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EAN : 9791034812363
280 pages
Evidence Editions (14/09/2019)
3.77/5   13 notes
Résumé :
Pour Nashgen le boîteux, le Niwaâd n'était qu'un mot perçu au travers d'un songe brumeux, une quête absurde qui lui évitait de sombrer dans la folie et qui le maintenait accroché à la vie.
Mais pour d'autres il évoquait les plus lourds secrets du clergé, enfermés au coeur des cryptes des terres noires, l'impitoyable lutte des prêtres et blasphémateurs, les mystères de l'origine du monde.
Et cette quête, jusqu'où l'entraînerait-elle, au-delà ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Une claque dans la figure. Un livre qui chamboule, percute, remue. Une histoire forte, intense, pénétrante. J'ai refermé le Niwaâd dans un soupir, laissant les émotions atteindre mon corps, puis mon coeur et finalement mon esprit, peut-être même mon âme. Un état de quasi-harmonie, quelques brefs instants durant lesquels plus rien n'a d'importance, le présent éclabousse tout le reste et s'impose en maître. La vie et la quête poursuivie par le lutteur Nashguen ne peuvent laisser de marbre, elles vous aspirent dans un tourbillon infernal, dans une aventure que vous n'êtes pas prêts d'oublier. Leur attraction était telle que j'ai glissée sur les pages comme la douce brise du vent caresse les visages, j'ai plané aussi haut que le permet l'art des mots…


Quelle merveilleuse idée que celle d'avoir réédité ce livre sorti en 1997, nul doute que jamais ce titre n'aurait rencontré ma route autrement et cela aurait vraiment été regrettable. L'envie de le lire et de le relire, encore et encore, s'empare de moi à mesure que je rédige cette chronique. Les images et messages véhiculés par l'histoire m'envahissent, investissent mes pensées les plus lointaines, élisant domicile dans mon coeur de lectrice. Rares sont les ouvrages qui laissent une empreinte aussi profonde, une marque indélébile et un souvenir aussi palpable. Comblée. Conquise. Envoûtée… Les mots sont si faibles, si creux pour exprimer mon ressenti, pour retranscrire et partager tout ce que j'ai vécu et traversé en parcourant ces pages de longues heures durant...


le Niwaâd est bien plus qu'une simple histoire, terriblement plus qu'un banal récit de fantaisie, c'est un voyage à travers le temps, une épopée au coeur de la noirceur de l'homme mais surtout : une redoutable satire d'un monde fonctionnant à deux vitesses. Jean-Christophe Chaumette nous invite à pénétrer dans un univers sombre et impitoyable dans lequel se battre fait partie du lot quotidien, un monde de combat et de misère ; la mort est une vieille amie que l'on a apprivoisée et le bonheur n'est qu'une sordide illusion en laquelle seule une poignée d'individus osent encore croire. L'amour ? Un signe de faiblesse plus qu'une force, ce que l'on cache voire répudie. Saupoudrez généreusement ce sinistre tableau d'une dose de fanatisme religieux et vous obtenez un récit atrocement savoureux et divinement malsain.

le Niwaâdle Niwaâd… Titre éponyme du livre, litanie entêtante, objet de désir et de convoitise dont on ignore tout ou presque, le Niwaâd représente une quête éperdue que seule la volonté d'un lutteur fou anime. Cet homme porte le nom de Nashguen, son parcours atypique et sa détermination sans failles le distinguent des autres, l'élèvent au-dessus de la mêlée générale, de cet amas grouillant qui ne permet plus de différencier les visages. Nashguen est investi d'une force sans précédent, de son corps émane ce petit quelque chose qui le rend surpuissant, cet étrange pouvoir que nul n'est en mesure de définir clairement mais que certains nomment : transe amok. Peu à peu les traits de ce vieillard nous deviennent familiers, le ton qu'il emploie reconnaissable parmi tous, son apparente sagesse semble incontestée, il fascine autant qu'il effraie et je dois bien reconnaître que je me suis attachée à ce vieux monsieur et à sa quête du Niwaâd. J'étais, moi aussi, animée par une envie, celle de l'aider et de l'accompagner, de le voir réussir là où les autres ont échoué.


