Ce livre de méditations est aussi une analyse des différents sens que l'on peut attribuer au mot « beauté » et, fait important,
François Cheng évoque explicitement la Beauté telle qu'elle est perçue par les Chinois.
« Si nous sommes chinois », ai-je dit. Parce que les Chinois sont des adorateurs de la Nature et qu'ils affectionnent les métaphores. La
poésie chinoise, par une pratique ininterrompue durant trois millénaires, a littéralement transformé tous les beaux éléments de la nature en métaphores. Celles-ci cristallisent en elles tout le sensoriel, tout le charnel de l'univers vivant. Si, aux yeux des poètes chinois, la femme apparaît comme un miracle de la Nature, c'est parce qu'ils ont vu en elle une sorte de « concentré » des beaux éléments de la Nature, et que bien des métaphores peuvent être, tout naturellement, appliquées à son corps. Lune, étoile, brise, nuage, source, onde, colline, vallée, perle, jade, fleur, fruit, rossignol, colombe, gazelle, panthère, telle courbe, tel méandre, telle sinuosité, telle anfractuosité, autant de signes d'un mystère sans fond. p.49-50