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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
***** COUP DE COEUR *****

Il y a quelques mois, je traînais à la librairie Arthaud de Grenoble et, sur une table, le libraire avait mis en avant entre 10 et 15 titres Libretto... parmi lesquels se trouvait CÉLESTOPOL d'Emmanuel Chastellière.

Allez savoir pourquoi, mais certains livres s'imposent d'eux-mêmes. Une couverture qui nous tape à l'oeil, une maison d'édition qu'on apprécie et, sans savoir de quoi parle le-dit bouquin, on repart avec...

CÉLESTOPOL a été l'achat d'impulsion dans toute sa splendeur ! Je l'ai pris uniquement parce que c'est un Libretto avec une jolie couverture (typiquement féminin me diront certains fâcheux). Je m'attendais à quelque chose de plutôt classique, d'oriental ou de contemporain, voir un récit de voyage...mais certainement pas à ça ! Mes aïeux, quelle surprise ! Mais une excellente surprise (un peu comme goûter à la cuisine moléculaire d'un grand chef et être étonné de trouver ça exquis) !

Si je ne m'abuse, CÉLESTOPOL serait plutôt du genre... STEAMPUNK ! ("Le steampunk est un courant essentiellement littéraire dont les intrigues se déroulent dans un XIXᵉ siècle dominé par la première révolution industrielle du charbon et de la vapeur." Merci Wikipédia).

CÉLESTOPOL, n'est pas vraiment un roman, c'est un recueil de 15 nouvelles... mais comme ces nouvelles finissent par former un tout, c'est quand même presque un roman.

CÉLESTOPOL, c'est l'histoire de la Lune, au début du 20ème siècle. Un astre qui a été colonisé par les tsars russes afin d'en extraire toutes les richesses au nom de la modernisation.

CÉLESTOPOL, c'est l'histoire d'une ville pensée dans la démesure. "Une ville merveilleuse, pleine de machines, de galeries d'art, de musées, de monuments construits dans un unique but, magnifier l'âme russe et promouvoir ses intérêts." (p127). Une ville qui ne dort jamais et est baignée d'un jour perpétuel mais dont les ombres ne manquent pas dans ses rues (p204). Une ville dont la face cachée n'est pas forcément celle de la Lune.

CÉLESTOPOL c'est aussi l'histoire d'un peuple qui apprend à penser par lui-même et cherche à s'émanciper de son maître pour se libérer de ses chaînes.

CÉLESTOPOL n'est pas seulement le portrait d'une ville, c'est aussi un clin d'oeil au portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde ainsi qu'à l'histoire du 20ème siècle.

CÉLESTOPOL est un OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) que j'ai trouvé absolument génial et que j'ai adoré !

Comme la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre... je dois quand même avouer que j'aime la SF et ses classiques (Frank Herbert, Roger Zelazny, Dan Simmons, Robert Silverberg, ...). Donc mon enthousiasme n'est peut-être pas si étonnant que cela. Mais CÉLESTOPOL est vraiment bon ! Tellement bon qu'à peine lu, je l'ai déjà offert à des amis parce que si j'aime les surprises, j'aime encore plus en faire !

CÉLESTOPOL d'Emmanuel Chastellière
Editions Libretto
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Célestopol est un recueil de nouvelles se déroulant dans le même univers, une cité construite sur la lune bâtie par l'empire russe. La très belle couverture de Marc Simonetti représente bien cette cité avec son ambiance de début XX ème siècle où l'on peut croiser de beaux habits d'époque ainsi que des automates. Elle est dirigée par le duc Nikolaï qui a beaucoup de pouvoir. C'est une ville construite sous dôme, avec des canaux de sélénium qui la baignent d'une brume particulière. La cité est aussi parée d'une ambiance steampunk. Célestopol tient sa puissance du sélénium, substance que l'on trouve uniquement sur la lune. C'est une ville que l'on a envie de découvrir en s'y promenant pour y découvrir de nouvelles merveilles, pour flâner le long des canaux. Mais, il ne faut pas s'y fier, le danger rode et peut survenir au coin de la rue.