Nashguen vit, lutte, survit dans un monde qui n'est que le reflet de la misère et de la violence, un monde dominé par une religion totalement abjecte qui asservit les hommes en plus de les corrompre. Semblable à une immense pieuvre dont les énormes tentacules s'emparent des individus, la religion aspire les pensées et astreint tout le monde à croire en elle, à la vénérer plus que toute autre chose. En ce sens, les épigraphes correspondant au Livre D'Uzmul sont très révélatrices de l'idéologie qui régit ce monde. C'est un livre dans le livre dont je me suis délectée de chaque passage, savourant chacune des phrases et le moindre mot. Partout, des émissaires sillonnent la carte afin de répandre ce qu'ils pensent être la bonne parole, partout on s'abreuve des propos qu'ils tiennent et on s'empresse de les vénérer telles les idoles qui contribuent à changer la face du monde.

Quelques noms viennent épauler le lutteur, lui insuffler la force nécessaire pour braver les dangers et affronter tous les obstacles. Slim Ali le griot et Al-Moutawakkil le prévôt partagent sa route et l'accompagnent dans ses nombreuses traversées du désert. L'un chante, l'autre commande, ils viennent de deux milieux totalement différents et se retrouvent pourtant à suivre les élucubrations du vieil homme, contaminés par sa sympathie et l'aura qu'il dégage. Une belle amitié est dépeinte et mise en lumière par ces trois valeureux personnages, par la croyance en leurs idées, la volonté et la détermination qu'ils déploient pour atteindre leur but. Ils apparaissent comme une lumière dans l'obscurité d'un univers beaucoup trop sombre, comme un phare qui illumine tout ; unique point de repère dans les méandres de l'horreur.


le récit est divisé en deux parties symbolisant les deux faces d'un même monde, deux faces qui évoluent parallèlement mais à des vitesses différentes. La première partie présente une vie sombre, de misère, des peuples peu évolués qui ne jurent que par les affaires et la violence, des populations qui connaissent la mort et la faim, qui les côtoie chaque jour sans oser penser à demain. La première partie plante les piliers et ajuste les structures là où la seconde partie invite à regarder la construction d'un oeil plus critique, à se rendre compte à quel point elle est aussi branlante qu'illusoire… Là où dans la première moitié du récit les personnages vivent dans l'insalubrité et la pauvreté, les personnages de la seconde moitié vivent dans un monde presque opulent dans lequel la technologie dicte la vie de tout un chacun. Ces deux réalités sont étroitement liées sans en avoir réellement conscience et leur confrontation est aussi brutale que nécessaire. le livre a été édité en 1997 et pourtant… il décrit déjà avec une redoutable précision et un oeil très critique la place sans cesse grandissante du progrès dans nos vies et plus particulièrement du numérique, je peux vous assurer que c'est glaçant de réalisme.


Deux vitesses. le Sud d'un côté, le Nord de l'autre. La pauvreté et le manque de développement, la richesse et les technologies. La famine et les guerres, le consumérisme et la prétendue assistance. L'un vit aux crochés d'un autre qui lui décoche des coups de pied dans les flans et lui dégueule à la figure. Cela ne vous rappelle-t-il rien ? Cela ne convoque-t-il aucune image en vous ? Aucun souvenir ? On cache ce qui n'est pas beau, on s'abrite derrière des châteaux de verres, tout doit briller et rien ne doit venir ternir l'éclat des ces prisons de cristal. le Sud n'est qu'un réservoir pour le Nord, pour ces belles terres qui « veillent » et se servent gracieusement, prélevant ainsi un tribu plus que conséquent. On endort l'autre avec de belles histoires tout en s'assurant que jamais il ne puisse se rebeller, qu'il ne soit jamais en mesure d'ouvrir les yeux et d'inverser le cours des choses. Malsain et perfide, ce système ne profite évidemment pas à tout le monde et l'auteur s'emploie à le démontrer. Satire d'un monde vil et corrompu, d'un mécanisme depuis longtemps obsolète mais que l'on s'évertue à gracieusement huiler, encore et encore, dans l'espoir de garder la mainmise sur un édifice dont il ne reste que des cendres…


