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3,83

sur 844 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jusqu'à présent, j'ai assez peu apprécié les romans de Colette dont j'ai croisé la route. Pourtant, je suis prête à réviser mon jugement après la lecture de "Claudine à l'école", un titre innocent qui sonne comme un album de Martine mais qui, en réalité, est beaucoup plus que cela.

Le ton de la narration est résolument moderne, voire provocateur pour l'époque. "Claudine à l'école" provoqua en effet un véritable scandale à sa parution (sous le nom du mari de Colette) car la liberté d'expression de la narratrice et le récurrent thème de l'attirance sentimentale et physique entre femmes - véritable fil rouge du roman - ont surpris et indigné les braves gens d'alors.

Aujourd'hui, le lecteur n'est plus effarouché mais admiratif du style facétieux et bien rythmé, de la richesse du lexique, de la musicalité du phrasé et de la truculence des lieux et personnages.

La narratrice ne ménage personne, ni son entourage, ni ses amies, ni ses institutrices et inspecteurs d'examen ; seule sa chatte trouve grâce à ses yeux.

"Claudine à l'école" est un roman très sensuel, surtout pour les moeurs de 1900, date de parution. Il présente la gent féminine sous un jour rebelle, avide d'indépendance ou de soumission - selon l'éduction reçue -, rusée et futée, facilement cruelle - ou farouche et déterminée selon le point de vue.

Bien plus mature qu'un "Poil de Carotte", "Claudine à l'école" est bien plus que le simple récit d'une succession de gamineries et de roueries adolescentes, c'est un témoignage et un cri de libération d'une nature en mal d'émancipation.


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Pour le cent cinquantième anniversaire de sa naissance, Colette occupera une place centrale dans le monde littéraire, succédant à Proust, qu'elle désignait comme un « petit complimenteur », un « jeune et joli garçon de lettres », avis méprisant qu'elle révisera après avoir été séduite par la lecture de du côté de chez Swann.

C'est donc l'occasion de lire ou relire l'oeuvre de la sulfureuse femme de lettres.

Claudine à l'école, paru en 1900, évoque l'adolescence de l'autrice. Dans un milieu rural, la vie est partagée entre la solitude de la maison familiale, seule avec son père qui passionne beaucoup plus pour ses limaces que pour le quotidien de sa fille, et l'école, lieu de tous les émois imaginables. Les jeunes filles assistent avec une curiosité malsaine aux relations à peine voilées entre deux de leurs institutrices, Mlle Sergent et Melle Lanthenay éveillant chez Claudine une rancoeur tenace, car elle se voit privée de l'amitié de cette dernière.
L'arrivée d'une nouvelle élève mettra en évidence ce qui ne s'appelait pas à l'époque du harcèlement.

Vient le temps du brevet, dont l'issue unique est l'accès à l'école normale pour devenir elles-même institutrices.

Ce personnage de Claudine est loin d'être sympathique : tyrannique, exclusive, vaniteuse et imbue de sa personne, comme elle ne s'en cache pas dans ces pages constituant son journal d'adolescente. Maltraitante avec ses amies, certaine d'être au-dessus du lot, que ce soit pour sa beauté ou son intelligence.

Malgré tout la lecture est intéressante. En particulier sur le plan historique, et sociologique. Découvrir le programme du Brevet de la fin du dix neuvième siècle, avec les épreuves d'écriture dont on a tout oublié (qui sait encore ce qu'est la ronde moyenne ou la batarde, à l'heure des polices sans sérif ? ).
La sortie de fin d'année pour aller présenter les élèves à l'examen est un morceau d'anthologie, à la fois drôle et édifiant.

Parlerai-je de cet odieux médecin libidineux, très attiré par le charme juvénile de ces demoiselles ?

L'écriture a la charme désuet des écrits du passé, d'autant que le texte s'orne de termes vernaculaires, heureusement expliqués en notes de bas de pages

La question se pose, à la fin de ce premier tome de la série des Claudine, de suivre Claudine à Paris. Ce sera vraisemblablement la curiosité qui l'emportera .