Ce recueil contient 15 nouvelles qu'il faut lire dans l'ordre où elles sont proposées: Elles s'inscrivent en effet dans une logique non chronologique. Les nouvelles couvrent plusieurs années de l'histoire de cette cité unique, allant de 1901 pour Oderint dum metuant à 1932 pour Tempus Fugit. On retrouve certains personnages dans plusieurs nouvelles, comme le duc Nikolaï mais aussi le duo de mercenaires très original Arnrún et Wojtek. Les personnages revenants dans les différentes nouvelles ont des rôles de différente importance selon la nouvelle. Une des choses qui m'a marqué dans ce recueil est le travail sur les personnages, ils sont nombreux étant donné le nombre de textes mais on s'attache vite à certains et en très peu de lignes on arrive à les cerner et à se prendre très vite à leurs histoires. On aimerait passer plus de temps avec certains d'entre eux ou les retrouver à nouveau dans d'autres récits.

Malgré tout, Célestopol, la ville en elle-même, peut être considérée comme le personnage principal du recueil. Cet univers particulier montre une nouvelle facette à chaque texte et chaque nouvelle est un instantané de la vie de la cité. Emmanuel Chastellière est un peu comme un réalisateur promenant sa caméra au sein de Célestopol et filmant des instants de vie de certains personnages, avec des ambiances différentes à chaque nouvelle.

Célestopol est une ville dirigée par un duc venant de Russie et l'influence slave se fait bien sentir. Cependant, c'est aussi une ville cosmopolite où l'on trouve des habitants venant de différents milieux et différentes origines. Comme dans toute grande ville, il y a aussi une mafia locale que l'on trouve avec le casino flottant du peu recommandable Li Chen qui est au coeur de l'histoire de la danse des libellules où une enquête sur le casino est menée par une équipe de policiers. On retrouve aussi le casino dans la nouvelle Dans la brume où deux frères que tout oppose sont amenés à se revoir après le décès de leur père, cette nouvelle est une de mes préférées, l'hésitation entre le surnaturel et la folie est très bien rendue tout comme l'angoisse de l'inconnu.

On retrouve l'aspect cosmopolite dans l'ambiance des différentes nouvelles: de l'aventure dans Face cachée avec sa course de régates ou La Chambre d'ambre avec un côté chasse aux trésors et histoire, du surnaturel avec La douceur du foyer où il est question de légendes russes sur les fantômes, ou avec le Boudoir des âmes où il est question de spiritisme avec la confession d'un automate spirite sur sa vie, ou encore Convoi dans les ténèbres avec un côté X-Files, de l'émotion dans Les lumières de la ville où les disparitions incompréhensibles d'ouvriers-automates inquiètent Sergei un très beau personnage, ou encore dans Les jardins de la lune où il est question de jardins sur la lune et de production de vin.

J'ai aimé toutes les nouvelles de ce recueil mais certaines sortent du lot comme Oderint dum metuant qui revient sur le passé de la cité et explique comment le duc a assis son pouvoir sur la ville. Ce texte permet de voir le côté sombre du duc et de mieux comprendre comment il est devenu ce qu'il est. Tempus Fugit est également une excellente nouvelle avec des passages poétiques, émouvants, tristes mais aussi angoissants.

Célestopol est une ville aux multiples visages, qui rivalise en beauté avec les villes de la terre et où la technologie est très présente. Les automates sont communs, on en trouve même dans les maisons closes comme le montre Fly me to the moon, la nouvelle qui a donné naissance à l'univers. Parmi les facettes de la ville, il y a aussi son origine slave qui a son importance dans les nouvelles de par les légendes présentes et la politique au travers du Duc. Cependant, la cité a également un côté plus sombre qui tend parfois vers l'horreur et on y trouve des cultistes dans le chant de la lune, une créature étrange près des canaux ainsi qu'une sorcière que Lovecraft n'aurait pas renié dans Une note d'espoir.