Ce que j'ai aimé les longues descriptions, ces passages à n'en plus finir décrivant avec moult détails la noirceur et la dureté de leur existence, les mots qui volaient et que je saisissais au vol comme le plus précieux des trésors, les sons qui résonnaient à mes oreilles comme une mélodie aussi rocailleuse qu'harmonieuse. Je me suis délectée de cette plume, du style et des messages, de la symbolique et du ton. Je lisais à voix haute pour donner vie à la moindre syllabe, pour écouter le craquement des os et sentir l'odeur de la mort, pour m'immerger plus intensément dans cet univers, pour plonger au coeur de la souffrance et vivre la terrifiante expérience qu'offre l'histoire de toutes ces personnes. L'envoûtement de la plume est tel que je vais la suivre, la lire et la relire à en avoir mal aux yeux, je vais explorer l'univers de l'auteur jusqu'à m'y perdre…

En plus d'être éprouvante, cette lecture fut aussi percutante que bluffante. Je suis béate d'admiration devant le talent de l'auteur, sa plume aussi juste qu'incisive, la cohérence de son récit et la manière que tous les éléments ont de s'emboîter entre eux à la perfection. On s'écarte parfois de la quête du Niwaâd au cours de la lecture, ce n'est qu'un moyen de nous faire vivre plus intensément l'histoire, de nous imprégner davantage de l'ambiance, de cette atmosphère si particulière et tellement malsaine. Ce livre c'est une gigantesque toile qui se referme et dans laquelle d'innombrables et minuscules insectes gesticulent sans se douter une seconde de ce qui les attend. La notion de porte est très intéressante dans le livre, une porte c'est ce que l'on décide d'ouvrir ou de fermer, de condamner ou de laisser entr'ouverte, elle permet d'entrer ou de sortir, de quitter une zone pour en intégrer une autre. C'est un passage, une transition… La symbolique de la porte amène, dans ce livre, de très nombreuses idées qui viennent nourrir la réflexion centrale et l'alimente en flux continu. Il ne s'agit pas d'introduire le macabre, le dégoûtant, le répugnant et la religion, de les assembler et d'observer le résultat, Jean-Christophe Chaumette se sert de ces notions comme des couleurs d'un tableau qu'il veut le moins édulcoré possible. C'est un travail de précision, un juste dosage à respecter, un minutieux assemblage qui dévoile toute sa puissance et son ingéniosité une fois les derniers mots couchés sur le papier.


