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sur 1108 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je viens de terminer "La Mort immortelle" de Liu Cixin... et je ne sais vraiment pas ce que je vais pouvoir dire dessus tellement l'immensité de ce livre me dépasse ! J'en ressort avec l'impression que Liu Cixin a ouvert tout un champ des possibles dans lequel construire sa future oeuvre de façon à ce qu'elle ne forme qu'un seul ensemble ; un peu à la manière de Tolkien, voir d'Isaac Asimov (où les séries des Robots et de Fondation s'entremêlent).
Autant je trouvais que "La Forêt sombre" répondait à toutes les questions, autant "La Mort immortelle" en pose de nouvelles qui peuvent donner matière à d'autres tomes.

Sinon, j'ai adoré toutes les référence littéraires qui truffent "La Mort immortelle". Je les ai toutes trouvées assez évidentes mais le texte ou une note de bas de page de l'auteur ou du traducteur (Gwennaël Gaffric... dont il faut souligner l'excellence de sa traduction) en donnent souvent la clé : Asimov, Tolkien, Margaret Mitchell, Poe,... Liu Cixin est quelqu'un de cultivé mais je pense que tous ces rappels à la littérature ne sont pas anodins...

Liu Cixin reprend à sa sauce la physique quantique (j'avoue qu'avoir déjà lu Hubert Reeves, Trinh Xuan Thuan, Christophe Galfard, Carl Sagan, ... m'a bien aidée) ! Et je pense que c'est là où toutes les références littéraires prennent leur sens : pour rappeler que tout le baratin scientifique, même s'il tient la route, est approximatif ! On lit de la fiction et il ne faut pas prendre au pied de la lettre toutes les théories quantiques qui y sont décrites. Pour moi, l'exemple le plus frappant, c'est le maelström de Mosken (Moskstraumen)... Edgar Allan Poe le décrit comme un immense tourbillon (difficile de ne pas y voir une allusion à un trou noir). Dans sa description Liu Cixin est un peu plus modeste mais cela reste un tourbillon surdimensionné par rapport à la réalité ! (Allez donc voir sur internet à quoi ressemble le VRAI Moskstraumen !). Liu Cixin le rappele constamment : on est dans de la fiction et tout est exagéré !

En revanche, je me pose des questions sur le regard que porte Liu Cixin sur les femmes... Dans cette trilogie, il y a deux personnages féminins principaux : Ye Wenjie et Cheng Xin... qui toutes deux trahissent l'humanité ! Je pourrais y voir un semblant d'explication si c'est une référence biblique. Peut-être que Ye Wenjie représente Ève qui fait perdre à Adam la sécurité du Jardin d'Eden et Cheng Xin ne serait autre que la "femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête" de l'Apocalypse (Ga 4:19, 26; Ap 2:26, 27; Jn 8:44; 1 Pi 5:8) ? Autre élément qui pourrait étayer cette supposition, c'est la présence d'un autre personnage qui s'appelle Jonas et qui donne l'explication du titre "... la mort est le seul phare qui reste à jamais allumé. Peu importe où tu navigues, tu finis toujours par te rendre dans la direction qu'il t'indique. Tout à une fin. Seule la mort est immortelle" (Babel P581).

En plus de la littérature, Liu Cixin évoque beaucoup la peinture. de nombreux tableaux sont cités ou sont mis en scène... j'en ai repéré quelques uns mais, à tort, je ne m'y suis pas suffisamment intéressée et ce sera un excellent argument pour une relecture.

Pour finir, je voudrais remercier Gwennaël Gaffric pour sa traduction. Sans des traducteurs de grand talent comme lui une grande part de la littérature nous échapperais.
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Après deux premiers tomes complexes mais très prenants, j'étais impatiente de découvrir ce dernier tome. Même si les deux premiers m'ont beaucoup plu, j'appréhendais tout de même cette dernière partie en raison du nombre de pages et de sa complexité scientifique.
Je suis donc heureuse de ne pas avoir été seule pour le lire et je remercie mes compagnons de voyage, Sonia (Indimoon), Paul (El_Camaleon_Barbudo) et Judith (Brooklyn_by_the_sea) sans qui je n'aurais pas abordé ce livre avec autant de confiance.

