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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
UNE LECTURE ENIVRANTE ! 💫

Hannah, enfant des étoiles est née de l'union d'une japonaise, débarquée en Colombie-Britannique et d'un homme qui détient le pouvoir des mots. Il va lui faire découvrir les mangeurs de nuit, "ces étoiles qui clignotent plus fort que les autres", "qui grignotent l'obscurité au coucher du soleil et se désaltérent de la brume de la beauté". Il va lui léguer l'imagination, la poésie, l'espoir.
Suite à une blessure, la route d'Hannah va croiser celle de Jack, un creekwalker qui compte les saumons. Tour à tour, ces deux êtres vont nous dévoiler leur passé...

Entre Histoire et légendes, j'ai été complètement emportée par cette fresque romanesque absolument poignante. J'ai ouvert ce roman sans savoir à quoi m'attendre et je l'ai refermé complètement charmée. 🥰

Marie Charrel nous fait découvrir un pan méconnu de l'histoire canadienne. Au début du XXème siècle des milliers de japonais ont vécu un racisme terrible, jusqu'à être enfermés par les autorités canadiennes. La construction particulièrement réussie du roman permet de contrebalancer ce fait historique atroce par des touches de féerie et un vrai souffle poétique.

Les mangeurs de nuit c'est l'histoire de deux êtres brisés par la vie, que rien ne destinait à se rencontrer. Elle, la femme-esprit qui a rencontré le fameux ours blanc. Lui, le solitaire qui porte un si lourd fardeau. Peu à peu, ils vont s'apprivoiser et panser leurs blessures...

Un roman rythmé où la nature occupe une grande place. Avec douceur et tendresse, l'autrice nous raconte une histoire dans laquelle la beauté cotoie le pire. Les descriptions sont magnifiques et je me suis laissée embarquée par cette plume enivrante. Un voyage littéraire unique et deux personnages bouleversants que je ne suis pas prête d'oublier ! 🫶❤️

J'ai tellement aimé que je me suis procuré son précédent roman, "Les danseurs de l'aube".
Vous connaissiez cette autrice?
Tenté.e.s par ce magnifique roman? 😇
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Nous sommes entre le Japon et le Canada. du pays du soleil levant à Vancouver.
Hannah Hoshiko baignée de la poésie des légendes nipponnes de son père. Enfant étonnant une fille au-delà des autres. Un ours. Un mythe et la mort de près.
Rien a priori ne la destine à croiser le chemin de Jack gardien des forêts nourri à la solitude. La nature la force des liens invisibles les passerelles entre le monde des hommes et celui des esprits animaux voilà les traits du destin qui prépare leur rencontre.
Rapportant le récit de décennies marquées par la cruauté et l'ostracisme envers la communauté japonaise immigrée entre les années 20 et l'après guerre le roman de Charrel fait émerger ces deux figures atypiques. Des personnages puissants tout à la fois contraires et proches. On ne les lâche pas au fil de chapitres construits en chasser-croiser. Ode à la poésie, chant des rivières et regard sur l'Histoire à la fois ce petit livre à l'épaisseur d'une oeuvre réussie. du brut, du brutal, du tendre, de la patience et du silence, des faits, de la douleur vécue et une fenêtre ouverte sur l'imaginaire. Tous les ingrédients d'une belle lecture sont là. Plongez !
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"Les Mangeurs de Nuits" est bien plus qu'un simple roman ; c'est un voyage envoûtant entre réalité et rêve, empreint de légendes amérindiennes et nippones fascinantes. Au coeur de cette saga se trouve Aika, une jeune Japonaise de dix-sept ans, qui quitte son pays natal pour la Colombie-Britannique, en quête d'une vie meilleure, mais promise à un mariage arrangé, plongeant ainsi dans un univers où se mêlent désillusion et choc culturel.

