Attention, coup de coeur!
Célestopol est un recueil de nouvelles. Un très bon recueil de nouvelles. Si celles-ci sont indépendantes les une des autres, racontant chacune une tranche de vie, un personnage différents, elles ont toute un point commun :
Célestopol, cité lunaire et mystérieuse, bâtie par la Russie du XIXe siècle.
L'auteur,
Emmanuel Chastelliere, ne m'était connu que par ses traductions et son implication sur le site elbakin. C'est avec un grand plaisir que je découvre sa plume tournée vers ses propres histoires et rêveries.
Dans une ambiance teintée de steampunk (mais pas trop non plus), les intrigues prennent place au début d'un vingtième siècle uchronique et c'est avec un réel plaisir que nous découvrons de nouvelles facettes de la cité au fur et à mesure des nouvelles.
Comme dans tout recueil, les nouvelles sont inégales. Elles vont ainsi d'intéressantes pour celles qui m'ont moins convaincu à véritablement excellentes et se mettent en scène dans des registres très différents, de l'enquête policière au pur fantastique, en passant par la romance et nous laissent pantois, émus, horrifiés, frissonnants, rêveurs...
Le sentiment d'avoir affaire à une oeuvre complète, et pas seulement à des nouvelles éparses nous est donné par l'apparition au fil des nouvelles de plusieurs personnages hauts en couleurs et récurrents: le duc Nikolaï, dirigeant de
Celestopol, Arnrun et Wojtek, un duo de mercenaires dont le deuxième est un cerveau d'homme implanté dans le corps d'un ours, et différents automates.
C'est d'ailleurs par ces derniers que nous sommes par moment interrogés sur la notion de libre arbitre et d'humanité, tant les automates semblent parfois plus animés et inspirés que les humains de la cité. Mais le personnage principal reste la cité elle-même, qui prend vie au gré des nouvelles, nous offrant différentes facettes d'une "personnalité" complexe.
Si l'ordre des nouvelles semble à l'occasion hasardeux (je regrette notamment que la première nouvelle soit au final la moins convaincante à mes yeux) il est au final parfaitement mis en place, des évènements trouvant un lien en avançant dans notre lecture, avec un crescendo final très intéressant, bien que déprimant. C'est à regret qu'on repose ce livre.
J'oserai faire un parallèle avec Les chroniques martiennes de Bradbury, en ceci qu'on nous montre la conquête d'une planète, l'adaptation de l'homme à ce nouvel environnement et que nous sommes face à des nouvelles nous amenant progressivement vers un final inéluctable. Comme les "Chroniques",
Célestopol a su m'envoûter et me captiver. Ce sera donc avec un grand plaisir que je retournerai rêver de cette fabuleuse cité lunaire dans le deuxième recueil paru l'an dernier,
Célestopol 1922.