Dieu que c'est beau ! C'est, je crois, la pensée qui m'est venue le plus souvent en lisant
Les huit montagnes. A chaque page, une phrase retenait mon attention, je glissais alors un marque-page pour pouvoir la relire, la copier dans un carnet, comme une douceur à conserver longtemps. Il y avait tant de bouts de papiers colorés qui dépassaient du livre, ça créait comme un autre livre à l'intérieur du livre… un univers à l'intérieur de l'univers du roman, comme une façon de me l'approprier dans l'intimité des mots choisis. Bien sûr, à un moment, il a fallu que je m'en sépare, qu'il retourne à la médiathèque où je l'avais emprunté…. Retirer les bouts de papiers, lâcher l'histoire, la laisser vivre ailleurs. Elle est pourtant encore là, au creux de ma mémoire. Chut, je la déguste encore…
Comment vous dire mieux...
C'est dans la pudeur, la sobriété du langage que
Paolo Cognetti cerne les mots. C'est à la fois empreint de poésie, d'humanité et de simplicité. Les descriptions de la montagne, s'ourlent d'un réalisme visuel fort. Chaque couleur, chaque son, chaque sensation est un hommage à la montagne et puisent loin dans le ressenti pour évoquer le parcours de Pietro. Pietro dont la vie est liée à la montagne, aux paysages de Grana et plus tard à ceux de l'Himalaya. Tout porte à ce rapport qu'il a avec sa terre. Une terre qui l'éveille tout gamin à l'amitié fraternelle avec Bruno. Une amitié qui ne nécessite pas de beaucoup de paroles. Les hommes qui entourent Pietro ne sont pas bavards dans cette histoire, à l'image de la vie en montagne, ils forgent la leur dans l'économie des mots et des sentiments. Il en est de même dans la relation entre Pietro et son père. « Mon père, était pour sa part plus attiré par les éléments — la terre, le feu, l'air, l'eau — que par les êtres humains ; [...]fasciné par le moindre grain de sable ou cristal de glace et sans aucune curiosité pour les gens. » Nous sommes donc en présence de taiseux qui façonnent leur monde à grand coup de passion pour une terre difficile et tout autant généreuse. Parce qu'il faut l'aimer cette terre pour y vivre et y mourir.
Récit intimiste, la retenue des sentiments met en valeur les émotions, traduit de belle manière les paroles et les actes. le lecteur ne s'y trompe pas, c'est riche d'un vécu authentique.
Paolo Cognetti parle de ce qu'il connait et le narre merveilleusement bien.
Une déclaration d'amour magistrale.