Le poids de l'histoire se fait sentir alors que le racisme entrave son intégration. Sa fille Hannah, née au Canada mais imprégnée des récits mystiques japonais transmis par son père Kuma, persuadé que les mots peuvent changer le monde, est elle-même habitée par des dons surnaturels hérités de l'esprit de l'ours.

Parallèlement, nous rencontrons Jack, un creekwalker (agent chargé par le gouvernement de recenser le nombre de saumons dans sa zone pour définir les quotas de pêche) élevé par une Amérindienne, devenu ermite après le départ de son demi-frère pour la guerre. Imbibé par les légendes tsimshian, il vit en communion avec la nature, entouré de ses chiens.

Ces destins se croisent dans une forêt magnifique, véritable personnage à part entière, où se mêlent les échos de mondes disparus. Portés par une plume somptueuse, les mots de l'auteur tissent un récit poétique et magique, au décor à couper le souffle.

Au coeur de ce roman se trouve la puissance des mots, capables de transcender les barrières de la haine, du racisme et des préjugés, offrant un baume aux blessures de l'âme. "Les Mangeurs de Nuits" est une découverte bouleversante et enrichissante que j'ai eu le privilège de déguster dans le cadre du jury du Livre de Poche 2024.
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Magnifique récit où s'entrecroise le destin de deux personnages "cabossés" qui se sentent, chacun à leur façon, plus en harmonie avec la nature qu'avec leurs congénères. Cette histoire m'a permis de découvrir le destin des immigrés japonais au Canada, accueillis à bras ouverts quand on eut besoin d'eux et ostraciser, mépriser et spolier quand ils devinrent indésirables. Un destin universel... Malgré tous les coups reçus, les douleurs les deux héros gardent une part d'humanité qui leur permettra de trouver leur propre chemin dans un monde souvent malveillant.
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Comment des êtres aussi différents que Aïka, toute jeune exilée japonaise arrivée au Canada pleine d'espoir en un avenir meilleur, Hannah attaquée par un ours, Jack le solitaire qui arpente la forêt avec son chien, peuvent se retrouver dans la même histoire ? Marie Charrel sait tisser les liens entre passé, présent et futur, entre des personnages qui semblent n'avoir rien en commun, entre la Grande Histoire, à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale, et le quotidien des exilés et des autochtones, confrontés au racisme, aux préjugés, aux différences sociales. Elle montre comment des parcours de vie peuvent être mis en péril par la folie des doctrines extrémistes, des situations dans lesquelles on peut faire preuve quelquefois de cruauté, mais aussi de courage et de combativité.
La richesse du roman tient aussi à l'écriture magnifique et au charme des légendes amérindiennes contées aux enfants, transmises d'une génération à l'autre, pour le grand plaisir du lecteur aussi.
Une belle découverte d'une écrivaine, d'un épisode vrai de l'Histoire, peu connu, entre le Japon et le Canada. Un seul point commun, le lieu qu'ils foulent de leurs pas, peut devenir un inépuisable terrain de découvertes de l'autre.
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Ce sera sans aucun doute l'un de mes livres préférés pour cette année. Un vrai coup de coeur. Merci à l'auteur Marie Charrel.
Bien écrit, accrocheur, une très belle histoire d'humanité, une fiction sur fond d'immigration japonaise au Canada. le rejet de ces hommes, femmes et enfants, malgré une forte volonté de s'intégrer, de ne pas faire de vagues.
Un fait historique si peu connu et pourtant ...
J'avais lu avant : Certaines n'avaient jamais vu la mer, de Julie Otsuka, roman qui explique bien ce que les femmes japonaises ont vécues en arrivant au Canada, ce qui les attendait, elles qui arrivaient pour se marier avec un japonais vu uniquement en photo.
A lire aussi pour comprendre certains pans de cette histoire méconnue : No no boy, de John Okada, sur l'histoire de ces jeunes japonais vivant aux Etats-Unis, qui se sont retrouvés à être appelés pour faire la guerre contre leur pays d'origine, ou déserter ...
J'ai juste envie de dire : il faut lire, même à travers des romans, ce pan de l'histoire, qui s'est déroulé avant et pendant la seconde guerre mondiale.
A savoir que le gouvernement fédéral a attendu 1988 pour leur présenter des excuses officielles et dédommager les survivants.
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Les destins d'une jeune fille d'origine japonaise, dans les années 30 et 40 en Colombie Britannique, et celui d'un jeune homme épris de nature, croisent celui des vieilles croyances autochtones et de la politique internationale à la fois. Les japonais discriminés. La nature bafouée. Tout s'emmêle à travers les chapitres qui vont et viennent entre les époques et les personnages. Parti pris audacieux de l'autrice qui réussit un récit progressif et immersif impossible à lâcher avant son terme. Les personnages sont forts et attachants, dans une nature actrice du roman. Magnifique !
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De 1920 aux années d'après guerre, du Japon à la Colombie britannique sur les traces de la grande et sombre histoire, entre la magie des contes nippons et des légendes amérindiennes, Marie Charrel entremêle deux destins humiliés par l'immigration et la guerre. Aika, la mère d'Hannah, avait traversé le Pacifique pour rejoindre Kuma, l'homme qui s'était présenté à elle dans un courrier plein de belles promesses pour une future vie commune. Leur fille Hannah, au teint ambré, se heurte au rejet constant du peuple dont elle se sent pourtant si proche. Jack est un creekwalker japonais qui communie avec la nature, entre rivières à saumons et forêt, depuis le départ de son frère au combat.