254 pages Livre de poche Première parution en 1900


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Je croyais faire une relecture, mais, si je suis bien sûre d'avoir lu des Claudine…, je suis tout aussi sûre de ne jamais avoir lu celui-là auparavant. J'avais peur de trouver ce texte vieilli, mièvre et ennuyeux. Certes la prose de ce roman ne laisse guère présager les qualités ultérieures de l'écriture de Colette. le thème de ce roman s'y prête peu d'ailleurs, le sujet est très banal a priori (une année d'école d'une adolescente). Dès les premières lignes j'ai compris mon erreur. Quel talent ! Quelle capacité à saisir l'essentiel pour camper une adolescente un peu délurée, un peu rebelle, mais pas trop (bonne élève, d'une bonne famille et futée) et pour semer son année scolaire de quelques péripéties (l'école en travaux y pourvoit aisément avec vraisemblance) pour maintenir l'attention du lecteur jusqu'au bout. le ton et la psychologie des personnages sont d'une justesse incroyable et intemporelle, si bien que le lecteur passe outre sur ce qui a des allures d'un autre temps, en particulier les préparatifs de l'inauguration de l'école par un ministre. Cela m'a tellement fait penser au Comice agricole d'Emma Bovary que je pense qu'une bonne part de la situation faisait déjà un peu datée en 1900. On est très loin d'une grande littérature, mais en ajoutant le côté piquant et un peu sulfureux, en tout cas hautement transgressif pour l'époque de l'évocation de relations bisexuelles, le résultat est fort plaisant et très réussi . le fait que Claudine soit mineure empêche par ailleurs le roman d'avoir trop vieilli. Au contraire c'est toujours agréable de passer un moment à s'immerger dans la France rurale du tout début du XXème siècle avec une lecture fraîche, légère et distrayante.
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"Je m'appelle Claudine, j'habite Montigny ; j'y suis née en 1884 ; probablement je n'y mourrais pas".
Ainsi commence le journal de Claudine, gamine de 16 ans aussi dégourdie que délurée. Une gosse de riche élevée à la campagne en compagnie de filles de paysans et d'ouvriers dont le seul rêve est d'intégrer l'école normale afin de devenir institutrices. Profitant de la liberté que lui laisse un père qui a tout du professeur Tournesol, elle mène sa vie comme elle l'entend, vagabonde dans les forêts, court les rues et règne sur ses petites camarades.
Son récit nous plonge dans le quotidien d'une école publique de province. On découvre son organisation, les matières étudiées dont certaines font aujourd'hui sourire (la couture...), les corvées de bois ou de lessivage. On se balade dans ses classes à odeur de craie ou dans les dortoirs des internes. On prépare dans une atmosphère de fête l'inauguration des nouveaux bâtiments et l'on assiste au concours d'entrée à l'école normale, véritable decathlon intellectuel que peu de bacheliers d'aujourd'hui réussiraient.
Tous ces lieux sont bien sûr peuplés de personnages hauts en couleur : Mlle Sergent et la belle Aimée, les deux institutrices disciples de Sapho, le docteur Dutertre député local à la main baladeuse, Antonin Rabastens l'assistant Marseillais à l'accent si savoureux. Et bien sûr, toutes les copines de classe. La grande Anaïs, Marie Belhomme et la jolie Luce.
On a l'impression bien agréable de s'immerger dans des temps et des lieux où tout paraît plus simple et plus sain. Peut-être aussi est-ce l'état d'esprit de Claudine qui déteint sur nous, son humour, sa franchise, une certaine forme d'innocence. C'est frais, c'est désarmant, c'est revigorant. Colette c'est bon, lisez-en.
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Il m'a fallu m'y reprendre à deux fois, mais cette fois-ci je suis tombée sous le charme de la petite Claudine, mutine et libre comme l'air. Il règne sur ce roman une atmosphère surannée de vieilles écoles de village, de sensualité débridée sous le joug pesant des conventions, et surtout un parfum de jeunesse irrésistible. On déteste adorer ou on adore détester la pétillante et déjà troublante Claudine, sa très vive intelligence, son cynisme déjà bien formé à seize ans, son appétit de vivre et son amour pour sa terre. Les scènes de l'examen du brevet élémentaire et de la réception du Ministre dans le village pavoisée sont inoubliables!
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Claudine à l'école retrace la vie dans une école de filles à la campagne en 1899, 1900. On suit Claudine, l'année de ses 15 ans, année du brevet. On nous présente ses camarades de classes, ses professeurs, les amours de ses dernières, les petits secrets, les chahuts, les rumeurs... Beaucoup de mesquinerie dans les relations entre filles et pas trop d'amitié ! On se réjouit plutôt des petits malheurs ou des échecs de ses copines. J'ai trouvé amusant de lire ces filles qui parlent de mode, de connaître certains cours dispensés comme la broderie, la calligraphie, et de découvrir que les tricheries à l'examen étaient si faciles...

