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3,75

sur 719 notes
Ce livre s'inspire vaguement de la famille Manson, leur secte et du meurtre de l'actrice Sharon Tate à la fin des années 60. L'auteur s'en est inspirée dans The Girls. The Girls, c'est l'histoire de Evie, une adolescente âgée de 14 ans, fille unique mal dans sa peau, se sentant seule et délaissée qui va rejoindre un groupe d'individus vivant en communauté de façon non conventionnelle.

The Girls, les filles. Celles qu'un jour Evie rencontre dans un magasin, celles qui utilisent le pronom « on » et « nous » et qui fascinent Evie. Ces filles-là, Evie les rejoindra et passera la majeure partie de l'été avec elles dans un ranch délabré et sale où les filles sont totalement dévouées à un homme plus âgé, Russell.

Un premier roman fascinant où Evie, la femme d'aujourd'hui plus âgée se remémore cette période de sa vie. La transition entre la fin de l'enfance et l'âge adulte que l'on appelle adolescence est bien souvent difficile. L'influence, le désir, l'isolement… Des erreurs aussi. Certaines dont on ne guérit pas. Aucun jugement dans ce roman. Une mise à distance y est établie. On découvre l'adolescence de Evie. Ses doutes, ses admirations, sa fragilité. Ses erreurs. C'est une lecture intéressante qui interpelle.

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The Girls s'est avéré être une lecture passionnante sur l'embrigadement en secte, et un très bon roman autour de la Manson Family. Il est glaçant de réaliser à quel point la fascination envers un autre être peut être puissante…

Premier bon point : la très belle plume d'Emma Cline, dont je suivrai les futures parutions avec attention. A un moment je lisais un thriller psychologique, avant d'être embarquée dans une romance, puis de tourner vers un texte plus contemporain. le mélange des genres a parfaitement fonctionné avec moi, je me suis laissée prendre au jeu de cette histoire difficile. Emma Cline a parfaitement réussi à nous faire réaliser à quel point l'amour peut être source de bonheur mais aussi de fascination morbide, et rendre aveugle.

Tout le roman est d'ailleurs assez malsain, et on ne peut se sentir tout à fait à l'aise en lisant ce roman. A chaque phrase on ressent la souffrance d'Evie, soit sa fascination pour Suzanne et pour le « ranch » et les nouvelles expériences qu'elle y mène. Rien qu'en décrivant un simple lieu de vie, celui de la secte, Emma Cline réussit à instaurer un climat malsain et une saleté indélébile dans ses mots.

Evie est un personnage pour qui j'ai ressenti beaucoup d'empathie; elle se sent très seule, n'a aucune confiance en elle ni en personne, et va facilement tomber dans le jeu de fascination de la « famille ». Son amour pour Suzanne, première réelle expérience d'intimité avec une personne à laquelle elle est confrontée, va la mener vers des chemins terribles, et l'amener à se perdre elle-même. On sent à chaque page qu'elle peut basculer à tout moment, qu'une simple phrase suffirait à lui faire perdre totalement la tête à seulement 14 ans.

Emma Cline a réussi à tisser un roman particulier autour du « mythe » malheureux de la famille Manson. En changeant quelques noms et faits, elle réussit à retranscrire les faits de manière très réelle et en même temps romancée. Au même titre qu'Evie, on vit les faits de l'intérieur, sans pouvoir s'empêcher d'avoir cet oeil extérieur de spectateur qui nous rappelle la violence qui habite cette soit-disant « famille ».

Je vous conseille vivement de découvrir à votre tour The Girls, roman très riche sur la force de l'embrigadement, la fascination morbide, et le point de basculement.
Lien : https://matoutepetiteculture..
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Californie, un été, fin des années 60 – The girls, ce sont ces filles que Evie croise dans le parc et qu'elle envie. Mal habillées, crasseuses, malpolies, agressives mais apparemment libres, elles vivent en communauté sous l'influence du mystique et charismatique Russel. Pour Evie, 14 ans, qui juge sa vie d'une banalité abyssale, se trouve moche et sans intérêt, cette vie alternative, c'est l'aventure, le rêve ! Lorsque Suzanne s'intéresse enfin à elle, c'est le coup de foudre. L'admiration d'Evie, l'amène à mentir, à voler, trahir, et participer à des jeux sexuels dégradants. Mais cette fascination la conduira-t-elle jusqu'au meurtre ?