En définitive, le Niwaâd est sans doute ma claque littéraire de 2019, incontestablement le livre qui laissera l'empreinte la plus vive dans mon esprit. Je suis tombée sous le charme du personnage de Nashguen, ce lutteur en quête du Niwaâd, j'ai été envoûtée par la plume de l'auteure, aspirée par le tourbillon des images qui dansent, par cette ambiance unique et ce regard critique d'un système devenu obsolète. La beauté de la plume renforce la violence des scènes et sublime l'horreur d'un monde à l'agonie. Jean-Christophe Chaumette décrit avec minutie l'évolution de deux mondes, les liens qu'ils entretiennent et la manière dont l'un agit sur l'autre mais surtout : la façon dont ils se rencontrent et se percutent. C'est un récit profondément éprouvant, nécessaire et satirique, un ouvrage d'un réalisme effarant et d'une beauté à couper le souffle. Je ne peux que vous inviter à parcourir ce livre, à laisser votre esprit vagabonder ainsi qu'à plonger sans retenue dans l'univers du Niwaâd...
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Je remercie Babelio et l'opération Masse critique, qui m'a permis de découvrir ce roman, mais également cet auteur.
C'est simple, ce roman est une véritable merveille. On ne pourra pas rester impassible et encore moins indifférent à la lecture du Niwaad, que l'on soit fan de ce genre de littérature ou pas.
Jean Christophe Cahumette nous invite sur les pas de Nashguen le boiteux, un combattant doué d'une force prodigieuse qui part à la recherche du Niwaad, dont il ne sait rien, juste un mot entendu dans une ballade chanté par un griot, mais qui hante ses pensées.
La quête est d'une simplicité infantile et pourtant le récit ne se concentre pas sur celle ci. Ce n'est pas son aboutissement mais bien le cheminement qui compte. L'auteur s'attache absolument à son personnage et sa route.
C'est d'ailleurs par le biais de ses personnages qu'il nous raconte cette histoire. Sans personnages pas d'histoire, car celle ci se nourrit d'eux; elle se nourrit de l'histoire de chacun des personnages, qui est d'une richesse et d'une profondeur essentielle pour créer une accroche immédiate de la part du lecteur. Chaque histoire de vie se suffit à elle même, à un point tel que chacune pourrait aboutir à un roman à part entière.
L'auteur ne s'attarde pas sur la quête de son héros. Celle ci se construit d'elle même à travers tous les personnages qu'il nous présente. la cité même d'al Qahira est caractérisée tel un personnage humain. j'ai été impressionné par la description qu'en fait l'auteur.
À chaque moment du récit, l'auteur sait où il en est. Celle ci ne s'écrit pas au fur et à mesure. En témoigne ces deux actes bien distingués et qui rythment l'histoire. Deux actes ponctués par un cliffhanger qui vaut son pesant d'or et qui laissera béat la plupart des lecteurs.
Des twists, il y en a plein le ong de ce roman, même dès le début, histoire de ne pas faire comme tout le monde, et de bien marquer les esprits. Dès le premier chapitre, Jean Christophe Chaumette donne le ton, son ton, et le lecteur n'aura de cesse d'être surpris... l'addiction est presque immédiate, car on devine d'emblée qu'on lit là un truc qui sort de l'ordinaire, un truc qui va rester longtemps dans les mémoires.
J'ai été subjugué par le style de l'auteur. Celui ci se caractérise par l'emploi de phrases longues, des descriptions fournies, mais jamais lourdes, et propices à l'installation d'une ambiance quasi contemplative. On se laisse bercer par les mots, on se laisse aller à cette sorte de confort qui vous rappelle que vous vivez un truc rare. J'ai rarement connu cela chez un auteur. Ses descriptions ne sont jamais directes. par exemple, il décrit un personnage, y compris physiquement, par le biais de son histoire, de sa vie, des événements qui l'ont marqué. de fait, il laisse une grande place à l'imagination du lecteur qui peut se représenter l'univers comme il le souhaite et le rendre ainsi singulier, sans jamais trahir l'idée de l'auteur. Chacun pourra se faire sa propre idée de Nashguen et des autres.. Chaque portrait est dressé dans les grandes lignes, mais le détail est laissé aux soins du lecteur. Ainsi l'auteur invite réellement le lecteur à partager l'histoire, à y prendre part.
Je pense que la magie de l'écriture de Jean Christophe Chaumette réside dans cette capacité à y inclure le lecteur, rendant ainsi son roman exceptionnel.
Je disais un peu plus haut que le récit se partage en deux actes, un premier qui s'attache aux personnages, et qui correspond à une étape majeure dans la quête de Nashguen. le second acte viendra non seulement bouleverser tout ce qu'il a pris soin de construire dans le premier, mais également apportera toutes les lumières sur le récit lui même mais également sur les propos de l'auteur. Ce second acte ouvrira la véritable réflexion sur le thème de la religion car c'est le centre de cette histoire. Et la vision de l'auteur est simplement renversante... de réalité, de réalisme... de vérité...
On ne pourra pas rester insensible à sa vision, et ses tentatives de réponses.
Lectrices, lecteurs, le Niwaad est un chef d'oeuvre, j'ose le dire, et son auteur, Jean Christophe Chaumette un génie.... Qui a dit que la SFFF ne pouvait atteindre des sommets de littérature....?
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Je remercie la maison d'éditions Evidence pour l'envoi de ce livre numérique. Lorsque je suis tombée sur un personnage, celui d'Eve, je me suis dis que ce n'était pas possible, je la connaissais. Cela m'a torturé jusqu'à ce que je tombe sur l'une de ses premières éditions chez Lokomodo. En fait je l'avais déjà lu, mais il y a bien longtemps, avant même que j'ouvre ce blog si je ne me trompe pas.