La liberté dans les moeurs m'a étonnée. S'il y a des chuchotements, des gloussements lorsque les éleves surprennent les relations amoureuses des deux institutrices, ce n'est pas dû à l'homosexualité, les élèves n'en sont même ni étonnées ni choquées. Les amours qu'elles soient homosexuelles ou hétérosexuelles provoquent le même genre de réaction.

Claudine, est un personnage principal consistant, c'est un tempérament ! Elle est intelligente, spontanée, impertinente, sure d'elle, c'est épatant.. mais elle est également arrogante et perverse, elle aime bien tourmenter une camarade un peu faible, puis de temps en temps la défendre. Elle a un jugement dur sur les autres, personne ne trouve grâce à ses yeux. Elle est issue d'un milieu social supérieur à tous ceux qui l'entourent, et méprise les gens plus modestes, son arrogance m'a bien exaspérée ! Mais c'est aussi ce qui la rend intéressante, elle est d'une franchise très abrupte.

J'ai beaucoup aimé parce c'est une jolie promenade dans une époque et un milieu, il y a abondance d'informations sur cette école rurale, la vie y est racontée dans un style captivant et énergique.

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Je ne pense pas qu'on lise beaucoup la série "Claudine" en ce début du 21 ème siècle. Je les ai découverts il y a très longtemps, du temps nous dans les classes du primaire l'institutrice nous faisait encore faire des dictées signées du nom de Colette. Un livre léger, bien écrit, agréable à lire.
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Un livre agréable, écouté (version audio) avec plaisir. Un peu "suffisant" comme synthèse? Ce n'est pas mon propos.
Mais difficile de dire précisément ce qui m'a séduit.
Le cadre de l'école d'un autre siècle, ses craies, ses problèmes de baignoires?
La tranquillité de la vie provinciale qui transparaît?
L'impertinence, la malice, la liberté, le regard acéré de Claudine?
Son apprentissage de la manipulation?
Les sensualités suggérées?
Certainement, mais cela resterait un ensemble hétéroclite sans le style de Colette.
Pour conclure, un bon moment à savourer.
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Claudine à l'école est une oeuvre ambivalente. Si dans un premier temps nous pouvons avoir l'impression d'assister à un tableau réaliste retraçant fidèlement le quotidien des écoles de campagne à la fin du 19ème siècle, à la fin de la lecture c'est bel et bien le sentiment d'avoir été témoin de la « désanctuarisation » (si si j'ose…) de ladite institution qui prédomine.
En effet, même si le lecteur trouvera sans doute en ce roman une plaisante source documentaire quant aux diverses matières enseignées à l'époque, aux épreuves du brevet élémentaire, ou encore le métier d'institutrice à l'orée du 20ème siècle, son attention sera attirée par tous les éléments au scandaleux parfum égrainés tout le long du texte.
En effet, les multiples scènes d'affection érotique que se témoignent Melle Sergent la directrice et Melle Aimée l'institutrice au vu et au su de tous abondent. Il ne faut pas oublier de mentionner également les mains baladeuses du médecin et ses compliments chargés de sous-entendus à l'endroit des plus grandes élèves. L'école de Claudine n'est pas un temple qui abrite le savoir, la discipline, l'ordre et la morale, mais une sorte d'édifice païen où sont célébrés les amitiés saphiques, les taquineries acerbes, les conflits d'ego et autres jalousies féminines.