Souvent, je trouve les dénouements assez décevants.
J'avais donc aussi quelques appréhensions quant à la fin imaginée par Cixin Liu. Mais, au regard du talent de l'auteur, je n'aurais dû avoir aucune inquiétude. « La mort immortelle » clôt de façon admirable et magnifique cette trilogie qui a même obtenu en 2017, le prix Locus du meilleur roman de science-fiction.

*
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Cixin Liu, cet auteur très populaire en Chine écrit des récits de science-fiction mélangeant des théories scientifiques particulièrement abouties et innovantes, des questions philosophiques sur le sens de l'existence propre aux réalités de nos sociétés, et une analyse très approfondie de la nature humaine.

« Lorsque l'humanité se retrouve abandonnée dans l'espace, il suffit de cinq minutes pour qu'elle devienne totalitaire. »

Sans entrer dans les détails pour ne pas divulgâcher, la trilogie des Trois Corps relate l'invasion future de la Terre par une civilisation extraterrestre conquérante, les Trisolariens. Ils sont une réelle menace pour les hommes, de part leur attitude belliqueuse et leur technologie bien plus avancée que la notre.
Les hommes vont devoir s'organiser pour faire face à la menace trisolarienne.
Cette lutte pour conquérir la Terre pour les uns, la préserver pour les autres, nous réservent des surprises inimaginables et de nombreux rebondissements tout au long des trois tomes, avec, en prime, des concepts captivants sur l'univers, le développement spatial et l'espace lointain.

*
Vous pourriez penser que le scénario est assez classique et manque d'originalité.
Au contraire, l'imagination de cet auteur est sans limite. J'ai rarement lu un roman aussi fourmillant d'idées ingénieuses et incroyables, aussi riche de réflexions sur les sciences, la technologie, sur l'humanité, la société, la géopolitique.

« L'espace était une lentille grossissante qui pouvait en un instant amplifier à son maximum la face obscure de l'humanité. »

Cixin Liu arrive avec une facilité déconcertante à concevoir le monde de demain et à nous le faire vivre. C'est une lecture vraiment extraordinaire, très visuelle. C'est comme si l'auteur nous équipait d'un casque en réalité virtuelle pour nous faire voyager dans le temps et l'espace : ainsi, dans ce troisième tome, on remonte cinq cents ans dans l'histoire humaine pour se rendre au coeur de la civilisation byzantine ; le récit s'achève dans un futur très éloigné, inimaginable à notre échelle.

Cixin Liu place l'humain au centre de l'histoire. Il analyse leurs réactions en réponse à la menace croissante. Les Trisolariens sont présents, mais en périphérie, comme des ombres au-dessus de nos têtes.
Mais, si l'auteur s'intéresse aux comportements et aux décisions des hommes, il néglige encore trop souvent de nous faire partager leurs émotions. C'est dommage, mais cela ne m'a pas vraiment dérangé car le récit est tourné vers l'action plutôt que vers l'introspection.

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Le scénario de ce Space Opera est excessivement bien pensé et conçu. Autant les deux premiers tomes étaient très différents l'un de l'autre par leur structure narrative, autant ce dernier surprend par sa maîtrise, les soudant tous les deux pour aboutir à un ensemble cohérent et une fin inattendue.
En effet, l'auteur a le don de surprendre ses lecteurs en prenant des chemins auxquels on ne s'attend pas. Chaque piste exposée connaît des rebondissements et une conclusion dévoilant un tableau d'ensemble purement stupéfiant.

