ANNIVERSAIRE
J’aperçois quelquefois, dans un froid corridor
Une ombre inconsistante :
La Lune et le soleil nos compagnons
T’ont déserté et tu es seul.
Une saison déjà. Toutes les rues s’enfuient
Vers une liberté plus pâle que l’hiver.
Qui a brisé ton cœur mon cher amour,
Que tu n’aies plus de voix pour me parler ?
Dans l’air violet du soir, des traînées maritimes
Font chavirer, longtemps, de patients radeaux.
L’un après l’autre ils abandonnent
Nos lents trésors accumulés.
Pauvre je suis comme autrefois :
Un cri dans le vent un ciel sans nuages
Dissolvent tes mains ta lumière tendre.
Tu deviens pour moi cette branche morte
Que j’ai vu fleurir au fond d’un jardin.