L'écrivaine
Rowan Coleman est jeune et déjà bien prolifique. Elle a sorti une série policière sur les soeur Brontë. Et comme elle l'écrit à la suite de ce volume, elle s'efforce d'intégrer des faits biographiques vérifiés concernant la famille Brontë. Ainsi ici, elle a inclus une scène où le recueil de poèmes des soeurs est accepté pour publication par Aylott et Jones. de plus elle nous dit que Top Withens est un endroit qui existe vraiment et en créant Top Withens Hall, elle a suivi l'exemple d'Emily dans
Les Hauts de Hurlevent, en utilisant le lieu magnifique mais en remplaçant l'humble ferme par une bâtisse plus imposante.
Par contre, Oakhope Hall et la famille Hartley sont entièrement fictifs. C'est cependant inspiré d'un lieur réel, Oakworth House, construit par un industriel riche et excentrique sur un sol recélant des cavernes, grottes et tunnels artificiels : étonnantes folies dont on peut encore voir les vestiges en visitant Holden Park.
Si l'orphelinat est fictif, les épouvantables conditions de vie qu'endurent les orphelins à cette époque sont bien documentées.
Les Barraclough étaient une véritable famille d'horlogers de la région de Haworth.
Pour ce qui concerne les préjugés à l'encontre des Irlandais fuyant la « famine de la pomme de terre », et qui ne furent pas épargnés à la famille Brontë, ils étaient hélas monnaie courante à l'époque.
L'auteure cite également ses sources qui sont assez nombreuses et elle remercie toute l'équipe qui l'a soutenue dans la rédaction de cet ouvrage.
J'ai déjà lu les oeuvres majeures des soeurs Brontë et j'ai aussi lu plusieurs biographies sur cette famille austère. L'ouvrage présent m'a intéressée par son côté gothique et diabolique à la fois. L'enquête m'a passionnée même si j'avais déjà l'idée du Whodunit très habilement amené cependant, je l'avoue. L'auteure a su restituer l'atmosphère pesante, lourde de superstitions, de peurs d'êtres surnaturels ou plutôt d'outre-tombe du certainement à cette terre aride, pauvre, ventée qui entoure le presbytère où vit la famille Brontë.
Le poème d'
Emily Brontë « Envoutée », qui est placé avant le récit, nous donne une idée de ce qui va advenir : malgré la nuit, la tempête, les arbres croulant sous la neige, la désolation à perte de vue, malgré son spleen, la personne ne peux pas partir, elle ne partira pas ! Et comme le dit si bien Liston Bradshaw « si étrange et retiré que doit apparaître Top Withens à la plupart des gens, c'est mon toit. Sa terre est dans mon sang et mes poumons. Si je ne peux y retourner, alors je mourrai, comme un poisson arraché à la rivière ». Les personnages évoluent comme dans un huis clos et ce qui doit arriver, arrivera.
Même si le style est très moderne, j'aime cette restitution d'un autre temps.
Cela m'incite à lire le tome 1 qui semble avoir été encore plus apprécié par les Babeliotes.
Un livre écrit certainement ou édité en pleine pandémie de Covid puisque l'auteur y fait référence à la toute fin de ses écrits :
« Au cours de l'écriture de ce livre, le monde a changé à jamais en raison d'une pandémie planétaire, ce qui nous a donné à tous un aperçu moins rose de ce qu'était la vie de Charlotte, Emily et Anne, elles qui côtoyaient quotidiennement une maladie invisible qui pouvait s'avérer fatale. Un grand merci à tous ceux qui, partout, s'efforcent d'assurer notre sécurité et de trouver des traitements et des vaccins, ainsi qu'à tous ceux qui, dans le secteur de l'édition, font de leur mieux pour que les livres parviennent aux lecteurs du monde entier. Nous avons tous besoin d'une bonne histoire dans nos vies, maintenant pus que jamais, et j'espère sincèrement qu'au moment où ce roman sera publié nos problèmes seront loin derrière nous. »
Bravo Mme
Rowan Coleman pour cet écrit !