« Cette nuit où j'ai eu fini de construire mon phare, quand je l'ai regardé au loin briller sur la mer, tout est soudain devenu clair : la mort est le seul phare qui reste à jamais allumé. Peu importe où tu navigues, tu finis toujours par te rendre dans la direction qu'il t'indique. Tout a une fin. Seule la Mort est immortelle. »

L'auteur va même jusqu'à insérer dans son scénario des contes simples mais prenants, qui sont comme une parenthèse apportant une pause dans ce récit très scientifique. Mais, malgré leur apparence anodine et inoffensive, il n'en demeure pas moins qu'ils sont essentiels à la suite de l'intrigue car ils dissimulent des informations vitales pour la survie de l'espèce humaine.

Cette critique ne serait pas complète si je n'abordais pas également les chroniques « hors du temps » qui entrecoupent régulièrement le récit. On ne connaitra l'auteur de ces textes qu'à la toute fin. Si elles sortent du cadre de l'intrigue, elles sont comme les mémoires d'un temps passé et enrichissent l'intrigue de nombreux détails passionnants.

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Cixin Liu a créé un monde complexe où les lois de la physique sont explorées avec beaucoup de poésie.
Les théories scientifiques sont peu présentes dans la première moitié du récit, ce qui permet de rentrer facilement dans la suite de l'intrigue.
Mais l'auteur prend soin par la suite, de vulgariser au maximum les concepts techniques et scientifiques pour les rendre accessibles à tous.

« Chaque cour figurait des paysages naturels différents : une prairie vert émeraude traversée par un ruisseau, un petit bois bordé par une source chantante, une plage de sable où venaient se jeter les vagues d'une eau pure… Ces paysages minuscules n'en étaient pas moins exquis : c'était comme un collier fait avec les plus belles perles de la Terre. Bénéficier de telles scènes à bord d'un vaisseau interstellaire suffisait à montrer le degré de luxe du Halo. »

*
Pour conclure, j'ai rarement lu un auteur avec une intrigue aussi bien menée sur autant de pages. Je suis réellement admirative de la masse de connaissances que l'auteur a réussi à transmettre à ses lecteurs en les tenant en haleine sur autant de pages.
Une trilogie impressionnante et originale, à découvrir.

« Je n'ai pas grand-chose à ajouter, si ce n'est un avertissement : le moment où la vie a quitté les océans pour rejoindre la terre a marqué un jalon dans l'histoire de l'évolution, mais les poissons sortis de l'eau ont alors cessé d'être des poissons ; de la même manière, les hommes qui entrent dans l'espace cessent d'être des hommes. Je vous le dis, prenez garde lorsque vous voudrez vous envoler sans retour dans l'espace. le prix à payer est bien plus grand que tout ce que pouvez imaginer. »
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De Constantinople en 1453 à… plusieurs futurs…
Une brêve histoire de l'humanité

Liu Cixin a le génie d'inventer des solutions et de les balayer d'un revers de manche de façon très réaliste.
L'ère de la Dissuasion est déjà bien entamée à notre échelle de temps.
315 ans après la première communication de Ye Wenjie avec la civilisation trisolarienne, les relations sont maintenant tournées vers l'échange mutuel de savoirs et de tentatives de compréhension culturelle.
Le lecteur assistera ainsi aux actes les plus déconcertants : un cerveau humain envoyé en cadeau aux Trisolariens, une étoile offerte par un homme à une femme, un porte-épée fatigué, une nouvelle icône de la ferveur humaine et surtout une humanité qui a presque tout oublié des enjeux du face-à-face entre les deux civilisations.

