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3,09

sur 210 notes
Acheter des hommes, épouser des ourses, perdre son sexe, attaquer des véhicules, oublier le prénom et le sexe de son enfant, torturer le père Noël, congeler des bébés, se suicider en bonne compagnie, etc. Tout cela vous semble atroce, barbare, inhumain ? C'est pourtant à cela que se livre le narrateur. Ici, on tue sans vergogne, par hygiène, voire par amour. La cruauté est goguenarde et décomplexée, à moins qu'elle ne soit lasse et désabusée. Férocité jouisseuse ou désespoir hilare ? À vous de juger !

Dans cette brève succession de chapitres fulgurants, par une narration linéaire qui n'introduit aucune rupture entre le récit et les dialogues, Philippe Claudel imagine le pire de ce que peut commettre l'homme et tourne en dérision des faits divers hélas trop communs, avec cynisme et mélancolie. Ce texte ne ressemble en rien à ceux qui me touchent tant, notamment ceux qui parlent du deuil, mais il est formidablement percutant. Dérangeant, sans aucun doute, mais salutaire en un sens. Et la plume de Philippe Claudel est de celle dont je ne veux perdre aucune manifestation.
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Ames sensibles, réfractaires à l'humour (très) noir , s'abstenir ?
Le ton est donné dès les premières lignes:" Aujourd'hui, j'ai acheté trois hommes. Une tocade. C'est Noël. Ma femme n'aime pas les bijoux. je ne sais jamais quoi lui offrir(...) Nous n'avons pas attendu minuit. Pourquoi trois. Un pour chaque orifice.Très drôle. " le ton est donné...et encore, disons qu'on démarre en douceur...Pourtant la quatrième de couverture nous prévient : "nous sommes devenus des monstres.On pourrait s'en affliger. Mieux vaut en rire". Et on rit en effet, jaune parfois, plus franchement aussi à d'autres moments tant les situations, les personnages sont "hénaurmes". Oui, ces nouvelles peuvent choque car elles ne nous renvoient pas une bonne image de l'humanité , laquelle est d'ailleurs singulièrement absente de ces très courtes "nouvelles/chapitres".
Les personnages de Claudel ont perdu tout sens de l'humain, sont devenus des bêtes, aux multiples sens du terme , copulent à tour de bras avec tout et n'importe quoi , tuent sans vergogne, plus rien n'a de sens . Plus rien n'afflige les Bourin (!) Morel , Bonnet dont on voit bien que les patronymes n'ont pas été choisis au hasard . Chaque nouvelle réserve son lot de monstruosité et de cynisme. "Les vieux sont un problème.Où les mettre.Ils ne se reproduisent pas mais sont tout de même de plus en plus nombreux. le monde va crever sous le poids des vieux.Et puis des pauvres aussi. Les pauvres c'est pareil que les vieux. Il y en a de plus en plus. Si tous les pauvres étaient vieux, ça ne créerait pas un surnombre. Mais le problème est qu'il existe aussi des pauvres qui sont jeunes. Et des vieux qui sont riches. Tout cela fait trop. Beaucoup trop."
L' Entreprise est le point de convergence de ces personnages qui n'ont plus qu'un dieu, l'Argent et la façon de le dépenser.Philippe Claudel a choisi une écriture en accord avec ce monde inculte. Sujet , verbe complément. Parataxe. Ponctuation minimale.Des points, c'est tout.C'est d'une redoutable efficacité.
"Que mange-ton. Ta mère. Encore.On attaque la cuisse gauche. Je l'ai faite au vin blanc.La cuisse.Une partie seulement. le haut."
Vous êtes prévenus. Inhumaines délivre un message violent mais salutaire.
A consommer...à petites doses !
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Lorsque j'ai lu Les âmes grises, La petite fille de Monsieur Linh et le rapport de Brodeck, Philippe Claudel m'a captivé et conquis. J'ai aussi remarqué son sens du tragique, son souci de nommer les choses et de ne négliger aucune scène aussi cruelle ou tragique qu'elle soit. Surtout, son écriture, son sens du récit permettaient de dégager les faces les plus sombres de l'âme humaine.

Justement, Inhumaines, titre si bien choisi, va encore plus loin, poussant au pire un sens de l'absurde où notre vie dite moderne risque de nous entraîner. Dans ce livre assez court, vingt-cinq épisodes se succèdent dans la vie d'un narrateur où sexe et violence n'ont plus de limites.
Les constats sont faits sans ménagement : « Les trottoirs de nos villes sont couverts de vagabonds. Auparavant, il y avait des papiers gras, de vieux journaux… Nous ne jetons plus inconsidérément nos déchets dans les rues. Nous les trions. Sur nos chaussées ne traînent plus que des êtres sales emballés dans de multiples couches de vêtements nauséabonds qu'ils maculent de vomissures, d'urine et d'excréments. Parfois il en meurt. Surtout en hiver. Mais pas assez. »

Ce court extrait donne bien le ton du livre car Philippe Claudel sait dégager nos travers et nous montrer cette pente dangereuse d'inhumanité dans laquelle nous glissons. Tout cela serait bien noir et désespérant si l'humour de l'auteur ne venait nous sauver. La répétition, en particulier, fait bien sourire, avec cette femme du narrateur qui revient régulièrement pour des situations de plus en plus scabreuses.