Découpé en deux parties bien distinctes, le Niwaâd est un récit qui suit les traces de Nashguen. Cet homme a l'apparence d'un vieillard boiteux a réussi à terrasser un lutteur invaincu depuis de nombreux combat. Sans compter qu'il était immense et que sa force colossale avait déjà fait de nombreux dégâts. Nashguen est simple, avançant au gré de sa quête. Lors d'un rêve, où le cauchemar venait de lui prendre sa femme, ses enfants, son village, ce mot est là, présent en lui sans qu'il ne sache ce que c'est. Une personne, un groupe de personnes, une arme ? Peu importe, il s'agit de ce qui abattra une muraille. Ce même mur qui cache quelque chose que personne n'a jamais vu. Les Dieux seraient derrière cette cloison ? Tout est possible, car personne ne l'a jamais traversé, protégé par des prêtres et la croyance populaire.

La première partie, nous sommes au coeur de ce périple. Celui de suivre les traces de Nashguen et de l'emmener à la recherche de ce mot perdu. Personne ne l'a jamais entendu, si ce n'est un griot Slim Ali, un jeune homme qui a la chance de pouvoir vivre de son art : raconter des histoires au gré de ses pas, l'amenant à cette rencontre avec le boiteux. En ces temps-là, le mur existait pour cacher les Dieux des pauvres humains. C'est ainsi que ces derniers ont eu l'idée de regarder derrière, mais comment faire ? Bien plus haut qu'une falaise, impossible à gravir, nul ne peut imaginer un jour passer de l'autre côté. Ce que chacun a est bien plus que suffisant, mais l'ignorance n'est pas la plus belle preuve des Dieux, au contraire, elle affûte les envies, le besoin de connaissance.

Nashguen a ce besoin de découvrir ce qui se cache derrière le Niwaâd et il n'est pas le seul. Dans son sillage, Slim Ali sera le premier à croire en autre chose que la noirceur de leur monde. Leur rencontre avec Al-Moutawakkil le prévôt va les amener à se poser de nombreuses questions. La vie de chacun est décrite sans chercher à savoir si la sensibilité des lecteurs pourraient être choquée. Personnellement il en faut beaucoup pour plomber mon moral, mais peut-être que d'autres auraient des envies de refermer le livre de temps en temps, pour mieux y revenir. Ce côté fantasy est sombre, affolant, d'une noirceur insoutenable. Les enfants enlevés, vendus, pour la prostitution, le travail ou tout simplement la nourriture humaine... Un monde dans lequel il vaut mieux être bien portant et méfiant pour avoir une chance de survie.

En ces temps-là, des enfants sont sacrifiés aux Dieux, pour une raison quelconque, unique en son genre. La main-d'oeuvre gratuite est donc ce que les adultes les plus sombres ont décidé de construire. Ce n'est pas un onde sain pour personne, pas même les prêtres. La mort est un cadeau insoupçonnable, mourir pour une noble cause ? Certains l'ont bien compris. Se distinguer n'est jamais bon, dans un monde ou l'autre, il faut être capable de suivre le mouvement et se faire tout petit... à moins que de s'appeler Nashguen et de continuer sa voie sans se soucier du quand dira-t-on. Cet homme est obsédé par le Niwaâd. Que peut bien se cacher derrière cet unique mot de six lettres ? L'engouement pour cette quête va laisser de nombreuses traces sanglantes. Les combats de lutteurs ne sont pas les seuls à entasser les cadavres. La lutte est permanente pour survivre.

Le bonheur se résume à peu de choses : ne pas être dérangé par des guerres, avoir tous ses enfants autour de soi et pas enlevé ou emmené de force par les prêtres pour un sacrifice, être bien portants, avoir de quoi nourrir sa famille, faire croire que nous sommes contents de vivre dans ce monde et tout devrait aller pour le mieux. Si ce n'est qu'une confrérie de Blasphémateurs compte bien un jour renverser le pouvoir et pourquoi pas tenter de lire le livre d'Uzmul. Il a la science infuse, il aurait ce don de donner les réponses à toutes les questions que nous nous posons. Il est cet écrit qui peut changer la vie d'un homme. Et pourquoi pas de trois ? Nashguen, Slim Ali et Al-Moutawakkil vont faire cette rencontre qui va changer leur destin à jamais.