J'avais beaucoup aimé l'aperçu de cet univers avec la lecture de Face cachée et j'ai vraiment adoré me promener au sein de cette ville majestueuse et mystérieuse. le style très imagé et immersif de l'auteur, le travail sur l'univers et les personnages sont vraiment à souligner. Les nouvelles sont liées par la ville mais aussi par des personnages que l'on retrouve au fil du livre avec grand plaisir. Célestopol est un livre-univers de très grande qualité que je vous recommande chaudement.
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J'avais eu de très bons échos sur la blogosphère à propos du recueil de nouvelles Célestopol. Malheureusement, il n'était plus distribué. Mais, le hasard faisant bien les choses, Emmanuel Chastellière était invité par la Librairie Omerveilles de Grenoble, le 30 juin dernier. du coup, via Facebook, je lui ai demandé s'il allait apporter quelques exemplaires dudit recueil et il se trouve qu'il lui en restait un dernier! Toute contente, je le lui ai fait dédicacer et je l'ai lu dans la foulée. Si je n'ai pas été emballée par son roman YA Poussière Fantôme, en revanche, j'ai eu un énorme coup de coeur pour Célestopol!

Au début du XXème siècle, une découverte sans précédent va changer à jamais le cours de l'Histoire et le destin de la Russie. Les Russes ont effet trouvé le moyen de se rendre sur la Lune. le pouvoir en place des Tsars décide alors de se débarrasser d'y envoyer son fougueux héritier Nicolaï Alexandrovitch Romanov. Appelé le Duc, il est en charge de l'administration de la nouvelle ville de Célestopol qui tire sa richesse d'un élément récemment découvert : le Sélénium. Cette source d'énergie qui s'écoule dans les canaux de la ville sous forme de brume dorée, alimente les vaisseaux ou les automates, par exemple. Très rapidement et contre toute attente, Célestopol protégée par un dôme de verre connaît un essor fulgurant, au point de devenir un nouvel Eldorado pour la Terre!

Dans sa post-face, Emmanuel Chastellière explique que c'est la nouvelle Fly me to the Moon, publiée dans Gentlemen Mécaniques, en 2017, qui est à l'origine de ce recueil. En effet, l'auteur n'aurait pas voulu quitter tout de suite l'univers de cette ville et a écrit une quinzaine de nouvelles autour. Il semblerait qu'il en aurait même encore en réserve, ne les ayant pas encore publié!

Ce qui m'a tout de suite plu dans ce recueil, c'est son univers bien développé. Emmanuel Chastellière a particulièrement bien réussi à l'expliciter au point que les images de la ville de Célestopol me sont rapidement et facilement venues à l'esprit. En effet, j'imaginais bien la cité sous sa cloche de verre avec des bâtiments prestigieux d'inspiration russe comme la Cathédrale Saint Basile de Moscou et les rues embrumées de sélénium, à la manière du smog londonien. A cela, je dois ajouter que la travail de Marc Simonetti sur la couverture est très représentatif de ce que l'on peut trouver dans le recueil. Si Célestopol s'inscrit dans la mouvance steampunk, notamment pas la présence d'automates, il n'en reste pas moins original car ce n'est pas la vapeur d'eau qui est à l'origine du développement technologique de la cité mais le sélénium issu de l'exploitation minière de la lune. C'est cette énergie qui permet de faire fonctionner les automates, les vaisseaux et tout le système qui permet à la ville d'être viable.

A chaque nouvelle, le lecteur suit un personnage différent dont certains peuvent être récurrents comme le Duc Nikolaï et sa maîtresse Tuppence, les mercenaires Arnrùn et Wojtek ou l'automate Amélia. Au fur et à mesure de sa lecture, il découvre et assemble les pièces du puzzle pour constituer une vue d'ensemble sur Célestopol, au travers de ses origines, son évolution et son organisation. Les nouvelles sont toutes équilibrées même si je suis d'accord avec Boudicca pour dire que les deux premières Face cachée et La chambre d'ambre sont les plus faibles du recueil (mais d'une bonne facture tout de même!). En revanche, mes deux préférées sont Dans la brume (sorte de thriller Célestopolien) et Convoi car j'adore les histoire de voyage dans le temps.

