Nous sommes à Saint-Malo, en l'an de grâce 1666.
Le clocher d'une église voisine sonne et l'on entend, de la rue, la voix d'une poissonnière ambulante.
Le portrait de la vieille femme au mur semble se réjouir.
Quand je serai morte, avait-elle dit autrefois à Jeanne, tu épouseras Guilou.
Guilou est aujourd'hui devenu le capitaine Guillaume le Baillif, commandant du "Coeur Volant", un fier vaisseau flibustier qui, depuis vingt jours, de retour de l'île de la Tortue, est à quai dans le port.
Jeanne est devenue une de ces femmes qui enfourche des chevaux, qui plonge, qui nage, qui tient la barre et l'épée et qui sort vêtue en homme à la réprobation des gens de bien.
Un capitaine flibustier n'a que faire d'une mauviette ou d'une bourgeoise enchérie et c'était voir juste de la part de la vieille femme.
En mourant, elle a laissé à Guilou, son petit-fils, du bien, beaucoup de bien, à condition qu'il épouse, dans les 12 mois qui viennent, celle qu'elle lui a choisie.
Sinon il perd sa part, c'est la jeune fille qui hérite...
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Le coeur volant" est une pièce de théâtre en deux actes et trois tableaux de
Claude-André Puget.
Elle a été représentée, pour la première fois, à Paris le 26 septembre 1957, sur la scène du théâtre Antoine.
C'est un beau morceau de scène, finement écrit, sur lequel souffle le vent du large et de l'aventure.
C'est une plaisante histoire d'amour, un petit moment de plaisir.
La peinture des personnages est particulièrement réussie, celle des deux amoureux, bien sûr, mais aussi celle de la jolie petite galerie des figures secondaires :
- Tournemouche, le mousse insolent,
- frère Thimothée, l'aumônier truculent, adepte de
Rabelais,
- maître Simon Garrec, le tuteur cupide de Jeanne,
- Gertrude le Nault, sa marraine pleine de raison,
- Vincent Cadoret, qu'une tradition des frères de Côte unit de façon indéfectible à son capitaine,
La pièce est sentimentale. Elle est teintée d'humour.
Elle est vive, légère, écrite de façon soignée et élégante.