Ouf ! Voici venue la fin de ce livre. Ou de ce cycle. Et donc de 2000 pages à epsilon (1968 à en croire Wikipedia, environ 1680 sur ma liseuse). C'est donc le premier point que je voudrais traiter : pourquoi ne pas assumer l'ouvrage en une édition de 2000 pages ? Après tout qui pour dire que le Seigneur des Anneaux se termine à la fin de la Communauté de l'Anneau ?
2000 pages en 9 jours, et ce 3e tome de 900 pages lu en 4 jours, il faut vraiment avoir l'envie à la limite de l'obsession ou de la rage.
Et donc 2000 pages, c'est long. Surtout quand on a un violent doute quant au fait que c'était la volonté de l'auteur. Ecrire "un" livre de 2000 pages c'est donc écrire un nouveau "Guerre et Paix". Et cela n'est potable à la lecture que si tout se goupille finement.
Ce n'est pas le cas avec le cycle en 3 tomes du Problème à Trois Corps.
A la rigueur, je dirais que cela a été conçu pour être un diptyque.
J'avais écris ma critique à la fin du tome 2
La Forêt Sombre en disant que la fin, si elle était la fin, aurait été malhabile.
Je me ravise après avoir lu
la Mort Immortelle.
Pourquoi ce livre tellement hermétique ?
Cela donne tellement l'impression de vous dire "il y en a un peu plus, je vous le mets quand même" ?
J'ai vraiment l'impression que ce pavé de 900 pages (ou 714 sur ma liseuse) a été un rajout...
Le découpage en 6 livres, avec le 1er qui est juste une annexe, un rajout au premier tome. C'est curieux.
Et d'ailleurs la série Netflix prend le Livre 1 de ce 3e tome pour la narration du 1er tome, c'est dire...
Mais bon ce premier Livre faisant un rajout est vraiment bavard pour assez peu d'action ; comme mentionné sur d'autres critiques ici, 120 pages de retour en arrière pour pas grand chose, c'est déjà ne pas rendre évident l'entrée en matière de ce bouquin.
Et les livres (les blocs de chapitre de ce bouquin, donc) suivants me font penser à une ascension d'un sommet de 8000 mètres.
Et le dernier livre, le 6e livre, c'est clairement errer sans oxygène dans la zone de la mort : environ 50 pages ultra illisibles et fumeuses et une fin qui ressemble à s'être perdu sans oxygène là-haut, beaucoup trop haut.
La belle originalité de l'idée d'un contact avec une société extra-terrestre qui arrivera dans 400 ans se noie, se perd, se délite, s'oublie, n'existe plus. C'est quand même très dommage. Surtout que je n'ai toujours pas compris pourquoi la 2e flotte...
C'est balayé en un coup de dé. Par opposition aux centaines de pages pour la mise en tension. C'est violent. C'est mal fait.
Bref, je pense que des braves qui vont plonger dans cet océan de 2000 pages, beaucoup vont chercher à regagner la rive s'ils ne se noient pas en chemin. Bon courage à Netflix pour pour les effets spéciaux... Mais surtout bon courage pour captiver les gens et les fidéliser... surtout si certains pensent que la saison 1 était compliquée.
Bref, je pense que le XXIe siècle se cherche un
Asimov, ou comme dans bien des domaines artistiques, après environ un quart de siècle, on peine à trouver des figures majeures dans la culture.
Evidemment, je ne relirais jamais ce trop long ouvrage, je suis fier de l'avoir terminé, mais ce n'est ni une lecture amusante, ni évasive, ni majeure dans son entièreté.
En outre, un dernier point à souligner : l'auteur semble jeter ses personnages comme des déchets. Déjà dans le premier tome, on se dit qu'une femme probablement enceinte tue d'une manière vraiment dénué d'humanité (par absurde) son mari, c'est curieux. Ensuite, sa fille qui se suicide cela ne l'affecte pas beaucoup. Ensuite, dans l'attachement qu'on cherche désespérément, le brave Shi Qiang (le policier bien brave) est juste... oublié, abandonné, il disparaît... ? Bref, cela rend la lecture au fil des pages comme un détachement de l'humain et la vision d'ensemble est tellement noire que c'est une lecture qui ne me permet pas de conclure par un sourire. Comme un mauvais goût en bouche, l'humanité est perdue, de toute façon c'était de la merde.
Bref, enfin, le terme bref n'est pas le meilleur, je reste sur mon idée que les prix littéraires sont rarement des plus éclairés : OK pour le prix Hugo pour le premier tome, pour l'idée. Mais pas pour l'ensemble, verbeux et dépressif. Dommage.