Dans un futur indéterminé, les scientifiques découvrent un phénomène inquiétant impliquant des échanges gazeux au coeur même du Soleil. Selon leurs prédictions, notre étoile évoluera en naine rouge d'ici quatre siècles, annihilant toute vie sur Terre et sur les autres planètes telluriques.
La menace est prise au sérieux, si bien que l'humanité s'attèle à trouver une voie de sortie.
La solution technique envisagée consiste ni plus ni moins à « décamper » : l'exode à bord de vaisseaux spatiaux étant jugé trop risqué, c'est la Terre elle-même qui fuira son soleil devenu ennemi. Destination : Proxima du Centaure !
Voilà une novella de hard SF ambitieuse et agréable à lire.
Je connaissais la fameuse trilogie «
Le problème à trois corps » du même auteur (publiée trois ans après), et j'ai été frappé d'y trouver autant de ressemblance dans le style et les thèmes traités, même si le scénario reste différent.
L'écriture est parfaitement maitrisée. Novella oblige, les longues digressions où l'auteur développe des romances entre les héros de sa trilogie ont disparu ici, et c'est tant mieux !
Je retrouve ce même style froid et distant, pas désagréable, mais qui privilégie le récit historique à l'immersion par les personnages. Un style très « chroniques ». Comme dans la trilogie, les événements relatés recouvrent de longues périodes (des « ères »). L'auteur a cependant choisi de privilégier une période charnière pour l'essentiel du récit, ce qui paraît avisé pour un texte aussi court.
Au programme :
- Une petite histoire du futur.
- Une histoire d'amour entre en Chinois et une Japonaise.
- le sort de l'humanité en jeu, avec une menace venant d'ailleurs que la Terre.
- Plusieurs solutions scientifiques envisagées faisant l'objet de luttes partisanes globales ; comportement irrationnel des foules et opinion collective en dents de scie.
- Cités souterraines en réponse aux dévastations futures
- Exode spatial, modalités de survie
- Points de vue des scientifiques et des soldats.
Tous ces thèmes se retrouvent dans la trilogie du problème à trois corps.
La Terre comme vaisseau spatial, en revanche, est spécifique à ce texte. Sans doute le thème le plus vendeur, se ce n'est le plus original. Si vous appréciez, je vous recommande
L'arène des géants, de
Jean-Michel Calvez. Les deux auteurs s'opposent en particulier sur le regard sur la science : optimiste voire révérencieux pour
Liu Cixin, critique pour Calvez.
Quand on lit un récit de hard SF, on s'attend en général à un certain niveau de crédibilité. Ici, le niveau est plutôt bas, très clairement. Cela tranche avec
le problème à trois corps.
Problématique ? Non, personnellement je ne pense pas. On est dans le format nouvelle, et à mon avis ce format justifie très bien toutes sortes d'écarts, de raccourcis, d'entorses et d'ellipses, du moment qu'il y a une proposition et une démonstration.
Mes bémols portent d'ailleurs sur cet aspect : avec le recul j'ai du mal à percevoir une unité dans le propos. Plusieurs thèmes sont traités sont traités (beaucoup pour une si courte nouvelle), mais le dénouement m'a laissé une impression plutôt vaporeuse ou nébuleuse. Quant à la chute qui le précède, elle vaut le détour pour le côté sidération, mais on l'a malheureusement en vue depuis le début.
Si vous avez apprécié
le problème à trois corps, il y a beaucoup de chances que cette nouvelle vous plaise aussi.
Et à l'inverse, si vous hésitez à entamer l'imposante trilogie,
Terre errante vous en donnera un bon avant-goût, à mon humble avis !