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4,05

sur 330 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Imaginez déambuler dans un palais où les salles se succèdent, où le silence rencontre l'oeil impassible des statues et où les marées affluent avant de se retirer, discrètement, en vous laissant de quoi vous sustenter. Personne d'autre que vous et un mystérieux Autre que vous ne rencontrez que deux fois par semaine à heure fixe, pendant une heure, pour lui faire votre rapport sur la cartographie des lieux, la carte du ciel et les marées.
Jusqu'au jour où l'ombre d'une troisième personne se dessine dans votre environnement. L'Autre dit qu'il s'agit d'une menace. le croiriez-vous sur simple parole ?

Un texte magnifique porté par une plume exquise.
J'ai adoré suivre Pyranèse dans ses déambulations à travers le palais, seul, face à ses doutes, à ses peurs et à sa mémoire défaillante. Je l'ai trouvé désarmant de naïveté. J'ai eu plus d'une fois le sentiment d'avoir à faire à un enfant plus qu'à un adulte. Sans doute parce que rien ne vient jamais troubler la sérénité des lieux et de son état d'esprit, à l'exception d'une marée plus violente que les autres.
Pas facile de fasciner son auditoire avec pour unique comptine, les pensées d'un jeune homme égaré. C'est là un beau tour de force de l'auteur. J'ai aimé suivre Pyranèse dans ses longs monologues intérieurs, dans son constant étonnement face à cet endroit qu'il sait qu'il ne connaîtra jamais entièrement. le dédale des salles l'intéresse, l'immensité du lieu l'impressionne, la présence soudaine d'un albatros le ravit et le pousse à l'exaltation.
Son unique confident est un cahier dans lequel il note tout ce qui lui semble utile : de la disposition des salles au cycle des marées en passant par les statues qu'il estime complices de sa présence.
Aucun souvenir de sa vie d'avant ne vient jamais le perturber même si peu à peu, il découvre d'étranges notes dans ce cahier qui l'amènent à penser qu'il pourrait ne pas être si seul que cela dans cet univers hors du temps.
Le récit offre diverses interprétations.

C'est un texte qui ne conviendra pas à tout le monde tant l'onirisme et l'introspection occupent la première place. Il n'y a pas d'action (pas avant la toute fin en tous les cas) et le huit-clos peut lasser les lecteurs qui préfèrent des péripéties plus aventureuses.
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Un monde de marbre et d'eau, une Maison pleine de statues et sujette aux Marées, un labyrinthe aux couloirs infinis et aux salles innombrables... C'est dans ce lieu énigmatique que vit Piranesi, personnage naïf pour ne pas dire enfantin auquel je me suis attachée assez vite. Mais voilà : malaise il y a.

Les quatre-vingt premières pages environ comptent parmi les plus intrigantes que j'ai pu lire. J'ai tout de suite été happée par l'atmosphère onirique et contemplative des lieux. J'ai tant aimé le début qu'une petite pointe d'inquiétude venait parfois me titiller "Et si ensuite c'est moins bien ?". Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué comme dit l'adage. Finalement, mon appréhension s'est révélée infondée. Les évènements évoluent naturellement, tout est pensé, jusqu'à la personnalité du personnage qui n'est pas anodine. La narration a un aspect antienne, légèrement hypnotique. La fin est bien amenée, toute en nuance et j'ai adoré. Apaisante ou oppressante, je pense que le ressenti du lecteur vis-à-vis de la Maison sera aussi fonction de sa personnalité. Parce que oui, la Maison est aussi un des personnages principaux.

Je suis ressortie envoûtée par ma lecture. Un envoûtement qui s'est fait au fil des pages. Une très belle découverte pour moi.

“The Beauty of the House is immeasurable ; its Kindness infinite”
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Voilà un titre qu'on m'avait recommandé après ma lecture de la mer sans étoiles d'Erin Morgenstern. Je l'avais donc mis sur ma pile d'incontournables à lire cette année, et c'est chose faite. Piranèse est un petit roman (200/250 pages), qui m'a laissée perplexe d'abord, puis beaucoup plu ensuite. Effectivement, quelques ressemblances avec La mer sans étoiles.

