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Valclav Havel, dramaturge et essayiste tchécoslovaque, devient président de la République socialiste tchèque en 1989. Après la révolution de velours, cet opposant actif au pouvoir communiste remplace le président Gustáv Husák. Cette investiture, pour laquelle celui qu'on a souvent appelé le président-philosophe se fait un peu prier, met fin à plus de quarante ans d'oppression.

Antoine Choplin revient sur le parcours de ce personnage atypique et raconte sa rencontre avec un jeune garde-barrière alors que, bien qu'écrivain reconnu, les persécutions du pouvoir le contraignent à travailler dans une brasserie. Une amitié, qui est aussi improbable que sincère, entre un intellectuel et un homme simple (Tomas Kusar, c'est lui) proche de la nature, poétiquement (du pur Choplin) rapportée par l'auteur.

Cette histoire exemplaire, inspirée d'un fait réel, commence et se finit au château de Prague, alors que l'exercice du pouvoir n'a pas séparé les deux amis. Elle montre de Vaclav Havel une volonté indéfectible de résister à l'oppression, mais surtout une belle générosité et une très grande humanité. Voilà, sans aucun doute, un portrait très attachant de celui dont la vie a été qualifiée d'oeuvre d'art par Milan Kundera
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C'est le souvenir resté vif de son grand-père l'emmenant marcher le long des voies pour voir passer les trains qui a décidé Tomas d'entrer au chemin de fer. Quand lubvik le vieux garde barrière est mort, dans l'urgence le chef a demandé à Tomas d'occuper le poste le temps de trouver quelqu'un, et finalement il est resté. Tomas aime être dans la forêt et photographier les arbres, on se demande ce qu'il fait parmi les hommes il aurait dû naître oiseau. A Trutnov il n'y a pas beaucoup d'occasion de se divertir, à part le bal et le comptoir de la brasserie. Alors quand une troupe de théâtre s'installe, Tomas est attiré par les comédiens et surtout Vaclav qui a écrit la pièce. Peu de temps après Tomas va retrouver cet écrivain de théâtre qui vient travailler à la brasserie. C'est le début d'une solide amitié entre Tomas et Vaclav.

Nous sommes dans les années soixante-dix en Tchécoslovaquie, Husak et son gouvernement ont imposé la peur à la société tout entière, à tout moment la police peut s'immiscer dans votre vie, on demande aux gens de faire des rapports parce qu'on a des doutes , de trahir ou dénoncer leurs proches ou leurs collègues de travail. Tomas va cacher des écrits dissidents à son domicile. Dénoncé, Tomas perd son travail et s'installe chez Vaclav

Vaclav, sa compagne Olga, ses amis Marketa, Pavel, et Zdenek pensent que la culture peut-être un levier pour sauvegarder un espace d'expression, un peu de liberté. Tomas va s'engager avec eux. Pendant 10 ans de luttes parsemées de manifestations, d'arrestations, de pétitions, de perquisitions, d'emprisonnements L Histoire continue de s'écrire.

Un beau roman sur l'amitié qui nous raconte la lutte quotidienne d'hommes et de femmes pour sortir du joug communiste. Quelle riche idée d'avoir fait de ce lien sans faille entre un modeste cheminot et un brillant intellectuel le symbole de l'engagement de milliers de personnes pour retrouver la liberté quel qu'en soit le prix à payer.
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Il aurait pu naître oiseau, Tomas le garde-barrière, l'homme taiseux, plus tranquille dans ses promenades bucoliques que dans la compagnie des hommes. Rien ne le destinait à cette amitié fraternelle avec un intellectuel de passage, qui l'amènera à réfléchir et s'engager en conscience politique.

Encore une fois, Antoine Choplin montre son talent pour construire des personnages à la marge et des situations insolites qu'il sait raconter avec humanité et douceur. Il offre en filigrane une image de l'ancienne Tchécoslovaquie sous joug communiste et la réalité du quotidien des individus, pris dans une moulinette de suspicion et de dénonciations.

