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3,75

sur 719 notes
J'ai beaucoup aimé cette lecture et pourtant j'ai eu peur d'être déçu car on voit beaucoup de bon avis sur ce livre.

Il est inspiré par ce qui est arrivée aux Etats-Unis avec la "Manson family" et le meurtre de Sharon Tate alors qu'elle était enceinte.

On suite ici la jeune Evie en 1969 qui a 14 ans, elle va rencontrer trois jeunes filles donc Suzanne et elle va trouver celle-ci avec un charme magnétique. Elle va retrouver ces filles à plusieurs reprises car Evie est en rupture avec sa mère qui cherche plus à plaire aux hommes qu'à s'occuper de sa fille.

Elle va faire la rencontre "du gourou" du squat qui se nomment Russel et passer de plus en plus de temps avec Russel et les filles dont Suzanne entre autres. La philosophie de ce "groupe" est de tout partager (chose matériel, les sentiments amoureux etc....).

On voit petit à petit l'emprise de ce groupe sur Evie elle se détache de sa famille, de ses précédentes amies comme Connie. Il s'agit d'un roman sur l'emprise, mais aussi sur l'adolescence période délicate de la vie.

Une écriture très plaisante, un style fluide on est complétement embarqué dans cette Amérique des années hippies.
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Un premier roman percutant et prenant.

Peu importe que l'auteure ait voulu s'inspirer des crimes sauvages commis par les " filles" de Charles Manson, en 1969. L'épisode sanglant n'est d'ailleurs que peu décrit.

Non, ce qui est l'essentiel et la grande réussite de ce livre, c'est cette vision si juste des tourments de l'adolescence ; sans juger, Emma Cline , à travers le personnage d'Evie, retranscrit les raisons qui peuvent conduire une toute jeune fille à se laisser dominer par le gourou d'une secte, à imaginer y trouver une famille, à frôler de près une violence inouïe.

Evie a quatorze ans, elle est fragilisée par la séparation de ses parents, elle se sent laide et n'a aucune confiance en elle. Et ,un jour, dans cette ville californienne où elle s'ennuie,il y a une rencontre déterminante: celle de Suzanne, la fille pour qui elle est prête à tout... Suzanne " requin fendant les flots", belle et sauvage, une des "filles" du gourou. Suzanne, fausse image hippie de la liberté, fausse incarnation de l'amour.Suzanne qui l'attire dans un univers glauque et dangereux.

Drogue, sexe, avilissement de la femme vont faire déraper la vie d'Evie... Elle ne s'en remettra jamais vraiment, car on la retrouve adulte à certains moments du livre, paumée et solitaire, mais lucide aussi sur la prétendue libération féminine de la nouvelle génération ....

Avec un style très personnel, mélange de poésie et d'expressions d'une force saisissante, l'auteure dresse le portrait fort juste d'une adolescente en manque de tendresse, déchirante dans sa recherche d'un ailleurs, d'un idéal, qui se transformera en désillusion totale. Elle a voulu rêver sa vie et s'est cognée avec brutalité au mur de la réalité. Combien d'Evie se sont ainsi égarées dans le monde?

Une radioscopie impressionnante des dérives du mouvement hippie...
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Qu'on le veuille ou non, les pires salauds que la terre ait portés fascinent. L'écrivain comme le lecteur.
Charles Manson, ce gourou hippie et sa horde de groupies dévouées corps et âme jusqu'à sacrifier leur jeunesse, leur vie, font partie de ces figures charismatiques qui continuent, quelques 40 années après leur méfait, à inspirer la création artistique, muses malgré elles.

Emma Cline ne déroge pas à la règle en consacrant le sujet de son 1e roman à cette secte de jeunes gens, principalement des femmes vulnérables et endoctrinées qui ont un soir massacré l'actrice Sharon Tate, alors enceinte, dans sa villa californienne.

Mais ce que j'ai considérablement apprécié, est le parti pris narratif. Exit, le focus gore et sanglant sur cette bande de filles complètement frappadingues, menées par la spectaculaire Susan. Bien entendu, Emma Cline évoque ces tristes figures mais à travers le regard d'Evie Boyd, adolescente mal dans sa peau, qui du haut de ses 14 ans, découvre bien trop jeune les errements auxquels nous mènent la solitude et le mal être de manière générale.

