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Citations sur Elizabeth Costello (22)

Un visage sans personnalité, du genre que les photographes sont obligés de retravailler pour lui donner du caractère.
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- Je voulais leur rappeler à quoi l'étude des classiques finirait par mener. À l'hellénisme comme une autre religion. Une alternative au christianisme.
- Tu ne vois pas ce que je veux dire, Elizabeth. L'hellénisme était bel et bien une alternative. Aussi minable qu'elle ait été, l'Hellade était la seule alternative à la vision chrétienne que l'humanisme était en mesure de proposer. Ils pouvaient montrer la société grecque - une image totalement idéalisée de la société grecque, mais comment les braves gens auraient-ils pu le savoir? - et dire : Admirez, voici comment nous devrions vivre, non pas dans l'au-delà mais ici-bas.
L'Hellade : des hommes à demi nus, le torse luisant d'huile d,olive, assis sur les marches du temple discourant sur le bien et le vrai, tandis qu'à l'arrière-plan des petits garçons aux membres déliés s'adonnent à la lutte et qu'un troupeau de chèvres broute paisiblement. Des esprits libres dans des corps libres. Il y a là bien plus qu'une image idéalisée : c'est un rêve, une illusion. Mais de quoi devons-nous vivre, sinon des rêves?
- Je ne suis pas en désaccord avec toi, dit-elle. Mais qui croit encore à l'hellénisme aujourd'hui? Qui même connaît encore le mot?
- Tu ne vois toujours pas ce que je veux dire. L'hellénisme fut l'unique vision de la bonne vie que l'humanisme a été capable de proposer. Quand l'hellénisme s'est avéré un échec - ce qui était inévitable puisque cela n'avait rien à voir avec la vie réelle des gens -, l'humanisme a fait faillite. Ce jeune homme, au déjeuner, cherchait à défendre l'idée des humanités comme un ensemble de techniques, c'est-à-dire les sciences humaines. C'est sec comme de la poussière. Quel jeune homme ou quelle jeune femme qui a du sang dans les veines voudrait passer sa vie à fouiner dans les archives ou faire de l'explication de texte ad vitam aeternam?
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C'est la honte qui fait de nous des êtres humains , la honte de notre impureté . Adam et Eve : le mythe fondateur . Avant cela nous n'étions tous ensemble que des animaux .
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«Nous appartenons - même en Australie - à une civilisation profondément enracinée dans la pensée religieuse grecque et judéo-chrétienne. Nous pouvons très bien ne pas tous croire à la pollution, nous pouvons ne pas croire au péché, mais nous croyons fermement à leurs corrélats psychiques. Nous acceptons sans discuter qu'une âme entachée d'un savoir coupable ne saurait être bonne. Nous n'acceptons pas que des gens qui ont des crimes sur la conscience soient sains et heureux. [...]»
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Il y a d'abord le problème de l'ouverture, c'est-à-dire comment nous faire passer d'où nous sommes, c'est-à-dire en ce moment nulle part, jusqu'à l'autre rive. C'est une simple affaire de pont, il s'agit de bricoler un pont, ni plus ni moins. Les gens résolvent ce genre de problèmes tous les jours. Ils les résolvent et, les ayant résolus, ils passent à autre chose.
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Plus précisément, elle n'est plus aussi sûre que les gens sont améliorés par les lectures qu'ils font. De plus, elle n'est pas sûre que les écrivains qui s'aventurent dans les contrées les plus obscures de l'âme en reviennent indemnes. Elle commence à se demander si écrire ce qu'on a envie d'écrire, tout comme lire ce qu'on a envie de lire, est en soit une bonne chose
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… mais si on lui demandait de dire ce qui est au cœur de l’université de nos jours, ce qui constitue la discipline fondamentale, elle dirait que c’est de faire des profits.

(p.171)
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«Ça ira? Tu seras bien? demande le fils.
- J'en suis sûre», répond-elle. La chambre est au douzième étage, avec une vue sur le terrain de golf et, par-delà, sur des collines boisées.
«Pourquoi tu ne te reposes pas? Ils viennent nous prendre à six heures trente. Je t'appellerai quelques minutes avant.»
Il est sur le point de sortir. Elle parle.
«John, que veulent-ils exactement de moi?
- Ce soir? Rien. C'est juste un dîner avec les membres du jury. Nous n'allons pas laisser la soirée s'éterniser. Je leur rappellerai que tu es fatiguée.
- Et demain?
- Demain, c'est une autre affaire. Demain, je le crains, tu descends dans l'arène. Prépare-toi.
- J'ai oublié pourquoi j'ai accepté de venir. Il me semble que je m'impose une rude épreuve, sans bonne raison. J'aurais dû leur demander de laisser tomber la cérémonie et d'envoyer le chèque par la poste.»
Après ce long vol, elle paraît son âge. Elle ne s'est jamais souciée de son apparence; elle parvenait à s'en tirer sans avoir à le faire; maintenant cela se voit. Vieille et fatiguée.
«Ça ne marche pas comme ça, j'en ai peur, Mère. Si tu acceptes l'argent, tu dois assurer le spectacle.»
Elle secoue la tête. Elle n'a pas encore ôté le vieil imperméable bleu qu'elle portait à l'aéroport. Ses cheveux ont l'air gras et terne. Elle n'a même pas commencé à défaire ses bagages. S'il la laisse maintenant, que va-t-elle faire? Se coucher avec son imperméable, ses souliers aux pieds?
Il est là, avec elle, par amour. Il ne peut pas l'imaginer passant cette épreuve sans être auprès d'elle. Il est à ses côtés parce qu'il est son fils, son fils affectueux. Mais il est aussi sur le point de devenir - le mot est déplaisant - son entraîneur.
Il se la figure comme un phoque, un vieux phoque de cirque fatigué. Elle doit une fois de plus se hisser sur le podium, une fois de plus montrer qu'elle peut maintenir le ballon en équilibre sur le bout de son nez. A lui de la cajoler, de lui insuffler du courage, de l'aider à aller jusqu'au bout de son numéro.
«C'est le seul moyen qu'ils ont, dit-il avec le plus de tact possible. Ils t'admirent, ils veulent t'honorer. C'est le meilleur moyen qu'ils ont trouvé pour le faire. Te donner de l'argent. Faire connaître ton nom. Employant l'un pour pouvoir faire l'autre.»
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Ce n'est pas une bonne idée d'interrompre trop souvent la narration, puisque l'art de raconter des histoires consiste à induire chez le lecteur ou l'auditeur un état proche du rêve dans lequel le temps et l'espace du monde réel tendent à disparaître, supplantés par le temps et l'espace de la fiction. Faire irruption dans le rêve dans lequel le temps et l'espace du monde réel tendent à disparaître, supplantés par le temps et l'espace de la fiction. Faire irruption dans le rêve, c'est attirer l'attention sur le caractère construit de l'histoire, et bouleverser complètement l'illusion réaliste. Toutefois, à moins de sauter certaines scènes, nous n'en finirons jamais. Ce qu'on saute ne fait pas partie du texte, cela fait partie de la représentation.
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Elle devrait savoir que les leçons publiques attirent les toqués et les dingues comme les mouches sur un cadavre .
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