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4,16

sur 1609 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« J'observais l'alpage et l'étrange contraste entre la désolation des choses humaines et la vigueur du printemps »
Quand un homme met ses tripes dans ses mots comme Paulo Cognetti, je reste muette. C'est lui, sur la couverture et vous le reconnaîtrez dans ce roman. L'émotion affleure à chaque page. Que pourrais-je dire ? Je n'ai pas le silence qui parle comme celui des montagnards. Hommes des roches noires, de la neige vierge, aux âmes fidèles et purifiées le long des sentiers.
« J'emporte avec moi le souvenir de ces journées de marche comme le plus beau des refuges. »
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Les Huit Montagnes, ce sont celles qui entourent dans la mythologie bouddhiste tibétaine le mont Sumeru. Certains hommes passent leur vie à s'échiner à les escalader toutes, d'autres restent sagement assis au centre, au sommet du monde.
C'est l'image qui guide ce livre, la différence entre deux êtres liés par la vie mais dissemblables dans leurs existences. L'un d'en bas, l'autre d'en haut. Un taiseux et un plus extraverti, un maçon et un artiste, un citadin et un rural, un voyageur et un qui reste dans sa vallée...
Bien sûr, et fort heureusement, tout est beaucoup moins manichéen dans le livre !
Bruno et Berio, nos deux héros, ne sont pas aussi radicaux dans leurs personnages que je l'ai rapidement esquissé ici !
L'intrigue, issue de la vie de l'auteur, se déroule dans une des hautes vallées sous le Mont Rose, entre Suisse et Italie. L'un vient avec ses parents passer toutes ses vacances dans un hameau, et finit par se lier d'amitié avec un garçon de son âge avec qui il enchaîne les escapades et les découvertes. L'âge adulte et les études les séparent, mais la vie et la mort du père organisent les retrouvailles.
Du point de vue de l'intrigue, pas besoin d'en dire d'avantage, il ne s'en passe pas tellement plus. Juste suffisamment pour toucher à l'intime, à un peu d'universel, à la quête du bonheur, personnelle et collective, aux relations humaines, aux personnalités.
Le style est sobre, simple, les phrases courtes et rythmées, on n'est pas dans la recherche formelle incompréhensible bien au contraire. Pour autant le récit ne manque pas de poésie, ni dans les descriptions de la nature, ni dans celles des personnages et de leurs états d'âme ; mais toujours avec un vocabulaire simple et accessible, très humain comme ses personnages.
Un livre court mais puissant, avec des personnages forts, dans un environnement que j'adore et qui affronte le monde, où tente de s'y retrouver... beau !
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Magnifique histoire d'amitié, de familles, de montagnes… Une mélancolie voire même une tristesse sans fard mais pudiques.

Je rejoins sans réserve les nombreux admirateurs de ce roman.

Le livre terminé, il me reste un drôle de sentiment de tristesse, d'inachevé face à ces destins.
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Viens, Croquignolle, mon amie, je t'emmène à la Source... Tout là-haut, tu le sais. Là où les bruits de la ville ne parviennent pas, où la sérénité est évidence, où l'enfant devient homme, où le torrent devient rumeur, où le coeur s'endurcit à l'effort mais fond sous le coucher du soleil. Là où l'animal s'ébat et s'amuse, où la liberté se laisse goûter dans toute sa plénitude.

Viens mon amie, je t'emmène en montagne... Celle qu'on ne trouve que dans les Alpes italiennes; celle qui invite à la contemplation, qui comble la solitude, qui fait lever le regard et bêcher la terre. Celle qui rend tout discours inutile.

Venez mes amis, grimpez avec moi sur le sentier jusqu'à l'alpage, et plus haut encore. Vous y rencontrerez Bruno et Pietro dont l'amitié est née en gambadant près du ruisseau. Confiez-leur vos soifs. Ecoutez leurs silences. Ressentez leur présence. Auprès d'eux tout devient possible même d'apprivoiser l'hiver, le dégel, le métier de père ou les pays lointains. Apprenez avec eux la traite et la fabrication du fromage, l'art de s'éloigner pour mieux revenir, d'aimer sans en avoir l'air, d'admirer discrètement mais de tout son coeur. Partagez leur verre de vin, leur travail d'un jour, l'espérance d'un lendemain meilleur, la force des traditions et le sens de la vie.