Fascinée par cette bande de jeunes femmes libres (pense-t-elle), insoumises, rebelles, si fières de leurs corps, totalement à l'aise avec leur sexualité, délivrées du carcan conformiste de cette société américaine de la fin des années 60, ces filles renvoient Evie à la triste normalité de son existence solitaire, délaissée par sa mère et son père, récemment divorcés. Evie se trouve à un âge où elle se questionne, sur tout : son corps, sa sexualité, son rapport aux hommes, aux femmes, les notions d'amitié, d'amour, qu'attend-t-on d'elle, quel avenir se créer. Touchante Evie qui se cherche une place dans cette société en pleine mutation et qui pense trouver, dans ce groupe hippie qui l'accueille à bras ouverts, une famille qui lui fait tant défaut. Sous le regard perçant de la farouche Susan, Evie se sent transportée dans une tribu de coeur avec laquelle elle découvre l'interdit : la drogue, le sexe, la liberté d'agir sans tabous. Jusqu'au drame.

Très beau roman d'initiation, The Girls est une petite pépite de justesse. Emma Cline y décrit parfaitement les tourments de l'âge adolescent avec un style limpide qui n'épargne pour autant pas le lecteur, fable féroce et cruelle derrière de simples apparences. Un 1e roman qui met du plomb dans la tête et que je recommande fortement. Et une plume que j'espère bien retrouver sous peu.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Bien, pour poser un peu les choses : j'ai été un peu lassée de partir en « spéléo » en ce début d'année 2017 à la découverte de nouveaux auteur(e)s et de me casser les dents (enfin les yeux !!) sur des navets, des trucs vraiment moyens et j'ai donc décidé de « sélectionner » plus drastiquement mes lectures dorénavant !

J'ai remarqué aussi qu'il m'est étrangement plus aisé de produire une critique négative motivée qu'un chaleureux éloge d'une oeuvre qui m'a enthousiasmé. C'est le cas du premier roman d'Emma Cline : « The Girls » (et aussi celui du livre de Simon Libérati « California Girls » sur le même sujet). Alors je me lance en espérant vous transmettre l'envie de le lire et de le découvrir.

Le personnage d'Evie Boyd dans le roman d'Emma Cline, est une compilation de toutes les « girls » qui ont gravité autour de la secte hippie fondée par Charles Manson dans les années soixante. Si le livre est « romancé » il est néanmoins inspiré de l'histoire vraie de ces filles prisent dans l'engrenage et dans une spirale de violence infernale et meurtrière qui aboutira entre autre, en 1969 à ce fait divers qui secoua l'Amérique d'alors : l'assassinat de l'actrice Sharon Tate, femme du cinéaste Roman Polanski, et des amis qui se trouvaient avec elle dans une demeure cossue de Beverly Hill à Los Angeles. Ce livre analyse donc le « pourquoi du comment » ils en sont arrivés là et retrace leurs parcours.

Evie est une gamine mal dans sa peau, « paumée » en quête de reconnaissance absolue qui s'ennuie ferme en cette fin des années 60 dans sa famille « décomposée » qui part à vau-l'eau. Fâchée avec sa seule amie, Connie, Elle ne tardera pas à être séduite par le charisme de Suzanne, cette fille étrange aux cheveux longs, à l'aspect négligé. Belle aux yeux d'Evie, rebelle et libre, elle l'amènera à fréquenter assidûment le « Ranch » qu'elle partage avec une bande de jeunes gens miteux, sales et totalement désoeuvrés qui révère leur gourou, le magnétique Russell.
Evie, impatiente de « faire ses preuves » sera amenée à voler afin de mieux se faire accepter dans cette communauté qu'elle considère comme sa nouvelle famille. Elle flirtera avec le crime et ne l'évitera que de justesse et encore à cause d'un revirement étrange et suspect de Suzanne qui l'écartera au dernier moment. Remords, peur qu'elle soit trop jeune pour assumer ce qu'ils vont faire, peur qu'elle les ralentisse qu'elle les paralyse, qu'elle soit une entrave ?

L'écriture ausculte une génération, ses maux, les méandres de la complexité adolescente, l'emprise psychologique ; c'est un roman flamboyant, poétique et presque extatique mais aussi dur au style net et tranchant comme un couteau...