Piranèse commence par une lente et longue description du Palais. le roman, découpé en sept parties, prend son temps pour poser le décor. Et c'est vraiment ça : un décor. Un Palais immense, contenant plus d'un millier de salles, occupées de milliers de statues. On est dans un décor à la grecque, peuplé par deux individus dont on ne sait rien et quelques oiseaux. C'est original cette façon de voir le monde comme une maison.
En revanche, c'était. Très. Lent. Ce premier tiers est terriblement plan-plan, aucunement rythmé par un quelconque enjeu, et les deux personnages ne sont pas les plus passionnants du monde. le récit est rapporté comme un journal d'observations datées, avec un but scientifique selon Piranèse. C'est donc très factuel, simpliste dans la forme. Fluide, mais soporifique.

Heureusement, peu à peu, le rideau se lève et enfin, je commence à déceler des choses intéressantes. le roman se présente alors comme un cheminement dans l'esprit labyrinthique des personnages. J'ai beaucoup aimé la manière dont le Palais se dévoile dans toute sa nature. Très bien vu, et inattendu : une très bonne surprise donc. Car après un premier tiers tranquille et en apparence inoffensif, le roman traite de thématiques difficiles, habilement traitées. Je n'en dis pas plus pour ne rien dévoiler.

D'autre part, le roman élabore un parallèle particulièrement pertinent avec le travail du graveur Piranesi, et là aussi, c'est fort bien vu, donnant au roman une dimension supérieure et une profondeur du propos passionnante. Car tout, personnages, Palais, récit... se donnent à voir différemment. le roman se situe alors à la croisée de la littérature, de l'art et de la philosophie, pour interroger la portée de la réalité.

Ce roman m'a donc surprise de bout en bout. Ca n'a pas commencé sous les meilleurs auspices, mais peu à peu, le voile s'est levé, et j'ai Vu. Un petit roman qui semble fastoche et simplet au départ, pour renfermer une profondeur complètement inattendue, et un propos d'une force qu'on n'espérait pas non plus. Une superbe illusion !


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Alors ça là, ça c'était vraiment magnifique…

Je m'attendais à beaucoup de choses, mais certainement pas à cette histoire.

Piranèse figure parmi ce genre de littérature dans laquelle on flotte pendant environ 200 pages, acceptant souvent avec difficulté ce qu'on est en train de lire ; il nous malmène, nous donnant peu d'indices sur l'univers dans lequel il s'y déroule.

Piranèse archive ses journées et évolue dans ce qui semble être un énorme labyrinthe aux multiples salles, habitées par des statues, des oiseaux, visitées par des marées.

Deux jours par semaine il aide l'Autre dans sa recherche du Grand Savoir afin de comprendre le Palais. Tout tient à peu près en équilibre, même lorsque Piranèse décrypte ce que les statues et les oiseaux semblent lui raconter.

Jusqu'à ce que l'Autre le prévienne de l'arrivée imminente d'une tierce personne, un ennemi.

Piranèse, c'est de la fantasy contemporaine dissimulant une intrigue quasiment policière dans laquelle l'enquête n'est autre que la recherche de soi-même, Piranèse est un combat contre la mémoire qui se perd, la dépression nerveuse et la malveillance régnante chez les manipulateurs intellectuels.

J'ai passé 300 pages dans un état cotonneux, complètement anesthésié par le génie implacable de Susanna Clarke.

Ce roman est un must-read pour qui serait intéressé.e ; allez-y franchement, c'est pour moi une très bonne initiation avant d'attaquer La Maison des feuilles si vous ne l'avez pas encore lu.


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Susanna Clarke est de ces autrices qui écrivent peu, mais superbement bien. On lui doit le pavé qu'est Jonathan Strange & Mr Norell (que je n'ai pas encore lu) et le recueil Les Dames de Grâce Adieu que j'ai adoré. Même si Piranesi n'est pas encore disponible en français, ça ne saurait tardé. Les droits de traduction ayant été pris par Robert Laffont.