Grâce à l'ours blanc, hôte de la forêt, le destin d'Hannah et de Jack vont se croiser. Lorsque le conte lie les drames historiques nés de la nature humaine à l'aridité ou aux douceurs de la Nature réparatrice, s'offrent au lecteur ces pages de belle littérature, aux mots choisis, au style envoûtant, riches des émotions de deux personnages guidés par des valeurs communes.
Très beau roman qu'une plume non initiée ne saurait en transmettre toutes les valeurs. Un coup de coeur !

Lien : https://mireille.brochotnean..
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Les Mangeurs de nuit est un voyage dans l'espace, le temps, la mémoire. de Kyoto à Greenwood, de 1920 à l'après-guerre, des contes japonais aux légendes autochtones. C'est une dénonciation : guerre, condition de la femme, racisme, surpêche, politiques d'intégration forcée, braconnage, propagande, immigration, tant de thèmes auxquels il est difficile de rester sourd et qui nous renvoient à un constat navrant : l'Homme ne retient jamais les leçons de l'Histoire.

Les personnages sont habités et habillés de prénoms idéalement choisis : c'est ainsi qu'Aika, Hannah, Jack, Kiyoko, Eugene, Larry, Hideki, Ellen, Sakuri, Makiko, Kuma, Yusuke, Ian, Beth, Edgar, Hatsuharu, Doris, Mark et Daisuke s'imposent en figures de l'ombre, victimes collatérales de la folie des hommes. La haine appelant la haine, certains se feront bourreaux à leur tour.

Marie Charrel s'évertue à brosser avec délicatesse un tableau peu glorieux de l'Histoire nord-américaine. La douceur de sa plume, poétique et imagée, fait échapper la lecture à toute pesanteur sans pour autant nuire à l'intensité des scènes les plus poignantes. J'ai aimé la sensibilité de l'auteure et sa retenue, sa manière de dire tout en faisant la part belle à l'implicite, notamment concernant le personnage de Mark et son vécu durant l'enfance.

Les Mangeurs de nuit est un roman qui m'a fait voyager, découvrir, ressentir. J'ai eu le sentiment d'entendre les clapotis des ruisseaux et les cliquetis du compteur de Jack, de voir le pelage des ours et les rochers parsemés d'écailles de saumons, de marcher péniblement dans la neige et de chercher refuge dans la forêt. J'ai imaginé les êtres hybrides peuplant les magnifiques légendes des Premières Nations et ai été attendrie par les talents de conteur de Kuma. J'ai eu mal pour Aika, Daifuke et leurs acolytes et ai pensé à tous les anonymes que ces personnages représentent.