Claudine à l'école est un livre à nul autre pareil, dont l'héroïne effrontée vous réservera quelques beaux éclats de rire. le style de Colette est d'une sophistication simple, idéal pour décrire cet univers dont le frais parfum des fleurs des champs dissimule une odeur plus aigre et persistante. Les descriptions de la nature, précises et vives, sont autant de havres de paix qui contrebalancent et équilibrent une volonté manifeste peut-être trop appuyée parfois de scandaliser.
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Il est toujours drôle, intéressant, comme vous voulez, de lire à l'âge adulte un livre que l'on a lu, relu, et re-relu étant enfant. J'aimais beaucoup lire les romans de Colette quand j'étais jeune, j'en ai tellement lu que j'ai un peu délaissé cette autrice à l'âge adulte parce qu'elle ne correspondait plus à ce que j'aimais le plus. Développement de l'esprit critique ? Peut-être.

Comment suis-je retournée vers Colette ? Par le biais du challenge solidaire sur Babelio. Alors, autant retourner aux sources, et lire le tout premier roman de Colette, soi-disant co-écrit avec Willy, son mari. En lisant la première page, je me suis rendue compte qu'il s'agissait d'un texte donné lors du brevet voici pas si longtemps que cela, texte donné comme autobiographique, texte, je m'en aperçois maintenant, particulièrement ardu pour les adolescents et les lecteurs d'aujourd'hui.

Claudine, c'est un peu le personnage de l'ado surdouée, même si l'adolescence n'existait pas proprement dit à cette époque. Si je me replace dans le contexte, elle et ses amies ont la chance d'être encore scolarisées, de préparer un diplôme, puis, peut-être après, de devenir institutrice ou « sous-maitresse ».

L'éducation nationale avait-elle déjà des soucis à l'époque ? En tout cas, l'ancienne directrice est remplacée par une femme plus jeune, protégée par un des hommes politiques du coin, qui n'aime rien tant qu'inspecter l'école, surtout la classe des « grandes ». Si l'on écoute les discours d'aujourd'hui (j'ai quelques noms en tête), on expliquera qu'avoir quinze ans à l'époque, ce n'est pas pareil que maintenant. Lapalissade. Eh oui, à l'époque, à quinze ans, on mariait les filles, on ne leur demandait pas leur avis, ou au contraire on attendait pour les marier, parce qu'il n'était pas question de perdre un salaire (voir La place d'Annie Ernaux). Oui, à l'époque aussi, les hommes pouvait avoir des comportements déplacés envers des jeunes filles, mais unir une toute jeune femme avec un quadragénaire ne dérangeait pas tant que cela – voir le propre mariage de Colette.

Ce sont aussi des histoires en filles, entre jeunes filles, entre jeunes femmes et jeunes filles – on dirait que je déroule un catalogue complet. Est-ce que cela choquait, alors que l'homosexualité, tant masculine que féminine, était assez fréquente dans les milieux littéraires français ? Pas tant que cela. Pas suffisamment pour être censuré, suffisamment pour émoustiller. Il est bon de voir des amours véritables. Même si elles n'ont pas forcément de fin heureuse.

Premier tome des Claudine, premier roman aussi, dans cette Bourgogne loin de Paris, cette Bourgogne où l'héroïne est élevée par un père seul, fille unique et heureuse. Je regrette presque, pour me souvenir de la suite, de ne pas avoir retrouvé après l'ensemble des personnages présents dans ce tome, ou du moins les plus marquantes, comme Anaïs et Marie. Enfants, elles ont grandi ensemble, adultes, elles ont pris des voies différentes.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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