La maison biscornue

"𝘊'é𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘷𝘪𝘭𝘭𝘢, 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘥𝘦 𝘱𝘳𝘰𝘱𝘰𝘳𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘴𝘪 𝘦𝘹𝘢𝘨é𝘳é𝘦𝘴 𝘲𝘶'𝘰𝘯 𝘢𝘷𝘢𝘪𝘵 𝘭'𝘪𝘮𝘱𝘳𝘦𝘴𝘴𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘷𝘰𝘪𝘳 𝘴𝘰𝘶𝘴 𝘭𝘦 𝘨𝘳𝘰𝘴𝘴𝘪𝘴𝘴𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥'𝘶𝘯𝘦 𝘭𝘰𝘶𝘱𝘦 é𝘯𝘰𝘳𝘮𝘦, 𝘶𝘯𝘦 𝘷𝘪𝘭𝘭𝘢 𝘲𝘶𝘪 𝘢𝘷𝘢𝘪𝘵 𝘭'𝘢𝘪𝘳 𝘥'𝘢𝘷𝘰𝘪𝘳 𝘱𝘰𝘶𝘴𝘴é 𝘦𝘯 𝘷𝘪𝘯𝘨𝘵-𝘲𝘶𝘢𝘵𝘳𝘦 𝘩𝘦𝘶𝘳𝘦𝘴, 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘶𝘯 𝘤𝘩𝘢𝘮𝘱𝘪𝘨𝘯𝘰𝘯, 𝘶𝘯𝘦 𝘪𝘯𝘷𝘳𝘢𝘪𝘴𝘦𝘮𝘣𝘭𝘢𝘣𝘭𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘵𝘳𝘶𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯, 𝘵𝘰𝘶𝘳𝘮𝘦𝘯𝘵é𝘦 à 𝘭'𝘦𝘹𝘤è𝘴."

Renversé dans un fauteuil, j’allumai une cigarette.
- Aristide Leonidès ? demandai-je.
Il me dévisagea une seconde, sourcils froncés.
- Qu’est-ce qui te fait dire ça, Charles ?
- Alors, je ne me trompe pas ?
- Comment as-tu déviné ?
- Un tuyau.
Il attendait. J’ajoutai :
- Et un tuyau sûr.
- Voyons ce que c’est !
- la chose ne va peut-être pas te plaire, repris-je. Quoi qu’il en soit, voici ! J’ai fait la connaissance de Sophia Leonidès au Caire, nous nous aimons et j’ai l’intention de l’épouser. Je l’ai vue ce soir. Elle a dîné avec moi.
- Dîné avec toi ? A Londres ? Je me demande comment elle a fait. Toute la famille a été priée – oh ! Très poliment – de ne pas bouger de chez elle.

Je me suis toujours intéressé aux enquêtes policières de mon père, mais je n’aurais jamais pensé que l’une d’elles me passionnerait pour des raisons directes et personnelles.
Je ne l’avais pas encore revu. Il n’était pas à la maison lors de mon arrivée et, baigné, rasé, changé, j’étais tout de suite sorti aller rejoindre Sophia. Quand je revins, Glover me dit que mon père était dans son cabinet. Je le trouvai assis à son bureau, le nez plongé dans des papiers. Il se leva à mon entrée.
- Charles ! Un moment qu’on ne s’est vu !
Notre reprise de contact, après cinq ans de guerre eût paru bien décevante à un Français. Pourtant, nous étions l’un et l’autre réellement émus. Le pater et moi, nous nous aimions bien et nous nous comprenons.
- J’ai un peu de whisky, dit-il tout en emplissant un verre. Arrête-moi quand tu en auras assez ! Je suis désolé de n’avoir pas été à la maison pour t’accueillir à ton retour, mais j’ai du travail par-dessus la tête et je n’avais certes pas besoin de la fichue affaire qui me tombe dessus aujourd’hui !

Tout était propre, bien rangé, facile à trouver pour qui en aurait besoin, et tout aussi facile à trouver pour un assassin.

Le coin grouille de policiers. Ils vous sautent dessus à tout bout de champ. Certains ont une tête qui ne me revient pas. Un garçon qui a fréquenté une école convenable ne devrait pas entrer dans la police.

Son air très anglais avait tout pour séduire quelqu'un qui, comme moi, n'avait pas revu sa patrie depuis trois ans. Personne ne pouvait avoir l'air plus anglais, me dis-je. Et au moment où je me le disais, je me demandai si elle était - s'il était possible qu'elle soit aussi anglaise qu'elle le paraissait. La réalité atteint-elle jamais la perfection d'une mise en scène ?

C'est une grave erreur de parler quand on ne vous demande rien.

Dieu sait combien d'enfants ont essayé de sortir un bébé de son landau pour le noyer, pour la seule raison que le nourrisson captait toute l'attention des autres ou se mettait en travers de leurs plaisirs.

un enfant transforme son désir en action sans le moindre scrupule. S'il est fâché contre son chat, il va lui dire "Je vais te tuer", et il va lui taper sur la tête d'un coup de marteau. Ensuite, il aura le coeur brisé parce que son chat ne revient pas à la vie.

- Vous voyez, je n'aurais jamais tué quelqu'un pour de l'argent. Je n'aime pas l'argent.
A n'en pas douter, elle pensait exactement ce qu'elle disait. Clemency Leonidès était une de ces rares personnes qui sont insensibles à l'argent. Qui détestent le luxe, lui préfèrent l'austérité et se méfient de la possession.
Cependant, il en est qui pour être personnellement insensibles à l'argent, peuvent être tentés par le pouvoir qu'il confère.