L'histoire d'une femme qui se cherche, une battante qui voudrait faire une croix sur un amour de jeunesse. C'est rythmé et enjoué comme un livre de fille. C'est mieux que juste un livre de filles, mais c'est tout de même un peu un livre de filles…
Je continue ma découverte de ma compatriote
Valérie Cohen, après «
Monsieur a la migraine ». J'y ai retrouvé le même thème d'une femme qui se cherche. Celle-ci, Emma, est une femme dont le mètre cinquante la poussée à se prouver qu'elle pouvait jouer dans la cour des grands. Côté professionnel, elle est à la tête d'une entreprise de prêt-à-porter. Côté privé, elle a un fils et un mari. Mari qu'elle aime profondément. On sent toute sa tendresse, tout son attachement. On sent l'harmonie d'un couple où les deux partenaires se complètent, se soutiennent et s'enrichissent, sans déséquilibre, sans ces attentes excessives qui peuvent pourrir des couples.
Donc tout va bien. Mais non, pas tout. Parce qu'Emma ne parvient pas à oublier un amour de jeunesse. Un beau gosse qui la faisait rêver et qui, tout d'un coup, a disparu, sans explication. Elle a gardé contact avec la mère du beau gosse et chaque année, elle tente par son intermédiaire de lui faire parvenir une carte postale.
Mais pourquoi ? Elle ne se sent en manque de rien, et ce constat n'est pas uniquement dicté par sa raison: le lecteur, qui lit ça froidement, ne perçoit pas qu'Emma serait dans le déni de se mentir à elle-même. de ce point de vue-là, l'histoire est bien au-dessus d'un bête roman de filles: c'est un bel exemple, finement dépeint, de l'infinie complexité du fonctionnement du cerveau humain. Allez savoir ce qui se passe ici.. Peut-être simplement le fait de ne pas avoir vécu une rupture claire, comme ceux qui ne parviennent pas à faire leur deuil parce qu'ils n'ont pas vu le corps du défunt.
Je vous laisse découvrir quelles actions Emma va prendre pour chasser ce souvenir. C'est dynamique, ça se lit facilement. Il y a de l'action et des personnages cocasses, un bon petit plaisir d'été !
Donc mieux que juste un livre de filles, disais-je, mais tout de même un peu un livre de filles. Parce que les personnages cocasses, à froid, on les trouve caricaturaux, en fin de compte, de même que certaines situations. Et plusieurs fois, j'ai trouvé le temps un peu long, j'étais impatient de savoir comment l'histoire allait progresser, mais, comment dire, il s'agissait plus d'un « bon, ok, et alors ? » empreint de lassitude, que d'un « et alors ? et alors ? » d'un thriller qui tient en haleine.
Un peu déçu par rapport à «
Monsieur a la migraine », surtout dans le sillage de «
L'ours » de
Caroline Lamarche, dont le parfum me reste encore dans le nez. Mais je garde tout de même l'envie de continuer à lire
Valérie Cohen, et pas uniquement parce qu'elle est Belge !