Dans ce dernier opus, Liu Cixin continue ses explorations de la société humaine et de ses possibles.
Du conflit avec les trisoloriens, l'auteur nous présente une sorte de guerre froide où dissuadants et dissuadés s'affrontent en silence, chacun guettant chez l'autre le moindre signe d'action, l'affrontement direct ne pouvant se terminer que par la destruction des deux adversaires.
L'auteur compare l'ère de la Dissuassion avec une forme de totalitarisme : sous le joug de la science et de la technologie, les Colmateurs et le Porte-épée représentent une forme de totalitarisme extrême. Ils détiennent le pouvoir de vie ou de mort et toute l'humanité s'en remet exclusivement à eux.
L'évolution occupe également une place importante dans cette oeuvre. L'auteur fait en effet souvent référence à la parabole du poisson qui, ayant quitté l'eau pour la terre se voit totalement métamorphosé. de même, l'être humain lâché dans l'espace sans possibilité de retour se transforme également. L'auteur en profite pour, une fois de plus, dénoncer les limites de la démocratie.
Face à de nouvelles menaces, l'humanité s'adapte. Encore et encore. Et ces différentes adaptations amènent Liu Cixin a de nombreuses et profondes métaphores. Des contes font même l'apparition dans ce récit et le talent littéraire de l'auteur se révèle dans toute sa poésie. Pour garantir sa survie, l'humanité devra décrypter le sens de ces métaphores et trouver une façon de l'appliquer.
J'insiste sur le côté poétique de l'ouvrage, notamment dans le destin ultime de notre système solaire et le besoin de l'humanité de laisser des traces. Cette question est d'ailleurs traitée avec beaucoup d'intelligence et de poésie par Liu Cixin.
Bien que moins technique que ses prédécesseurs, le récit aborde également le développement des technologies par le prisme de l'humanité dans l'espace. La course technologique pour échapper à une menace invisible (quand frappera-t-elle?) amène les humains à d'importantes innovations. Ainsi, des cités spatiales très opérantes dans lesquelles des humains peuvent vivre avec biocosme adapté font leur apparition ainsi que des nouveaux moyens de propulsion pour les vaisseaux stellaires, par courbure de l'espace temps et tendre vers, voire dépasser, la vitesse de la lumière.
Chaque solution apportée est ainsi analysée dans ses avantages et ses limites.
Le point central du roman, outre sa dimension humaniste, reste l'exploration des dimensions spatiales et là je vous avoue que, pour comprendre l'incompréhensible, j'ai du piocher dans d'autres sources. Ne serait-ce que tenter de comprendre la structure physique en quatre dimensions m'a retourné le cerveau. L'auteur se penche aussi d'autres théories scientifiques complexes comme les ondes gravitationnelles, les trous noirs, le Big Bang.

En plus de 800 pages, Liu Cixin retrace une brève histoire du futur de l'humanité avec beaucoup de sensibilité et de poésie. A ce jour, les trois opus du Problème à Trois Corps demeurent l'un des meilleurs récits de science-fiction que j'ai pu lire même si la fin m'a laissée un léger goût d'amertume.
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6 étoiles, comme les deux tomes précédents.

Dernier volet de la trilogie qui bouleverse la SF, plus de 2000 pages bien tassées qui se caractérisent par une chose : l'auteur prend le temps de décrire, détailler, nous faire tout comprendre et nous installer dans son univers. Même s'il s'agissait au début (premier tome) du monde austère qu'est la Chine communiste, son style de narration nous prend et positionne tout : personnages, actions, temps, technologies, faits. Nous entrons et observons, comme pour une superproduction au cinéma.

Ce troisième tome semble, dans sa première moitié, plus décousu et reprenant beaucoup de sujets du tome précédent, avec beaucoup moins d'émerveillement mais tout de même un plaisir immense. La deuxième moitié - environ 500 pages - est un chef d'oeuvre.

Plusieurs livres le composent, consistant en des sauts dans le temps. Autant dire que là, il est préférable de revoir ses classiques et paradoxes de la relativité, notamment celui du voyageur de Langevin. Ça tombait bien pour moi, je m'étais remis à la page car j'écrivais une nouvelle sur le thème du voyage à vitesse luminique. Donc juste un petit rappel : dès que le livre évoque la vitesse de la lumière, vérifiez que vous avez bien compris ce qu'il se passe quand on va très vite (pas très compliqué), votre bonheur en sera décuplé.

La caractéristique principale de ce tome est le space opera. Et de quelle facture ! Stations, vaisseaux, planètes, tout est traité avec puissance, descriptions pour nous immerger, idées incroyables et renouvellement des thèmes déjà mille fois traités par "des générations" d'auteurs avant nous.