Certes les noms sont déguisés mais le propos est là. L'auteure analyse avec succès et tout en sentiments la dérive laxiste et permissive des sectes et du rêve hippie d'alors. Mais le sujet est intemporel et l'on s'aperçoit vite avec la mise en miroir de l'Evie d'aujourd'hui qui se remémore son passé, que le discours peut être appliqué de nos jours également avec les mêmes techniques pour d'autres raisons et avec d'autres gourous….
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Evie est une jeune adolescente, fille unique, elle vit seule avec sa mère dans le Nord de la Californie, à la fin des années 60. Elle passe son temps avec sa meilleure amie d'enfance Connie. Mais, Evie ne sent pas forcément bien dans son corps, ni dans sa tête. Comme beaucoup d'adolescents, elle se pose des questions quant à la sexualité et les relations amoureuses.

Un été, elle est attirée par un groupe de filles qui l'intrigue par leurs tenues négligées et le sentiment de liberté qu'elles laissent échapper dans leurs attitudes excentriques et marginales. Cette bande de fille se compose de Suzanne dont Evie est immédiatement fascinée et connectée à son regard.

Après plusieurs rencontres et un climat familial et amical devenu bancal, Evie se lance, elle veut faire partie de leur bande. Entraînée dans ce groupe, elle fait la connaissance du leader Russell, un homme aux moeurs inadmissibles avec ces jeunes filles. Durant une bonne partie de l'été, elle va donc faire des allers retours entre le domicile familial et le ranch caché en plein milieu des collines. Là où tout n'est que délabrement. Mais, Evie mettra du temps avant de se rendre compte de la réalité. Pour le moment, elle semble satisfaite d'appartenir à ce groupe. Mais face à ce semblant d'existence, la relation quasi obsessionnelle en particulier avec Suzanne et le reste du groupe va conduire à un drame d'une violence extrême. Car Evie est prête à franchir toutes les limites pour ne pas déplaire à Suzanne.

Remarquablement bien construit, ce roman foisonne de détails justes et expose singulièrement les comportements parfois excessifs des adolescents. L'alternance entre les passages au présent où Evie est une adulte et les moments où elle revient sur le récit des événements de son passé, où elle essaie d'analyser ses actes permet au lecteur d'avoir une vision globale de la situation. Car ce n'est pas juste une adolescente, mais également l'adulte qu'elle est devenue que met en avant l'auteure.
J'ai été captivée par ce premier roman brillamment écrit par une jeune auteure de 27 ans.
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Le cas Charles Manson fait encore beaucoup parler aujourd'hui. Pour preuve, deux livres lui sont consacrés en cette rentrée littéraire: le « California Girls » de Simon Liberati se focalise sur les crimes perpétrés par la famille Manson, tandis que « The girls » s'intéresse plutôt au contexte historique.

Si le thème du livre vous rebute parce que vous craignez d'assister à des effusions de sang et des scènes atroces, ne craignez rien, ce n'est du tout le but de l'auteure. En effet, Emma Cline utilise l'histoire de ces crimes comme prétexte pour nous parler d'une époque. On suit les péripéties d'Evie, jeune fille un peu désenchantée, comme beaucoup d'adolescents à un son âge. Son foyer familial n'est pas des plus stables elle est donc blasée et en recherche de fantaisie. La rencontre avec Suzanne, fille rebelle qui dégage un sentiment de liberté, va être une bouée de sauvetage à laquelle elle va s'accrocher.

Grâce à cette histoire, j'ai été transporté dans l'Amérique des années 60/70. L'auteure a su parfaitement recréer l'atmosphère d'insoumission qui régnait à ce moment-là. Dans ces circonstances particulières, ce roman nous parle surtout de l'adolescence et de sa fragilité. Sans véritables repères, les jeunes gens, d'une grande naïveté, sont influençables et certaines personnes peuvent en profiter. L'admiration d'Evie pour Suzanne, va la pousser à tout faire pour lui plaire. Elle va alors se retrouver bien malgré elle dans l'engrenage de la secte dirigée par le charismatique Russell. C'est donc un roman sur la liberté et l'innocence, qui mal encadrées, peuvent conduire à une fin tragique.

