"Rebecca, ça existe tout ça. Bien sûr que c'est réel. On vient de passer des moments merveilleux, toutes les trois, non?" mais quand elle m'a répondu, c'était d'une voix que je ne lui connaissais pas: fêlée, tremblante, accablée d'une douleur animale. "On ne l'aura plus avec nous très longtemps. C'est presque terminé. C'est la fin."
What she had been hoping for was a figment, a dream, an impossible thing : like the rain before it falls.
Néanmoins, je chérissais ces lettres parce qu'elles me venaient "d'elle", et que tout ce qui pouvait intéresser Beatrix - même si ça concernait des sujets aussi indiciblement ennuyeux - se teintait de magie et de passion. En fait, j’étais simplement ravie qu'elle accepte d'avoir le moindre contact avec moi : elle aurait pu se contenter de recopier l'annuaire que j'aurais dévoré ses lettres avec la même impatience haletante....
(J'étais une enfant qui vivait dans son monde, capable mais guère désireuse de comprendre ce qui se déroulait autour de moi dans la vraie vie, et je suppose que je n'ai jamais vraiment changé), j'étais sûrement affectée par le découragement et le pessimisme de mes parents.
Je me demande si ça ne vient pas d'une chanson, cette comparaison: c'est devenu tellement dur de faire la différence entre les idées qu'on a et celles qu'on pêche in peu partout (p.162)
Il me semble tout à coup que c'était en fin d'après midi et que, quand on a quitté Birmingham par les faubourgs de Wolverhampton pour atteindre la campagne, le soleil se couchait et déversait des débris de lumière triste et basse, rouge orangé, sur les haies et la cime des arbres.Mais c'est sûrement un effet de mon imagination, ça n'a rien d'un vrai souvenir.
Peut-être que l’ordre naturel des choses, c’est le chaos et l’aléatoire. Je ne suis pas loin d’en être convaincue.
Il y a quelque chose d'irrésistible dans une maison en bois. (p. 210)
Une photo, finalement, c’est bien peu de chose. Elle ne peut capturer qu’un seul moment, sur des millions, de la vie d’une personne, ou de la vie d’une maison. Quant aux photos que j’ai sous les yeux, celles que je compte te décrire…, elles n’ont de valeur, je crois, que dans la mesure où elles corroborent ma mémoire défaillante. Elles sont la preuve que les choses que je me rappelle — certaines des choses que je me rappelle — se sont vraiment produites, qu’elles ne sont pas des souvenirs fantômes ou des chimères, des fantasmes. Mais qu’en est-il des souvenirs pour lesquels il n’y a pas de photos, pas de corroboration, pas de preuve ?
J’éprouve une obligation envers toi, un devoir que je n’ai jamais vraiment accompli. Il y aurait diverses manières de soulager ma conscience. Bien sûr, je vais te léguer de l’argent. Cela va sans dire. Mais il y a d’autres choses qui ne sont pas aussi simples. Il y a autre chose que je te dois, et qui est infiniment plus précieux ; quelque chose d’inestimable, au sens le plus littéral du terme. Ce que je veux te laisser par-dessus tout, Imogen, c’est la conscience de ton histoire, de ton identité ; la conscience de tes origines, et des forces qui t’ont façonnée.