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3,83

sur 850 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est avec ce roman que j'ai découvert Colette, après avoir visité la maison de son enfance à Saint Sauveur en Puisaye. Je n'imaginais pas un style aussi bouillonnant et acéré, à l'image des relations entre les protagonistes. le livre m'a tenu en haleine du début à la fin, bien que le récit porte « uniquement » sur la vie quotidienne dans une école de village.
Quelle vie quotidienne ! Les filles constituent une communauté étroitement liée par mille petites crasses et vacheries que les plus vives d'esprit (principalement Claudine et la grande Anaïs) se font subir entre elles et surtout à celles qui ont le moins de répartie.
Le roman porte une charge érotique forte, qui interpelle le lecteur contemporain, à travers la mise en scène d'une grande diversité de relations. Leur dimension sexuelle est tantôt sous-jacente, comme dans les rapports de domination / soumission entre élèves ou dans l'amitié que Claudine porte à la sous-maîtresse Mlle Lanthenay, tantôt explicite, comme dans la relation passionnée et jalouse que la directrice Mlle Sergent entretient avec Mlle Lanthenay (chacune appréciant également, par goût de la séduction ou par ambition, la compagnie intime du sexe masculin), ou dans les visites du délégué cantonal Dutertre qui sont prétexte à des attouchements sur les jeunes élèves en classe. le roman mêle ainsi dans cadre scolaire, avec cette grande liberté qui a caractérisé toute la vie de Colette, des scènes qui nous paraissent aujourd'hui soit avant-gardistes soit horriblement datées.
A travers ces expériences et « exemples » que les plus dégourdies infligent autant qu'elles les décodent aux plus naïves, c'est un apprentissage de vie qui se fait, peut-être aussi important que l'acquisition de connaissances.

L'adolescente Claudine navigue avec aisance et un certain ascendant sur tout ce petit monde qu'elle analyse avec lucidité, consciente de sa supériorité intellectuelle et de sa beauté, quitte à délicieusement manipuler les êtres qui l'entourent. Cette absence de modestie autobiographique constitue-t-elle le piédestal sur lequel monte Colette pour mieux toiser la population du petit village de l'Yonne où elle a grandi, et qui a toujours tenu à distance sa famille, comme le suggère la visite guidée de sa maison à Saint Sauveur en Puisaye ? Si tel est le cas, c'est fait avec subtilité.
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Ce livre raconte (et j'ai cru comprendre que c'était en partie autobiographique) la fin de scolarité de Claudine, jeune fille intelligente mais un peu sauvage. Dans une école de village dans laquelle se côtoient filles de paysans et d'ouvriers, elle détonne, fille d'intellectuel reclus à la campagne. Indépendante d'esprit et affirmée, elle ne se laisse faire ni par ses condisciples, ni par les professeurs.
L'histoire voit se succéder des scènes de classe parfois étranges (les jeunes filles se pincent, se piègent, mangent n'importe quoi (gomme, charbon, et j'en passe)), des discussions surprises par Claudine entre les maîtresses et le député (magouilles politiques et parfois sexuelles à priori) et la préparation au diplôme de fin de scolarité, but visé par les grandes.
Une espèce de Petit Nicolas version féminin et qui aurait quelques années de plus.

L'écriture est agréable à lire. le décalage historique est dépaysant sans pour autant empêcher de se plonger dans l'histoire. le personnage principal est intéressant… mais m'a aussi un peu mise mal à l'aise. Elle développe une fascination bizarre pour une de ses profs, voulant à tout pris s'en faire une amie… ou plus ? (ce n'est pas clairement dit)
S'il n'y avait que ça, je pense que ça aurait été, mais il y a aussi l'étrange relation amical-oureuse entre la maîtresse et son assistante et la tendance non cachée du député à draguer ouvertement les jeunes filles, Claudine particulièrement, de façon lourde, allant jusqu'à l'embrasser de force au détour d'un couloir. La lectrice de 2020 a du mal à lire ça sans sourciller… et s'inquiète de savoir si en 1900 ce genre d'événement était monnaie courante.
Donc voilà, une lecture intrigante, qui fait que si je tombe sur « Claudine à Paris », je me laisserai probablement tenter pour savoir comment la jeune étudiante a évolué une fois quittée la campagne.
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Il parait que Colette n'était pas particulièrement fier de ce roman. Elle avait tort. Lu sur Audibel par la voix de Isabelle Carrée, c'est un roman plein de fraîcheur qui joue un peu avec la soit-disant naïveté du narrateur. Frais et agréable, un bon moment à passer.
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Ne vous fiez pas à son titre sage, cet ouvrage n'est pas pour les petites filles : à l'instigation de Willy, Colette a pimenté ses souvenirs d'écolière… Aux antipodes de l'image d'austère discipline qu'évoque l'école de grand-maman, il règne à l'école de Montigny, dans laquelle l'impertinente Claudine prépare son brevet, un joyeux bazar où la morale est sérieusement mise à mal : Claudine aime la sous-maîtresse Mlle Aimée, qui lui préfère, par intérêt, la nouvelle institutrice, Mlle Sergent. Le sous-maître Rabastens, à l'accent savoureux, flirte avec les grandes élèves et en pince d'ailleurs un peu pour Claudine. Quant au délégué cantonal, le Dr Dutertre, il se permet quelques tripotages avec les grandes filles… Pendant ce temps, les élèves sont loin d'être tendres entre elles, se gratifiant volontiers de pinçons et coups d'épingle, et les petites s'en donnent à coeur joie durant les absences de leur maîtresse partie roucouler avec Mlle Sergent. Quant à l'examen du brevet, c'est un grand moment où ces demoiselles font preuve d'une grande inventivité en ce qui concerne les antisèches et autres tricheries, sous l'oeil bienveillant de l'institutrice.