Pour son jeune âge, Emma Cline manie une plume de très haut niveau. le style est en même temps soutenu et envoûtant. J'ai ressenti tout le travail que ce livre a dû lui demander afin de retranscrire au mieux l'ambiance de l'époque. En alternant entre passé et présent, elle nous prouve que le monde a changé mais que les comportements puérils se perpétuent. Elle fait du même coup une entrée fracassante dans le monde littéraire, avec ce roman universel sur la jeunesse, que j'ai trouvé à tous points de vue fascinant !
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Voilà le livre dont tout le monde parle. Tout le monde a raison d'en parler. Car c'est un domaine qui n'est pas traité convenablement en littérature ni ailleurs, l'âme de la jeune fille par elle-même. Et pour cause, unique est la société dans l'histoire où elles ont la parole. C'est la nôtre. Pourvu que ça dure...Rien que l'idée qu'elles pourraient (que nous pourrions) la perdre fait froid dans le dos. L'auteure avait une toute petite vingtaine quand elle a écrit. Un tout petit peu plus que l'âge des "girls", des souvenirs très nets et un recul suffisant pour son incroyable lucidité.
Nous plongeons donc dans l'esprit d'Evie Boyd, 14 ans en 1969, et peut-être la cinquantaine pour le moment de la narration. Deux époques mises en parallèle, deux Evie. La plus agée revient sur des événements traumatiques ayant eu lieu dans sa quinzième année. Livrée plus ou moins à elle même après le divorce de ses parents, s'étant disputé avec sa "meilleure" amie qui ne la satisfaisait plus, Evie rencontre Suzanne (double romanesque de Susan Atkins, la meurtrière de Sharon Tate et de ses amis, la disciple de Charles Manson.) Immédiatement fascinée par sa personnalité, sa liberté, son charisme -et aussi ses ténèbres, Evie la suit au Ranch où règne en maître Russel, la trentaine, gourou entouré d'une floppée de jeunes filles. Evie trouve à cet endroit l'attention, l'affection, une réponse aux vides qu'elle sentait en elle. Elle tombe sous l'emprise de Russel et, surtout, elle ressent envers Suzanne une passion grandissante...
En parallèle, Evie âgée, dont la vie est un ratage, rencontre, en gardant la villa d'un vieil ami, le fils de celui-ci, Julian, la vingtaine, et sa petite amie Sasha d'une quinzaine d'années. Sasha, jeune, ignorante, soumise sans s'en rendre compte à la loi des garçons, lui rappelle sa propre adolescence.
C'est un roman dur et violent, qui fait peur. Peur pour les filles, paradoxalement. Il émane des garçons et des hommes une violence sexuelle et physique perpétuelle. Ils sont un danger permanent, ne considèrent jamais, que ce soit dans les années 60 ou actuellement, la jeune fille comme un être humain. C'est un jouet, un objet de satisfaction. Evie ne cesse de ressentir cette angoisse, même âgée. Au centre du récit, c'est Russel qui utilise ses girls comme des marionnettes, les offrant en cadeaux pour obtenir un contrat musical, se les offrant à lui même pour tester son pouvoir, les envoyant à sa place se venger après les avoir fanatisées. Mais autour de Russel, ce n'est pas mieux. L'éducation des jeunes filles se fait autour de contes de fées et d'attente de l'homme. Elles ne se construisent pas, d'où les failles béantes où s'introduisent, si j'ose dire, les pervers, mais aussi juste les pas très gentils, les inconscients etc... "Je voulais m'entendre dire ce qu'il y avait de bien chez moi. Plus tard, je me demandai si c'était pour cela qu'il y avait beaucoup plus de femmes que d'hommes au ranch. Tout ce temps consacré à me préparer, à lire des articles qui m'apprenait que la vie n'était en réalité qu'une salle d'attente, jusqu'à ce qu'on vous remarque, les garçons l'avaient consacré à devenir eux-mêmes." Ainsi, toutes les filles-femmes sont atteintes de ce défaut d'être, de cette soumission à n'exister que dans le regard d'un homme.
Ce que Russel a de "plus" que le garçon de base, c'est qu'il sait instinctivement utiliser la "haine" que ressentent ces jeunes filles vis-à-vis des hommes. Et de cette haine, il va s'amuser à faire un grand spectacle. "La haine venait facilement. Elle s'était constamment transformée au fil des ans : un homme dans une fête foraine qui m'avait palpé l'entrejambe par-dessus mon short. Un homme sur le trottoir qui fit mine de se jeter sur moi et éclata de rire en me voyant tressaillir ...Tout cela était fréquent. Tout cela se produisait des centaines de fois. Peut-être plus. Cette haine qui vibrait sous mon visage de jeune fille, je pense que Suzanne l'avait reconnue. Ma main appréhenderait le poids d'un couteau, naturellement."
Le comble du mâle psychopathe, c'est d'utiliser la peur et la haine des hommes des jeunes filles pour son propre plaisir de tuer et de détruire. Carrément flippant.
Flippante aussi la jeune Sasha, notre contemporaine, toute prête à n'importe quoi à 15 ans pour s'attirer une caresse, un regard, une parole de son copain. On sent que tout est encore possible.
Mais l'espoir, bien sûr, c'est cette parole libérée d'Emma Cline, une jeune fille qui a tout compris, elle-même et les autres, et dont il faut mettre le livre entre toutes les mains pour que la lumière se fasse sur l'humanité partagée des femmes et des hommes.
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Californie, été 1969. Evie Boyd, 14 ans, traîne son ennui dans sa ville de Petaluma peuplée de ranchs au toits pentus et de pick up. Fille unique d'un couple divorcé, vivant confortablement avec sa mère grâce à l'argent de sa grand-mère maternelle autrefois actrice, Evie a semble-t-il un début de vie facile. Mais elle vient de se fâcher avec sa meilleure et seule amie Connie. Elle est seule, oisive , désoeuvrée, délaissée par ses parenrs, désespérément à l'affût d'un événement ou d'une personne qui la sorte de son existence terriblement monotone. Et puis elle les croise, elles, les filles. Vêtements sales, cheveux rebelles, provocantes, brillantes. Libres. Parmi elles, Suzanne, qui l'attire comme un aimant.

