Le mystère de Listerdale

Dans mon métier, nous aussi, nous faisons des expériences. Pour distinguer un meurtre d'une mort naturelle, par exemple. Nous mettons les faits en équation. Nous les soupesons. Et, nous aussi, nous analysons le résidu après en avoir soustrait, si j'ose dire, le poids des préjugés et l'imprécision commune des témoignages. Mais il y a un test qui réussit toujours. Extrêmement précis, mais très dangereux !... Un meurtrier ne se contente jamais d'un seul crime. Donnez-lui un peu de temps. Endormez sa méfiance. Il en commettra un autre. On arrête un bonhomme : a-t-il tué sa femme, ou pas ? Si l'affaire n'est pas claire, remontez dans son passé. Si vous découvrez qu'il a déjà été marié plusieurs fois, et que ses épouses ont quitté ce monde de manière... - disons étonnante - ... alors, vous êtes sûr. On ne peut pas déclarer cela sous serment devant un tribunal, c'est évident. Vous tenez cependant une certitude psychologique. Et, une fois que vous êtes sûr, vous n'avez plus qu'à partir à la recherche des preuves.

- Allons, mon vieux ! Cette dame était innocente… Vous venez de le dire !
- Moi ? Je n’ai rien dit de semblable. J’ai dit qu’on l’avait acquittée.
- C’est la même chose.
- Pas toujours.

- Notre mariage semble devoir être de ceux que l’on fait au ciel et que l’on approuve sur Terre, dit George. Habiterons-nous Rowland’s Castle ? On me fera certainement lord-maire si vous êtes ma femme. Élisabeth, ma chérie, je vais contrevenir aux règlements des chemins de fer, je vais vous embrasser !

- Vous me rendrez raison ! s’écria le jeune étranger. Nous nous battrons !
- Pardon ?
- Parfaitement ! Nous nous battrons en duel.
- Non, répondit Rowland avec fermeté. Je déteste les duels.
- Et pourquoi cela ? s’enquit l’autre d’un ton rogue.
- J’ai trop peur d’être blessé.
- Ah ! C’est comme ça ? Je vais, de ce pas, vous écraser la figure.
Le jeune s’approchait, menaçant. Une seconde plus tard, il décrivait dans l’air une gracieuse parabole avant de reprendre lourdement contact avec le sol. Il se releva, l’œil vague.
Rowland souriait toujours.
- Comme je vous le disais, remarqua-t-il, j’ai toujours peur de me faire blesser. Aussi ai-je jugé bon d’apprendre le judo.

Il était gros et, peu habitué à la course, haletait encore. Il avait les cheveux en brosse et une moustache à la Hohenzollern. Son accent était guttural et la raideur de son attitude laissait deviner que l’uniforme était sa tenue de prédilection.
George éprouvait cette méfiance instinctive de l’Anglais vis-à-vis de l’étranger et une antipathie spéciale pour les individus d’aspect germanique.

A la porte, elle s'arrêta, jeta un regard par-dessus son épaule, comme pour revoir une dernière fois les trente dernières années de sa carrière, puis elle murmura les derniers mots d'un autre opéra : E finita la comedia

- Voyez-vous, repris la prima donna, l'Art, c'est cela. On paie cher, on souffre, il faut supporter bien des choses. Et, tout au bout, il y a non seulement tout ce que vous savez, mais aussi ce pouvoir magique de revenir en arrière, aux vraies origines, et de retrouver la pureté perdue de son coeur d'enfant

Elle avait toujours aimé les domestiques de la vieille école. On était en sécurité avec eux, on se sentait bien, comme avec de vieux amis.

Elle avait toujours détesté les calculs. Et voilà que maintenant il lui semblait que sa vie n'était qu'une perpétuelle addition de dépenses aussi nécessaires que dérisoires. Leur total ne manquait jamais de l'étonner et de l'inquiéter.

James Bond se contraignit à prêter à nouveau attention au petit fascicule jaune qu'il avait en main. Le titre en était simple, mais prometteur : " Comment augmenter votre salaire de 300 livres par an". Et le tout ne coûtait qu'un shilling.