Inutile de le dire, vu que c'est le final, ça va aller très, très loin dans les dernières pages, crescendo jusqu'à l'apothéose. Curieusement c'est ce dernier morceau que je trouve moins réussi, moins bouleversant alors qu'il s'en passe. Aurait-il fallu plus long ? Mais il n'est pas facile de traiter un tel sujet, vous verrez. L'auteur a évité l'écueil du métaphysique mais il me semble y avoir manqué un petit plus indescriptible. Ce n'est que mon avis qui ne m'a pas empêché d'énormément apprécier cette fin et tout le cycle, que je classe au même niveau qu'Hypérion (bien que n'ayant strictement rien à voir, ce dernier étant purement SF, Liu Cixin étant plus ancré sur l'évolution de l'humanité et la Terre).

Le bonheur s'est donc achevé dans cette trilogie où chaque page prépare les suivantes et nous guide vers le futur - les pages suivantes, proches ou lointaines, ou l'avenir de l'humanité. Je reviendrai dans un article sur le petit débat : est-ce de la hard-SF ou non ? Pour moi clairement oui, car il faut comprendre la physique, même si l'auteur prend des libertés avec les lois actuelles et en invente d'autres.

Dernière question enfin, tout aussi inutile : quel est l'ordre de préférence des 3 tomes ?
Le 2 en premier, sans hésiter. Ensuite le 3, puis le 1, qui valait à lui tout seul l'appellation de chef d'oeuvre.

Lien : https://www.patricedefreminv..
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Avec La mort Immortelle, Liu Cixin signe la fin de son excellente trilogie.
Je ne reviendrai pas sur le contenu romanesque de ce tome, le quatrième de couverture où tout est dit, est là pour ça.
Malgré quelques longueurs et même si certains personnages manquent de consistance, La mort Immortelle conclut une épopée de près de deux mille pages à travers le cosmos. Ce space opera, où les rebondissements se succèdent, où l'on adopte par moment le point de vue d'un extraterrestre, où les lois de la physique et ses mystères servent un auteur brillant par son érudition, est une magnifique découverte.
Comme dans les deux précédents tomes, l'amateur y trouvera son lot de concept hard sf : balles d'antimatière, propulsion par courbure de l'espace, multiples dimensions et multi univers, et bien sûr la matière noire.
Parfaitement traduit et au suspens haletant, c'est bien le récit qui porte le roman et non ses personnages. Leurs psychologies restent superficielles, leurs motivations, hors celles de Luo Ji et Cheng Xin nous restent obscures. Que le destin de l'Humanité repose sur les épaules d'une scientifique maladroite, agissant sur ce qui semble être des coups de tête irréfléchis, est agaçant et en léger décalage avec la rigueur de l'intrigue. A moins qu'elle n'incarne le principe du chaos à la base de cette trilogie...
La fin m'a légèrement déçu : un peu bâclée à mon goût.
Mais ne nous y trompons pas, cette trilogie reste un objet littéraire de très grande qualité. A lire absolument.
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Ça vous dit une petite ballade dans l'univers sur quelques éons ?
Et au bout du voyage, la réponse à la grande question sur la vie, l'univers et le reste que je vous dévoile sans tralala : pourquoi ce titre à la con ?

Liu Cixin nous ayant très gentiment éviter le gros cliffhanger à la fin du tome 2, l'enjeu en début de cette mort immortelle (il me tue ce titre) était assez vague. L'auteur nous prend à contrepied en nous transportant en 1453, durant la chute de Constantinople.
Après cette interlude, l'auteur nous reprend à rebrousse poil en nous narrant les aventures des précédents tomes d'un autre point de vue. La ligne politique paraissait assez claire lors des premiers évènements mais voyons y de plus près. Liu Cixin nous montre le cynisme des dirigeants, qui sous prétexte d'empathie se servent des populations à leur guise. La démonstration est sans bavure a travers l'histoire d'un petit scientifique solitaire déclarant secrètement sa flamme. C'est magnifique de cruauté.