La jeune auteure Emma Cline, dont c'est le premier roman, s'est inspirée librement du meurtre abominable, en 1969, de Sharon Tate, la femme de Polanski et de ses amis, alors qu'ils passaient la soirée dans sa villa. Enceinte, elle avait été assassinée sauvagement et sans raisons par un groupe de jeunes sous l'influence du gourou Manson. Pas de voyeurisme dans ce roman puisque l'auteure ne décrit pas du tout le meurtre dont il est question dans les toutes dernières pages, mais emprunte le chemin psychologique qui conduit le groupe à suivre Russel, pourtant loin d'être aussi intéressant que les filles semblent le croire.

C'est le sujet passionnant des sectes, de l'assujettissement, de la manipulation.
Lien : http://www.levoyagedelola.com/
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Que se passe-t-il en 2016-2017 pour que plusieurs livres, essais ou romans, soient consacrés à Charles Manson et aux meurtres qu'il perpétra ou fit réaliser par des jeunes gens de sa prétendue  « Famille », dans les alentours de Los Angeles à la fin des années 60 ?

Le procureur qui instruisit l'affaire, Vincent Bugliosi, la reconstitue ainsi que le procès dans « La tuerie d'Hollywood », l'infirmier- psychiatre qui sut capter les confidences de l'assassin, Marlin Marynick, l'aide à rédiger son autobiographie, « Moi, Charles Manson », l'écrivain Simon Liberati publie « California girls » qui relate l'assassinat de Sharon tate et de ses amis et enfin, Emma Cline donne la parole dans « The Girls », à Evlyn Boyd dite Evie, qui raconte son intégration dans le groupe du « ranch » jusqu'au meurtre commandité auquel elle ne participa pas.

Personnage de fiction qui permet de porter un regard d'adolescente riche mais mal dans sa peau sur le groupe où l 'amour est le maître mot, où personne ne juge personne, où on se voit attribuer un rôle, des fonctions. Elle trouve là un refuge après avoir quitté la maison de sa mère, puis celle de son père, en rupture affective avec ses parents, sa meilleure amie, son petit univers désolant et sec. Elle tombe littéralement sous la coupe de Suzanne ( SuzanneAtkins, dans la réalité), et s'intègre dans ce monde où la crasse, l'oisiveté et la misère se parent des plus beaux atours sous l'effet des drogues et de l'alcool. le sexe est libre et tout le monde s' « aime » sans tabous. Un peu désorientée,choquée mais totalement sous influence, Evie découvre les hommes, le gourou Russel qui la met en valeur et la manipule, Mitch, le musicien qui joue avec elle comme avec une poupée sexuelle. Et c'est l'engrenage vers des violences, des crimes, à peine racontés, téléguidés par Russel. Un psychopathe en mal de reconnaissance, jaloux du succès des autres quand son propre talent de musicien reste ignoré.

C'est la petite Evie de quatorze ans qui raconte, puis la quinquagénaire, Evie devenue adulte, qui partage la vie de jeunes en mal de liberté et qu'elle ne peut mettre en garde, sous peine de se faire renvoyer au visage son propre passé.

Le « power flower » aura vécu ses derniers moments de grâce après le 9 août 1969, date du meurtre de Sharon Tate et de ses amis. Toute une génération va être traumatisée par les horreurs commises avec en toile de fond la guerre du Vietnam.