En conclusion, je suis bien contente d'avoir persévéré après ma déception de Poussières Fantôme car j'ai eu un énorme coup de coeur pour Célestopol. C'est d'ailleurs vraiment dommage que ce recueil ne soit plus distribué et j'espère la sortie d'un format poche ou d'un Célestopol 2, qui sait? En attendant, je me plongerai volontiers dans un autre ouvrage d'Emmanuel Chastellière, l'Empire du Léopard tant encensée par la blogosphère!
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Après avoir découvert, avec un plaisir certain, L'empire du léopard,
c'est avec appréhension que j'ai ouvert Célestopol. Il faut dire qu'avoir l'opportunité d'échanger avec l'auteur (qui confirme pour 2020 une "suite", plusieurs années après L'empire du léopard) y est pour beaucoup. Autant le dire, il ne s'agit pas vraiment de science fiction.

Peut-être pouvons-nous parler de streampunk ? Mais il ne faut pas s'arrêter à la quatrième de couverture...

L'idée est ici de suivre quinze nouvelles (en 350 pages, soit un ratio moyen d'une vingtaine de pages par récit) se déroulant sur la Lune, devenue une colonie russe, au début du XXème siècle. Chaque nouvelle est différente, mais l'ensemble forme un tout, cohérent, original, hautement pertinent. Toujours efficace, l'auteur parvient à chaque fois à susciter l'intérêt du lecteur sur des thématiques très variées.

Certaines sont un peu plus convenues et prévisibles que d'autres (notamment Oderint dum metuant). Mais l'ensemble est fascinant (surtout si l'on se plonge dans une musique adaptée telle que des chants sacrés russes). Il y a ici quelques pièces maîtresses qui marqueront les esprits !

Le fil rouge est ici à la fois constitué par la cité de Célestopol et les personnages secondaires qui gravitent autour des personnages
principaux. Certains secondaires deviennent principaux et l'idée est de
changer très régulièrement de point de vue. Tour cela est distrayant,
dynamique, surprenant et franchement réussi.

Comme l'auteur l'avoue lui-même, il est possible qu'un prolongement voie le jour car il reste de la matière... et bien c'est avec plaisir que nous découvririons tout cela.

Bref, Célestopol est un recueil de nouvelles unique, qui mérite d'être découvert et savouré... vous ne serez pas déçus !
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Recueil de nouvelles uchroniques où la lune est colonisée par l'empire russe. Une ville à la mesure de sa puissance à été construite, c'est Célestopol. le temps passant elle tend vers une sorte d'indépendance vis à vis du pouvoir impérial et gagne une aura à l'aune de celle de son dirigeant NiKolaï. Démesurée, à la pointe de l'innovation, l'art et le raffinement y sont primordiaux, sans oublier les petits à côté plus ou moins légaux.
La nouvelle est pour moi un exercice particulier qui nécessite des qualités spécifiques. Et sans le moindre doute l'auteur les a. Les personnages bien caractérisés (le duo Arnrún / Wojtek, le Duc sont les plus marquant car les plus présent), des ambiances prenantes, de la variété dans les thèmes, drames familiaux, histoire d'amour, un peu de sf mais toujours en lorgnant vers le fantastique.
Le point positif supplémentaire c'est le parti pris de nous faire croiser certains personnages dans d'autres histoires, de faire écho à certains événements dans une autre nouvelle. Toute proportions gardées, l'auteur fait une sorte de pointillisme narratif pour que nous ayons une vision globale et très large de cette superbe ville qu'est Celestopol et de son microcosme, mais aussi de son univers uchronique.
Bref j'ai adoré, plus que le roman que j'avais lu de lui, et comme j'ai le deuxième recueil de nouvelles dans ma pal, je sais que je repartirai dans la lune retrouver cette ambiance si particulière.
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Wow ! Ceci est une grande première. C'est la première fois que j'apprécie entièrement la lecture d'un recueil de nouvelles. Quand je dis entièrement, cela veut dire que pas une ne m'a laissée indifférente, ni dubitative comme si souvent avec ce format littéraire. Je redoute ces fins abruptes, parfois (souvent) incompréhensibles (pour moi en tout cas).