Autant les deux précédents tomes péchés par une certaine froideur dans l'histoire et les personnages, ici les premières pages sont clairement d'un autre style.
L'intrigue principal va se concentrer sur une astrophysicienne, Cheng Xin et son compatriote Luo Ji.
La psychologie des uns et des autres est plus fine et permet de mieux cerner qui est qui, malheureusement vers la fin, les personnages redeviennent plus caricaturaux, voir un peu benêt.

Récit sur plusieurs siècles, cela permet une vue d'ensemble des progrès - ou non - sociétal, économique et scientifique. Mais cela donne aussi un écueil, celui de la répétition : hibernation réveil présentation du nouveau monde lancement de l'intrigue et re-hibernation. Bref, cela casse le rythme et donne parfois l'impression que l'histoire n'avance pas.
Autre écueil, l'auteur nous a habitué à nous balancer des indices incompréhensibles pour les positionner plus tard dans son puzzle. Au tome 3, l'effet de surprise ne joue pas et il faut attendre la révélation.

Ceci dit, son récit crépusculaire sur une éternité de temps permet un émerveillement scientifique, permet de jouer sur tous les registres de la SF, entre utopie, dystopie, avancées majeures. La métaphore se joue à tous les niveaux, individuels, mondiales et universelles. C'est grand, c'est immense, c'est prodigieux. le tout en continuant de nous parler de l'instant présent, de notre humanité, de notre perception des événements, à travers le prisme de l'Histoire, et de ses revirements.
C'est clairement le tome que j'ai le plus apprécié. Et malgré le tragique de l'ensemble, la dernière page tournée, c'est bien un sentiment d'espérance qui prédomine, le sombre se fait lumineux.

Difficile de ne pas parler du titre La mort immortelle. Titre qui a eu des vertus assez positives car il m'a fait étrangement penser à un épisode de Kaamelott, le poème :

Et ben c'est nul. Nul, nul, nul, zéro.
« L'arbre moqueur », déjà ; ils peuvent pas s'empêcher de foutre des épithètes à tout ce qui bouge, ces poètes, même à ce qui bouge pas !
« La fleur goguenarde »,
« L'abeille malicieuse »,
« le roseau pliable »,
« L'ourson rabat-joie ».
Et même, des fois, ils le mettent avant le mot, comme ça, ça fait genre !
«Le gai souriceau »,
« le prompt madrigal »,
« La frisottée moustache » !

Si vous voulez connaitre le pourquoi de ce titre, allez faire un tour sur le site du traducteur
http://gwennaelgaffric.blogspot.com/2018/10/parution-de-la-mort-immortelle.html
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Fin magistrale d'une géniale trilogie.
Cette trilogie est absolument admirable à tous points de vue : elle est profondément originale, chaque rebond narratif est surprenant, la vulgarisation et l'utilisation de la science à des fins narratives montrent une grande maestria. le lecteur est happé par l'histoire et fasciné par les mondes décrits. le dernier tome est au niveau des deux autres ; sa lecture est passionnante de bout en bout.
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Cette fois j'ai pris soin de noter tous les noms et rôles des le début... Beaucoup de morceaux d'histoires à suivre, dès le départ, mais finalement la difficulté fut plus une question de structure temporelle de la narration que de nombre de personnages.
A partir d'une une très jolie histoire d'amour, la narration de la partie cosmique de poker menteur avec Trisolaris se poursuit, au fil des décennies et des siècles, dans une alternance de violence et de calme et avec un souffle épique qui traverse tout le système solaire. Chen Xin, jeune chercheuse physicienne, en est l'héroïne centrale au gré des retournements de situation et de phases d'hibernation.
Beaucoup de "découvertes" en physique fondamentale décrites avec un souci du détail qui donne l'impression de lire un article scientifique, alternent avec de magnifiques  passages très poétiques ou très mystérieux.
Le final est une magnifique surprise colorée et onirique.

