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sur 718 notes
Californie, fin des années 60. Evie à 14 ans est une adolescente avide de liberté, cette liberté incarnée par ce groupe de filles qu'elle croise en ville -ce qu'elle considérera avec recul comme une « question de malchance » – et finira par suivre jusqu'au ranch où elles vivent sous la coupe de Russell. Des années plus tard, alors qu'Evie vit plus ou moins coupée du monde, sa rencontre avec Sasha la ramène à un passé pas si lointain : personne n'ignore les terribles évènements auxquels elle fut mêlée de loin.

On s'interroge souvent – et on n'a pas fini de le faire – sur le mode de fonctionnement des sectes et leur recrutement : comment des personnes a priori équilibrées glissent-elles sans réellement en prendre conscience sous l'emprise d'un groupe, au point de ne plus exister que pour lui et renier toute individualité ? C'est le tour de force de ce magnifique (et premier !) roman d'Emma cline qui met des mots sur cette recherche avide de reconnaissance d'une adolescente, d'un amour quelqu'il soit. Evie ferait tout pour sortir d'une existence limitée et prévisible, et la façon de vivre de ces jeunes filles représente tout à coup pour elle un idéal accessible.

Pour autant ce ce n'est pas Russell, ce type charismatique grand « spécialiste de la tristesse féminine » (directement inspiré du sinistre Charles Manson – jamais le mot « gourou » n'est formulé) qui la fascine le plus mais Suzanne, personnage ambigu qui l'attire et la repousse et l'entraîne irrémédiablement. Toutes ces filles se figurent que l'on n'a de la valeur que lorsqu'on est désiré, et c'est cette illusion qui va les emmener au drame.

Je retrouve ici ce qui m'a fait tant aimer des auteurs comme Laura Kasischke ou des films comme Virgin Suicides : le portrait extraordinaire de jeunes filles dans la complexité de leur chair et la férocité de leurs désirs.
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Il m'a fallu une bonne trentaine de pages avant de veritablement rentrer dans cette histoire tiree d'un fait divers aux US a la fin des annees 60 et racontee a la premiere personne, mais j'ai au final beaucoup apprecie ce premier livre de cette jeune auteure americaine.

Le style est travaille, adroit et tres agreable a lire.

Emma Cline traite de maniere habile et souvent refroidissante, des themes de l'adolescence, de la famille, de l'amitie, de la sexualite, du pouvoir, de la recherche de soi, de la manipulation psychologique ou encore de la drogue.

On a l'impression que ce regard dur et negatif qu'elle pose sur une cote ouest des US un peu dejantee des annees 60/70, est malheureusement completement d'actualite au debut de ce 21eme siecle.

La partie tragique du livre n'est effectivement pas chose inhabituelle aux US. Il suffit de lire les faits divers.

Une auteure a suivre et "The girls" a decouvrir.
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Je l'ignorais en commençant le roman, mais Russell Hadrick n'est autre que Charles Manson, commanditaire de plusieurs assassinats en 1969, notamment de Sharon Tate, femme de Roman Polanski. Quant à Suzanne, elle est l'avatar de Susan Atkins (surnommée Sadie). Toutefois, le premier roman d'Emma Cline n'est pas un documentaire. Si les faits et les caractères des personnages, elle a librement adapté cette histoire en créant ses propres personnages.

Evie est un personnage témoin. A côté. Et ce, malgré sa volonté désespérée d'être parmi les autres. La majeure partie du roman suit la Evie adolescente, mais chaque partie commence avec une Evie d'une quarantaine d'année, plus critique, marquée par son passé, une Evie qui n'a jamais oublié Suzanne.

Quatre parties segmentent le roman. La première signe la découverte des filles et du ranch, ainsi que de Russell. Dans la seconde, Evie est totalement et irrémédiablement accro à Suzanne. Et, bien qu'elle soit sporadiquement dérangée par un accès de violence de Russell ou par les conditions dans lesquelles elles vivent, elle trouve toujours des excuses et des explications. Dans la troisième, la situation s'aggrave. « le ranch n'avait jamais fait partie du monde extérieur, mais il s'isola encore plus. » « Une carapace durcissait autour de la propriété. ». Enfin, une Evie adulte reprend la parole dans la quatrième, nous montrant que finalement, rien n'a changé.

