La fille aux cheveux blancs.

Bienvenu dans le monde légèrement incongru des opéras de propagande maoïste ! Pile le genre de chose qu'un occidental ne croise généralement que par accident. Je ne saurais d'ailleurs jamais ce que faisait un extrait sur cette vieille cassette audio, après la ‘Sonate au clair de lune'.

Si vous avez vu ‘Adieu ma concubine', vous savez que la Chine a une tradition d'opéras quasi millénaire. Les plus illustres, tels ‘Le pavillon aux pivoines', étaient connus de presque toute la population de l'empire. Logiquement, le style fut donc repris pour la propagande et propagé dans toute la Chine au moment de la Révolution Culturelle. Celui-ci fut l'un des plus célèbres et les plus joués.

L'histoire, assez basique, se déroule pendant la guerre civile chinoise. Pour solder une dette, la jeune Xié devient l'esclave d'un riche propriétaire terrien. Son fiancé, Wang, fuit et s'engage dans la Huitième Armée de Marche – les révoltés communistes. Violée par son maître, la jeune fille s'enfuit et vit cachée dans la montagne, où ses cheveux blanchissent tant sa vie est dure. Elle est délivrée par l'arrivée de Wang et de l'armée rouge. Elle peut épouser son ancien fiancé ; les riches propriétaires sont ridiculisés et chassés.

Méchanceté des capitalistes, misère de la paysannerie, arrivée triomphale de l'armée rouge. Des ressorts on ne peut plus basiques, pour une œuvre destinée à embrigader la grande masse de la paysannerie chinoise, misérable et illettrée. Il fallait également lui rappeler la dureté de son ancienne condition pour lui faire un peu oublier les dizaines de millions de morts du Gand Bond en Avant. On notera l'importance accordée à l'art dans la propagande, et l'illustration d'un des principes de base du maoïsme : le moteur de la révolution n'est pas la classe ouvrière mais la paysannerie…

Petite plongée dans un monde inconnu destinée aux curieux. Pour l'opéra, on peut en trouver des extraits sur Internet. Mais il n'est conseillé qu'aux amateurs de découvertes musicales particulièrement dépaysantes…