Avec une économie de mots et cette façon minimaliste d'écrire, l'auteur nous tient sous le charme avec cette amitié simple et sincère entre un cheminot et le futur dirigeant du pays. Sur fond de nature reposante et sereine, jouant l'équilibre avec le danger, la clandestinité et l'opposition au régime, il nous laisse voir entre les lignes, comprendre le cheminement d'un homme dans la fidélité donnée, indéfectible.

Comme d'autres écrits tournés vers l'est (direction littéraire que l'auteur affectionne depuis quelques livres), c'est encore ici un petit roman pétri d'humanité, mettant en avant les destins des humbles dans un contexte difficile.

Du Choplin, évidemment!

4/5 étoiles
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C'est la petite histoire d'un cheminot confronté à la grande Histoire. C'est la petite histoire d'un garde barrière de Trutnov (Tchécoslovaquie) amoureux de la nature. C'est la petite histoire de sa rencontre avec un dramaturge dénommé Vaclav Havel, dissident du régime et futur président de la république. C'est l'histoire de leur amitié, de leurs années de cheminement côte à côte, de leur implication respective (évidemment plus intense pour l'un que l'autre) dans la révolution qui va bouleverser leur pays. C'est l'histoire de quelques jours dans la vie de Tomas Kusar par Antoine Choplin et comme d'habitude, je suis ressorti de ce roman admiratif et sous le charme.

Tout ce que j'aime chez Choplin est ici présent. La résistance, l'art, le portrait d'un homme de l'ombre, le portait d'un homme de peu, fragile comme la flamme vacillante d'une bougie au coeur de la noirceur du drame. L'écriture est toujours aussi dépouillée, le rythme lent et contemplatif, les silences omniprésents. Et toujours également ce respect absolu de l'écrivain pour ses personnages, cette tendresse et cette affection sincères qu'il leur porte en permanence, sans les ménager pour autant.

Tomas Kusar, tout en dignité, en justesse et en sobriété, entre en lutte à sa façon contre l'arbitraire. de son côté Vaclav Havel n'est pas un idéologue « prosélyte ». Il accompagne Tomas, l'initie à l'art, à la culture, participe à l'éveil de sa conscience politique et de son esprit critique. L'intellectuel engagé ne prend jamais le cheminot de haut, la condescendance n'ayant pas sa place dans leur relation. Un récit d'amitié et de fraternité simple et humble, comme une main tendue vers un engagement qui dépasse les clivages sociaux. C'est juste et touchant, il n'y a pas un mot de trop. C'est du Choplin pur jus.


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Une histoire d'engagement et d'amitié

Le roman s'ouvre sur l'arrivée au pouvoir de Vaclav Havel en 1989 comme président de la république fédérale tchèque, cérémonie à laquelle assiste Tomas. le récit va retracer le chemin parcouru par les deux hommes sur le chemin de l'engagement et de l'amitié.

Thomas Kusar est un jeune cheminot, garde barrière à Trutnov, petite ville tchèque. C'est un taiseux, un solitaire timide qui prend plaisir à regarder passer les trains et à photographier les oiseaux et les écorces des arbres de la forêt environnante.
Sa route croise pour la première fois Vaclav Havel lorsqu'une troupe de théâtre vient jouer une pièce dans la gare où il travaille, la troupe est chahutée par ses collègues mais le jeune homme rencontre à la fin de la représentation celui qui a écrit la pièce : Vaclav Havel
Cinq ans plus tard, Vaclav arrive travailler dans une brasserie de Trutnov et Tomas et Vaclav prennent l'habitude de se retrouver quotidiennement pour jouer aux échecs dans la brasserie en buvant de la bière.
Nous sommes dans une Tchéchoslovaquie où les habitants ont appris à vivre avec la présence de la police qui peut s'immiscer dans leur vie à tout moment, un pays où la délation sévit violemment. Vaclav est un intellectuel dissident opposant au régime communiste. Il se sait surveillé par la police mais il fait circuler des textes d'auteurs interdits de publication et poste avec ses amis des exemplaires de la charte qu'il a écrite pour la défense des droits de l'homme.