Librement inspiré d'une affaire retentissante de la fin des années 1960 où les membres d'une secte perpétuèrent des crimes sauvages parmi la communauté friquée et branchée californienne, ce roman nous plonge dans une atmosphère électrique, suave et captivante jusqu'au dénouement fatal. Avec en toile de fond la guerre du Vietnam qui fauche une partie de la jeunesse américaine, c'est le portrait d'une époque et d'une génération en quête de rêves et de liberté. On s'offre une immersion dans le monde hippie, fait de drogue et de sexe. Evie , comme tant d'autres filles, se fera bernée par les paroles de pseudos prophètes, par le rêve d'une liberté illusoire et d'un mode de vie communautaire et altruiste. Désespément en quête d'amour, elle verra la beauté et l'affection là où existent uniquement la crasse, la misère, la manipulation, les hallucinations démentes du speed et l'esclavage sexuel.

Un roman trash, dur, porté par une écriture sans fard qui nous entraîne de manière envoûtante dans les arcanes violents des sectes et le désenchantement des filles d'hier, d'aujourd'hui et de demain.
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C'est la Chronique de Juneandcie qui m'avait donné envie de lire ce livre et pourtant, je suis à des kilomètres de mes lectures habituelles! Alors quand j'ai vu ce roman sur le présentoir des nouveautés dans l'une des bibliothèques de mon réseau, je n'ai pas hésité une seule seconde!

Evie Boyd, adulte aujourd'hui, se souvient de son été 1969, lorsque tout a basculé pour elle. Fille unique, aux parents divorcés et dont la mère est davantage préoccupée par ses nouvelles conquêtes que sa propre fille, Evie vient de se disputer avec sa meilleure amie Connie. Peu après, elle fait la rencontre de la troublante Suzanne qui vit dans une communauté, reculée dans un ranch avec pour leader, un certain Russell. Evie intègre alors cette nouvelle famille dans laquelle elle expérimente ses premières fois (drogue, sexe, vol, etc...).

Les cent premières pages ont été assez laborieuses pour moi : j'avais le sentiment que l'écriture était brouillonne et que l'auteur ne savait pas vraiment où emmener son lecteur. Mais, passé ce cap, je dois reconnaître que le style s'est fluidifié et j'ai été happée par l'histoire et par la vie chaotique d'Evie. J'ai surtout été impressionnée par la finesse psychologique des personnages, d'autant plus qu'il s'agit d'un premier roman. Si j'ai trouvé bien peu d'intérêt à la partie qui se déroulait à notre époque, en revanche, j'ai beaucoup adhéré à celle de 1969.