Nashguen ne peut être détourné de sa quête. Il préférerait mourir plutôt que de ne pas savoir. Cela va l'entraîner au-delà de ce qu'il croyait, bien au-delà de tout ce qu'il a déjà vu ou parcouru. Cette quête l'entraîne au-delà du mur.

En ces temps-là, la seconde partie débute sur un autre personnage. Est-ce le paradis ? Est-ce l'endroit des Dieux ? Eve saurait peut-être nous le dire, ou Youri, ou bien Clara. Toujours est-il que la quête de Nashguen ne s'arrête pas à ce passage. Il va continuer à vivre son aventure d'une manière différente. La noirceur semble avoir disparu, pourtant en grattant bien la couche de lumière, cette noirceur est bien ancrée, n'importe où. Il ne s'agit pas de cacher la lumière d'un côté et de la montrer de l'autre, les décisions de chacun de ses personnages apportent un point commun : riche ou pauvre, le désespoir est partout. Il ne suffit pas de voir pour le croire, il faut surtout vivre pour comprendre ce qui se passe réellement.

La comparaison des deux côtés de ce mur est fidèle à n'importe quelle époque. Il y aura toujours ceux qui VONT subir et ceux qui FONT subir. Nous avons beau nous débattre, tenter de nous soustraire à ceux qui ont le pouvoir, rien ne peut y faire, si ce n'est le Niwaâd. Et pour y parvenir, pour découvrir ce qui se cache derrière ces six lettres, il faut pouvoir aller de l'avant, oublier ce qui nous entoure et garder l'essentiel. Si la première partie nous dévoile les horreurs sans les cacher, son opposé est parfaitement écrite dans la seconde. Croire qu'un monde est peuplé de sauvages parce qu'ils se battent pour ce qu'ils croient juste ou non n'est qu'une idée. Tout comme celle d'imaginer un monde où tout est parfait, c'est risible. L'auteur ne s'embarrasse pas de fioritures, il montre les deux côtés sans exception. le plus horrible ? Il faut le lire pour le découvrir.

Par contre il y a des descriptions trop longues à mon gout sur ce monde horrible. Un peu trop de répétitions sur certains points, surtout sur les enfants. J'ai une bonne mémoire, une fois lu les sévices qui pouvaient leur arriver, pas besoin de les redonner en paroles ou encore sous d'autres descriptions. Cette noirceur est bien assez décrite un peu partout pour assommer encore plus le lecteur. c'est vraiment LE point négatif pour ma part dans ce récit. le bonus? L'écriture est percutante, les mots sont justes et il y a une ligne directrice du début à la fin. le fameux fil rouge conducteur dont nous aimerions ne pas perdre est toujours présent. La noirceur n'est pas que description, mais également les mots choisis avec soin pour apporter le détail qui va ouvrir une porte dont nous n'aurions pas aimé être les témoins.

En ces temps-là, la conclusion s'impose. le Niwaâd est un mot composé de six lettres qui va rendre la vie d'un personnage bien plus intrigante et intéressante que s'il était resté sans savoir. Il nous entraîne dans sa folie de connaissance avec une curiosité dévorante et un regard sur ce qui nous entoure. L'évolution de son monde, sa force de caractère pour continuer d'avancer malgré les nombreux obstacles. Nous-même nous jetons un autre regard sur notre monde, surtout en sachant ce qu'est le Niwaâd !

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/le-niwaad-jean-christophe-chaumette-a187271292
Lien : http://chroniqueslivresques...
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Idée de départ / Accroche du début de livre : 10/10
Développement des personnages : 9/10
Style de l'écriture : 9/10
Rendu de l'histoire : 9/10
Note globale : 37/40 Babelio 4,6/5

Tout d'abord un très grand merci à Babelio pour m'avoir tiré au sort pour masse critique. Cette fois j'ai été très heureux d'être tiré au sort, d'abord parce que je n'ai choisi qu'un livre (j'avais zappé), et ensuite parce que j'ai pu retrouver cet auteur dont j'avais déjà lu L'aigle de sang.

