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4,05

sur 375 notes
Gouri revient sur un coin de terre qu'il a abandonnée depuis quelques temps… le coin ? la zone de Tchernobyl… il débarque un soir, en moto, avec sa remorque, son casque trop petit, avec ce sentiment de retour à la case départ mais avec le poids de cet endroit irradié, angoissant, toujours terrifiant.

Il fait étape chez des amis… dont l'un est salement amoché depuis, la peau se détachant lentement, inexorablement, croisant des vieux exilés, un jeune garçon perdu… et un profiteur de villes pillées…

Antoine Choplin nous conte une histoire, somme toute simple, mais qui nous effleure notre âme et notre coeur… ce père qui traverse le désert irradié pour une porte… une simple porte dont les mensurations de sa fille, mourante, sont inscrites, mois après mois, année après année… du temps où la vie était belle à Pripiat…

Cette écriture poétique, ciselée au mot près … tout en détail mais émotion à chaque page… pas un mot de trop, mais du silence, un oiseau, un bruit, la nuit, et cette sinistre luminosité feutrée…

Encore un beau et émouvant roman d'Antoine Choplin !
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J'ai lu pas mal de livres, vu des documentaires et des séries , pour la plupart passionnants et richement documentés. Sur Chernobyl.
La fin du monde commence le 26 avril 1986 à Pripiat.
L'approche d'Antoine Choplin est parfaitement intemporelle.
Cet auteur merveilleux a l'art de se glisser dans la peau et l'âme de ses personnages pour apaiser la tragédie et penser l'impensable.
La poésie, le récit poétique plutôt ,rend son humanité à l'innommable , retisse des liens d'une étonnante fraternité et permet aux survivants de vivre et d'aimer.
En 124 pages d'une infinie délicatesse nous allons suivre, nous allons être Gouri , l'ukrainien à la drôle de moto.
Gouri est revenu de Kiev pour quelques jours.
Ils doit récupérer quelque chose à Pripiat et parler à son pote Iatov.
Iatov, comme beaucoup d'autres, est très malade..
Antoine Choplin nous embarque dans cette petite épopée avec tendresse, humour et vodka.
Et cela apaise, entre 2 gros livres et nos propres micro-tragédies du quotidien.
Une formidable respiration.
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Faire se côtoyer l'horreur et la poésie...
Telle est l'étrange alchimie à laquelle se livre Antoine Choplin dans "La nuit tombée".
Ses héros survivent -ou pas- à l'accident nucléaire de Tchernobyl. Certains d'entre eux persistent à vivre chez eux, à proximité de "la zone", hantant des villages par ailleurs désertés.
Gouri, lui, a saisi l'opportunité d'un poste d'écrivain public à Kiev pour quitter, deux ans auparavant, sa ville natale. Mais le drame l'a suivi, sous la forme de l'insidieuse maladie qui touche sa fille Ksenia. C'est pour elle qu'il fait aujourd'hui le chemin en sens inverse : il se rend à Pripiat au volant de sa moto; il y a attelé une remorque de sa fabrication dans le but d'y rapporter la porte de l'ancienne chambre de Ksenia, sur laquelle sont gravés des extraits de poèmes, et les repères témoignant de la croissance de la jeune fille.
Il fait halte à Chevtchenko, où il rend visite à ses amis Véra et Iakov, qui font partie de ces "résistants" qui n'ont pas voulu quitter leur maison. Iakov, gravement malade, est méconnaissable et extrêmement faible.

Le mal est presque invisible. Il a doucement mais invinciblement envahi, investi villes, villages et sites naturels, les recouvrant d'un imperceptible fluide délétère et poisseux. C'est pour cela que l'évacuation est souvent mal acceptée : on pleure davantage la perte du foyer, de l'environnement familier, que l'on ne craint les dangers de cette radioactivité impalpable.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Gouri sur sa moto traverse la campagne Ukrainienne ; il retourne dans sa ville sinistrée , récupérer la porte de la chambre de sa fille.
Un arrêt pour revoir ceux qui sont encore là ou plus pour longtemps et parler des souvenirs en buvant de la vodka ..

**********************

Avec une petite histoire toute simple , Antoine Choplin nous raconte un voyage à moto , un beau roman tout en douceur malgré un sujet dramatique .
Un roman court , simple , poétique , pleins d'émotions , comme un paysage qui défile devant nous .


