AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Nouilles froides à Pyongyang (45)

D’inspiration marxo-léniniste, le Juché se veut un avatar du communisme, mâtiné de confucianisme, sous un angle régional et obtus.
Commenter  J’apprécie          00
Nous roulons sur des rails invisibles, guidés par des murs transparents, menottés par nos hôtes geôliers.
Commenter  J’apprécie          00
Face à ce néant, ce périple sent trop la mise en scène, nous résistons comme nous pouvons.
Commenter  J’apprécie          10
Toi qui entres ici oublie le diamètre de l'assiette normale! Mais aussi celui de l'assiette intermédiaire comme celle dite à dessert pour ne te souvenir que des plus petites, sous-tasses à café et soucoupes. Car c'est ainsi que tout, désormais, te sera servi : dans de la dînette. Avec peu à manger dessus. Et encore, tu es privilégié: le reste de la RPDC crève de la faim.
Commenter  J’apprécie          20
« Hommage d'un visiteur de passage au Président de la Corée-du-Nord… »
C'est fait.
–Qu'a laissé ce long-nez à cravate rouge? Interroge le majordome.
M. Kim traduit, embêté. L'autre fait une grimace. Ça ne va pas, ça ne va pas du tout ! J'ai oublié un adjectif. Il me faut obligatoirement ajouter « éternel » à mon hommage, s'il vous plaît. E-ter-nel ! Le motif serait suffisant pour n'importe quel Coréen de se faire jeter dans un camp.
Comme je peux, j'insère mes trois syllabes au-dessus et, ce jour-là, parce que ce mot doit s'accoler à ma ligne tel un postiche, une fausse barbe de savant sur un menton de potache, parce que je ne pourrais sortir sans avoir effectué cette correction, que c'est à moi, de passage, d'apposer aussi cet éternel, avec mon nom, ma ville et mon pays en dessous - le compliment traduit et recopié sur une fiche intercalaire –, j'ai le sentiment que ce régime de baudruches a tout perdu depuis longtemps, qu'il n'a surtout jamais rien gagné dans le cœur de chacun que par la force et la terreur. L'empire des Kim reste une contrée de paranoïaques, minée par ses mensonges, maintenue vaille que vaille par ses sujets–victimes, en respiration artificielle. Justement, il est tout l'inverse de cette Éternité rayonnante et heureuse tant réclamée, tant affichée, si obligatoire.
Commenter  J’apprécie          70
Dans le célèbre roman de George Orwell, 1984, trois empires se font la guerre. Si celle-ci est leur apparente motivation, elle est surtout l'assise de leur existence. Contre un ennemi, même supposé, il faut réagir, faire front, tenir et encadrer son peuple. Dans le bloc anglo-saxon, l'Oceania, Big Brother, le grand scrutateur, est partout dans la société. Celle-ci est composée de trois classes : les dirigeants, une poignée, les fonctionnaires, zélés et insensibles, les hordes de prolétaires courbés, soumis. Une police de la pensée traque le récalcitrant. Et il faut user de cette novalangue sans nuance, réduite et donc peu dangereuse. Si l'on n'a pas les mots suffisants et adéquats, comment faire avec ce que l'on ne peut pas nommer, comment inventer, et s'extirper d'une syntaxe carcérale ? Les slogans les plus absurdes ("War is peace", "Freedom is slavery", "Ignorance is strength"), répétés en mantras, deviennent des évidences. Ils sont martelés jusqu'à l'étourdissement. La soumission. L'adéquation. Ils feront de vous ce que vous ne vouliez pas être : une créature apeurée, un complice. Un pion de plus parmi un peuple de pions.
En Corée du Nord, au XXIe siècle, à l'heure du marché global et des sondes vers Mars, on n'est pas si loin d'Orwell : "Kim II-Sung est Kim Jong-il, Kim Jong-il est Kim II-sung."
Commenter  J’apprécie          10