Ici, rien de tout ça. Nickel, elles passent toutes. Mieux, elles passent comme un roman entier, sans rupture car il y a toujours un petit quelque chose qui les relie. Pourtant même l'ordre chronologique n'est pas toujours respecté... Quinze nouvelles, quinze petites tranches de vie qui ont toutes un lien, soit avec Célestopol, soit avec le duc Nikolaï qui dirige d'une main de fer cette ville, comme tout ce qui se passe sur la Lune.

Nous sommes au début du XXe siècle, l'empire Russe a écrasé la France. Napoléon et les français se sont enfuis de l'autre côté de l'Atlantique. Là ils ont bouté les anglais hors du continent Américain et ont créé la Nouvelle-France. Depuis, les Russes ont conquis la Lune, découvert une richesse locale, le Sélénium qu'ils exploitent, et construit Célestopol abritée sous un dôme gigantesque de verre et de métal.

Les descriptions d'Emmanuel Chastellière de cette ville font franchement rêver : une majestueuse St Pétersbourg sous cloche, sillonnée de canaux comme une Venise mais avec ce côté fantasmagorique si bien illustré par Marc Simonetti, car c'est du Sélénium qui y circule et non de la si banale eau. Et donc une sorte de mélange de phase liquide (là, je n'en suis pas si sûre, même si on lit que le casino de Li-Chen y flotte) et de phase gazeuse. On parle surtout de ces vapeurs orangées, fluctuantes, mouvantes, à la fois magnifiques et inquiétantes...c'est selon la nouvelle ! Des belles toilettes, des palais, des parcs, de somptueux immeubles ou demeures en surface, des ouvriers, des laissés-pour-compte entassés dans les sous-sols.

Et une ambiance steampunk, avec des automates partout, bons à tout faire, des tâches ménagères aux plaisirs de ces messieurs, ou dames, dans des maisons closes, chez Hécate pour le gratin. Réparateurs/techniciens sur le barrage de Sélénium à quelques kilomètres de Célestopol, et même en chien de compagnie comme le vieux Isidore, le compagnon de Sergueï, à bout de carburant, et donc en fin de vie. A noter que ce roman (oui, j'insiste) commence par un joli clin d'oeil à Jules Verne, avec un journaliste qui fait le trajet Terre-Lune dans un traversier-obus :))

Le personnage le plus récurrent sera bien sûr le dirigeant de cette ville lunaire, le duc Nikolaï, auquel on s'attache bien vite, quoique... à l'instar de Célestopol, au gré des nouvelles, il nous apparaît tantôt inflexible, intransigeant, tantôt fragile, touchant, mais parfois énigmatique, mystérieux. J'ai adoré cette façon de cerner un personnage.

Ainsi, au gré des nouvelles, c'est toute une galerie de protagonistes que va nous faire découvrir l'auteur. Certains plus que d'autres, comme les deux mercenaires Arnrùn et Wotjek que l'on voit ou entrevoit plusieurs fois. Un tandem original et succulent que cette Islandaise et son ami piégé dans le corps d'un ours brun de 700 kilos de muscles. Lady Tuppence aussi. Mais je dois avouer que même ceux que l'on ne croise qu'une seule fois, je les ai appréciés. Je ne vais pas les énumérer, ce serait trop fastidieux, il ne vous reste qu'une solution, le lire !

