ramener avec elle.
L'histoire écrite par Chardin n'est rien de moins qu'un voyage au confins de l'âme humaine quand, parfois, elle se fait la malle et a toutes les peines du monde à retrouver son chemin.
C'est percutant, dérangeant, juste et extrêmement touchant.
Et pour ma part, j'en suis sortie avec une interrogation qui ne me quitte plus : Finalement, à quelle réalité appartenait ce loup ?...




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Blanche, 13 ans et Lucie, 15 ans, ne sont jamais tout à fait remises des difficultés de vie avec leur père atteint d'un trouble psychique et de la séparation de leurs parents. Leur mère prend régulièrement des nouvelles de son ancien mari et comme il semble aller encore plus mal, elle suggère à ses deux filles d'aller voir ce père, Pierre Donadieu, parti dans un village, à Cloumont.

Il vit dans une forêt et est devenu extrêmement sauvage. Lucie ne supporte ni la saleté ni le manque de confort, son père lui fait peur et elle s'en va. Seule Blanche va rester et aider son père à capturer le loup qui hante la forêt, c'est à dire son esprit.

Les romans d'Alexandre Chardin ne laissent pas indifférent, ils suscitent des enthousiasmes ou au contraire un terrible ennui et aussi un vague étonnement. Nous avions déjà eu beaucoup de difficultés avec Mentir aux étoiles racontant l'histoire d'un jeune garçon ayant un handicap psychique et vivant avec une hallucination permanente, celle d'une jeune fille suicidée, morte noyée dans un lac.

Ici, le problème psychique atteint le père de l'héroïne et celui-ci souffre d'hallucinations également, il voit des loups. Il y a certainement toute une logique symbolique dans les textes d'Alexandre Chardin et la fuite du père loin des hommes dans une forêt sombre et touffue mériterait certainement d'être analysée. Il n'empêche que la vie de cette jeune fille de treize ans dans un environnement hostile, seule avec une personne souffrant d'un handicap psychique sévère, est bien improbable mais heureusement, elle parvient à piéger le loup qui n'existe pas, celui de la maladie du père et elle met le feu à la maison. Autant de symboles à essayer de comprendre.
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Blanche et Lucie n'ont pas vu leur père depuis quelques années. Sous l'impulsion de leur mère, les deux jeunes filles prennent le train les amenant à cet homme malade. Atteint de troubles psychiatriques, cet homme sauvage vit isolé du monde en pleine forêt. Découvrant ce milieu hostile, Lucie décide de rentrer chez elle. Quant à Blanche, elle reste et veut aider son père à capturer l'animal qui le hante.
« Les larmes me montent aux yeux. Derrière le visage émacié, les yeux vifs et méfiants, il y a des restes de mon père. Remontent-ils ? Ou sont-ils en train de disparaître à jamais ? »

Alexandre Chardin aborde la maladie mentale dans ce roman à l'ambiance assez sombre. Une famille simple où finalement si l'on gratte le vernis présente des rapports plutôt complexes. Rien n'est facile lorsque l'on vit dans un autre monde. Comment vivre parmi les autres ? Comment aborder cette pathologie ? Comment composer avec ce mal-être qui bouffe de l'intérieur ? Les relations et les sentiments de nos personnages sont exposés dans un climat tendu donnant une lecture en apnée.
Un voyage dans les tréfonds de l'âme dont il est parfois difficile de s'en sortir. Ça bouscule et cette fin ouverte me laisse songeuse, je n'en dis pas plus mais j'ai pris une grosse claque.

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/06/03/39927793.html
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J'aime bien la plume d'Alexandre Chardin, que j'avais découverte avec Mentir aux étoiles.
Dans La fosse au loup, on retrouve des thématiques fortes, avec la maladie mentale du père, et cette famille qui se déchire. Cette lecture résonne avec ma propre expérience familiale, ayant un père schizophrène. J'ai beaucoup aimé lire ce livre dont les personnages ne sont pas tout lisses et sans failles. La relation entre les deux soeurs est aussi très touchante, avec c'un côté la plus grande qui ne cherche qu'à se détacher de ce père défaillant, et la plus jeune qui y croit encore, mais risque de perdre sa soeur en se mettant du côté du père.
Les détails de la forêt, les odeurs, les bruits, tout est extrêmement bien décrit, on s'y croirait !
Et finalement le personnage de ce père, sauvage, apeuré mais en même temps tellement dans son élément… Tout dans cette histoire sonne juste, malgré que la situation semble relativement invraisemblable. Une lecture difficile à conseiller de par ses thématiques, mais que j'ai beaucoup aimé !
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