Viens, Croquignolle, il est temps de redescendre, de traverser les frontières et de retrouver ta Vallée du Rhône natale, là où les lumières des villes assombrissent les étoiles, où le bruit des voitures empêche d'entendre le brame du cerf, où la tomme perd un peu de sa saveur.
Courage, Croquignolle, tente de reprendre le cours de ta vie après ces jours hors du temps aux côté de Paolo Cognetti. Mais avant de redescendre tout à fait, dis-lui à quel point tu as aimé son roman, ses héros et la saveur de sa plume. Dis-lui que sous ses mots, Grana a retrouvé toutes ses couleurs, la Barma sa beauté d'antan et l'alpage la magie d'un lieu unique. Dis-lui ton coup de coeur pour Les huit montagnes et ton besoin d'y retourner dès que possible, même que ton pied montagnard n'est pas stable, que ton souffle est court et que les habitants de la forêt profonde et les ombres des sommets ont tendance à t'effrayer. Dis-lui que tu as goûté à la pleine liberté et à la contemplation bienfaisante le temps de cette histoire.

Et maintenant, Croquignolle, laisse les mots s'étreindre puis s'éteindre. Ecoute battre ton coeur, lève les yeux vers les forêts denses et ces 4000 inatteignables que tu admires depuis ta fenêtre. Et savoure...
Tout est là ! Là-haut ! En toi !
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Pietro et Bruno sont deux enfants que tout semble éloigner. Pietro, un petit citadin, passe tous ses étés dans le Val d'Aoste avec ses parents. Il y fait la connaissance de Bruno, un enfant de la montagne. Devenus jeunes adultes, ils vont se perdre de vue, jusqu'à ce Pietro revienne… Et leur indéfectible amitié, qui "se passait d'entretien", demeure intacte bien qu'ils ne se soient pas vus pendant 20 ans. Il y a beaucoup de tendresse, de poésie et d'authenticité dans la relation quasi fraternelle des deux hommes aux destins croisés. La réflexion des deux hommes sur la place qu'ils occupent dans le monde est très touchante. On y découvre toute l'importance des racines et du rôle familles. Les descriptions de la montagne sont réellement envoûtantes. Dans leurs quêtes initiatiques respectives, teintées de philosophie voire de spiritualité, les deux hommes vont soulever des questions existentielles : l'un répète le schéma familial de son enfance, l'autre s'en émancipe totalement pour mieux se reconstruire… J'ai dévoré ce roman d'apprentissage pour lequel j'ai un énorme coup de coeur et ma critique ne rend sans doute pas justice à ce superbe livre très largement autobiographique. J'ai visionné l'adaptation et je l'ai trouvé aussi trouvée très fidèle et vraiment respectueuse du roman, tout aussi pudique et réussie. J'ai désormais envie de découvrir d'autres titres de cet auteur.
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai eu la chance de lire quasiment en entier à la montagne. le cadre a donc bien aidé et ma connaissance de la montagne aussi. Au-delà de ce contexte, le récit est très bien écrit, dans une langue belle et maîtrisée ; l'histoire est touchante, sincère et sans fioritures. Chacun peut se retrouver dans cette histoire de vie car le texte parle à tout le monde. Un très beau coup de coeur ! ! ! le livre que j'ai envie d'offrir à tout le monde autour de moi…
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La montagne, l amitié et les silences voilà résumé en trois mots le coeur de ce beau roman où les hommes souffrent des et en silence et trouvent dans les ascensions en montagne la joie silencieuse d être ensemble.
Deux enfants unis par la montagne omniprésente se lient d une amitié fraternelle et à l âge adulte se perdent et se retrouvent. Une belle et tragique histoire d amitié virile mais terriblement humaine et une belle lecture pour une lectrice qui pourtant n aime pas la montagne que l auteur arrive avec talent à rendre vivante et fascinante.
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Ce roman ? C'est le Petit Prince … des montagnes.