Elle nous propose ici une histoire très étrange et atmosphérique comme je les adore. L'histoire est racontée du point de vue de Piranesi qui vit tout seul dans la Maison. Cette dernière est un lieu emprunt de silence et d'éternité où le ciel et la mer se rencontrent à travers des salles qui se succèdent à l'infini, hautes, majestueuses et peuplées de statues de marbre. Piranesi vit en harmonie avec la Maison qui veille sur lui et le nourrit. Son quotidien est simple et rythmé par son exploration du lieu dont il fait un compte rendu détaillé dans ses carnets. Il n'a d'interaction qu'avec l'Autre, un homme étrange à la recherche de quelque chose que seul Piranesi semble pouvoir trouver.
Cependant, la petite vie bien huilée de notre ami va très vite être bouleversée par l'arrivée d'une troisième personne. Cette rencontre le pousse à remettre en question ce qu'il croit savoir sur la Maison, sa présence dans ce lieu et sur les motivations de l'Autre. Y aurait-il un autre monde, là, dehors ?

Ce roman bénéficie de trois grandes forces. Tout d'abord, la plume de Susanna Clarke est magnifique, sans en faire trop. le rythme est bon et l'autrice a su quand s'arrêter. Je ne compte plus le nombre de bouquins avec une centaines de pages en trop (si ce n'est plus). Là, on a juste ce qu'il faut et ce n'est que du bonheur.
Ensuite, il y a la Maison. Vu à travers les yeux de Piranesi, elle est majestueuse, bienfaitrice et non dénuée de dangers. L'atmosphère très particulière de ce lieu est ce qui donne tout son intérêt au livre. Sa patte et sa couleur.
Et enfin, la plus importante, Piranesi. C'est un personnage extrêmement touchant auquel on s'attache très vite. Il est évident qu'il y a quelque chose qui cloche dans sa présence dans ce lieu, mais il ne semble pas le réaliser. C'est un enfant de la Maison au même titre que les statues de marbre et les oiseaux. Un Vendredi en quelque sorte. Sa vision du monde simple et bienveillante, son osmose avec ce qui l'entoure ainsi que sa candeur m'ont tout de suite conquise.

Vous l'aurez compris, cette lecture est un véritable coup de coeur. J'ai adoré Piranesi, son amour de la Maison et son optimisme à toute épreuve. Et puis, ce n'est pas souvent que j'ai l'occasion de lire un tirage de Petit Lenormand effectué par des oiseaux ! 😂

Au final, je recommanderai cette lecture à tous les contemplatifs, amoureux du temps suspendu, des questionnements philosophiques et, surtout, des grands silences. 😊
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Suivant les avis très positifs et unanimes, je me suis (enfin) attaquée à Piranèse et j'ai absolument adoré. L'ambiance m'a rappelé celle de la Mer sans étoiles, qui est un de mes livres préférés de tous les temps. Complètement confuse au début de l'histoire, j'ai lâché un « OH » audible quand les pièces du puzzle ont commencé à se mettre petit à petit en place.

J'ai adoré l'aspect manipulateur et la recherche maladive du savoir qui transparaît avec les personnages du Prophète et de l'Autre (je n'en dis pas trop pour éviter les spoils malencontreux). C'est un texte magnifique, qui met parfaitement en place le réalisme magique d'un Palais inondé. Piranèse est un personnage intrigant. J'ai adoré suivre ses entrées dans son journal, ses incompréhensions, ses pérégrinations. L'Enfant chéri du Palais est tantôt naïf, tantôt perdu, mais toujours attachant. La narration est hypnotique, l'intrigue, parfaitement menée.

Tantôt enquête policière, tantôt fantasy onirique, le mélange est parfaitement équilibré. L'inspiration prise du côté du travail du graveur, Piranesi, est parfaitement utilisée et permet une visualisation plus parfaite du Palais.