Même si L'aigle de sang m'avait laissé mitigé, j'avais apprécier la qualité de l'auteur dans son style et son culot. Ce deuxième roman de l'auteur m'a complètement convaincu. Une chose ressort après la lecture de ce superbe roman, Jean-Christophe Chaumette est un visionnaire. Car le livre a été écrit il y a des années, et il résume superbement le merdier dans lequel l'espèce humaine se trouve et le plus gros merdier vers lequel on se dirige. C'est dit d'une façon crue mais ça résume impeccablement la superbe écriture de ce roman. Un roman sonnette d'alarme comme je les appel. Sonnette d'alarme qui à apparemment n'a pas servi à grand chose. Et oui l'espèce humaine est la plus pathétique des espèces. Et c'est pas une poignée d'écologistes, ou a naïveté de la jeunesse qui va y changer grand chose tant que le pognon et la corruption dirigeront toujours notre monde. Changer les choses ne se fait pas à coup de slogan mais l'arme au poing. Et oui c'est comme ça que nos ancêtres ont changés les choses il y a fort longtemps.

En plus d'être une leçon écologiste le livre va plus loin et nous fait prendre conscience que pas mal de choses qui tournent pas rond dans notre univers. J'ai pris ce livre plus que comme une simple histoire mais comme une véritable leçon d'étique et de prise de consciences sur ce que nous sommes (des moutons) et ce que nous deviendrons très certainement si nous continuons à jouer selon les règles de ce ce monde (des animaux).

J'adore le début du livre tout particulièrement, on se croirait dans une sorte de Nigère ou pauvreté, saleté et misère sont le lot quotidien d'un univers en perdition. Au milieu de ce drôle d'univers le combat dans une arène de lutteur est le seul moyen de se divertir.

Ce livre est une véritable pépite, car chaque scène chaque mot employé par l'auteur touche notre être mais surtout notre société. Dans ce livre le Niwaâd semble le seul espoir. Mais qu'est-ce le Niwaâd ? Je dirais que pour le savoir la meilleure chose est de le lire. Même si le Niwaâd sera différent pour chaque personne qui lira ce livre. Mais une chose est certaine après la lecture vous ne regarderez plus votre voisin, le passant dans la rue de la même façon.

