Célestopol est un groupement de récits qui, à travers divers personnages, sur quelques années, nous raconte la magnificence et la déchéance de la cité lunaire de
Célestopol, bijou de l'empire russe.
L'idée était des plus séduisantes mais, si je n'ai pas passé un mauvais moment, je suis toutefois restée un peu de marbre face à cette lecture qui, je m'en rends compte en écrivant ces lignes quelques semaines après avoir terminé ma lecture, ne me laissera pas grand souvenir. Si j'apprécie que des nouvelles nous parlent d'un même sujet (ici, la cité
Célestopol), il faut toutefois bien admettre que c'est un exercice qui semble difficile. Dans ce livre d'
Emmanuel Chastellière, j'ai trouvé sympa que l'on retrouve parfois des personnages déjà croisés quelques pages auparavant. J'aurais toutefois aimé que l'on ait peut-être un peu moins de protagonistes car, pour moi, il a été difficile de m'attacher à qui que ce soit (sauf l'ours, je l'ai franchement bien aimé!). Il est vrai que certains, comme le duc Nikolaï, ne sont pas faits pour être appréciés, et c'est tant mieux, ainsi il y a des enjeux quand lui et d'autres individus du recueil se croisent. Hélas, cela n'empêche pas un manque d'attachement global. Comme je l'ai dit, il y a beaucoup de personnages et, parmi eux, un certain nombre n'apparaît qu'une seule fois ; les rares à être plus ou moins récurrents sont parfois assez caricaturaux (la belle qui se fane, le duc mégalomane, la chasseuse de primes – ou un autre métier que j'ai oublié, désolée – super badass…) et, en dehors du duc qui n'est pas fait pour être apprécié, on les voit tout de même trop peu pour se prendre d'affection à leur égard. Cela ne m'aurait nullement dérangée si l'accent avait été mis sur
Célestopol, comme je l'avais pensé en lisant le résumé qui, certes, parle aussi des protagonistes, mais ceux-ci semblent être au second plan du récit, pour mettre en valeur la cité. Mais ce n'est pas le cas.
En ce qui me concerne, j'ai trouvé que l'équilibre entre les personnages et la ville était justement trop équilibré ; ni les uns ni l'autre ne sont mis en valeur et on se retrouve avec quelque chose de trop pondéré. J'avais envie de découvrir la ville plus en profondeur, or je l'ai trouvée effacée. Comment se déroule la vie sous sa surface ? Et quelle est cette vie dans les égouts ? On nous lâche des bouts d'informations et on doit ensuite se débrouiller avec ; trop de mystères engendre de la frustration là où il aurait fallu juste attiser l'intérêt.
Pour ce qui est de l'univers, en revanche, c'est très chouette : il s'agit d'une uchronie dans laquelle l'empire russe s'est étendu, ayant désormais sous sa gouverne l'Europe mais aussi et surtout la Lune –
Célestopol est d'ailleurs la seule cité lunaire. Il y a des mystères liés à la présence humaine (et technologique) sur le satellite terrestre, il y a des sciences à base de machines à vapeur et de robots (c'est du steampunk, j'en lis peu mais ça me plaît sacrément)… Bref, c'est vraiment sympa mais, tout comme je trouve que
Célestopol n'est pas assez mise en valeur, l'univers non plus. Il en va de même pour l'ambiance générale car elle est assez changeante en fonction des nouvelles (j'ai bien aimé celle qui tend vers l'horrifique, en revanche celle qui tourne à l'orgie non-consentie des robots, non seulement je n'ai pas compris l'intérêt, mais en plus j'ai trouvé que ça cassait l'ambiance qui s'était mise en place auparavant). Ce qui concoure à l'atmosphère du livre, c'est bien sûr la cité lunaire et la vie qu'il y a, mais ce sont aussi les intrigues et la politique – j'aurais aimé un peu plus de politique, d'ailleurs, car les liens entre la Terre et la Lune semblaient intéressants.
Finalement, ce que je reproche surtout à
Célestopol, c'est de ne pas assez se fixer, nous offrant des récits qui, s'ils sont généralement liés, partent souvent dans tous les sens et, pour ma part, je m'y suis un peu perdue. A cela s'ajoute l'impression d'un manque de développement et c'est dommage car cette ville lunaire méritait vraiment que l'on approfondisse plus l'ensemble (personnages, ambiance…).
Si j'ai aimé le format, je trouve qu'il ne sied pas à la grandeur de
Célestopol. Ce n'est pas une mauvaise lecture, mais elle ne me restera pas beaucoup en mémoire.
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