Comme Mao ou Lénine, Kim Il-sung, "professeur de l'Humanité tout entière", a été non pas enterré mais, mieux, embaumé, en 1994. Son palais de granit et de marbre, d'où il dirigeait d'une main de fer le pays, est devenu un mausolée. On l'appelle le Mémorial de Kumsusan. Sa momie y est conservée sous un sarcophage de verre. Pour les étrangers, pour qui un silence total sera exigé durant la visite, elle n'est visible que le jeudi et le dimanche.
M. Kim nous avait prévenus : une tenue correcte est obligatoire. Veste, chemise avec cravate, pantalon de toile et chaussures fermées. Ni jean, ni polo ! Clorinde a tout dans sa mini-garde-robe, je n'ai rien. Puis qu'il le faut, mon guide me prêtera une cravate (rouge) et l'une de ses vestes si mon blouson en toile "coince". Notre escorte coréenne s'est endimanchée, bien coiffée, cirée à neuf, parfaite et nerveuse.
Commenter  J’apprécie          20
Six heures du matin. Première tasse de thé. La brume lèche le carreau de ma fenêtre, je ne la laisserai pas entrer. Nous sommes mardi, je lis Mardi...
Dans les cales du brigantin à la dérive, les compères n'ont rien trouvé. Ce qui les attend se cache dans les vergues : un Maori manchot, appelé Samoa, tatoué de la tête aux pieds sur une moitié du corps, et une fille des îles, Annatou.
Après s'être fait expliquer la situation (le navire a été attaqué, des guerriers ont décimé l'équipage, ces deux-là sont des rescapés, le manchot s'est lui-même amputé le bras), Jarl et le narrateur reprennent le contrôle du bateau et poursuivent leur aventure au gré des vents, dans une liberté qui n'est autre que celle du romanesque.
Rappelons le titre : Mardi et le voyage qui y mena. Ce n'est pas le prénom d'un Robinson de plus mais celui d'un archipel des mers du Sud. A la dérive, donc, dans une atmosphère proche d'un demi-songe, nos naufragés se laissent pousser vers le blanc des mappemondes, espérant atteindre ces îles miracles, fortunées et touffues.
L'histoire de ce livre est étonnante. Après un succès avec deux récits, fruits de son expérience dans les mers du Sud (Taïpi, Omou, 1846 et 1847), pour lesquels il fut accusé d'affabulation, Melville décide de s'atteler à une fiction. "L'idée me vint d'écrire un pur roman d'aventures polynésiennes et de le publier comme tel, afin de voir s'il ne serait pas possible que la fiction passât pour vérité : dans une certaine mesure, l'inverse de mon expérience précédente", note-t-il.
Le voyage sera sans carte, au milieu des poissons "têtes d'argent, casqués, nageant côte à côte, en rangs uniformes, comme une armée". Et le récit file devant lui, au hasard, vers la métamorphose, la fantaisie, avec des phrases à rallonge et des noms pépites. Puis une tempête déferle, tant mieux. Annatou disparaît, tant pis. Les rescapés abandonnent le brigantin et continuent à bord de leur barcasse, le Chamois. Ils croisent alors un "canoë double" monté par des Polynésiens. Pour les impressionner, les marins se costument à l'orientale, en s'enroulant de draps et en se parant de verroteries que le soleil incendie, l'apparition de deux émirs devant saisir l'esprit desdits sauvages...
A bord, une jeune femme, européenne ou albinos, prisonnière plus que princesse, Yillah, native de l'île des Délices. Promise au sacrifice,. Les marins veulent sauver cette beauté. Le sorcier s'interpose : "Partez et vous vivrez. Restez et c'est la mort !" Bel adage ! Une bagarre s'ensuit. Le narrateur finit par occire quelques Maoris, dont le méchant sorcier. Ils s'évadent alors avec l'enfant merveilleuse, et tant pis si les fils du sorcier se lancent à leur poursuite. Au large, le héros voit la vie tout autrement. "Un calme enchanteur, et dans ma main, la main de Yillah, pareil à un frôlement. Des visions flottaient devant moi et en moi ; à mon oreille, un murmure : tout l'air n'était qu'un chant..."