"Si on pouvait réussir à sauvegarder un espace d'expression un peu libre.
J'ai la conviction que la culture peut être un levier. Comme un outil de savoir et de plus grande conscience sur le monde."

Tomas devient rapidement son compagnon de résistance, il va même partager son intimité avec sa femme lorsque Vaclav lui propose de l'héberger. Pour Vaclav Havel s'enchainent des années avec des séjours en prison, des interrogatoires, des perquisitions.
J'ai trouvé particulièrement émouvants les dialogues entre Vaclav et son épouse Olga alors qu'il sait qu'il va être emprisonné.

" Par la distance au monde qu'elle m'impose, la prison peut me servir à ça.
A ces retrouvailles profondes avec moi même. Il ne s'agit de renoncer à ma vision du monde. Plutôt de me donner la chance de mieux réaliser ce que le monde m'impose."

"Les vins et les bons repas me manquent en prison. Mais beaucoup moins je crois que les livres et que la philosophie."

Inspiré d'une histoire vraie, ce roman retrace la rencontre et l'amitié entre un intellectuel et un ouvrier, l'histoire est originale et belle mais c'est, comme toujours avec Antoine Choplin, la façon dont elle est racontée qui lui donne tout son charme.

J'ai aimé découvrir la personnalité de Vaclav Havel, un homme engagé aux fortes convictions, un ami fidèle et loyal et un mari aimant, un homme peut-être un peu trop parfait?
J'ai aimé la personnalité de Tomas, son amour pour la nature, son embarras quand il veut écrire pour la première fois à son ami emprisonné, lui qui maîtrise si mal l'écrit. Un homme simple et humble qui mesure la chance qu'il a eu de s'ouvrir à la pensée de Vaclav Havel.
J'ai aimé la pudeur dans la relation entre les deux hommes, leur amitié sincère, honnête et franche.
J'ai aimé les dialogues entre Tomas et Vaclav un peu à la manière d'une pièce de théâtre dans laquelle les expressions et les sentiments sont décrits très sobrement "Tomas, traits du visage immobiles".
J'ai aimé le soin apporté aux détails, aux postures décrites avec une extrême concision, une écriture qui crée une atmosphère presque envoûtante. J'ai aimé les silences qui en disent plus que les mots et les regards qui "ressemblent à une poignée de main." J'aime la façon dont Antoine Choplin ne fait que suggèrer les choses...

Bref du grand Choplin avec son écriture toute en finesse, retenue et sobriété.
J'ai lu ce livre tout doucement pour bien le déguster, ce fut un vrai régal.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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C'est le premier roman que je lis de cette maison d'édition et quelle belle découverte !
Un livre qui met en avant l'amitié, dans toute sa noblesse et sa pudeur.
Celle qui n'a pas besoin de longs discours, celle qui se nourrit des silences qui la jalonnent et des petites actions qui conduisent aux grands destins.
Un livre qui met en lumière le courage. Celui, là aussi, qui se passe des longs discours.
Et au milieu soupire la forêt, sifflent les trains.
Et les camps se choisissent, laissant des larmes amères sur les joues.
Il y a de la grâce dans ce roman, de la profondeur et tant d'humanité !
Un titre à ne surtout pas rater et qui mérite que l'on parle de lui !
Lien : https://livresetbonheurs.wor..
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J'ai découvert Antoine Choplin en 2003 avec son premier roman Radeau. J'y suis revenu quelques années plus tard en 2009 avec Apnées et c'est là ma troisième incursion dans son oeuvre. Constant, j'ai plus ou moins tiré la même conclusion en achevant la lecture de chacun de ces trois livres : c'est bien mais ça ne me touche pas vraiment. C'est toutefois suffisamment bons pour que j'y revienne.