Voilà une lecture agréable, douce et réconfortante, (même si elle traite en réalité de manipulations et de dépression nerveuse à mes yeux) et je recommande donc ce livre à tout le monde ! Il est court, la lecture est rapide, mais elle ne vous laissera que de bons souvenirs.
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J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture même si la fin me laisse dubitatif... J'aurais aimé un peu plus d'explications du pourquoi du comment de l'autre monde et plus d'explications sur le palais, le labyrinthe...
Ce que j'ai vraiment aimé était la description des salles avec les statuts, les vagues, les nuages ! Une très belle écriture et un très beau livre !
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Piranèse vit dans un immense Palais-Monde-Dieu dont les salles immenses s'ornent de statues de tailles variées. Il n'y rencontre qu'un seul homme, l'Autre, qui cherche le savoir alors que lui écoute les messages des statues, le chant des étoiles et les paroles des oiseaux puis veille tendrement les ossements des morts
L'étage inférieur appartient à l'océan et ses marées variables que Piranèse connaît comme l'on connaît les humeurs d'un dieu joueur.
Le Palais gratifie l'Autre de mets exquis et de vêtements neufs alors que Piranèse doit pêcher sa pitance, porte des guenilles et s'enchante quand l'Autre lui offre, rarement, un bol ou un carnet.
Car Piranèse tient scrupuleusement son journal et, en relisant d'anciennes notes, s'étonne d'y lire certains noms inconnus aux échos pourtant familiers, comme perçus depuis une vie antérieure

L'écriture poétique, lumineuse et envoûtante de ce livre nous transporte dans un univers que le regard de Piranèse sublime, car Piranèse est la grâce et l'innocence, il ignore ce qu'est le mal, s'émerveille de ce Palais en qui il voit le paradis et n'envisage la faim, le froid ou l'effort que comme de simples besoins qui n'affectent en rien sa joie ni sa gratitude
Inventif, d'une construction parfaite et d'une grande beauté littéraire, ce livre est un véritable coup de coeur


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J'avais encore en tête l'univers de Jonathan Strange & Mr.Norrell quand j'ai commencé ce nouveau roman de Susanna Clarke (que j'attendais avec une impatience certaine). Cette fois, on quitte le monde du Roi Corbeau pour aborder un étrange palais immense empli de statue où les marées et les nuages rythment la vie du narrateur dont on ignore tout… Très vite, pourtant, Susanna Clarke nous plonge dans un monde onirique un brin inquiétant car cette Maison n'est sûrement pas ce qu'elle semble être et le personnage principal, Piranèse, non plus. Et c'est remarquable.
Il y a un véritable exercice de style fait d'indices cachés tout au long du roman, entremêlés d'archives qui mettent les lecteurs sur la piste (ou pas). A ces ingrédients, il faut ajouter une bonne dose de suspense, de mystère et une construction imparable. La longueur du livre est la bonne (Jonathan Strange…. m'avait paru souvent un peu long).

Bref, c'est mon premier gros coup de coeur de l'année (même s'il est sorti en 2021 en France). Une merveille à lire.
Lien : https://imaladybutterfly.wor..
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Très grand "fan" de son premier roman, Jonathan Strange & Mr Norell, que j'ai lu trois fois (une quatrième va forcément venir) j'attendais ce roman avec beaucoup d'impatience. Evidement, je ne m'attendais pas à une version bis de son précédent roman, et encore moins un engouement aussi marqué, mais j'ai été ravie de découvrir ce nouvel univers, ce monde totalement étrange et mystérieux, et ce talent de l'auteure à nous amener cet histoire, dont le début est totalement brumeux, ou rien n'est logique, rien n'est clair, et ou un étrange personnage nous raconte sa vie dans ce Palais, dans lequel les océans fond rages et des statues gigantesques à qui ils parlent sont son quotidien, et qui pour lui tout est normal et logique. le talent de Susanna Clarke est là, imaginer un monde totalement nouveau, et faire dissiper ce brouillard au fur et à mesure de la lecture, avec ce personnage qui en devient de plus en plus touchant.
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