On avance à la vitesse d'un canot qui dérive et du récit qui s'invente. Ou va Melville ? Il le saura en l'écrivant.
- Je lis donc je lutte, dis-je à Clorinde, qui n'en pense pas moins.
Durant ce périple où, en comparaison, tout nous est obligé et prévisible, nos lectures parallèles que nous commentons avec ardeur nous mettent du baume au coeur. Elles nous sont un antidote à cette Corée fade qui défile par la lunette arrière et d'où l'on aperçoit, floutés par la vitesse, des grumeaux de gens qui marchent, des camions hoquetant leur nuage de charbon, des jeeps avec des militaires, des colonnes de types courbés, tenant des pelles, des râteaux, des sacs en toile de jute, des baluchons d'herbes, nous adressant parfois des signes puis se ravisant, tous très jeunes, la plupart du temps hébétés, somnanbuliques, cassés, comme des pestiférés du Moyen Age éparpillés sur la parcelle d'un châtelain invisible et démoniaque. Et tant pis s'il n'y a rien à voir le long de cette départementale aussi nue qu'un genou, tant pis si nous ne pouvons pas descendre de la voiture, même pour nous détendre ou pisser parmi les acacias, que les villages aux murs noircis nous sont interdits d'accès (on n'y passe pas ou, si c'est le cas, interdiction de s'y arrêter), nous continuons à lire, tous deux comme on se vaccine, chaque chapitre en piqûre de rappel. Oui, n'en déplaise à ces messieurs, la vie peut être multiple, drôle et surprenante, imprévisible. Tout le contraire de ces latitudes bornées.
Commenter  J’apprécie          50
Dans le célèbre roman de George Orwell, 1984, trois empires se font la guerre. Si celle-ci est leur apparente motivation, elle est surtout l'assise de leur existence. Contre un ennemi, même supposé, il faut réagir, faire front, tenir et encadrer son peuple. Dans le bloc anglo-saxon, l'Oceania, Big Brother, le grand scrutateur, est partout dans la société. Celle-ci est composée de trois classes : les dirigeants, une poignée, les fonctionnaires, zélés et insensibles, les hordes de prolétaires, courbés, soumis. Une police de la pensée traque le récalcitrant. Et il faut user de cette novlangue sans nuance, réduite et donc peu dangereuse. Si l'on n'a pas les mots suffisants et adéquats, comment faire avec ce que l'on ne peut pas nommer, comment inventer, et s'extirper d'une syntaxe carcérale ? Les slogans les plus absurdes ("War is peace", "Freedom is slavery", "Ignorance is strength"), répétés en mantras, deviennent des évidences. Ils sont martelés jusqu'à l'étourdissement. La soumission. L'adéquation. Ils feront de vous ce que vous ne vouliez pas être : une créature apeurée, un complice. Un pion de plus parmi un peuple de pions.
Commenter  J’apprécie          60
On ne coupera pas non plus aux légendes : sur la crête du mont Toki (lièvre), l'empereur de Jade aurait donné la permission à un lièvre magique d'aller se balader. Séduit par l'altitude, l'animal ne voulut plus revenir. Le souverain se fâcha ; l'imprudent fut pétrifié ; et il devint montagne... Cette histoire est racontée avec tant de naïveté que j'ai l'impression que la jeune femme distingue dans ce rocher à deux pointes la tête de l'animal.
Commenter  J’apprécie          50






    Lecteurs (519) Voir plus



    Quiz Voir plus

    QUIZ LIBRE (titres à compléter)

    John Irving : "Liberté pour les ......................"

    ours
    buveurs d'eau

    12 questions
    288 lecteurs ont répondu
    Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

    {* *}