Car Les Mangeurs de nuit est avant tout un roman de transmission : la transmission d'une culture par ses contes et légendes, la transmission d'un parent à son enfant (Kuma et Hannah, Ellen et Jack), la transmission par la parole (Kuma, Ellen), par l'écriture (Hannah), par l'art (Ian). C'est le récit d'une mémoire commune et de souvenirs personnels, de petites histoires fabulées ou vécues au cours de la grande Histoire.

Marie Charrel transcende alors le thème de son propre récit : elle se fait le relais de son héroïne, transmettant au lecteur les histoires de ces êtres et légendes arrachés à l'oubli.

Les Mangeurs de nuit est donc plus qu'un récit de transmission : c'est une transmission.
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Années 1920. L'appréhension est palpable pour Aika qui ne connaît que l'école pour fille de Kyoto et qui se retrouve confrontée à l'exil. Elle doit partir au Canada pour se marier car son père a jeté le déshonneur sur sa famille et aucun Japonais n'acceptera de l'épouser désormais.

Sur le bateau, d'autres femmes s'en vont aussi, elles agitent la photo de leur futur mari, elles ne pensent qu'à ça. Il faut dire qu'elles n'ont plus que ça. Ce qu'il y a derrière l'horizon est le seul salut possible. Ces femmes sont des picture brides ; leur demande en mariage a été faite suite à l'envoi de photographies, de leur futur mari elles ne savent rien à l'exception de ce qu'il a bien voulu dire dans les lettres.

Lors de la traversée infernale et d'une longueur décourageante elle va faire la connaissance de Kiyoko pourvue d'une vivacité d'esprit encore étrangère à la jeune femme de 17 ans.

La rencontre est la désillusion suprême : non seulement il a menti sur son âge mais aussi sur son activité. Elle courbe l'échine parce qu'il n'y a d'autres choix, elle donne naissance à une fille, mais ça ne l'atteint pas. Dévorée par le ressentiment, elle est ailleurs.

Hannah Hoshiko grandit avec une mère mal-aimante et un père rêveur, un père pour qui les histoires sont le poumon de la vie.

"Je vais te dire une chose, ma petite Hannah : le monde se porterait bien mieux si l'on racontait plus d'histoires, justement. L'ennui, c'est que ta maman ne les entend pas pleurer.
Qui ?
Les histoires ! Elles errent dans le monde comme les akènes du pissenlit charriés par le vent. Elles se cognent à la canopée, brisent leurs petites ailes fragiles, beaucoup se perdent dans le désert ou se noient dans l'océan, sauf si quelqu'un les sauve.
Il faut les sauver ! Mais comment ?
En laissant les histoires entrer en soi."

[...]

Cette lecture a suivi celle de L'Odyssée de Firuzeh de E. Lily Yu, également publié aux éditions de l'Observatoire en cette rentrée d'hiver 2023. Je n'ai pu qu'y observer une forte similitude : la façon dont les histoires sont pour certains personnages absolument nécessaires pour appréhender leur exil. Les histoires sont ce qui permet de conserver un lien, de ne pas rompre avec le pays que l'on a dû quitter par pauvreté ou par menace.

Là aussi il y a la présence de termes propres à la langue natale, même des termes qui n'ont pas d'équivalent quand ils sont traduits, il y a les contes du Japon qui rencontrent les légendes indigènes, les Tsimshian (« Avant que les Européens ne s'approprient leur territoire, les Tsimshian étaient les protecteurs de ce fragile équilibre ») pour donner quelque chose de magnifique.

Chronique complète sur le blog :
Lien : https://allaroundthecorner.b..
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