La plus grande leçon de ce livre est de savoir où vous vous placerez sur le grand échiquier de la vie de notre univers en perdition...
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Le commentaire de Martine :
Un bon récit qui nous présente un homme qui a perdu beaucoup de choses, en plus de sa fille. Sa fille tuée par un événement qui provoque une crise. Suite à cet incident, l'homme est blessé au genou, ce qui le laisse avec un boitement. Après, lors d'un rêve, le boiteux Nashugen entendit une voix qui lui lance un mot qui se réfère à une vieille légende.
Ce roman nous démontre une vision qui est assez réaliste de la folie, l'absurde, les secrets du clergé, l'origine du monde, toujours autour de cette légende. Au coeur d'une histoire qui met en scène des combats lors d'une quête qui peut sembler un peu meurtrière.
J'adore la plume prolifique de Jean-Christophe Chaumette, elle arrive toujours à me surprendre. Cet univers est vraiment bien décrit, et permet de l'imaginer, l'histoire est vraiment captivante, c'est un roman qui se lit très bien. Je recommande aux amateurs de science-fiction de lire Jean-Christophe Chaumette avec ses romans de SF qui mérite d'être connu.
Lien : http://lesmilleetunlivreslm...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Comme la plupart des gens, elle était friande de cybersexe, au point de se passer complètement de relations sexuelles avec d'autres humains. Elle avait toujours été plutôt déçue par ses rapports érotiques avec divers partenaires. Les quelques expériences homosexuelles qu'elle avait connues l'avaient totalement convaincue de son aversion pour les plaisirs saphiques. Quant aux mâles, elle les trouvait rustres et égoïstes. Le cybersexe garantissait l'obtention d'orgasmes intenses, la réalisation de tous les phantasmes, et surtout permettait d'éviter l'odieuse présence d'un intrus dans sa propre domosphère. Rien ne révulsait davantage Ève que de voir déambuler chez elle un homme arrogant et content de lui, se croyant tout permis parce qu'elle l'avait laissé jouir de son propre corps.
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— Je suis lutteur itinérant. Depuis des années, je fais chaque nuit le même songe où il est question de quelque chose, ou de quelqu’un que je dois trouver. Je ne sais même pas de quoi ou de qui il s’agit, je n’avais même jamais entendu autrement qu’en rêve le mot qui désigne l’objet de ma quête, jusqu’au jour où un autre lutteur l’a prononcé devant moi…
— Tu as sûrement obtenu des renseignements de cet homme !
— Non, je l’ai tué…
Slim Ali N’Dinga Opungwo ne put s’empêcher d’avoir un mouvement de recul, mais Nashguen posa une main sur son épaule de manière apaisante et continua à parler :
— Je n’avais guère le choix, tu sais. Je l’affrontais dans un combat, et si je ne l’avais pas fait, c’est lui qui m’aurait réduit en bouillie. Le problème, c’est qu’il a parlé de ce qui m’intéresse juste avant la rencontre, et nous n’avons guère eu l’occasion de discuter ensuite. Mais son entraîneur m’a donné quelques indications utiles. J’ai appris que le mot mystérieux de mon rêve, ce lutteur l’avait entendu dans une légende racontée par un saltimbanque, qui m’a dit tenir cette histoire d’un baladin que j’ai également retrouvé, et qui l’avait apprise d’un musicien qui lui-même l’avait entendue dans un concert… J’ai ainsi voyagé vers l’Ouest pendant des mois, de conteurs de foire en gratteurs de guitare, j’ai entendu des dizaines de chants et de contes qui évoquent l’étrange mot de mes songes, et dont aucun ne raconte la même chose. Et je suis arrivé jusqu’à toi.
— Quel est donc ce nom qui hante tes nuits ?
— Niwaâd…
Slim Ali frémit et son front se couvrit de sueur. Il jeta plusieurs regards inquiets autour de lui pour vérifier que personne ne les épiait.
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La plupart des adultes (...) n'ont pas de respect pour les enfants, ils les considèrent seulement comme des êtres faibles, faciles à dominer, à exploiter. Nous vivons un temps où l'humanité n'a pas plus d'égards pour les futurs réceptacles de son eau vive qu'une bande macaques n'en aurait pour la vaisselle de porcelaine d'une maison abandonnée... Si tous les vases sont brisés, le liquide cristallin retombera au sol, reviendra à la boue originelle, et le travail des générations précédentes sera anéanti. Je veux préserver ces vases précieux que sont les enfants. je veux effacer ce monde mauvais et faire place à quelque chose de différent.
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- Nous sommes l'avenir de l'humanité, nous sommes ce que vous autres adultes devriez considérer comme précieux et sacré. Un enfant est comme une jarre dans laquelle ses aînés déversent ce qu'ils ont de meilleur en eux, la partie limpide d'une eau trouble longuement décantée pour en éliminer les impuretés. L'enfant devenu homme laissera à son tour se déposer les scories les plus épaisses et les plus noires de l'eau transmise par ses parents, et emplira sa descendance d'un liquide encore plus pur. Que chacun agisse ainsi, et un jour il y aura des êtres dont l'âme sera transparente comme du cristal...
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Chacun peut imaginer ce qu'il veut, prétendre comme le fait le clergé qu'il s'y trouve des dieux qu'il convient de vénérer, ou croire qu'il s'agit de démons vomis des entrailles de la terre, ou d'êtres célestes descendus des étoiles... Moi, je songe plutôt à une entité seule, infiniment puissante et immatérielle, un peu comme un ouragan, une de ces monstrueuses tempêtes auxquelles il m'a été donné d'assister, mais douée d'une intelligence et d'une volonté propre... Quoiqu'il en soit, nous ignorons tout de... de ça! Je ne sais même pas si je dois dire eux, ou il, ou elle... Nous ignorons si c'est unique ou multiple, masculin ou féminin, physique ou éthéré, nous ignorons si ça existait longtemps avant l'homme, ou si c'est arrivé après... Nous ignorons si ça nous a créés, si ça a des projets pour nous, ou si ça ne se préoccupe pas plus de nous qu'un paysan des fourmilières dans son champ...
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