Très honnêtement, je ne prétendrai pas connaître le lien avec Charles Manson et sa famille qu'il a poussée à commettre des meurtres (notamment celui de Sharon Tate, l'épouse du cinéaste Roman Polanski), lorsque j'ai lu de prime abord, ce roman. Je n'ai donc pas pu faire le parallèle immédiatement avec l'histoire vraie. Mais, en me documentant, force est de constater qu'il existe de nombreuses similitudes entre le roman et la réalité. Il s'agit d'une communauté hippie d'une quarantaine de personnes, un peu à l'écart, vivant de rapines, expérimentant les drogues, les femmes servant d'esclaves sexuelles, sous la coupe d'une espèce de gourou charismatique. Ce dernier va alors pousser au crime les membres de sa communauté, notamment en assassinant des habitants des quartiers huppés de villes sur la côté ouest des Etats-Unis.

En conclusion, The Girls ne restera pas vraiment dans les annales pour moi : cela a été une lecture divertissante mais sans plus. C'est juste une question de goût. En revanche, pour ceux qui seraient davantage intéressé par les années 60 et la période hippie, les Etats-Unis ou l'Affaire de Charles Manson, je ne peux que vous encourager.
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Premier roman d'Emma Cline, jeune américaine de vingt-sept ans, The Girls est un roman aussi dérangeant que fascinant, à l'écriture brillante (et qui plus est superbement traduit). Cette lecture a été pour moi un coup de (poing au) coeur.

Eté 1969, nord de la Californie. Evie a quatorze ans. Sensible, intelligente, paumée, elle étouffe, enlisée entre incertitudes, désillusions et abandons affectifs. « le désir, à cette époque, provenait en grande partie d'un acte déterminé. Se donner tant de mal pour gommer les contours bruts, décevants, des garçons, et façonner quelqu'un qu'on pourrait aimer. ». Jusqu'à ce qu'elle croise les Filles (celles du titre). Confrontée à ces personnalités décapantes, dangereuses, « aussi racées et inconscientes que des requins qui fendent les flots », Evie va (re)naître, subjuguée par Suzanne. Ces filles comètes et leur clique irradient et vont électriser l'existence de l'adolescente, lui donner un sens, même s'il est interdit ; un sens unique.

Ces filles, ce sont celles inspirées par la « Famille » de Charles Manson, dont Emma Cline réinvente l'été 1969 ; l'été qui culminera avec les massacres tristement célèbres de Sharon Tate et de nombreux autres.

Ici, le gourou charismatique s'appelle Russell. « Je n'en revenais pas de la rapidité avec laquelle Russell les persuadait de se débarrasser de leurs possessions et les plaçait sur la sellette pour que leur générosité devienne un théâtre forcé. Ils abandonnaient leurs voitures, leurs carnets de chèque, et même une fois une alliance en or, avec le soulagement stupéfait et épuisé du noyé qui se livre finalement à la vague. ». Mais ce sont les filles, et non lui, qu'Emma Cline a mis au coeur de son livre. La vie abîmée de ces jeunes femmes, souvent encore adolescentes, va les mener à Russell. Leur loyauté indéfectible envers ce leader à la folie destructrice va ensuite les transformer en créatures sanguinaires. « Je sentais la haine durcir en moi et c'était presque agréable, tellement c'était énorme, pur et intense. »

Ce sont leurs personnalités qu'Emma Cline étudie. Elle détaille avec talent les psychologies, dissèque, questionne les rapports humains. Mais en changeant les noms des personnages, des lieux, en déplaçant les faits et en modifiant certaines occurrences, l'auteure a donné également à l'histoire une dimension universelle, celle de la genèse d'autres radicalisations meurtrières ; celle aussi d'un roman d'apprentissage adolescent. Tout est possible. le pire, le meilleur, sur le fil d'un choix, d'une respiration, d'un battement de coeur. « Depuis que j'avais rencontré Suzanne, ma vie avait pris un relief tranchant et mystérieux, qui dévoilait un monde au-delà du monde connu ».

Ici, pas de torrents d'hémoglobine sensationnaliste. Emma Cline n'a nul besoin de descriptions ignobles pour distiller le malaise et l'horreur. Quel talent.

The Girls est un premier roman abouti qui impressionne, tant par la maîtrise de la langue et des émotions humaines que par la profondeur et l'ambivalence des personnages. Un auteur à découvrir et à suivre !
Un grand merci aux éditions la Table ronde pour cet envoi.
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