L'intérêt de ce roman tient surtout à la façon dont l'auteure a fait s'exprimer l'adolescente, avec sa naïveté, son cynisme aussi, son désarroi de gamine mal dans sa peau. Mais, encore une fois, je trouve plutôt insatisfaisant ce qui mêle réalité et fiction, l'horrible fait divers donnant lieu à une reconstitution imaginée de faits réels. Il est intéressant d'avoir accès aux « sources » qui ont permis l'écriture de ce livre, au moins une bibliographie ou des extraits de journaux.
En 2014, Charles Manson demande et obtient l'autorisation d'épouser une jeune femme de 26 ans, fascinée par lui et totalement à sa dévotion. Il ne donnera pas suite finalement. Condamné à mort puis à la rétention à perpétuité, il est toujours incarcéré, une croix gammée gravée sur le front.
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Je viens de terminer ce magistral premier roman D'Emma Cline.Il s'agit de l'histoire revue et corrigée de la tuerie orchestrée par Charles Manson en Californie durant l'été 1969.
Cet horrible fait divers, dans lequel Sharon Tate, la femme de Roman Polenski a perdu doublement la vie(elle était enceinte de huit mois), a fait la une durant des mois, et on parle toujours de Manson, ce démoniaque personnage toujours enfermé aux Etats-Unis.
La plume de Emma Cline est entièrement tournée vers ces filles, jeunes, provocantes et surtout perdues, en quête d'amour, de reconnaissance et de liberté.La narratrice,Evie qui avait 14 ans lors de cet été meurtrier, s'est trouvée mêlée à cette histoire, un peu de loin, mais aussi de très près. Elle ne s'en remettra jamais, même si elle n'a rien fait de très répréhensible, si ce n'est perdre son âme d 'enfant.
L'auteure a transformé Manson en Russel, mais elle ne s'attarde pas vraiment sur ce personnage, on sent cependant son influence en permanence sur les filles, tout ce qu'il se passe entre lui est elles est caché, tu à Evie.
Ce livre est torride pour différentes raisons ,l'atmosphère est toujours étouffante, les scènes de sexe semblent incestueuses, les personnalités des filles, autant Suzanne, que Helen, Donna, sont sournoises. On a du mal à s'attacher à ces personnages déliquescents, et pourtant il y a une sorte de fascination qui ne m'a pas quittée lors de la lecture. c'est une histoire à lire, qui s'inscrit au fond de soi, qui fait frissonner et réfléchir à beaucoup de thèmes comme l'amour, la soumission, la haine, la violence, la solitude, la différence.....
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1969. Californie. Agée de quatorze ans, Evie vit avec sa mère depuis la séparation de ses parents. Sa mère jusqu'alors assez réservée s'ouvre sur les autres et les influences en cours. Avec sa meilleure amie Connie, Evie mal dans sa peau tue le temps comme tout autre adolescente en attendant la rentrée. Un jour, elle aperçoit un groupe de filles qui font les poubelles, volent et ensuite s'engouffrent dans un vieux car noir. Sa rencontre avec Suzanne une des filles va marquer un tournant.

Complètement fascinée par elle, Evie la suit jusqu'au ranch où elles vivent. L'endroit n'en porte que
le nom car la réalité est autre : vieux, délabré mais Evie elle y voit une liberté, un mode de vie excitant. Les filles sont sous la houlette de Russell une sorte de gourou qu'elle vénèrent. Un monde à part avec l'alcool, les drogues, le partage des biens où il y a même des enfants. Et très vite Evie n'a qu'une seule l'envie se faire intégrer ( "j'étais une cible enthousiaste") et délaisser son quotidien bien fade en comparaison.

Alternant la narration d'Evie adulte des années plus tard et les faits de l'époque, l'emprise du groupe , les rapports, l'ambiance sont très bien rendus.
Un premier roman psychologique très maitrisé et réussi car Emma Cline nous décrit comment en quelques semaines une adolescente peut basculer en décortiquant avec précision les différents processus. La tristement célèbre affaire Charles Manson a servi de toile de fond à ce roman (ce que j'ai appris à la lecture de chroniques).
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Emma Cline... Je ne te connais pas, pourtant, après avoir lu "The Girls", je vais m'empresser d'aller lire tes autres bouquins.

A 27 ans, tu as écrit ton premier roman, "the Girls", où une adolescente mal dans sa peau, ne se sentant ni "vue" ni comprise par ses parents divorcés et son entourage, va tout d'abord être subjuguée par ce qu'elle ressent comme une liberté, une façon d'être soi, lorsqu'elle rencontre un groupe de filles pas comme les autres, puis va rejoindre la "famille", secte dirigée par Russell, aveuglée par une promesse d'une autre manière de vivre.

A 27 ans, tu décris comme personne ce que c'est que d'être une adolescente qui s'ennuie dans une petite ville sous la chaleur d'un été en Californie.
La colère de ses filles qui en ont raz le bol de se faire agresser. Ces filles qui ressentent à quel point la société masculine abuse de leur corps, les traite mal, et qui voient dans la secte une manière de se réapproprier leur corps et leurs envies.

