La constance du prédateur

Il prenait son livre, son bloc de post-it et son crayon à papier, et tirait la couverture comme un rideau sur le monde, pour signifier qu'à présent il n'était plus qu'à sa lecture, et disponible pour rien d'autre.

Ludivine le savait, certains enquêteurs considéraient le Département des sciences du comportement au mieux comme une vaste perte de temps et de moyens, au pire comme une arnaque. A leurs yeux, rien ne valait une bonne vieille investigation du terrain, et des preuves tangibles. L'étude des personnalités, les analyses de caractère, les relations émotionnelles et leur influence sur les faits demeuraient trop nébuleux, à la limite de la divination, dans leurs esprits.

L'amour c'est de la tolérance.

Je ne serai jamais séduit par une espèce de robot génial, je cherche une femme réelle. Avec ses qualités et ses imperfections. L'amour n'a de prise que sur nos anfractuosités, il émerge de nos fissures, rien ne perdure sur une âme lisse.

Les yeux font la transition entre l'abstrait et le concret. Ils sont les traducteurs de la lumière, du monde, pour l'esprit.

Le requin l'avait mordue. Et elle savait ce qui allait suivre. Il était trop tard pour le fuir à présent. Il allait l'entraîner le plus bas possible avec lui, jusqu'à ce qu'elle s'épuise.
Puis il la dévorerait dans le calme et la torpeur des abysses aveugles. Et il n'y avait plus rien qu'elle puisse faire pour l'en empêcher.
Encore vivante, et pourtant déjà morte.

On fait des plans, on consomme une énergie folle à baliser son existence, et puis la vie passe par là et fou tout en l'air pour nous rappeler que nous n'aurons jamais le dernier mot. Ce serait trop facile.

[...] la vie n'était qu'une saleté de lutte pour la survie.

Il fallait procéder avec le mal comme avec une épidémie contre laquelle il ne pouvait exister aucun vaccin, le circonscrire par tous les moyens, le laisser s'autodétruire jusqu'à ce qu'il ne dispose plus d'aucune ressource pour se diffuser. Et lorsque le dernier foyer serait éteint, il serait vaincu. Pour l'éternité.

La cruauté est le virus de l'humanité, hautement contagieux, surtout sur les tendres psychés en construction.