Un écrit initiatique et philosophique, piloté par un mandala tibétain à demi éponyme (et oui le titre a oublié les huit mers !).
De mon point de vue … montagnard, ce mandala reflète chacun d'entre nous face aux choix de sa vie.
Les deux jeunes héros, adultes en devenir, reflètent chacune des deux tensions, plus ou moins élastiques, présentes en nous face à ses choix, ses concepts de vie : gravir le Sumeru, au centre du mandala, ou escalader les huit montagnes, sans oublier de patauger dans les huit mers du cercle tibétain ! Quelque soit le choix, chaque chemin choisi est un tracé d'apprentissages.
Pour moi, chacun de nos choix est la résultante de ces tensions à la fois complémentaires et contradictoires. Ces va-et-vient plus ou moins élastiques, sont peut-être la résultante héritée de nos parents.
Ma mère qui est une sainte !
Mon père ce héros !

Entre ces deux modèles réside toute la difficulté de s'autonomiser qui sera d'autant plus difficile quand les parents ne savent même pas pourquoi ils ont procréé ensemble. Ambiance !
Bref, la construction de l'enfant est inévitablement schizo-machin-chose (préfixe pour exprimer la scission, la rupture ; machin-chose pour ne pas employer des mots grossiers que je ne maîtrise pas !).

Vous allez dire « hou là, il s'égare » !
Pas du tout. Les deux amis sont pour moi une seule et même personne, stratagème dont l'auteur use pour faire converser ses propres tensions intérieures : le choix entre le Sumeru ou les huit montagnes.

Conséquemment, Paolo Cognetti use de la montagne comme la quête de vie de chacun de nous. Il sait bien mettre en avant cet amour bucolique et les valeurs que représente une ascension : l'effort, l'endurance, la persévérance, la quête de l'Absolu. Avec au bout la récompense d'avoir conquis « l'inutile » comme l'écrivait Lionel Terray.
Moi aussi, j'ai connu cette utopie adolescente de reconstruction d'un hameau, de faire table rase du passé pour m'inventer mon monde. Une sorte d'ermite (pas trop quand même « il faut bien que le corps exulte ») vivant en autarcie vivrière et artisanale,

La première phrase du récit est « Mon père avait une façon bien à lui d'aller en montagne ».
J'allais écrire tout est dit ! Cette nécessaire quête du modèle masculin chez les garçons !
Seulement voilà, le père, orphelin, n'avait pas tranché entre la vie à la ville (le train-train sociétal) et celle à la montagne (la quête d'absolu, la vraie vie quoi!). Question intéressante pour la psycho-généalogie, non ?

Pour conclure, je dirais » si un livre me pousse à psycho-philisopher autant, c'est qu'il m'a plu. Je le prends donc en entier avec ses qualités (fluidité du texte, métaphores, recettes culinaires, …) et ses défauts (quelques longueurs, des détails inutiles, quelques redondances).
Logiquement, c'est cinq étoiles.


Ancelle, le 6 octobre 2023
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📚 Début de l'histoire : Les parents de Pietro aiment la montagne, leur fils aussi. Chacun a sa façon. Ils y passent leurs étés. Son père l'emmène toujours plus haut.
🖊️ L'histoire est partagée en trois parties, trois tranches de la vie de Pietro, le narrateur. D'abord, sa vie d'enfant entre ses deux parents, son amitié naissante avec Bruno, le fils de voisins. Puis, dans la suite du récit, arrive la fin du temps de l'insouciance : Pietro et Bruno, leur amitié ; Pietro et son père, leur relation faite de silences. Devenir adulte n'est jamais simple.
🤩 Chaque mot de ce texte empreint de l'amour d'un auteur pour ses personnages, profondément humains, et ses montagnes, magnifiques, a résonné en moi. L'histoire d'amitié m'a profondément touché. La relation avec ce père, taiseux, rude, également.
💕 Les mots sont simples, beaux, choisis. L'émotion naît au détour d'une phrase, d'un mot. Plusieurs fois. Sans prévenir. Magique.
🤩 Ce livre a obtenu en 2017 l'équivalent du Goncourt et du Goncourt des lycéens en Italie. Des prix amplement mérités.
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Ça devient un rituel. Tous les étés, quand je pars en montagne, j'emmène un Paolo Cognetti.
Cette année, j'ai lu Les huit montagnes pendant que le réchauffement climatique faisait disparaître les glaciers et apparaître les corps des alpinistes disparus. J'ai lu et j'ai grimpé, nostalgique d'un monde où on pouvait encore croire aux neiges éternelles. Un roman inoubliable.
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