On est devant ces 935 pages comme un enfant devant une énorme pâtisserie ; on a très faim, c'est très bon, mais il nous arrive de frôler l'indigestion. Il faut savoir lâcher le livre et le reprendre après une pause.
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Fort des deux précédents tomes avalés, le lecteur qui s'engage dans la lecture de la mort immortelle pense arriver en terrain conquis... et en fait non... Liu Cixin s'amuse à déboussoler complètement ses lecteurs dès les premières pages. Alors que La forêt sombre se terminait sur l'histoire de l'humanité au XXIIIe siècle, l'auteur nous entraine dans le Constantinople du XVe siècle à la veille de la chute de la ville... pour ensuite revenir sur ses pas et recommencer ce nouveau tome à l'ère de la grande crise, c'est à dire au même point que le début de la forêt sombre. Au-delà du coté déroutant, c'est aussi un pari osé de la part de l'auteur de choisir de réécrire une partie de son récit d'un autre point de vue.

L'auteur récidive avec son choix déjà pris au tome 2 de nous proposer de nouveaux personnages mais, ici en plus, il reprend une bonne partie de l'intrigue du tome 2 via un autre personnage : un autre point de vue - un autre récit - une histoire différente. C'est habilement mené et audacieux car du coup, ce troisième tome se déroule sur une période énorme : plus de six siècles (voire encore plus...) tout en nous révélant une tout autre facette du récit (à l'échelle galactique) découvert dans la forêt sombre. On comprend bien dans ce troisième tome que ce sont les personnages qui servent le récit et non l'inverse. Un personnage principal et une foule de personnages secondaires avec leur importance sur un chapitre ou sur l'ensemble du livre, impossible de le savoir à l'avance, mais à chaque cas, Liu Cixin choisi de ne développer les personnages que de manière très superficielle, seul 2 ou 3 personnages sont plus développés pour le besoin du récit. Cependant, qu'un personnage apparaisse pour apporter un point de vue de plus dans l'histoire, une avancée technologique, une découverte... tous sont guidés (principaux ou secondaire) par un absolu : faire son devoir. Cheng Xi, Luo Ji ou Yun Tianming, les commandants des vaisseaux spaciaux ou les scientifiques du programme escalier, tous les personnages ont comme point commun ce devoir qui guide leurs décisions et finalement leur vie. C'est, je pense, un des points les plus marquants de la trilogie de Liu Cixin : un devoir envers soi, envers la Terre ou l'Humanité qui est omniprésent.Des chapitres de longueurs différentes, des personnages à foison, des points de vues variés et une histoire qui se déroule en plusieurs points de manière parallèle, le tout offre une fresque grandiose qui force l'admiration par sa structure complexe mais maitrisée. En 850 pages, il y a bien sur quelques longueurs notamment quand l'auteur saute dans le temps et doit ensuite donner des clés au lecteur pour comprendre le nouvel environnement dans lequel il le projette. Mais même si cela casse parfois un peu le rythme de lecture, on ne perd tout de même pas l'intérêt de cette histoire qui est de toute manière en dent de scie (ben oui six siècles tout de même...).

J'avoue que je me demandais en commençant ce tome 3 comment l'auteur allait orienter sont récit. La forêt sombre fini sur une note sombre (justement) : l'espace est une forêt sombre où sont tapis de nombreux prédateurs et l'humanité avec sa vision utopique de la conquête spatiale n'était pas prête à affronter cet environnement. Avec La mort immortelle, Liu Cixin garde ce coté résolument pessimiste : l'espace est fondamentalement une jungle et seuls les plus évolués, ici ceux qui frappent en premier, survivent. C'est la première fois que je lis un récit de science-fiction qui envisage l'exploration spatiale comme la chose la plus dangereuse pour l'espère humaine (bon après comme j'ai lu peu de récits de Hard SF, ma bibliographie a surement des trous...) on est loin des récit de space opera où l'humanité s'est adaptée à de nombreux environnements presque en claquant des doigts. Ici, l'humanité n'est qu'un grain de poussière dans la galaxie et son coté utopiste voire enfantin la met à la merci d'espèces beaucoup plus agressives. C'est à la fois pessimiste mais aussi très réaliste ce qui en fait une lecture hors normes mais captivante.