The Girls est un roman sensuel et dérangeant. Psychologiquement violent. L'intérêt réside davantage dans la relation dévorante, à sens unique entre Suzanne et Evie que dans l'appropriation de l'histoire de la Manson Family. Cependant, bien que son aura plane sans cesse au-dessus du ranch, Russell/Manson est à la périphérie du récit tandis que ses disciples en occupent le centre.
Là où le roman est particulièrement réussi, c'est dans son analyse des sentiments de ces filles que l'on ignore, que l'on n'entend pas et qui nourrissent peu à peu haine et frustration. Elle parle avec finesse de la complexité de leurs émotions, de leurs envies, de leurs rages, de leurs rêves et de leurs désappointements. le désir d'Evie d'être reconnue, approuvée, aimée est d'une voracité incommensurable. Evie est paumée comme tant d'autres, et c'est cela qui fait d'elle et des autres filles des proies si faciles pour les manipulateurs comme Russell. En cela, The Girls est totalement un récit d'apprentissage, un récit sur l'adolescence qui sonne vrai et qui pourrait parfaitement se dérouler à notre époque.

Je suis en revanche plus mitigée envers le fait d'annoncer tout ce qui est à venir (même si cela m'a poussée à m'interroger sur la façon dont les choses allaient pouvoir évoluer jusqu'à cette funeste issue), mais cela ne gâche rien.

The Girls est, pour moi, un livre brillant dont je retiendrais l'écriture percutante et la profondeur psychologique de ces personnages féminins.
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Pour un premier roman, Emma Cline a réussi une impressionnante fresque intimiste et un tableau sans concession de la société californienne des années 1960 et 1970, The Girls, un livre traduit dans plus de 34 pays et dont on parle de faire un film.

Evie Boyd, entre deux contrats d'aide-ménagère, se retrouve dans une maison prêtée par un ami, Dan. Au bord de l'océan, elle se voit confrontée à son passé, plus exactement à l'année de ses 14 ans, lorsqu'elle voit débarquer Julian, fils de Dan, une vingtaine d'années, et surtout Sasha, entre quinze et seize ans. Les souvenirs reviennent : « C'est dire à quel point les gens avaient besoin de s'assurer que leurs vies avaient bien eu lieu… » Devant ces jeunes gens, elle reste sur ses gardes : « Je ne voulais pas exposer ma pourriture intérieure, ne serait-ce qu'accidentellement. »
C'est pour elle alors qu'Evie commence à dévider ce que fut cette année 1969, à Petaluma, en Californie. Connie est son amie grassouillette et, comme elle, elle veut être remarquée : « Ce qui m'importait, en ce temps-là, c'était d'attirer l'attention. » Tout ce temps consacré à cela est gaspillé… « jusqu'à ce que quelqu'un vous remarque, les garçons l'avaient consacré à eux-mêmes. »
La drogue est omniprésente, sous toutes ses formes. Evie n'y échappe pas. Elle cherche à capter l'attention du frère de Connie, Peter (18 ans), qui prend de l'acide, va dans sa chambre, se caresse l'entrecuisse dans la salle de bains en regardant le magazine de femmes nues de son père…
Sa rencontre avec Suzanne est déterminante pour ce qui va suivre. Ses parents se sont séparés. Son père est avec Tamar, nettement plus jeune, et sa mère essaie divers hommes. Enfin, la voilà au ranch pour la fête du solstice et la rencontre avec Russell, un véritable gourou, vénéré par tout le monde et qui utilise les filles selon son bon plaisir. « Au ranch, le temps était déroutant. » C'est l'apogée du mouvement hippie, aux USA.
Si Evie revient au ranch, c'est pour Suzanne : « Depuis que j'avais rencontré Suzanne, ma vie avait pris un relief tranchant et mystérieux, qui dévoilait un monde au-delà du monde connu… » Russell l'affirme : « Nous étions en train de bâtir une nouvelle société… Sans racisme, sans exclusion, sans hiérarchie. C'est ainsi qu'il présentait la chose, un amour plus profond… » La réalité est bien plus difficile à vivre. Evie voit tout ce qui ne va pas : la saleté, le désordre, l'alimentation insuffisante et déséquilibrée, les enfants négligés… mais elle cherche le contact physique avec Suzanne (19 ans), elle en a besoin.
Russell chante, joue de la guitare et veut enregistrer. Pour cela, il compte sur Mitch Lewis, artiste à succès qui fournit la coke et se sert des filles pour assouvir ses besoins sexuels. Comme il faut de l'argent pour le ranch, Evie en prend chez elle, participe à une expédition qui se termine très mal comme cette année 1969, rappelant les assassinats commis par Charles Manson et les membres de sa « Famille »…