Dans le dernier en date, l'homme du titre, garde-barrière en Tchécoslovaquie, va voir sa vie bouleversée par sa rencontre avec Václav Havel, dramaturge et futur président de la République. le roman le suit durant les jours qui changeront son existence.

La suite sur mon blog.
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Tomas Kusar est garde barrière à Trutnov en Tchécoslovaquie, il aime se promener dans la forêt, c'est un homme de la nature, il aime plus particulièrement les arbres dont il photographie les écorces. Sa vie va changer à l'occasion du bal des cheminots une représentation théâtrale par une troupe de Prague, cette simple rencontre suffit à ce changement. Pourquoi ? Tomas croise pour la première fois la route de Václav Havel.
Ce roman retrace la rencontre et l'amitié entre un intellectuel et un ouvrier et permet à Antoine Choplin de nous parler avec beaucoup d'humanité, d'humilité des activités dissidentes, de la lutte pour les libertés, l'engagement pour un monde meilleur et ce que cela peut consentir de sacrifices, de risques, de solidarité…
La beauté de ce roman passe par l'écriture concise, suggestive de l'auteur, par sa manière d'écrire les silences qui en disent plus que les mots, de s'emparer un moment, d'un temps de vie. Un roman tout en finesse, sobriété comme tous les romans de cet auteur.
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Beaucoup de douceur, d'humanité, de tranquillité dans ce roman qui pourtant parle de dissidents, de gens qui s'opposent au pouvoir en place et qui sont arrêtés, interrogés, emprisonnés. Mais leur soif de liberté est plus forte, ils courbent l'échine, le temps que l'orage passe et qu'ils puissent se relever sans crainte. Pas pour revendiquer une quelconque fierté ou de vagues avantages le jour où leur combat sera gagné. Non, Tomas est modeste, discret et le restera jusqu'au bout. Lui, c'est un homme de la nature, il aime les arbres, les fleurs, il photographie les écorces simplement sans se douter que ses clichés peuvent être formidables. Antoine Choplin écrit admirablement ces passages : "Les blessures d'écorces, voilà ce à quoi il se consacrait ces derniers temps lors de ses promenades, photographiant les plus singulières d'entre elles. Discrètes ou béantes, sculptées en relief ou en creux, traits d'élégance ou plaies difformes. Et c'est au tronc des bouleaux, clair et soyeux, qu'elles lui semblaient, plus que sur les autres essences, prendre toute leur force." (p.79/80).

D'une manière générale, ce roman est beau, humain, foncièrement humain : Vaclav et Tomas se parlent peu, tout passe par la description de leurs attitudes, pas les non-dits. C'est une amitié forte qui se forge dans des moments difficiles. Naturel aussi, j'en parlais plus haut, car Tomas ne peut rester loin de la forêt. Il ne peut respirer que s'il y a des fleurs, des oiseaux et/ou des arbres autour de lui. Tout découle naturellement dans l'ouvrage, comme si le romancier se contentait de nous relater des évidences, . La simplicité en littérature demande du travial et n'est pas le plus aisé à obtenir, Antoine Choplin y parvient. On a l'impression qu'il nous chuchote son texte à l'oreille ou qu'il le lit tout bas à quelques privilégiés rassemblés dans une pièce confortable. Un tel roman si sensible, si humain, si discret, si simple ne peut se déclamer, il nécessite du calme. Tout cela est étonnant parce que le thème n'est pas particulièrement joyeux et calme, Vaclav Havel a quand même fait des séjours en prison, ses camarades itou, mais sans rien occulter et en ayant l'impression qu'il en dit peu, Antoine Choplin réussit cette prouesse.

Bon, j'arrête là, parce que je sens que je vais partir dans une dithyrambe tant je suis encore sous le charme...
Lien : http://www.lyvres.fr
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