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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est par le biais de Driss Chraïbi que je découvrais par la même occasion (et dont je lirai d'autres livres tant j'ai apprécié sa plume et son humour) que j'ai pu aller à la rencontre de l'émancipation progressive d'une mère de famille, dans le Maroc des années trente, racontée par ses deux fils, chacun à leur manière, dans deux actes intitulés respectivement Être et Avoir.

J'ai énormément aimé ce roman, qui transpirait l'amour filial par toutes ses pores. Ces deux jeunes hommes, par ailleurs assez différents l'un de l'autre, qui font en sorte que leur mère éclose et s'ouvre au monde à une époque et dans un pays où ce n'était pas la norme culturelle et religieuse, la remise en question du père, le caractère joyeux et combattif de leur maman, et l'humour qui s'invite à chaque page (avec des expressions savoureuses dont j'espère me resservir un jour !), tout cela m'a fait passer un moment très agréable.

Bien sûr, il faut replacer cet écrit dans son contexte. S'il avait été écrit à notre époque, je l'aurais trouvé fantasque et assez caricatural, mais il est paru en 1972, et se déroule il y a presqu'un siècle… et en le recontextualisant, je le considère au contraire d'une certaine modernité, et touchant qui plus est.

Cette femme, orpheline, mariée à treize ans avec un homme bien plus âgé qu'elle, et qui va découvrir, au fur et à mesure des interventions de ses fils, la radio, l'électricité, le téléphone, puis, en sortant de chez elle comme elle ne l'avait plus fait depuis son enfance, les parcs, cinémas et belles demeures… cette femme qui va apprendre à lire, devenir boulimique d'apprentissage pour rattraper le temps perdu, cette femme qui va se remettre en question, remettre sa vie en question, se mettre à vivre… cette femme touchante, aimante, intelligente, cette femme m'a émue.

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Deux fils racontent la vie de leur mère à laquelle ils vouent un amour sans bornes. le récit se déroule dans les années 1930 au Maroc. La mère de l'auteur a été mariée à treize ans, n'est jamais sortie de son village et est analphabète. Grâce à ses fils, elle apprend à lire, s'instruit, s'ouvre au monde extérieur, se déplace (apprend même à conduire), sort de son univers clos géographiquement et intellectuellement. Elle s'ouvre à la culture, passe des examens et s'intéresse aux conflits (seconde guerre mondiale et guerre d'indépendance). Beaucoup de tendresse, d'optimisme et d'humour (la mère ne comprend pas pourquoi elle ne peut pas rencontrer le Général de Gaulle qu'elle admire pour lui faire part de son opinion).
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Un roman qui se divise en deux parties, deux points de vue sur un même personnage : la mère de deux jeunes garçons. La première partie correspond à celle de l'enfance, de l'adolescence de Driss où il décrit sa mère, elle aussi d'une certaine manière est en train de naître et de découvrir la vie. On la décrit comme une femme soumise, qui ne sort jamais, complètement naïve, qui ne connaît pas le monde qui l'entoure, qui ne connaît pas son propre pays. Les deux garçons vont la faire sortir de cette prison.
La deuxième partie c'est une renaissance, ou plutôt la vie enfin découverte. Najib, le deuxième fils accompagne sa mère, veut la protéger dans ce qu'elle entreprend. La mère n'est plus la femme de... ou la mère de ... comme son pays, elle veut gagner son indépendance. Elle devient femme à part entière, une émancipation.
Le roman est donc partitionné ainsi, deux moments, deux vies en une. C'est d'une part très intéressant psychologiquement de se plonger dans la vie de cette femme, singulière, avec sa personnalité propre mais qui est aussi l'exemple, la voix de toutes les autres femmes. Elle aspire d'ailleurs à un élan commun des autres femmes jusqu'à les éduquer elle-même, après avoir reçu une éducation qu'elle n'avait jamais eue. Et culturellement, c'est intéressant de se trouver dans une autre époque, dans les années 30 puis pendant la guerre. Et tout le long, le récit a en germe le désir d'indépendance du pays, la relation aux Européens, une sorte d'amour et haine à la fois. Une haine de l'étranger, celui qui se sert du peuple pour l'exploiter, le sacrifier à la guerre et au cours du roman une admiration quant à l'émancipation, la culture accessible à tous. La mère qui rejette l'Europe au début du roman veut la découvrir à la fin, elle a soif d'apprendre.
Et pourtant dans le roman, le monde existe finalement très peu, les autres sont peu présents, à part un soldat, les autres sont des entités : les femmes au téléphone, les copains du fils, les ouvriers du père. On a presque affaire à un huis-clos familial, tout se passe dans la maison, lieu central, lieu de l'enfermement, mais lieu de la complicité, du secret, le lieu de l'information par la radio et le téléphone.
Un beau message que ce livre, un récit féministe, un roman d'amour d'une mère, d'une femme qui découvre son pays le monde.
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Quelle bonne idée de nous rappeler ce livre ! Je l'ai lu et fait lire peu de temps après sa sortie et je l'ai gardé en mémoire... il est temps de l'intégrer dans ma liste incomplète, sans début... et sans fin. Sans aucun doute celui-ci est à lire et je le recommande.
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Maroc, années 30. Deux fils encouragent leur mère à s'éveiller au monde.
Inattendu et magnifique !
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