« Je pensais que le fait d'aimer quelqu'un constituait une sorte de protection, que la personne aimée comprenait l'ampleur de vos sentiments, et agissait en conséquence. Cela me paraissait équitable, comme si l'équité était une dimension dont se souciait l'univers. » Evie a échappé au pire, spectatrice et fugitive à la fois, elle est sortie définitivement de l'enfance mais à quel prix ?
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Californie, fin des années 60. Evie, une adolescente paumée et en quête désespérée d'attention, se lie d'amitié avec un groupe de marginales vivant dans une secte, sous la coupe du charismatique Russel.

Ce roman et ses personnages sont inspirés de la Manson Family, la secte dirigée par Charles Manson, qui fut à l'origine de meurtres particulièrement ignobles dans les années 60. La narratrice, Evie, est mentionnée comme une membre inconnue de la secte et est le prétexte à décrire les évènements précédant les meurtres.

Cette lecture fait froid dans le dos à plus d'un titre. Non seulement parce qu'on sait sur quoi va déboucher le récit, mais aussi pour les abus sexuels qui sont décrits, un peu trop complaisamment à mon avis. La narratrice les présente comme des relations plus ou moins consenties. J'appelle ça des viols. Sur des filles mineures, dont une de 14 ans. Une partie de ces agressions est explicitement décrite. Il est également suggéré évasivement qu'une fillette de 12 ans en aurait été aussi victime, sans que ce soit plus précis. Si ce genre de thématiques est rédhibitoire pour vous, ne lisez pas ce livre.

L'histoire nous est racontée en parallèle par l'Evie de 14 ans et par l'Evie adulte, celle dont la vie a été brisée par cette expérience, mais qui, paradoxalement, alors qu'elle se cache plus ou moins de la société, en fait également une sorte de titre de gloire. Nostalgie de l'époque où elle se sentait importante aux yeux de quelqu'un et où elle découvrait la sexualité. Je ne crois pas qu'une seule fois dans le récit elle ne se considère comme une victime d'abus.

Ce livre m'a mise extrêmement mal à l'aise, beaucoup de choses sont très dérangeantes. Non seulement les évènements décrits sont très glauques, mais la perception qu'en a la narratrice est carrément effrayante. Mes nièces ont entre 12 et 18 ans, dans une autre vie, elles auraient pu être des cibles pour Russel/Manson et ses adeptes… J'ai souvent été au bord de la nausée pendant ma lecture.

Pourquoi ai-je lu jusqu'au bout, me demanderez-vous, si c'était à ce point difficile pour moi?

Malgré tout ce qui donne envie de vomir dans cette histoire, c'était très intéressant de découvrir les mécanismes derrière les faits. Comment ces jeunes filles non seulement se sont laissées piéger par cet homme, qu'elles trouvaient charismatique et leur donnait l'attention qu'elle ne recevaient pas de leurs familles et amis; comment elles étaient prêtes à tout et n'importe quoi (surtout n'importe quoi) pour lui, y compris des meurtres particulièrement sauvages; comment elles étaient incapables de s'émanciper de cette emprise. Etc.

J'avais vu quelques semaines plus tôt un documentaire proposé par Arte sur Charles Manson et la musique, cette lecture avait donc une dimension plus intéressante pour moi, du fait que je connaissais les faits, personnes et problèmes derrière ceux, moins précis, du roman.