Il se dégage de ce roman (je persiste et signe) un maelström de sentiments, allant de l'émerveillement à la frayeur intense, de l'amusement à la tristesse. Un sacré panel d'émotions, mais celle que je retiendrai le plus est la mélancolie de l'ensemble, comme si j'avais lu un recueil de poésie de Baudelaire. Et moi, je me mords les doigts de ne pas avoir craqué, d'avoir joué les timorées aux Imaginales, car ce livre je vais devoir le reposer dans le tas de Phooka, le rendre alors qu'il me manque déjà. J'espère sincèrement que tu seras invité l'année prochaine Emmanuel ! Et surtout que tu continueras à développer cet univers lunaire que j'ai tant aimé.
Célestopol est un doux coup de coeur.
Lien : http://bookenstock.blogspot...
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Célestopol est un recueil de nouvelles que l'on peut lire comme un roman.
Emmanuel Chastellière mêle uchronie, steampunk et Fantasy pour mettre en scène une colonie lunaire qui prend la forme d'une ville sous dôme bâtie par la Russie des tsars, Célestopol, sur laquelle règne le duc Nikolaï, personnages ambitieux et mégalomane qui cherche à faire de sa cité un paradis supérieur à une Terre décadente à ses yeux.
L'auteur démontre que Célestopol, malgré ses technologies avancées et son apparence de vitrine du progrès, est rongée par les mêmes problèmes que la société terrienne, avec notamment l'exploitation des classes laborieuses humaines, mais également mécaniques, puisque les automates, même de plus en plus humanisés et sophistiqués, sont réifiés par ceux qui les exploitent.
J'ai beaucoup aimé découvrir ce recueil, la galerie de personnages qu'il propose et les thématiques qu'il aborde ! Je lirai sans aucun doute L'Empire du léopard, qui me fait de l'oeil depuis un moment déjà.
Chronique complète et détaillée sur mon blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Célestopol est un recueil de nouvelles dont l'action se passe justement à Célestopol, une magnifique cité construite sur la lune.

N'ayant pas d'affinité particulière pour les thématiques qui traitent d'exploration de l'espace ou de colonisation des autres planètes de notre système solaire, je suis agréablement surprise d'avoir d'emblée apprécié ce livre. Il faut croire que la qualité de conteur d'Emmanuel Chastellière est exceptionnelle. En tout cas, je le remercie de m'avoir offert l'opportunité de lire ce service de presse.

XXème siècle. Dans la course pour la conquête de l'espace, l'empire de Russie a remporté la première manche. En effet, les Russes ont réussi le tour de force d'annexer la lune en y édifiant une majestueuse cité abritée sous un dôme, pourvu en oxygène permettant ainsi aux habitants d'y vivre comme s'ils étaient sur la terre. Cette folie des grandeurs, on la doit au duc Nikolaï, un homme un poil mégalomane, qui s'est retrouvé exilé ici par la Tsarine. Pour lui, c'est surtout une opportunité pour asseoir sa soif de domination et marquer L Histoire.

Célestopol, c'est quinze nouvelles qui se lisent comme des instantanés, c'est à dire autant de moments marquants dans la vie des nombreux personnages qu'Emmanuel Chastellière met en scène ici. Alors que certains ne sont que de passage, d'autres s'installent durablement entre ces lignes. En effet, dans cet ouvrage, l'auteur multiplie les crossover. Ainsi, on retrouve certains protagonistes à plusieurs reprises comme Tuppence Abberline qui ouvre ce recueil avec "Face cachée", proposant ici une enquête étonnante. A Tuppence de comprendre comment le Neptune, le navire spatial ducal, peut essuyer défaite sur défaite face à l'Asmodée du Kaiser. Nous sommes dans cette régate spatiale qui oppose toutes les puissances du nouveau monde. Un autre duo fait régulièrement des incursions dans Célestopol. Il s'agit de Arnrun, accompagné de l'ours Wojtek, deux mercenaires souvent dépêchés pour régler d'épineux problèmes. Voici deux enquêteurs surprenants mais non moins efficaces. Pour preuve, ils ont la confiance du duc Nikolaï. C'est d'ailleurs lui qui les engage dans "Le chant de la lune" pour découvrir les raisons de la mystérieuse disparition de certains convois censés ramener l'eau pour alimenter la ville. Même si au final, ils se retrouvent pris à partie par une secte d'illuminés affirmant entendre la lune leur parler.