Là où j'hésitais, avec le problème à trois corps, à mettre la série en Hard SF, avec ce tome 3 il n'y a plus d'hésitation... je trouve cependant cette trilogie plus accessible que d'autres, mais là c'est un avis très personnel que je ne suis pas sure que d'autres partage... Il n'en reste pas moins que j'ai trouvé les théories scientifiques utilisées dans cette trilogie : le voyage à vitesse luminique, les liaisons entres les espaces de dimensions différentes et leur utilisation, le champ noir... judicieusement exploitées pour accrocher le lecteur sans ce perdre dans de trop longues explications. Ceci grâce notamment à des changements de styles narratifs qui casse un récit que l'on pourrait autrement trouver trop ardus tout en étant trop linéaire.

Au final, c'est un coup de coeur pour cette trilogie qui m'a réconcilié avec le style Hard SF. J'ai trouvé le récit de Liu Cixin captivant et atypique et bien que la lecture de ce troisième tome soit, comme pour les deux premiers d'ailleurs, assez exigeante, il n'en reste pas moins un récit remarquablement original et passionnant. Vous l'aurez compris, c'est pour moi un des meilleurs récits de SF que j'ai lu ces dernières années, peut être pas accessible à un lecteur de SF débutant mais qui porte ici une vision résolument différente des auteurs de SF anglosaxons. Une originalité culturel que l'on ressent clairement et qui est quelque part très rafraichissante.
Lien : http://chutmamanlit.blogspot..
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Avec La mort immortelle, Liu Cixin clôt une épopée vertigineuse. Un cycle épique qui nous fait traverser le temps et l'espace, en compagnie de Cheng Xin. A la fois témoin et catalyseur du destin d'une civilisation, cette jeune scientifique brillante née à l'ère commune (comprendre, de nos jours) fera l'expérience de l'hibernation à de multiples reprises. Autant de bonds temporels lui permettant de connaître les avancées et rebondissements ponctuant l'histoire de l'humanité : depuis la mise en place du programme Escalier, en passant par l'ère de la dissuasion trisolarienne rendue possible par Luo Ji, jusqu'à l'ère des bunkers, cités-états à l'ombre des géantes gazeuses. Nous suivons les vains espoirs et projets de l'humanité pour échapper aux attaques de la Forêt Sombre. Selon cette théorie glaçante, étant données des ressources par nature limitées, toute civilisation connaissant l'existence et la localisation d'une autre se retrouvera poussée à tirer en premier pour assurer sa survie. Liu Cixin va encore plus loin et nous emmène par-delà cet affrontement millénaire… jusqu'à la fin de tout ?
Liu Cixin nous dépeint un univers sombre et terrible, où les concepts physiques et astrophysiques servent un récit riche et prenant. Il alterne les épisodes de récit quasi historique avec l'histoire de la jeune Cheng Xin. de longs passages descriptifs donnent de l'épaisseur à l'univers qu'il a construit méticuleusement et fait évoluer au fil des siècles. le style narratif est particulier, s'appuyant de manière très prononcée sur les théories scientifiques, et je comprends qu'il puisse rebuter certains lecteurs. Il est clair que l'auteur est plus à l'aise pour décrire une portion du système solaire que les sentiments de ses personnages. Ceux-ci peuvent nous apparaître un peu stéréotypés et distants, à l'image de Cheng Xin en madone immaculée devant faire des choix au nom de milliards d'êtres humains.
Et puisque ce fut une lecture audio, je finis par une mention spéciale pour la narration particulièrement immersive du magistral Vincent Schmitt qui m'aura accompagné avec plaisir tout au long de ce cycle incroyable.
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