En effet, par une coupable ingratitude du pays envers ses morts glorieux, on n'a songé que tardivement à présenter l'oeuvre de Barye à l'Exposition universelle de 1878, et celui de Carpeaux a été oublié par la classe des beaux-arts. Des reproductions de ses ouvrages figuraient, il est vrai, dans les classes du bronze et de la terre cuite, où elles étaient dispersées et présentées sous un aspect commercial. Sans insister sur les déformations et les infidélités de toute sorte que les modèles originaux subissent en ces
reproductions et contre lesquelles Carpeaux mourant protestait avec énergie par un document authentique, il est douloureux de constater en quelle ombre officiellement on a laissé tomber la mémoire du grand artiste.
Dans la mesure de notre action, ne laissons pas un injuste silence s'établir autour de ce nom de CARPEAUX qui mérite d'occuper une des pages les plus glorieuses dans l'histoire de l'art français.
Ce qui soutient le statuaire dans cette lutte contre la matière, c'est que rarement il perd de vue le résultat poursuivi. Sous les opacités de l'argile et du plâtre, il ne voit que la transfiguration finale, le jour glorieux de la résurrection dans le paros et l'airain.
A de telles lacunes d'éducation et d'instruction qui sont graves dans la société moderne, il put suppléer, au moins en grande partie, dans son art par sa belle intelligence, par l'élévation de son caractère et sa noblesse de coeur. Mais dans la pratique du « monde », qu'il recherchait avec la passion d'un « parvenu », il ne réussit point à les masquer assez pour n'en pas souffrir et faire souffrir ceux qui l'aimaient.
Le matériel du statuaire est, comme celui de l'écrivain,—et plus encore, particulièrement ingrat.