Finalement, derrière le duc Nikolaï, c'est aussi et surtout Célestopol qui est mis en avant. L'auteur a presque érigé cette ville lunaire au rang de personnage. Omniprésente dans chaque nouvelle, on cherche surtout à percer ses mystères. Elle éveille notre curiosité et réalise nos fantasmes d'explorateurs. Elle est une utopie que beaucoup ont rêvé depuis le premier pas de l'homme sur la lune. Elle est à la fois un personnage et l'univers même dans lequel ces nouvelles évoluent, en leur donnant un cadre rétro-futuriste où le steampunk s'épanouit par l'intermédiaire, par exemple, de tous ces automates que l'on rencontre ici ou là. Des automates qui ont su évoluer et cherchent même à s'émanciper de l'homme comme dans "Les lumières de la ville". Ce livre est à la confluence des genres.

Avec Célestopol, Emmanuel Chastellière nous met littéralement en orbite. La pluralité de ses histoires nous envoûtent tant que l'on n'a même pas envie de redescendre sur terre et de refermer ce livre... plus d'infos sur Fantasy à la Carte.


Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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J'avais vraiment beaucoup aimé le Village d'Emmanuel Chastellière, et j'avais repéré Célestopol l'an passé aux Imaginales, avec sa magnifique couverture couleur rouille, mais je n'avais pas craqué, mon budget n'étant pas illimité. :p J'ai cependant eu beaucoup de chance, puisque j'ai remporté un exemplaire du recueil dans sa nouvelle édition lors d'un concours. Merci donc à l'auteur pour ce livre dédicacé ! :) C'est un des premiers ouvrages pour lequel j'ai du mal à dire si je préfère la couverture de l'ancienne ou de la nouvelle version, celle de chez Libretto correspondant aussi parfaitement aux récits.

J'écris « récits » au pluriel, car il s'agit d'un recueil de 15 nouvelles. Nous y découvrons la ville incroyable de Célestopol, colonie russe sur la Lune, bulle de civilisation au coeur de l'espace. Son dirigeant, le duc Nikolaï, est une figure presque mystique : il apparaît et disparaît sans cesse, se trouvant toujours où on ne l'attend pas et semblant toujours cacher quelque chose derrière son apparence de gentleman désinvolte. Il ne semble pas non plus vieillir, alors que le temps passe irrémédiablement sur la cité.

Tout comme le protagoniste de la nouvelle d'ouverture, nous découvrons pour la première fois la ville lunaire au travers d'un hublot et débarquons sur ses quais, à l'affût de toutes les nouvelles choses qu'on peut y observer. Dans les autres nouvelles, nous allons parcourir les différents lieux emblématiques de la cité : le palais du duc, les rues de la cité, ses toits, les maisons closes, le barrage de sélénium… Une ville sous cloche dans laquelle les classes sociales sont cloisonnées, les mineurs vivant dans des conditions plus que miséreuses alors que les riches ont un train de vie décadent, dans lequel gaspillage des ressources et abus divers de leurs privilèges sont monnaie courante. Nous allons aussi observer l'évolution des automates, qui deviennent de plus en plus des machines pensantes, et étudier la profondeur de leurs sentiments et ressentis.

Bien que le duc apparaisse dans toutes les nouvelles d'une manière ou d'une autre, la plupart des textes sont racontés sous la perspective des citoyens ordinaires de Célestopol : des travailleurs, artistes, journalistes, chercheurs, automates… Ils nous font découvrir les modes de vie au travers de leurs différents points de vue. J'ai particulièrement aimé le fait que, même si on changeait de protagonistes dans presque toutes les nouvelles, on s'attachait de plus en plus à ce monde à part, comme si au final les nouvelles formaient un tout homogène autour duquel les éléments gravitent, mais se retrouvaient toujours. On pourrait presque plutôt parler d'un roman avec des chapitres plutôt que de nouvelles !

Alors que dans les récits steampunk, la vapeur est le moteur de toutes choses, c'est ici le sélénium qui assure la pérennité de la ville, mais aussi de la Terre. Toutes sortes de nouvelles technologies sont présentées, certaines positives, d'autres clairement néfastes, d'autres encore pour lesquelles on hésite ou sur lesquelles on n'a plus de contrôle. On n'est d'ailleurs jamais sûr non plus des personnages : sont-ils bons ou mauvais ? à la solde du duc ou de sa mère ? J'ai beaucoup aimé cette ambivalence qui laissait un suspense dans chacune des nouvelles. J'ai d'ailleurs été de nombreuses fois surprise par les retournements de situations, et surtout par la fin (que j'ai beaucoup aimée) proposée par l'auteur.