Un roman extrêmement dérangeant, très glauque, un peu trop complaisant pour mon goût, mais qui reste intéressant pour découvrir un fait divers traumatisant de l'Amérique des années 60.
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Evie, à l'âge adulte, nous apprend comment à 14 ans, à la fin des années 1960, elle s'est retrouvée sous la coupe d'une bande menée par son leader Russell. Cette histoire fait évidemment penser à l'affaire Manson. C'est très bien écrit. On suit le cheminement, les raisons qui poussent Evie à rejoindre ce groupe, l'attrait pour Suzanne en particulier. Ce roman parle également des difficultés d'être adolescent, du besoin de considération et d'être aimé. C'est aussi une image de l'Amérique fin des années 1960 mais les thèmes sont encore d'actualité, notamment la place des femmes dans notre société. L'histoire est assez sombre mais le ton juste.
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Ce roman racontant la jeunesse d'Evie Boyd et son intégration à une secte est très poignant. Il y est décrit l'adolescence d'une jeune fille abandonnée par ses amis et ses parents, sa vie qui chavire. C'est intéressant mais j'ai parfois décroché: certains passages sont longs, avec beaucoup de descriptions et je n'ai pas toujours compris à quelle moment de sa vie nous étions. Mais le livre raconte bien comment cette jeune fille a été brisée et surtout qu'elle n'a jamais vraiment guérie de cette expérience.
J'aurais aimé avoir plus de précision sur l'histoire des "meurtres", car on reste beaucoup dans le flou. Néanmoins, je trouve que le système de la secte est très bien décrit ainsi que la façon dont Russell enrôle les gens. Une bonne façon d'alerter les adolescents.
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Un roman plongé en plein Nord de la Californie durant les années 60... Une jeune fille du nom d'Evie Boyd, une secte hippie dont la réputation actuelle n'est plus à faire, une série de meurtres, d'événements tragiques, mais aussi de beauté intérieure, vu sous l'angle psychologique de la jeune fille désormais adulte mais dont les séquelles ne disparaîtront jamais...
Voilà les ingrédients qui ont fait de ce livre un livre ayant semé de petites graines dans mon esprit en ce début d'année.
Ce livre, basé sur des faits réels, réveille la mémoire collective, est troublant et intense. Une désillusion au sommet de sa gloire !!!
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Coïncidence, hasard ou choix de lecture dicté par mon inconscient, j'ai commencé «The Girls» le jour où l'on apprenait aux infos que Charles Manson était décédé en prison (car si vous ne le savez pas encore ce roman a été librement inspiré des meurtres de la « famille » Manson).

Nous sommes en 1969, Evie Boyd a 14 ans.
Ignorée par ses parents récemment divorcés, lassée de sa meilleure amie et inquiète de son départ prochain en pension, Evie aimerait être « intéressante » et remarquée par les autres.
Au lieu de cela c'est elle qui remarque Suzanne, une jeune fille sûre d'elle, leader d'un groupe de filles transpirantes de liberté et affranchies des contraintes de la société.
Quelques temps plus tard, quand le vélo d'Evie la lâche sur une petite route, c'est Suzanne et ses filles qui la récupèrent dans leur bus et qui lui proposent de venir faire un tour dans le ranch qu'elles habitent.
Là, la teenager déboussolée rencontre Russell, le vrai leader des filles, l'homme charismatique vénéré par elles autant qu'Evie révère Suzanne.
La jeune fille fascinée par cette communauté cherche à s'intégrer et s'éloigne de sa vie d'avant. Elle vole de l'argent pour le groupe, elle découvre les drogues et le sexe. Aveuglée par Suzanne et par Russell, véritable gourou qui lui assène sa vision du monde, elle ne décèle rien du chaos et de la crasse qui l'entourent dans ce ranch. le danger rode, la chute est proche.

Fin, intelligent, superbement écrit avec des phrases brillantes, ce premier roman est stupéfiant.

Avec une acuité intense, Emma Cline décrit les complexités de l'adolescence et nous livre un portrait incroyablement juste de filles, des femmes qu'elles deviennent et de ce moment charnière de la vie quand tout peut basculer si facilement.

A lire absolument.


« Pauvres filles. le monde les engraisse avec des promesses d'amour. Elles en ont terriblement besoin et la plupart d'entre elles en auront si peu »
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Je suis très partagée sur ce roman. Il m'a fallu du temps pour m'y intéresser car la mise en place du scénario est longue et un peu déroutante. On suit parallèlement Evie à l'âge adulte puis pendant les faits qui rappellent largement l'affaire Manson et la tuerie de Sharon Tate, mais celle-ci n'intervient que dans la fin du roman.
Evie, jeune adolescente mal dans sa peau, vivant mal la séparation de ses parents, est la proie idéale de cette "communauté" mais elle ne voit, ne pense qu'à Suzanne qui l'attire comme un aimant et elle ne voit pas ce qui se prépare. Pour elle malgré certaines petites choses troublantes comme la saleté, les enfants livrés à eux-mêmes etc.... tout est normal. Il faut dire que la drogue coule à flot, Russel exerce sur elle une fascination, il est très charismatique, et puis elle est aveuglée par l'amour qu'elle porte à Suzanne.
L'écriture est un peu lassante : on tourne en rond, on se perd, on sent le drame rô
Lien : http://mumudanslebocage.cana..
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