La pluie, avant qu'elle tombe

-Triste ? Moi ? a répondu Rebecca en se tournant vers elle. Non, ça ne me dérange pas, la pluie d'été. En fait, j'aime bien ça. C'est ma pluie préférée. -Ta pluie préférée ??? Je revois Thea fronçant les sourcils en méditant ces paroles, et puis elle a proclamé : Eh bien moi, j'aime la pluie avant qu'elle tombe.

(p.153)

Il n’y avait pas de hasard. Il y avait un ordre, une cohérence : un ordre à déchiffrer…

... une intrusion du présent à un moment où seul leur importait le passé, la révélation progressive d'une histoire familiale secrète et insoupçonnés.

Ce n’est pas une simple étole en fourrure, c’est un renard mort. On voit les petits yeux fixer l’objectif par-dessus son épaule gauche, comme si la bête prenait la pose, bien décidée à être sur la photo comme tout le monde.

En général, je n’aime pas beaucoup les photos de cérémonies. Elles sont encore plus mensongères que les autres. La prochaine photo – la onzième, je crois, de notre série – en est un bon exemple, car si elle parait restituer l’évènement avec une parfaite fidélité, elle ne donne en fait aucune indication sur ce qui préoccupait réellement les personnes présentes. Il y a, si l’on veut, une interprétation « officielle » de la photo et, derrière, la version officieuse et authentique.

I have only ever enjoyed the company of exceptional children. I am not talking about IQs or early signs of musical genius. I’m talking about the way they look, the way they talk, their sense of humour, their sense of fun, a certain quality of animation and vitality which you find in some children and which makes you glad to be around them.”
(Je n’ai toujours apprécié que la compagnie d’enfants exceptionnels. Je ne parle pas de QI ou des prémisses du génie musical. Je parle de la façon d’être, de parler, de leur sens de l’humour, de l’amusement, une certaine qualité d’animation et de vitalité qu’on trouve chez les enfants et qui font qu’on est heureux d’être avec eux.)

Une chose n’a pas besoin d’exister pour rendre les gens heureux, pas vrai ?

Les murs et la porte de la cuisine sont peints dans ce blanc crémeux et marronnasse qui faisait fureur à l'époque. Comme si les gens avaient peur de laisser entre une vraie lumière, une vrai clarté dans leur vie, ou comme s'il ne leur était jamais venu à l'idée qu'ils en avaient le droit.

Pourquoi les photos - les photos de famille - donnaient-elles toujours aux gens un air si insondable ?

Elles sont la preuve que les choses que je me rappelle - certaines des choses que je me rappelle - ce sont vraiment produites, qu'elles ne sont pas des souvenirs fantômes ou des chimères, des fantasmes. Mais qu'en est-il des souvenirs pour lesquels il n'y a pas de photos, pas de corroboration, pas de preuve ?