Ce roman parfaitement irrespectueux malmène pour le moins les valeurs de la jeune école de la 3ème République ! Mais j'imagine que le but était davantage d'appâter le lecteur avec quelques détails croustillants que de faire de l'anti propagande…
J'ai très souvent souri à l'évocation de cette école fantaisiste : le ton ironique, magnifié par l'exceptionnelle plume de Colette, est irrésistible. À la fois document sur l'école laïque malgré son côté subversif et roman surprenant par sa modernité, c'est mon préféré de la série des Claudine.



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Claudine, 15 ans, vit à Montigny avec son père. Peu investi dans l'éducation de sa fille, il lui laisse une grande liberté d'action. Elle fréquente l'école du village qui devient le terrain de jeux de la jeune fille. Durant cette année qui la prépare au brevet élémentaire, Claudine va de découvertes diverses en apprentissages, auxquels contribuent ses amies et ses enseignantes.
Ce roman de formation que Colette a rédigé sur demande de son mari Willy, est le tout premier de l'autrice. le récit est assez plat et les rebondissements sont peu présents, mais le style est déjà vivant et dynamique, intrépide même, à contre courant de la prose de l'époque. Claudine est une jeune fille libre, gaie et un peu écervelée. C'est plaisant à lire mais pas révolutionnaire.
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CLAUDINE À L' ÉCOLE de COLETTE et WILLY
Attribué initialement à Willy, le mari de Colette à l'époque la sortie du livre, puis à Colette, et désormais sous les deux noms.
Claudine a quinze ans, est une excellente élève mais terriblement dissipée et surtout extrêmement travaillée par sa sexualité qui s'oriente vers les femmes comme vers les hommes. Les femmes ce sont sa maîtresse d'école mademoiselle Sergent et son adjointe mademoiselle Lanthrenay, créant des scènes de jalousie permanentes. Pour les hommes c'est d'abord Dutertre, omniprésent auprès des grandes filles, et les deux instituteurs. Au milieu de ces émois amoureux, on prépare malgré tout le brevet, point d'orgue de cette petite école de campagne, puis les festivités de fin d'année et la distribution des prix avec le député qui fera spécialement le déplacement.
C'est ma première lecture de Colette et une surprise agréable de voir l'audace et une sorte de grivoiserie qui imprègne la quasi totalité du texte. Colette ose des descriptions proches d'un érotisme que ne renieraient point nombre d'auteurs contemporains.
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Ce livre est pur régal et se déguste comme une friandise un peu épicée. La désinvolture du style, la spontanéité de la narratrice et l'humour de Colette font merveille. J'ai hâte de lire les autres tomes de la série.
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La première chose que j'ai faite quand j'ai fermé ce livre c'est d'aller vérifier la date de naissance et de mort de Colette tant j'ai été surprise par la liberté de ton et de sujet que j'ai trouvé dans ce livre pourtant écrit au début du siècle (même au tout début puisqu'il est paru en 1900). Il y'a fort à parier que le livre ne fut pas bien accueilli partout, que s'il s'était agi d'hommes il ne serait probablement pas sortie. Il est vrai que beaucoup des penchants de Claudine sont suggérés plutôt que dit sans que le doute soit permis sur la nature des relations qu'elle entretient avec sa maîtresse d'école. Il n'en reste pas moins que parfois le doute m'habite sur la prétendue tolérance du monde contemporain face à celui de nos aïeuls quand une femme (certes atypique et libre mais quand même) a pu écrire cela il y a 127 ans.
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Une écriture à nulle autre pareille... précise et ciselée certes ... inventive à n'en pas douter .... écoutons Claudine: "En redescendant, il me pousse l'idée merveilleuse de grimper dans les échafaudages... "p.82 Par ces courbes végétales, arborescentes, libres, insolemment libres, l'écriture est alors art-déco !
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une jolie façon de se souvenir de ses années d'école
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