Avec des phrases courtes, percutantes et une mise en scène claire et efficace, Philippe Claudel plonge son lecteur dans une ambiance faite de collègues de travail ou de sorties incroyables. Au passage, il n'est pas conseillé de lui faire un doigt d'honneur lorsqu'il passe en voiture…

Les discussions sont menées tambour battant, sans alinéas, sans tirets et cela rend le récit d'autant plus vivant. le suicide assisté, la maladie, le racisme, l'internet, les animaux de compagnie, l'éducation des enfants, les fêtes de famille, beaucoup de sujets y passent pour finir avec le sens de la vie et ce philosophe invité à la maison qui permet à l'auteur de conclure : « La vie devient supportable quand on la feinte. Enfin presque. »
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Philippe Claudel s'est lâché ! Déjà peu consensuel dans certaines de ses oeuvres, le romancier grand amateur de critique sociale nous dresse un portrait au vitriol de la société au travers de petites nouvelles aux personnages volontairement répétitifs. Des nouvelles caricaturales, folles, absurdes faites pour dénoncer la perte de valeurs, la perte d'identité, la cruauté envers autrui, la montée de l'individualisme, la marchandisation de tout. Et c'est cela qui est fort, la perte de sens pour démontrer une évidence. Un paradoxe démonstratif.

Le style est acerbe, violent, cru parfois, mais toujours talentueux et délicieusement drôle quand on aime l'humour noir. On ressent un cynisme et une certaine colère sur ce bilan burlesque et cruel de la société. Une sorte de procès comme ont pu le faire Brett Easton Ellis mais en moins alambiqué, moins long également.

Quand la désillusion est drôle c'est que l'heure est grave. Merci Monsieur Claudel pour cette sorte de cri désespéré et de fou rire triste.
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Je termine un livre qui fait déjà polémique :" Inhumaines" de Philippe Claudel, publié cette année aux éditions Stock. Livre de 130 pages. On aime ou on déteste. je l'ai découvert dans un groupe de lecteurs. certains à la lecture de la première ligne l'ont vite passé à leur voisin, une l'a laisser tomber par terre. Ce livre peut se lire comme un roman ou Je (lui) parle beaucoup à sa femme, de sa femme, de leur noël, de leur vacances et leur amis de travail, de leur enfants. Ou comme des nouvelles, ou l'on retrouve les mêmes personnages. On aime ou on déteste, on est interloqué ou choqué. le langage peut paraître vulgaire, pour moi il ne l'ai pas. Certains chapitres peuvent être insoutenables, pour moi hélas la réalité est bien pire.et les phrases les pires, sont celles normales qui m'ont parfois fait comme l'effet d'un véritable coup de poignard. Je remercie cet auteur d'avoir simplement osé montrer sans détour, le monstre qui sommeille en chacun de nous. Derrière le politiquement correct très à la mode, derrière le "faux self" que nous montrons a notre entourage. le livre " la violence fondamentale" de Jean Bergeret, psychanalyste lyonnais entre autre, paru en 1984, a fait moins de bruit car il était réservé à un certains public de professionnel. Voici ce livre en quelques sorte, traduit pour le grand public. Et moi je vais voir ce qu'a écrit d'autre cet auteur que je viens de découvrir.
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Des nouvelles absurdes, cocasses, décalées, un peu futuristes… comme si le monde devait continuer à partir en couilles encore un peu plus pire. Avec plein de sexe pas très réjouissant.

Mais pourtant, même si cela pouvait faire un truc rigolo… ces textes trop courts manquent quand même de consistance.
Lien : http://noid.ch/inhumaines/
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Ce court recueil de nouvelles rassemble à lui tout seul toute la cruauté, le sadisme, la violence dont pourraient être capables des humains dépourvus de conscience, de bienveillance, de simple humanité!
Torturer le père Noël, couper les doigts d'un automobiliste impoli, assister au suicide programmé d'un ami, offrir des hommes à son épouse, observer les migrants se noyant en Méditerranée... J'arrête cette liste car la lecture de ce livre peut mener à la nausée.
C'est tout simplement insupportable. Mais ceci dit, cela dénonce avec excès les dérives humaines!
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Un roman étonnant, qui décape les yeux, remue la pulpe des entailles. Si drôle, si triste et tellement... juste, là derrière la gouaille...
Ce qui me choque, ce ne sont pas les mots employés par monsieur Claudel, mais ceux de la société qui noie l'être "humain" de messages où l'amour est absent, où le sexe mécanique, vide, sans émotions, dangereux pour l'épanouissement de nos enfants, fait de violence et de pulsions est prôné, encensé, "iPhonisé".
D'ailleurs, face au chapitre " le modèle allemand " parfaitement... grinçant... Grand Maître, je m'incline !
Merci pour ce moment de lecture à la fois drôle, cynique, parfois choquant et surtout engagé dans un mouvement loin du déni.
Ça fait du bien à nos colonnes vertébrales, elles se redressent !
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Contrairement aux "Ames grises", cette compilation de sordides et cruelles saynètes à peine extrapolées de notre réalité quotidienne m'a durablement impressionné.
Philippe Claudel ne prend pas de gants, il n'épargne rien ni personne dans cette version angoissante mais si logiquement prophétique de notre avenir proche.
D'aucuns ont été choqués par ce brûlot démoniaque du gentil Claudel qui les avait tant séduit jadis.
Pour ma part je salue l'auteur qui, avec ce féroce coup de semonce, assume le rôle salutaire de lanceur d'alerte.

Perturbant, provocant, essentiel et salvateur.
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Abandonné au 2/3 du roman.....
On peut voir à quels actes peut conduire la monstruosité. Tellement gros, tellement absurde que l'on ne sourit même pas; alors rire encore moins.
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