Maroc, Casablanca, entre les années 1930 et l'indépendance.
L'arrivée des premières inventions du confort moderne -la radio, la cuisinière, le téléphone, le fer à repasser- racontée par les yeux et les mots de deux adolescents. Observant les réactions étonnées et incrédules de leur mère, ils s'écrient : "
La civilisation, ma Mère ! ".
Une mère qui, mariée à seize ans à un homme qui aurait pu être son père, n'est jamais sortie de chez elle, depuis son mariage. Ce sont ses fils, qui font entrer chez eux la modernité et qui, à l'insu du père, feront sortir leur mère du domicile familial, pour l'emmener au cinéma et au bal.
Un mari qui, d'abord hostile à cette émancipation, découvrira en son épouse une seconde femme, l'admirera et l'aimera plus qu'avant. Poussée par ses fils, elle apprendra à lire et à écrire. Dans ce monde de l'après-guerre et à l'heure de l'indépendance marocaine, elle deviendra "la conscience d'un monde inconscient" (page 172).
La civilisation, ma Mère ! nous offre un aperçu de la condition féminine traditionnelle, que ces années vont faire évoluer à grands pas. A travers les yeux des enfants, le récit n'est pas dénué d'humour, même si je l'ai trouvé décousu et inégal.
J'y ai néanmoins glané quelques expressions amusantes ("un silence de marée basse" ; "un sourire de député") et appris comment on mesure une pointure de chaussure : somme de la longueur du pied, de la largeur du "coup de pied" et de celle du talon (page 59).