Un recueil de 15 nouvelles qui nous envoie sur la Lune explorer l'incroyable et décadente ville de Célestopol. Un monde à part, nourri au sélénium, qu'on découvre au travers du point de vue de protagonistes de différentes conditions sociales. Un recueil qu'on lirait presque comme un roman, au final étonnant !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Je ne suis pas un habitué du format recueil de nouvelles, ceci expliquant sûrement que j'ai lu Célestopol plus lentement qu'un roman standard (genre le Village smile ), mais j'en ressors ravi. J'avais aimé le Village malgré quelques tics de jeunesse (petits soucis de rythme parfois, méchant qui en fait des caisses) et je trouve qu'Emmanuel Chastellière s'est amélioré dans son style. L'écriture format nouvelle apparaît ici concise, efficace, avec ce qu'il faut de poésie et d'imaginaire quand même.

Cette exploration de la cité lunaire via le regard de multiples protagonistes permet de saisir au mieux son atmosphère rétro-futuriste empreinte d'âme slave. On a l'impression d'y être, de se promener avec les protagonistes le long des canaux de Sélénium, de gravir le beffroi de Saint Basile, ou même d'aller parfois en escapade à l'extérieur du dôme. Dépaysement assuré (et big up au splendide artwork de Marc Simonetti). Mais effectivement, Célestopol, c'est aussi le destin croisé d'âmes blessées, à la dérive, à commencer par ce duc Nikolaï méprisé par la tsarine, rejeté par ses proches, qui tente dans son exil lunaire d'exister par-delà tous ceux qui le méprisent / le rabaissent. En ressort un personnage mystérieux et fascinant, parfois un peu caricatural aussi (réaction très cruelle dans "les Jardins de la Lune"), que l'on aime détester mais avec lequel on entre souvent en empathie.

Des personnages touchants, il y en a des caisses, comme ce viticulteur qui s'enferme dans le mensonge, ces frères ennemis amoureux d'une même femme que les événements acculent au drame, ce voleur épris d'une belle violoncelliste française (magnifique scène sur la glace au passage), ces automate humanisés, ici un fugitif voulant admirer l'intérieur du dôme, là une esclave sexuelle éprise d'une cliente, là encore un "médium" ballotté par la tragédie. D'autres personnages sont attachants : Anton le journaliste désabusé, Clémence l'historienne têtue, Igor le contremaitre bourru et indépendant... et bien sûr le truculent duo Arnrun et Wotjek, la cow girl islandaise et l'ours parlant ayant droit au beau rôle dans deux nouvelles, un caméo dans une autre et aussi une petite BD pour ceux qui ont précommandé le livre. En espérant voir ce duo débonnaire et comique tenir le haut de l'affiche lors d'un prochain roman ?

Je n'ai pas vraiment de reproches à faire à ce recueil hormis il est vrai quelques imperfections formelles (couvertures cartonnée fragile, quelques coquilles de ci de là) et, évidemment, quelques nouvelles en deçà des autres (pour ma part : Oderint Dum Metuant trop prévisible - je sais que cet avis ne sera pas partagé, La chambre d'ambre trop anecdotique, la danse des libellules un peu tirée par les cheveux dans sa conclusion, les jardins de la lune trop succincte). Quelques fins sont un peu abruptes, il faut aimer "rester sur sa faim". Fly me to the moon est autosuffisante et antérieure aux autres nouvelles, ça se sent mais je ne vois pas comment la placer autrement dans ce recueil. Pour le reste honnêtement on navigue entre le vraiment très bon et l'excellent, et je ne peux que vous recommander particulièrement Face cachée, Dans la brume, le boudoir des âmes, Fly me et Tempus fugit qui sont vraiment superbes... pour plein de raisons différentes.

Bravo à Emmanuel Chastellière, ça ne présage que du meilleur pour ses prochains projets.
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