On comprends tout de suite que Russell c'est Richard Manson. On sait comment ça va finir.

Mais la n'est pas le sujet du livre.

Evie, cette jeune fille attachante, qui se cherche, dans son mal-être adolescent dans une société patriarcale et consumériste... là est le sujet du livre.

Evie, une des plus jeunes filles du groupe, qui restera spectatrice et sera "exclue" du meurtre que l'on sait, car elle est peut-être la seule qui peut encore s'adapter à la société, la seule ayant gardé un lien d'arrimage avec les autres.

Emma Cline, bravo pour cette force d'écriture du haut de tes 27 ans. J'ai hâte de lire tes autres romans.

Je recommande vivement cette lecture! Allez écouter cette jeune autrice dans l'émission "la grande table" sur France culture, daté de novembre 2016 après votre lecture.




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Dans son premier roman, The Girls, Emma Cline décrit minutieusement la psychologie sombre des adolescents, leurs amitiés intenses et les atrocités dont ils sont capables. Pour cela, elle s'est librement inspirée de la secte autour du criminel Charles Manson.
"La familiarité de la journée a été troublée par les filles qui ont perturbé l'ordre établi. Souple et insouciant, comme des requins qui sautent dans l'eau".
Dès la première page, Emma Cline entraîne le lecteur dans les montagnes russes émotionnelles d'incertitude et d'admiration tellement typiques aux relations entre adolescents. Nous sommes à L.A, été 1969. Les parents d'Evie, 14 ans, viennent de divorcer. le père vit loin avec sa nouvelle petite amie. La mère tente de reprendre sa vie en main, mais elle a plus d'yeux pour ses gourous et ses amants potentiels que pour sa fille. Evie traîne surtout avec son amie d'école, Connie. Elles fument de la marijuana, lèchent des piles pour les chocs métalliques sur leur langue "dont on dit qu'ils procurent la sensation d'un dix-huitième d'orgasme" et attendent l'avenir. Jusqu'au jour où elle rencontre Suzanne, la belle et Suzanne qui a l'air tellement bien dans sa peau, tellement libre, un peu sauvage. Suzanne vit dans une commune avec Russell, un leader spirituel charismatique, et une foule d'autres filles. Evie est fascinée et tente de se rapprocher de Suzanne qu'elle admire. Avant de s'en rendre compte, elle intègre la secte et vit dans un réseau de sexe, de crime et de mensonges. L'histoire est racontée par la même Evie, aujourd'hui sexagénaire, mais toujours déracinée, en marge de la société. Parfois, elle vit avec des gens en tant que servante, parfois elle s'occupe d'une maison vide. C'est ainsi qu'elle a vécu pendant des années. Dans un monde intermédiaire, inaperçu. Jusqu'à ce qu'elle rencontre la jeune femme Sasha, la copine du fils d'un ami dont elle s'occupe de la maison. Sacha apprend qu'Evie était l'une des "filles" impliquées dans le meurtre du célèbre musicien Mitch Lewis. Avec un respect croissant, Sasha écoute l'histoire d'Evie, qui est en fait animée par l'attention qu'on lui porte, et lui parle de sa relation avec Suzanne et Russell, et de ce qu'elle a dû faire pour faire partie du groupe. Un très bon premier roman, une jeune écrivaine très talentueuse dont on entendra encore parler!
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The girls. Les filles.
Les filles de la "famille" Manson. Les filles américaines conditionnées par les publicités et les magazines de l'époque passant un temps fou à se rendre désirable aux yeux de garçons qui, eux, s'occupent juste à devenir eux-mêmes.
Sweet sixties. Flower power. Evie est une adolescente paumée, très jeune, très seule et très fragile. Elle rencontre les "filles" de Charles Manson (Russel dans le roman) et est fascinée par Suzanne. Prête à tout pour lui plaire, elle fugue pour intégrer la secte et y faire son initiation. Drogues, sexe, gourou tout puissant.
Russel se sert des filles comme monnaie d'échange. Relations sexuelles, prostitution, viol…
Dès le moment où elle n'est plus utile, Evie est brutalement éjectée (une chance au regard des atrocités commises plus tard par les "filles" de Manson).
Trente ans plus tard, Evie constate que les choses n'ont guère changé pour les jeunes filles américaines. La place des femmes dans une société toujours patriarcale n'est évidemment pas aisée.
Glauque. Poétique. Affuté. Hors des clous. Coup de coeur pour le premier roman d'une jeune écrivaine américaine.
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Encore une jeune auteure extrêmement talentueuse. J'ai décidément beaucoup de chance après avoir découvert en un an et demi seulement Jax Miller, Emily St John Mandel, Jennifer Clément. Et maintenant Emma Cline dont c'est le premier roman (je l'écris pour parvenir à y croire !!!)

