Le berceau

Alors que Joseph achève avec le plus grand soin le berceau de sa petite-fille à venir, le téléphone sonne. le sexagénaire ne décroche pas, trop accaparé par sa tâche. Pourtant, la sonnerie se fait bien insistante, inhabituelle. Et Joseph comprend. C'est le genre d'appel qui nous terrifie tous, celui qui annonce un drame et qui nous laisse sans voix, nous terrasse. L'avion dans lequel se trouvait son fils Emmanuel et son beau fils Béranger, a disparu en pleine mer. L'annonce est brutale, vertigineuse. Joseph est déjà veuf, mais la perte de son fils est soudaine, si violente. Il lui est impossible d'exprimer sa douleur. Son âme pleure mais lui reste mutique. Cependant malgré l'horreur, une lueur d'amour et d'espoir demeure : sa petite-fille grandit toujours sagement dans le ventre de sa mère porteuse au Canada. Joseph, qui n'a jamais quitté sa Normandie natale et ses vaches, n'hésite pas longtemps. Bien décidé à rencontrer sa petite-fille et à reconstituer un semblant de famille, il se précipite, non sans effroi, dans le premier avion direction outre-Atlantique.

Le berceau, c'est une belle histoire d'amour intergénérationnelle qui séduira les lecteurs sensibles. C'est le récit douloureux d'un deuil et l'espoir d'un amour à venir. C'est le parcours d'un homme bourru qui n'a jamais été très présent pour ses enfants, et qui voit ses forces décuplées pour les beaux yeux d'une petite demoiselle même pas encore née. Fanny Chesnel nous y propose des personnages hauts en couleur et attachants, et vous serez séduits aussi bien par Joseph que par Abigail et son Arcadie. Si la lecture a été plutôt agréable, je vous avoue que ce roman est assez loin de mes habitudes de lecture. Amatrice des grandes fresques réalistes et très sombres du XIXe siècle, j'admets que le berceau est un peu trop édulcoré pour moi, même si le message est beau. Mais si vous aimez les romans feel-good, foncez ! Vous serez assurément séduits.