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Une petite ville près de Tchernobyl. Une zone interdite évacuée et "nettoyée" depuis longtemps. Autour, des villes et des villages où vivent des hommes et des femmes, qui survivent, écorchés au propre comme au figuré. Ceux qui ont survécu voient leurs peaux partir en lambeaux, à l'image de leurs vies d'avant qui sont elles aussi parties en morceaux. Ils ont emporté ce qu'ils ont pu. Les bulldozers et les trafiquants ont fait le reste.
Ce dont nous parle Antoine Choplin, de son écriture toujours aussi pudique et sensible, c'est du désir, qui va devenir besoin, de retourner là-bas, d'aller revoir son enfance, ses souvenirs, tâcher d'y retrouver un objet, dernier témoin d'une vie, d'un parent, d'un enfant désormais perdus.
Il ne faut pas y aller, dit l'un, qui y est allé lui-même plusieurs fois, et accompagnera encore celui qui veut juste récupérer une porte. Oui une porte qui garde les traces de l'enfant perdue, les encoches faites pour marquer sa taille, les dessins qu'elle griffonnait, porte qui servit de civière pour un père malade.
Qui n'a jamais tout perdu brutalement ne comprendra peut-être pas cette obstination à vouloir retourner dans le passé, serait-ce au risque d'en mourir.
Antoine Choplin sait montrer la part d'humanité au milieu de ce monde désespérant, et on l'en remercie.
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"Il y a eu la vie ici
Il faudra le raconter à ceux qui reviendront
Les enfants enlaçaient les arbres
Et les femmes de grands paniers de fruits
On marchait sur les routes
On avait à faire
Au soir
Les liqueurs gonflaient les sangs
Et les colères insignifiantes
On moquait les torses bombés
Et l'oreille rouge des amoureux
On trouvait du bonheur au coin des cabanes
Il y a eu la vie ici
Il faudra le raconter
Et s'en souvenir nous autres en allés"

Oui, il y avait de la vie à Tchernobyl. Avant...

Après, la mort ou la maladie. Un mal inhumain qui vous ronge inéluctablement.
Les survivants ont été déplacés, de gré ou de force : une zone immense est devenue inhabitable pour des années, ou plutôt, pour des milliers d'années.

Gouri qui habitait près de la centrale, veut revenir dans la zone interdite, non par bravade ou inconscience, mais pour récupérer un souvenir dans sa maison. Un souvenir précieux.
Sa quête l'amène à retrouver au passage des amis d'autrefois avec lesquels, autour d'un verre de vodka, il fait revivre le monde perdu.
Les souvenirs de la vie d'avant s'entremêlent à l'horreur du présent. Presque tout a été détruit, le peu qui reste est fortement contaminé, seule demeure un peu de chaleur humaine chez les survivants.

À travers ce court roman, l'auteur arrive à faire comprendre au lecteur toutes les conséquences de la tragédie.
Le contraste entre la douceur des mots et la noirceur de la réalité est très réussi, et c'est ce qui fait, à mon avis, l'intérêt du livre.
Certaines scènes sont saisissantes, comme celle dans laquelle un homme raconte la destruction de sa maison, à laquelle il a assisté. Aux abords de la centrale, les taux de radiation étaient tels, qu'il a fallu tout enterrer. Démolir et enterrer. Tant pis pour tous les objets, tant pis pour tous les souvenirs, tout a été ramassé par des pelleteuses et enfoui. "Comme une merde de chien."

Petit texte, grande émotion.
Antoine Choplin a su mettre un peu de poésie dans la tragédie et allumer quelques petites flammes d'humanité dans l'inhumain.
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Une émouvante tendresse s'attache aux personnages croisés durant cette incursion dans la désolation des abords de Pripiat. Une dignité retrouvée.
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Que peut-on opposer de mieux que la poésie à l'horreur d'une catastrophe nucléaire? le voyage de Gouri est un pied de nez à la mort, un symbole de puissance de la Vie sur la fatalité. Une belle histoire, parsemée de vers luisants (je parle des poèmes "radio-ré-actifs" de notre héros) qui nous fait découvrir cette zone interdite parsemée de dangers à travers les yeux de cet écrivain nostalgique des belles années.
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Livre découvert dans l'émission "La grande librairie" du 30 mai 2013, emprunté à la bibliothèque dès le lendemain et dévoré en quelques heures.
Gouri, avec sa moto et sa remorque retourne vers son village de Pripiat, village fantôme, déserté après la catastrophe de Tchernobyl.
Sur son chemin Gouri s'arrête chez d'anciens amis, d'anciens compagnons de travail dont certains vont mourir des suites de la catastrophe.
C'est beau, bref, sobre ...
J'aime cette phrase trouvée dans un article publié après l'attribution du prix "France télévision 2012" à Antoine Choplin :
"Choplin fait partie de ces écrivains fascinés par la peinture. On dirait presque, de ces écrivains qui pensent que la littérature est la peinture de ceux qui ne savent pas peindre."
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lu en 2015.
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