Ce livre est à la fois d'une totale justesse et d'une remarquable maîtrise. En s'inspirant de l'assassinat, par les filles de la Manson Family, de Sharon Tate dans sa villa de Los Angeles, en 1969 alors qu'elle s'apprêtait à accoucher, Emma Cline s'efforce de décrypter, de décortiquer même l'inimaginable : comment une adolescente américaine lambda issue d'un milieu aisé, scolarisée, peut-elle basculer au point de se rapprocher d'un acte de sauvagerie totalement gratuit contre des personnes qui ne lui ont causé aucun tort et qu'elle ne connaît même pas ?

Evie a 14 ans, elle n'a pas de problème au sens social du terme mais elle cherche sa place dans la société américaine. Elle ne sent incomprise par sa mère, ignorée des autres ados, qu'elle trouve tellement plus flamboyants qu'elle. N'étant pas désirée par les garçons ou les filles populaires, elle est à l'écart, en marge, laissée de côté.

Suzanne, qu'elle aperçoit par hasard, a quelques années mais surtout tout de plus qu'Evie : une totale liberté, une capacité à faire fi des autres et de leur regard pour être totalement elle-même. Ce que le monde ne lui donne pas, elle s'en empare. Même sa servitude à l'égard de Russell, l'avatar de Charles Manson, patriarche du Ranch dans lequel la bande vit en marge de tout et affranchie de toute convention, séduit Evie car Suzanne l'a choisi.

Plus que Russell, c'est Suzanne pour moi le personnage central du roman. Et surtout Suzanne à travers le regard d'Evie. Toute adolescente à un moment donné se sent terriblement vulnérable et cherche un modèle. Malheureusement, Evie se fourvoie mais on ne peut que la comprendre car la dérive, l'escalade se fait pas à pas, petit à petit, sans y penser, laissant ainsi tout loisir à Evie de justifier tout écart entre les actes de Russell, Suzanne et les autres (qui révèlent au mieux leur indifférence au pire leur inhumanité) et l'idéal affiché d'amour et de tolérance. le décalage est glaçant comme est terrifiante la manière dont Evie justifie toujours son groupe d'appartenance. Evie aime Suzanne et en a besoin comme d'une drogue. La réciproque est plus complexe, très subtilement traitée par l'auteure. Suzanne accepte cette adoration, utilise Evie mais voit aussi en elle celle qu'elle était encore quelques années auparavant. Ceci explique beaucoup de choses dans leur relation.

La justesse du constat et la maîtrise du roman sont accentués encore par le regard que porte Evie, environ 40 ans, solitaire et traumatisée encore, sur la jeune fille qu'elle était et au-delà sur le statut de la jeune fille américaine, qui semble encore et toujours, ne pouvoir exister qu'à travers le regard des hommes et de la société. Attention, aucun propos sentencieux ou leçon de morale simpliste. Emma Cline observe et c'est imparable. J'ai pensé à l'appât de Bertrand Tavernier qui nous livrait un portrait aussi juste et dérangeant de sa jeune héroïne dans un contexte tout aussi travaillé (film inspiré d'un fait divers authentique également).

Je lis avant tout pour tenter de mieux comprendre l'être humain et ce livre, à l'écriture et à la traduction éblouissantes, sert parfaitement cette ambition. le plus terrible est que chaque "girl" aurait pu à un moment donné devenir Evie. Rien n'est blanc ou noir et il est parfois si facile de basculer. Une lecture que je ne suis pas prête d'oublier et je lirai tout ce qu'écrira Emma Cline.
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